JdRP Aides de Jeu : Roi des rois : Hayastan
« Il faut avoir été au moins une fois au cours de sa vie dans l’apadana du Roi des rois lors de la cérémonie des présents, au milieu des robes de soie des intendants des jardins, des capes bariolées des capitaines de la garde, des brillantes tiares des satrapes et des caducées d’ivoire des plus hauts prêtres. (...)
Ils se jettent entre eux des regards pleins de curiosité et de jalousie, afin de voir qui offre les plus grandes merveilles au Roi des rois. Cette année j’allais moi-même de serviteur en serviteur pour m’assurer de tout, zigzaguant entre les titanesques colonnes qui soutenaient le toit de la salle de réception. (...)
A l’ombre des taurus de pierre j’admirais les cratères remplis des pierres précieuses, les rouleaux de soie colorées, les plats d’épices rares et les plus beaux pur-sang du monde. Mon attention fut rapidement attirée par une bête rétive, un de ces magnifiques boucs de l’Hayastan. Le serviteur qui le menait par une longe dorée éprouvait les plus grandes difficultés à la faire avancer, inconsciente de la solennité de l’instant. (...)
Sa laine épaisse et bleutée avait été longuement brossée afin de paraître régulière et immaculée, et ses cornes avaient été couvertes de feuilles d’or, tant et si bien qu’on aurait cru voir là une statue de temple ayant pris vie. L’animal était rebelle et retardait l’avancée de la délégation hayk, ainsi que de celles qui la suivaient. Je m’approchai et fit signe à plusieurs esclaves du palais pour qu’ils déplacent la bête. (...)
Mais plus ils tiraient sur la longe, plus le bouc poussait de longs braiements particulièrement peu harmonieux. Tout le monde frémit à l’idée que le Roi des rois, pierre précieuse des Sassanides, vint à s’offusquer de ce bruit. Une femme de la délégation s’avança vers nous et nous demanda de la laisser faire. Par Ahura-Mazda, j’avais déjà vu beaucoup de jolies femmes mais celle-ci me sembla si digne, magnifique et intouchable par son seul port et la grâce de ces traits que je ne réussis pas à lui répondre de manière correcte. (...)
Je me repris toutefois et, voyant que la bête semblait apaisée, passait à d’autres délégations. Il ne fallait pas que mes yeux se posent trop longtemps sur la femme hayk car leurs hommes sont aussi rudes et jaloux qu’elles sont belles et subtiles. Mais pendant la réception, pour la première fois de ma vie, mes regards n’étaient plus tournés vers le trône du Roi des rois. Une autre étoile brillait désormais dans mon coeur, d’autant plus ardemment qu’elle m’était interdite. (...)
Que le feu de la passion était ardent pour que j’abandonne ainsi fonctions, palais et honneurs pour venir jusqu’en ces terribles montagnes de l’Hayastan ! Quel pays étrange que celui dont sortent les plus beaux joyaux et les pierres les plus dures ! Mais quand bien même je devrai finir ma vie châtré ou empalé par mes frères sassanides je ne regretterai en rien d’avoir suivi mon aimée en cette austère contrée, et ainsi volé mon propre seigneur…» Abdmachalian fils de Sessonalian, ancien majordome des Taurus orientaux de l’Apadana royal et …fugitif. Histoire : L’Hayastan est une des dernières provinces à avoir été conquise par l’empire sassanide, il y a maintenant trois siècles. Même si des liens forts existaient depuis longtemps, l’histoire hayk n’est pas une simple extension de celle de Babylone, mais bien celle d’un peuple indépendant. Les Hayk ont la conviction d’être nés des flancs même de la montagne sacrée de l’Agi-Arat. Les premiers-nés se seraient aussitôt séparés entre ceux qui descendirent dans les vallées et ceux qui restèrent dans les sommets. Tous décidèrent toutefois de continuer à honorer leur Père, l’Agi-Arat, en se réunissant une fois l’an lors de la grande fête des origines. Les traditions situent la naissance des royaumes hayks il y a environ huit cents ans, aux alentours de deux cents ans avant la fondation d’Etherne. Les tablettes des archives recensent à cette époque trois territoires hayks : le royaume d’Erebuni, celui de Touchpa-Van et le royaume brigand du Gédir. Les deux premiers rivalisèrent de nombreuses années, développant leur commerce avec les voisins sassanides et se livrant une série de longues guerres. Pour maîtriser les voies d’invasions les souverains hayk firent construire une série de forteresses monumentales, qu’ils appelèrent « Maison du Père », en hommage à l’Agi-Arat, et développèrent leurs capitales respectives selon les canons des opulentes cités de la vallée de Babylone. Lors des confits récurrents qui les opposèrent Erebuni et Touchpa-Van firent appel alternativement aux cités sassanides voisines et aux clans du Gédir pour remporter la victoire. Ces derniers, après avoir été réunis temporairement dans le royaume brigand, se battaient également au Nord contre les Saces, des tribus de cavaliers nomades redoutables excellant aux attaques rapides et au pillage. Ces pressions extérieures étaient trop fortes pour que les Hayk puissent y résister longtemps en restant divisés. En 112 AF la belle Touchpa-Van tomba devant une armée sassanide et la dissolution du royaume fut prononcée. Erebuni se porta alors au secours de son voisin et, soutenu par une révolte locale, reprit la cité. Le roi Aghusti II décida de mettre fin à l’éternelle rivalité en épousant la fille du monarque de Touchpa-Van, et les deux royaumes réunis devinrent l’Hayastan. Les deux siècles suivants correspondent dans l’imaginaire hayk à l’âge d’or de leur civilisation. Les vallées de l’Hayastan furent irriguées par de grands travaux, alors que les palais se multipliaient dans la capitale et sa soeur. Une culture raffinée et originale s’épanouit, donnant à la cour royale un faste réputé jusqu’à Babylone. Ces nouvelles richesses n’allèrent pas sans provoquer craintes et jalousies chez ce puissant voisin… Roi des rois : Hayastan décrit la province éponyme, sise au Nord Ouest de l’immense empire sassanide et au creux des titanesques montagnes du Kaukas. Cette brillante civilisation, réputée pour le raffinement de ses cours, la beauté de ses femmes et la fierté de ses nobles, est tombée il y a maintenant plusieurs siècles dans l’escarcelle du Roi des rois. D’une main habile, Babylone a su alterner diplomatie et force pour la maintenir sous son contrôle. Mais aujourd’hui le grand empire s’ouvre de plus en plus sur l’extérieur et l’Hayastan, la perle du Kaukas, voit les contacts se multiplier avec les Nations des Terres Intérieures… Roi des rois : Hayastan décrit ce nouveau contexte pour le jeu de rôle Etherne en développant le cadre historique et géographique, la vie des habitants et les possibilités de scénarios pour des personnages Latins. En 366 AF la moitié des Saces des Terres Froides décidèrent d’immigrer vers le Sud du Kaukas où le Roi des rois leur avait promis une province entière. Ils constituèrent une gigantesque armée et se mirent en route vers les cols, où le roi hayk Menoua IV leur refusa le passage. Les Saces décidèrent de forcer le passage, en une longue série de fuites, de sièges et de batailles qui durèrent trois ans, laissant l’Hayastan gravement affaibli. Si ses puissantes forteresses n’étaient pas tombées ses garnisons s’étaient montrées trop faibles ou trop lentes pour empêcher l’ennemi de fourrager. Les Saces étaient donc passées. Le Roi des rois ne perdit pas de temps et profita de cette faiblesse, qu’il avait provoquée par ses promesses. Les dix milles Immortels se mirent en marche et portèrent le coup de grâce à l’Hayastan, qui fut vaincu après cinq nouveaux étés de campagne militaire. Son roi dut jurer allégeance et fournir désormais un tribut à l’empire sassanide. Un titre sassanide lui fut accordé pour paraître à la cour, sous le nom de maison de la Garlanth (1). Le maintien de la dynastie royale sur le trône rassura les Hayks et préserva la paix. Les maisons nobles de l’Hayastan commencèrent à participer à la vie de l’empire et ramenèrent chez eux de nouveaux us et coutumes sassanides, comme le jeu des Tours, les danses de l’Ardane et le culte de certaines divinités. Les Bagdanath furent les seconds à être élevés au rang de maison des fleurs de l’empire, et prirent pour symbole la Centaurée. Les maisons de l’empire sassanide. Chez les Sassanides les familles nobles sont classées en trois rangs : les maisons provinciales, les maisons des fleurs et les maisons cardinales. Les premières correspondent à l’aristocratie locale des satrapies, de petits notables ou officiers des armées. Quant elles ont atteint une certaine richesse et un raffinement suffisant elles peuvent prétendre au titre de maisons des fleurs. Ces dernières ont accès à la cour de Babylone et se voit attribuer un des jardins suspendus du palais impérial, qu’elle aura à sa charge. Plus ce jardin sera sur une marche élevée, plus la maison sera proche du monarque sassanide… Les maisons cardinales sont les descendantes des fidèles du premier Roi des rois, et constituent la très haute aristocratie de l’empire. Il est dit dans les traditions que le premier Roi attribua à chacune d’elle une pierre précieuse et une qualité, d’ou leur vienne leur nom (maison de Cristal, d’Obsidienne, etc.). Les charges les plus dignes leur sont attribuées et elles ont une supériorité protocolaire sur toutes les autres maisons, à l’exception de celle du Roi elle-même. Il est très rare qu’une maison des fleurs soit élevée au rang de maison cardinale, puisque le nombre de places est fixe et qu’elles sont déjà occupées. Seule la chute d’une telle maison, par trahison ou extinction, permet à une autre de prendre sa place par décret royal. La famille royale hayk fut moins enthousiaste avec l’usage du titre que lui avait donné le Roi des rois. La Garlanth ne fut finalement adoptée que par les membres éloignés du trône, le couple royal ne reconnaissant comme seul symbole que l’Agi-Arat. Malgré ce mélange des cultures la révolte couvait chez les Hayk, qui supportaient de moins en moins le tribut qu’ils devaient payer au Roi des rois et le comportement arrogant de ses émissaires. La famille royale réunit discrètement les mécontents derrière sa bannière et déclara à nouveau l’indépendance lors de la fête des origines, en 452. Les représentants du Roi des rois furent massacrés et les nakharar rappelèrent leur ban. Cette nouvelle indépendance dura une dizaine d’années, le temps que les Sassanides en finissent avec d’autres révoltes dans l’empire. Mais le fol espoir des Hayk finit en tragédie. Après une série de combats héroïques, qui laissèrent augurer une victoire finale, la famille royale d’Hayastan fut trahie par la maison de la Centaurée, qui les livra à l’ennemi. Le couple royal et sa famille furent empalés et la rébellion, démoralisée, fut enfin matée. Le contrôle de l’Hayastan échut à la maison d’Emeraude et fut « élevée » au rang de satrapie du Roi des rois. Le nouveau satrape épousa une femme de la maison de la Centaurée, qui eut ainsi accès aux hautes sphères sassanides. La branche cadette de l’ancienne famille royale fut rétrogradée au rang de « simple » nakharar et des garnisons sassanides prirent position dans les grandes cités et les forteresses. Deux siècles ont passé et les populations sassanides et Hayk se sont rapprochées inexorablement. Le commerce avec l’empire est florissant et la réputation des écoles des Mères a grandi au delà de tout espoir. Pourtant, quant ils se retrouvent chaque année sur les flancs de l’Agi-Arat, les fers Hayk se rappellent qu’ils ont été jadis un peuple indépendant. Et le vent qui hurle sur les sommets leur souffle des mots de liberté et de combat… Chronologie : -200 Après la Fondation d’Etherne : fondations des royaumes hayks d’Erebuni, Touchpa-Van et du Gédir. 112 AF : Touchpa-Van tombe devant une invasion sassanide. Erebuni reprend le royaume et par un mariage entre les deux lignées royales fondent le royaume d’Hayastan. 366-69 AF : invasion sace durant le règne de Menoua IV. 369-74 AF : le Roi des rois envahit l’Hayastan, qui devient un protectorat sassanide. 452-464 AF : Guerre d’indépendance. 686 AF : aujourd’hui. L’Hayastan est une province du Nord de l’empire sassanide, sise à cheval sur les montagnes du Kaukas et les grandes plaines. Elle est divisée en deux régions. La plus grande partie, au Nord, n’est autre que l’immense massif du Gédir. Ses hauteurs sont les domaines des tribus et des dieux, alors que ses vallées accueillent la plus grande partie de la population. Au Sud une large bande de terres cultivées et de plaines sépare cette satrapie de ses voisines. Géographie : Le massif du Gédir est un gigantesque labyrinthe de hautes vallées, de pâturages secrets, de ravins et de sommets enneigés. Ses montagnes ne sont sillonnées que par quelques chemins tracés par les bergers et leurs troupeaux, ponctués de bories de pierre sèches et de cairns sacrés. Un vent froid et sec balaye leurs flancs toute l’année, empêchant la végétation de s’élancer hors des vals. L’eau est abondante pour qui sait la trouver, dévalant en chutes, ruisseaux et torrents des glaciers millénaires qui couronnent la montagne sacrée des Hayk, l’Agi-Arat. Ce milieu à première vue hostile abrite une vie active. Bouquetins aux pieds agiles, chamois, marmottes, rapaces et léopards des neiges arpentent les montagnes, aussi discrets que le lichen sous les pierres. Les vallées du Gédir sont visiblement plus fertiles. Les pâturages à l’herbe la plus grasse y reçoivent toute l’année l’eau des sources les plus pures, et de grandes forêts de conifères hébergent un gibier nombreux. Les voyageurs qui doivent remonter vers les Terres Froides ou en descendre vers l’empire sassanide doivent emprunter ces vals et les hauts cols qui ponctuent le massif. Tradition hayk : le cairn. Le long des chemins de montagne, au passage des cols, près des refuges salutaires et des sources pures se trouvent souvent de petits tas de pierres qui intriguent le voyageur. (...)
Il s’agit là de cairns, des monticules où chaque voyageur doit rajouter une pierre pour satisfaire les esprits gardiens du lieu. Les Hayk accordent beaucoup d’importance à ce geste, qui doit leur porter bonheur. Ils gravent parfois de courts messages sur les pierres qu’ils laissent, quant ils souhaitent faire une requête aux esprits ou faire passer un message à des futurs voyageurs. (...)
Des offrandes en nourriture peuvent également être déposées au pied des cairns, surtout quand les voyageurs ont dormi à son pied. Enfin les cairns hayk servent de points de repère dans le massif, et les anciens indiquent aux guides les meilleurs chemins en énonçant ceux qu’ils doivent atteindre. (...)
Nombre de clans de montagnards définissent également leurs territoires en fonction de ces repères De grandes plaines s’étendent vers le Sud en partant du pied du massif. A l’ombre du Gédir, silhouette sombre qui remplit l’horizon, les plaines ont été façonnées par les hommes au fur et à mesure des siècles. A la frontière Sud les plaines arides ont été irriguées par le travail des Sassanides et nourrissent désormais de leurs fruits de nombreuses fermes, villages et petites cités frontalières. Plus près du massif, les hommes font paître leurs. Population : La peuplement et les cultures de l’Hayastan oscillent entre trois pôles : les clans des montagnes, les Hayk citadins des vallées et la domination sassanide. L’Histoire de la région a fait varier à tour de rôle l’influence de chacune de ses cultures, au gré des guerres et des alliances. Les Hayk ont une peau mat et des traits souvent très proches des Latins. Comme eux ils préfèrent se raser la barbe. (...)
Maîtres des cols, ils contrôlent tout le commerce des fourrures avec les Terres Froides et produisent eux-mêmes troupeaux, textiles, produits d’arts et métaux. Leur capitale, Erebuni, fut protégée des invasions durant de longues années et devint une cité prospère, fortement influencée par les arts et la culture sassanide. La résidence du roi, jadis guerrier voyageant de forteresse en forteresse, devint un palais raffiné, empli des chants des servantes et des accords langoureux des thârs. Le commerce a amené dans les salons des Nakharar, les nobles, des biens de tout l’empire et au premier coup d’oeil ils pourraient apparaître en tout point semblable aux Sassanides. Les qualifier ainsi serait toutefois pour eux une insulte. Ils gardent un souvenir très vif de leur indépendance passée et cultivent leur spécificité. (...)
Ceux ou celles qui le maîtrisent à la perfection sont respectés comme de grands prêtres par tous les habitants de l’Hayastan et porter la main sur eux est sacrilège. Le thâr sert à chanter les amis, l’amour et le pays, les neiges éternelles et les chaleurs de la chair. Là où sa musique s’élève l’Hayastan prend soudainement vie. Bien sûr les Sassanides jouent aussi du thâr, mais il est clair pour les Hayk qu’il ne s’agit que d’une grossière contrefaçon aux chants peu inspirés et répétitifs. L’excellence de l’éducation féminine de cour, la Hayk’Aldad, est le symbole des arts subtils maniés par les Hayk et réputés dans toutes les Terres Intérieures. La religion hayk reprend essentiellement le panthéon sassanide, bien qu’on y trouve aussi plusieurs ajouts et différences. Ces nouveaux dieux sont souvent associés à de grands sommets. Le plus sacré d’entre eux n’est autre que l’Agi-Arat, mont tutélaire et protecteur des Hayks. Il est censé être le berceau primordial de ce peuple, jadis sorti de l’union des vents, des glaciers, de la roche et des éclairs. Tous les ans, lors du solstice d’été, les Hayk y organisent un grand rassemblement appelé fête des origines. C’est un lieu de rencontres essentiel où se font et se défont alliances et marchés, et auquel participent aussi bien les montagnards que les citadins. Les clans des montagnes ne se définissent pas comme des Hayk, bien qu’ils en partagent de fait largement leur culture. Ils admettent une certaine parenté, dans le sens où ils se considèrent aussi comme originaires de l’Agi-Arat. (...)
Sans leurs vêtements de laine brute et de fourrure, une fois rasés et épilés, force est de constater qu’ils sont physiquement très semblables aux Hayks des vallées. Mais les montagnards ont un mode de vie beaucoup plus frustre et sauvage. Ils vivent réunis en humbles villages de montagne, centrant leur vie sur celle de leurs troupeaux d’ovins. (...)
La ferté de ces villages reste l’élevage de boucs bleus, des bêtes à la magnifique toison bleue acier dont la laine se vend à prix d’or à Babylone. Ils sont élevés et choyés à l’intérieur même des maisons, pour éviter le vol, et leur pâture est étroitement surveillée. Ces bêtes sont rarement cédées, mais le produit de leur tonte est descendue chaque année à Erebuni sur le grand marché qui y est dédié. Les montagnards négocient alors ces toisons à un bon prix, qui sera encore multiplié par trois ou quatre dans la capitale sassanide. Le bouc bleu, les bouquetins sauvages et les troupeaux des Hayks sont censés être sous la protection d’Ahura-Djithûr, le dieu ovin aux cornes d’or. Il protège des maladies et des fauves, apportant la prospérité sur les villages. (...)
Les habitants des plaines du Sud ont été pris au cours des invasions et des guerres dans un mouvement perpétuel des frontières. Sont-ils Sassanide ou Hayk ? Chaque famille a ses traditions mais pour ces fermiers, finalement, peu importe. Il n’y a que le travail des champs, l’entretien des irrigations et les voyages aux marchés des cités. La proximité et la grande influence sassanide les rendent toutefois chaque jour un peu plus citoyen de la grande Babylone. Epouses, concubines et courtisanes. L’Hayastan est réputé à l’étranger pour le charme de ses femmes. Il ne s’agit pas d’une curiosité ou d’une mode éphémère, mais bien d’une valeur reconnue de ce pays. (...)
L’éducation féminine de cour, la HaykAldad, est une véritable institution tenue par plusieurs grandes écoles d’Erebuni. Il semble qu’elle ait été mise au point dès les premiers temps de la civilisation hayk, où le roi entretenait de nombreuses concubines. Plusieurs clans mis en concurrence auraient alors tenté de faire de leurs femmes les plus attirantes pour se rapprocher du pouvoir. Avec le temps et l’établissement d’une culture plus raffinée cet enseignement a donné jour à de véritables écoles, tenues par les anciennes favorites du roi. Les jeunes femmes qui suivent leurs enseignements apprennent à jouer du thâr et des percussions, maîtrisent le jeu des Tours , récitent les poésies les plus célèbres du pays, connaissent les danses les plus sensuelles comme celles les plus protocolaires, et manient toutes les subtilités des langues de l’empire. (...)
Ces matrones comparent les hommes à un foyer qu’il faut savoir tantôt relancer, tantôt apaiser. Il semble que cet enseignement ait porté ses fruits, car les femmes hayks sont des symboles de sensualité dans l’empire. La satisfaction de l’homme n’est toutefois pas une fin pour la femme hayk, mais bien un moyen pour obtenir sa propre indépendance. « Puisque l’Homme n’est pas maître de ses désirs, nous sommes maîtresses de l’Homme. (...)
Chacune des cordes de mon thâr joue sur ton âme, chacune de tes faces je les connais. Vois comme je les fais tourner selon mon propre désir ! » Chant de la bergère du Dargî-Bayan. L’Hayk-Aldad permet de poursuivre aujourd’hui plusieurs buts. Les grandes familles de l’Hayastan envoient leurs filles dans les écoles pour les « dégrossir » et en faire de véritables nobles, propre à susciter les meilleures alliances mais aussi à en faire les outils les plus aiguisés de leur influence. L’habileté de ces femmes leur permet de peser dans les décisions, et de jouer des émotions des princes. (...)
Plus que des épouses soumises, elles deviennent souvent des conseillères écoutées et respectées. Mais cette valeur a son prix. L’Hayk Aldad coûte cher, et les écoles prennent parfois des airs de forteresses où chaque femme est un trésor à protéger de l’extérieur. (...)
Les jeunes hommes inventent les ruses les plus improbables pour s’y introduire, les brigands guettent le passage de courtisanes et les maisons sassanides étrangères 2 - Il s’agit d’un jeu oriental où les joueurs s’affrontent par pièces interposés pour prendre la Tour ennemie, qui contient le dieu de sa cité. Le jeu des Tours reproduit les longues guerres qui opposèrent les cités sassanides et mena au triomphe finale de Babylone. L’Hayastan aujourd’hui... Erebuni, capitale de l’Hayastan : Erebuni est devenue, avec la défaite de sa rivale Touchpa-Van, la plus grande cité de l’Hayastan. Elle est dominée par une imposante et antique forteresse, écrin solide du précieux palais royal occupé aujourd’hui par le satrape et sa garnison. La cité elle-même s’étend paresseusement à l’ombre de ces remparts. Les riches résidences des Nakharars sont groupées près du palais, rivalisant de jardins luxueux et de cours raffinées. Bien souvent ces dernières communiquent entre elles et, pour qui a ses entrées auprès de ces familles, elles permettent de se déplacer de maison en maison sans emprunter les rues. Ce délicieux labyrinthe de verdure est appelé le jardin d’Anahita. Il abrite les soirs d’étés les soupirs des amoureux et les murmures des indiscrets… Les quartiers plus populeux s’étendent tout autour, en une frénésie de boutiques actives et bruyantes, s’animant au rythme des marchés. Les Sassanides y vivent nombreux, établissant leurs maisons au plus près des places marchandes. Malgré le ressentiment de certains Hayks à leur égard leur place dans l’économie est bien trop importante pour qu’ils soient agressés. Nombre de ces familles sont d’ailleurs établies depuis plusieurs générations et font tout à fait partie de la cité, sans renier pour autant leur origine. Les deux écoles des Mères les plus fameuses sont également sises à Erebuni. Celle des roses bleues a des allures de forteresse vertigineuse. Ses murs sont aveugles jusqu’au dernier étage, où des moucharabiehs permettent aux habitantes d’observer le monde extérieur avec discrétion. (...)
Van a été l’objet de nombreux soins, et ses différents maîtres n’ont cessé de l’embellir grâce à de grands travaux. La plaine alentour est irriguée par un complexe réseau de canaux, conçu par des ingénieurs sassanides et alimenté par plusieurs aqueducs. Un de ces derniers débouche sur la partie haute de la cité et se perd dans des jardins en terrasses, construits par les grandes familles en imitation de ceux de la grande Babylone. Ce n’est toutefois pas sur ce sommet qu’est installée le palais le plus célèbre de la cité, mais bien sur l’île d‘Aghtamar, agrandie artificiellement par d’imposants travaux de terrassements. Jadis fortin, ses murailles ont été abattues par les Sassanides et elle est désormais l’écrin de l’école d’Anahita la Magnifique, la concurrente la plus réputée de celle des roses bleues. (...)
Les joueurs les plus habiles et les jeunes apprentis s’y pressent pour trouver le meilleur instrument, observant les artisans travailler sur le pas de leur boutique, sur fonds d’accords langoureux ou févreux. Les vallées du Sud : Les contreforts du Gédir sont pénétrés par de nombreuses vallées, mais seules quelques-unes permettent vraiment de rejoindre l’intérieur du pays. (...)
La route la plus usitée est celle qui emprunte la passe du Simay et paresse sous l’impressionnante forteresse d’Haruni. Construite dans un style cyclopéen propre aux fortifcations hayk, elle aurait en fait été fondée bien avant le premier royaume d’Hayastan, par la mystérieuse civilisation qui colonisa le plateau d’Ekalan. Elle est toujours occupée aujourd’hui, et accueille notamment le membre de l’ordre Taurus chargé de cette province. (...)
Dix milles plus loin se trouve la petite cité de Vumrik, réputé pour son marché annuel au printemps. Les éleveurs hayk y amènent leurs troupeaux et les revendent en grand nombre aux marchands sassanides, judéens, hayk ou antioque. L’activité y est intense pendant ces quelques jours, ainsi que l’odeur de mouton ! Les montagnes du Gédir : Dans l’immensité des montagnes du Kaukas le massif du Gédir représente son tiers Sud Ouest. Sa colonne vertébrale est la longue vallée de Vanaduli , fermée par le grand col d’Anevan. Le passage de ce dernier est impossible en hiver, et des fortins placés sur chacun de ses versants s’assurent que tous payent un droit de passage. (...)
Ses trois sommets sont recouverts de neiges éternelles, et souvent couronnés par les brumes. Ses flancs arides ne sont que rarement parcourus par les Hayks, qui considèrent la montagne comme l’incarnation physique de leur dieu tutélaire. Un vaste plateau, situé au premier tiers de sa hauteur, sert chaque année à réunir tous les clans de l’Hayastan lors de la fête des origines, mais seuls les ermites et les fous ont le courage ou la foi pour monter plus haut. Les Hayk évoquent souvent les corps congelés d’étrangers trop audacieux, perdus dans la montagne avant d’être recrachés par un glacier dix ans plus tard. L’Agi-Arat est un haut sommet et, étendard minéral, il est visible d’une grande partie de la province pour peu que l’on monte sur une crête. Panthéon Hayk : Agi-Arat : il est la fgure du père primordial, du patriarche qui veille sur ses enfants, les guide et les protège. Il est incarné à la fois dans le sommet qui porte son nom et dans la chair du peuple hayk : chacun de ses enfants est une part de l’Agi-Arat. Divinité physique mais pourtant lointaine, l’Agi-Arat est invoqué comme protecteur et maître des sommets. Les Hayk lui font des offrandes de nourriture auprès des cairns ou des lieux exceptionnels de la Nature. Les citadins l’associent très souvent à Ahura-Mazda, le dieu sassanide, et les considèrent comme une seule divinité. Ahura-Mazda : il est le père des dieux sassanides, le roi des cieux qui distribue justice et punition. Adoré comme un esprit de lumière, garant de l’ordre cosmique, Ahura-Mazda est une divinité sassanide qui s’est installé au fur et à mesure des siècles dans les esprits hayk. Un grand temple lui est dédié dans Erebuni, où il est nommé Ahura-Agi-Arat. Sa fusion avec le dieu des Hayk y est complète. Daeva-Ardat-Lili : Ardat-Lili est la femme libérée de l’emprise de l’homme, à l’aura à la fois fascinante et inquiétante. Contrairement à Anahita elle ne préside pas à la maternité mais à la séduction et aux jeux de l’esprit. Sa beauté fascinante est également censée permettre la domination. (...)
Ahura-Djithûr est particulièrement populaire chez les clans des montagnes. Ahura-Izor : l’Hermès latin est également adoré des Hayk, comme dieu du commerce et du voyage. Daeva-Pazuzu : cet esprit mineur sassanide est associé au vent du Sud, censé apporter malaria et dysenterie aux habitants. Il s’agit d’une divinité maléfique et grimaçante, crainte et qu’on appelle pour châtier ses ennemis. Zomorrod : fls de Datarsian, satrape de l’Hayastan et membre de la maison d’Emeraude Zomorrod est satrape de l’Hayastan depuis maintenant deux ans. Il a repris le fambeau de son père à sa mort et compte bien avoir un règne aussi long et enrichissant. (...)
Agé de quarante ans il participe depuis longtemps à l’exercice du pouvoir et ne s’inquiète pas outre mesure de l’agitation occasionnelle des Hayk. Il est, grâce à son vaste réseau d’espion, à l’origine de nombre de ces kabbales. Leur but principal reste la division du peuple, jeu auquel Zomorrod excelle, mais également une instrumentalisation des maisons des Mères pour son profit personnel… Le satrape a effectivement catapulté une de ses fidèles à la cour royale de Babylone, où celle-ci est désormais une des courtisanes favorites du Roi des rois. La jeune femme est de moins en moins contrôlable mais son ascension a atteint son but : mettre en difficulté la maison de Cristal. Cette ennemie traditionnelle de la maison d’Emeraude compte dans ses rangs la première femme du Grand sassanide… et sa position est devenue de plus en plus fragile depuis l’arrivée de l’envoûtante femme hayk. Outragée, cette maison a contre-attaqué en multipliant les pressions et les vexations sur la satrapie d’Hayastan. Zomorrod s’est empressé de mettre ces attaques en avant et de se présenter comme le défenseur désintéressé de la province. Sa stratégie semble avoir bien fonctionné jusqu’ici mais elle lui a demandé de nombreux voyages à Babylone, et il n’est jamais bon de s’éloigner trop longtemps de son trône. L’excès de confiance du satrape pourrait lui coûter cher si les feux qu’il a allumés venaient à se transformer en véritable rébellion. (...)
Cet intraitable chef de clan menace effectivement souvent les caravanes qui traversent ou sortent du Gédir, tout en restant lui-même insaisissable. De telles agressions resteraient toutefois sans conséquence si Chiraz n’avait une nette préférence pour les voyageurs sassanides… Les clans des montagnes n’ont jamais été soumis par les soldats du Roi des rois et Chiraz ne manque jamais de le rappeler par le fer et le feu. Même si de nombreux nakharars le considèrent comme un sauvage, son prestige est grand parmi tout le peuple Hayk. Celui qu’on surnomme le renard du Gédir dispose de nombreux alliés et n’hésite pas à faire appel à eux pour tenter d’audacieuses actions. Son influence reste toutefois limitée par les intrigues propres aux maisons hayk, qui se servent plus de sa cause comme d’une source de légitimité que comme une véritable fn en soi. Par ailleurs Chiraz ne peut espérer réunir les autres clans des montagnes sans mettre fn à la vieille rivalité qui oppose son clan à celui du lac Sévan. Le chef de ce dernier, l’intraitable Vréj Sevag, souhaite obtenir vengeance pour de sombres crimes de sang qui eurent lieu entre les deux groupes il y a une vingtaine d’années. (...)
Il souhaite également éviter à tout prix que son ennemi juré ne devienne assez populaire pour postuler au titre de Takvor, roi des clans. Cette position lui siérait bien mieux… Pris dans ces confits d’intérêts Chiraz attend son heure. (...)
Il ne sacrifiera pas ses hommes dans une attaque inutile et tente d’abord de rassembler le plus grand nombre derrière lui. Héranouch Ichkhanouhie, concubine du Roi des rois : L’arrivée d’une nouvelle concubine dans le harem du Roi des rois ne soulève habituellement qu’un intérêt temporaire au sein de la cour. Mais récemment une Hayk a su se détacher du lot et prendre de plus en plus de place auprès d’Artoastre, au grand dépit de son épouse. En effet la sculpturale Héranouch se distingue de toutes ses rivales par le feu qui l’anime toute entière, de son regard à sa volonté inébranlable. (...)
Elle est depuis en confit avec le maison de Cristal, la famille de la royale épouse, et cette tension a commencé à déborder sur les rapports avec l’Hayastan. Les puissants qui lui sont opposés sont en effet convaincus qu’elle est une créature du satrape Zomorrod, qu’ils s’efforcent de châtier par des coups bas portés à sa province. (...)
Ankinée Loussig, Mère de l’école des roses bleues : Ankinée fut en son temps une des femmes les plus belles de l’empire sassanide. Les années ont passé et son esprit a su compenser les dégâts du temps pour l’élever au sommet de l’école la plus réputée de l’Hayastan. Elle veille aujourd’hui à maintenir au plus haut niveau l’éducation de ses jeunes élèves, tout en développant avec elles une relation ambiguë de domination et d’amour. De fait à la sortie de l’école les jeunes dames hayk ont toujours une vision très tranchée d’Ankinée : vieille sorcière encombrante pour certaines, ou véritable mère pour d’autres. (...)
Sa principale ennemie reste l’école d’Anahita la Magnifique, à l’influence importante dans le royaume. L’Hayastan et Etherne : La province de l’Agi-Arat et la jeune République latine sont bien éloignées, non seulement par les mers et les frontières, mais aussi par la culture et les intérêts. (...)
Ces différences sont pour le Maître de Jeu autant une source de dépaysement qu’un problème pour intégrer l’Hayastan à ses séances. La section suivante propose quelques pistes et passerelles pour permettre de passer des domus sénatoriales aux cours parfumées d’Erebuni, et vice versa… La communauté hayk d’Etherne : Une nouvelle puissance s’est levée à l’Ouest de l’empire Sassanide, et chaque jour l’ombre de ses aigles s’étend plus loin. Etherne frôle désormais de son aile les riches provinces du Roi des rois. Les Hayk observent avec curiosité ce nouvel acteur, sans savoir exactement s’ils doivent le craindre ou au contraire s’y allier. Le joug de ses légions serait-il vraiment plus doux que l’occupation maintenant séculaire des Sassanides ? Plusieurs Hayk ont tenté l’aventure d’une installation dans la République latine. Marchands intéressés, nobles diplomates, courtisanes ou fuyards ont pu rejoindre l’ombre de ses thermopolium, au côté de cent autres nations. La plupart d’entre eux vivent à Etherne, la cité la plus cosmopolite de la péninsule latine. Sisvan Mardig, nakharar représentant la maison de la Garlanth : Cet ancien général hayk a longuement vécu avec les armées sassanides, conduisant inlassablement ses troupes de rébellions en guerres frontalières. Elevé dans les hautes montagnes de l’Hayastan il a pour habitude de ne pas mâcher ses mots. C‘est ainsi qu’il fit, il y a quelques années, une déclaration de trop sur le massacre de la famille royale hayk par les troupes du Roi des rois. Lui-même descend de survivants de ce triste épisode et appartient à la maison de la Garlanth, l’ancienne famille royale. Cet épisode lui valut finalement une « promotion » auprès de l’ambassadeur sassanide à Etherne. Pris d’un ennui mortel, Sisvan a essayé de reproduire chez lui une petite cour, composé d’artistes hayk et sassanides. Ils animent régulièrement des soirées « orientales » où se retrouvent tous les amis et clients du général. C’est ainsi que se sont peu à peu trouvés chez lui nombre d’Hayks en exil ou de contestataires de l’empire. Lui-même ne critique pas le Roi des rois, pour qui il s’est longuement battu, mais déteste particulièrement le satrape Zomorrod, qui à son avis devrait être remplacé par un représentant de la famille royale hayk. Dans la capitale étrangère il compte bien rallier le plus de mécontents pour faire parvenir ses revendications jusqu’à la cour ou à l’ordre Taurus. Pour accroître son influence il s’est récemment attaché à développer ses contacts au sein des élites latines. Si, comme il le pressent, la République devient un acteur majeur de l’Orient, alors il deviendra à son tour indispensable à l’empire et pourra faire remplacer Zomorrod. (...)
L’appui de familles sénatoriales lui serait à cet égard particulièrement utile, y compris s’il devait partir faire valoir ses droits au sein de l’empire. Vartahèr Vumrik, dame hayk d’Etherne : D’un physique disgracieux mal compensé par la Hayk Aldad, Dame Vumrik n’a jamais été très estimée ni même convoitée au sein de l’Hayastan. Femme ambitieuse, elle comprit qu’elle se trouverait toujours confinée aux rôles de second plan si elle restait dans son pays. C’est donc dans un voyage au delà des mers qu’elle mit tous ses espoirs et ses économies, en voguant vers la capitale de cette nouvelle république prometteuse, Etherne. (...)
Elle eut des débuts difficiles, où elle frôla plusieurs fois l’esclavage et se retrouva dans des positions scabreuses, avant de pouvoir ouvrir ce qui était une sorte de comptoir hayk, dans les rues de la roche de Lucumo. Son dessein initial était de proposer aux grandes familles latines un enseignement proche de celui qu’elle avait reçue, mais elle dut vite déchanter : pour la plupart d’entre eux, ces moeurs orientales étaient décadentes ou, dans le meilleur des cas, juste bonnes pour la prostitution. Vartahèr trouva son salut grâce à une esclave sassanide, qu’elle acheta à grand frais à Ostia. Jeune et belle, elle devint sa première véritable courtisane. Après avoir reçu les leçons essentielles, elle la fit passer pour une noble désargentée de l’Hayastan et réussit enfin à attirer l’attention de la famille Aendinii. Quand la jeune orientale commença à être courtisée l’argent rentra et, de fl en aiguille, dame Vumrik arriva à se faire une place au sein de la capitale. Aujourd’hui elle a rétabli le contact avec Erebuni, et attire ainsi à elle quelques jeunes filles peu argentées à qui elle paye le voyage. Une fois sur place, perdue en pays étranger, elles sont toute entière en son pouvoir. (...)
Elle n’hésite pas non plus à prostituer celles qu’elle considère comme les moins habiles. Son commerce florissant a d’ailleurs fini par attirer l’attention d’Oulvi l’androgyne. La dame Hayk a maintenant assez d’importance pour faire de l’ombre à sa propre activité, et l’Antioque ne devrait plus tarder à lui envoyer un émissaire pour qu’elle se plie à ses ordres ou s’expose à sa colère… Nersès Torkom, riche marchand de l’Aventin : Cet homme filiforme et nerveux, fils d’un noble sassanide et d’une courtisane hayk, est un des marchands orientaux les plus actifs de la capitale. Même s’il lui reste fort à faire pour égaler les bénéfices des marchands rhodiens, cartagues ou judéens, il a su se faire une place dans l’importation de produits de luxe de l’empire sassanide. Vaisselles d’or et d’argent, soie venue d’horizons lointains, tapisseries précieuses ou esclaves raffinés sont sa spécialité. Nersès doit son succès à son alliance avec une des compagnies de publicains de la puissante famille Aendinii. (...)
En échange il revend à prix d’ami une partie de ses marchandises aux Aendinii. Toutefois les termes de cet accord sont de moins en moins avantageux pour le marchand hayk, la gens Aendinia revenant petit à petit sur ses tarifs et ses concurrents judéens et cartagues lui livrant une guerre sans merci. (...)
Il doit aussi se débarrasser de ses rivaux, qui commencent à chasser sur ses terres en vendant des produits hayk. Pire encore, ses marchandises sont de plus en plus souvent interceptés dans les vallées hayk par des montagnards, comme si quelqu’un les informait du départ de ses caravanes. Il suspecte un membre de sa famille de l’avoir trahi, mais hésite à se rendre sur place et à mettre sa vie en danger et à abandonner temporairement ses affaires. (...)
Aujourd’hui Chanour a assez d’argent pour racheter sa liberté, et il constitue un petit pécule pour payer sa fameuse dot. Mais la suite de sa carrière risque d’être moins fulgurante. Voilà quatre ans qu’il est parti d’Hayastan et il doit maintenant se dépêcher de boucler son trésor de guerre. En admettant qu’il survive à tous les combats suivants, il devra ensuite racheter sa liberté et regagner sa terre natale pour y demander la main de sa promise. (...)
Il ne souhaite pas devenir un assassin, mais plutôt servir à protéger des puissants, ou les accompagner pour leur prestige personnel. S’il pouvait ainsi arriver à approcher un riche noble sassanide ou hayk il pourrait même obtenir de nouveaux contacts pour l’épauler dans son projet. Les Latins et l’Hayastan : Cneus Scorpio Arius, général mercenaire : Ce vieux général était déjà aide de camp du dictateur Claudius il y a trente ans. Pris dans la tourmente de la mort violente de ce dernier et des émeutes qui ont suivi, Arius a tenté de calmer les troupes, réussissant à retenir plusieurs unités hors d’Etherne. Cela ne le sauva pas pour autant, la famille Ardilii offrant même une récompense pour sa tête. (...)
Menacé, Arius fuit à l’étranger, en espérant revenir quant les choses se seraient calmées. Trente ans plus tard, Cneus Scorpio Arius est un des plus fameux généraux mercenaires de l’empire sassanide. Toujours tenu en méfiance par les républicains, qui l’estiment comme un membre de la cinquième légion et un suppôt de la tyrannie, le général serait aussi détesté de certains sénateurs du parti pour la dictature, qui le considèrent comme un traître. (...)
En revanche il est tenu pour un génie militaire en ces terres orientales. Il possède plusieurs grandes demeures à travers l’empire, dont la plus grande se trouve à Erebuni. Sa première femme est également Hayk et Arius ne manque jamais de revenir dans la cité pour y traiter ses affaires courantes et profiter de sa famille. Le général reçoit également dans sa villa de discrets visiteurs. Il ne s’agit pas des notables sassanides, qu’il voit à Babylone, mais de messagers venant de toute la Mer Intérieure. Arius est ainsi informé en permanence de l’état des autres nations, et tout particulièrement de celui de la République et entretient une importante correspondance avec de grandes familles latines. L’objet en est simple et terrifiant : en secret, le général n’est autre qu’une des principales têtes pensantes de la cinquième légion. (...)
Ses nombreuses relations avec le mercenariat pourraient aussi s’avérer très utile en cas de recours à la force. Enfin le général reste à l’abri de ses ennemis au coeur de l’empire sassanide, où il est un des protégés des Sassanides. Iulia Saciae Acta, émissaire de la famille Acta : Certains disent que la pléthore de petites filles de la veuve Acta n’a pour seule utilité que de lui fournir des femmes à marier et des espionnes à placer. Ces rumeurs sont loin d’être complètement infondées… Iulia a été envoyé depuis un an en Hayastan, pour plusieurs raisons, à commencer par sa forte tête et la relation qu’elle entretenait avec un jeune tribun. Mais sa famille attend surtout d’elle qu’elle mette en place plusieurs agents fidèles à la maison, afin de surveiller les activités orientales des autres familles. (...)
Il s’agit notamment de la gens Aendinia, qui cherche à se placer dans le proche royaume d’Antiochos, et du général Arius, suspect à bien des égards. Iulia a aussi reçu des instructions particulières à propos des forteresses hayk. Certaines d’entre elles seraient construites sur des fondations datant de la civilisation Azule, sans que la jeune femme sache exactement à quoi s’en tenir. (...)
Bien que cela interprète de manière large les consignes qu’elle a reçues la jeune femme investit également dans des commerces locaux, afin de se créer une clientèle hayk, dans laquelle elle souhaite choisir plus tard ses hommes et femmes de confiance. Marcus Irius, marchand malchanceux : Ce marchand des Apennins est un habitué des coups fumeux, allant de banqueroutes en créances avec une habileté à éviter ses détracteurs seulement égale à son manque de chance en affaire. Son dernier projet est de monter une affaire pour faire venir directement la laine bleue d’Hayastan jusqu’en Paleste, où un hiver rigoureux et une clientèle riche pourrait amener une bonne clientèle. (...)
Un navire, un équipage et une marchandise à échanger lui permettrait de lancer le tout, et, avec ses quelques relations plus ou moins fables en Hayastan, de ramener la précieuse cargaison. Ce nouveau pari pourrait toutefois être le dernier, car même s’il arrivait à berner un prêteur sur sa crédibilité il lui faudrait ensuite échapper à tous ses créanciers… Créer un personnage hayk : Ces cursus viennent s’ajouter à ceux du livre de base, afin de vous permettre de créer des personnages d’origine Hayk, qu’ils soient présents à Etherne ou pour évoluer en Hayastan. Cursus : Dame Hayk : Nature : la hayk’Aldad, l’éducation féminine de cour, est dispensée dans plusieurs écoles qui recrutent leurs élèves de diverses manières, mais se font toujours payer pour les cours dispensés. Une dame hayk ayant suivi une telle éducation peut donc être d’origine noble, ou plus rarement de basse extraction. Dans ce cas elle devra consacrer sans doute plusieurs années à rembourser les cours reçus. Dans tous les cas les élèves sortent de ces classes entre 18 et 22 ans pour commencer leur carrière dans les cours de l’Hayastan. Elles fréquentent tous les palais des nakharars avant de choisir ceux qui leur semblent le meilleur parti où ne décident de continuer cette vie de bohème. Dans ce cas elles dépendront de leur seul succès à susciter l’intérêt de leur hôte, par leur esprit et leur art. Certaines vont ainsi comme poétesses ou grandes danseuses, conseillères ou courtisanes. (...)
Compétences gratuites : langue natale (4) et (2) dans charme. Possessions : 150 as, niveau de vie agréable. Pour choisir le profil Dame Hayk un joueur doit obligatoirement choisir l’avantage Hayk’Aldad. Guerrier des clans Nature : dès leur plus jeune enfance les Hayk montagnards arpentent montagnes et vallées, jouant d’endurance et d’agilité. Plus tard ils deviennent des guerriers ombrageux, prompts à tendre des embuscades aux caravanes, provoquer les guerriers des clans adverses et voler leur bétail. Equipés légèrement, ils excellent au harcèlement, frappant rapidement avec arcs, frondes et lances avant de disparaître dans leurs montagnes. (...)
Motivations : ces guerriers se battent d’abord pour l’honneur de leur clan et répugnent souvent à quitter leur terre natale. Toutefois les conditions de vie dans le Gédir sont rudes, et les familles ne peuvent nourrir toutes les bouches. Il arrive donc régulièrement qu’un fils cadet quitte les montagnes pour s’engager dans l’armée sassanide ou louer ses services comme mercenaire à Herkato. Ces voyages doivent aussi leur permettre de réunir une dot suffisamment importante pour épouser la femme de leur rêve ou pouvoir l’enlever d’une école de Hayk-Aldad. Profil : filouterie (4), guerre (9), science & artisanat (1), société (3), voyage (8). Compétences gratuites : langue natale (4) et (2) dans Connaissance du milieu : montagnes. Possessions : 100 as, niveau de vie urbain. Nakharar : Nature : les nakharar sont les nobles de l’Hayastan, des hommes et des femmes cultivés par plusieurs siècles de raffinement orientaux. Leur tempérament susceptible et leur soif d’honneur ne sont toutefois jamais très loin, et les marchands sassanides prennent garde de ne pas trop les provoquer sur leurs terres. Les grandes familles hayk ont autant d’objectifs que d’intérêts. Certaines cherchent à se hisser à la cour du Roi des rois et être en amitié auprès du Satrape, alors que d’autres cherchent à rétablir le royaume. Plusieurs enfin investissent dans des caravanes marchandes ou dans des compagnies marchandes de Judée, ou, au contraire, se replient sur leurs domaines ancestraux. (...)
Maître du Thâr (-1): le personnage peut atteindre 8 dans les compétences « art : thâr » et « artisanat : thâr » et gagne un point de renom. Refuge inaccessible (-1) : le personnage dispose dans la montagne hayk d’un refuge bien caché aux yeux des mortels, non loin d’un point d’eau. Il peut s’y réfugier en cas de coup dur pour être sûr de ne pas être ennuyé et s’y isoler plusieurs mois. (...)
Favorite de la Mère (-2): le personnage a reçu les attentions toutes particulières d’une courtisane émérite ou d’une Mère d’école d’Hayk’Aldad. Il dispose de deux points supplémentaires dans la compétence Charme et peut ainsi dépasser 6, pour un maximum de 8. Hayk’Aldad (-3) : le personnage, féminin, a été formé aux nombreux arts de l’éducation de cour. Elle dispose d’un bonus de +3 pour tous les jets des compétences artisanat et art concernant la poésie, les produits d’esthétique (onguents, maquillage et parfums), la musique, le chant, la danse, le sexe. (...)
Elle dispose aussi d’un bonus de +2 aux compétences jeux, étiquette et éloquence. Seul un personnage ayant choisi le cursus Dame hayk peut choisir cet avantage. Elle considère de plus toutes ces compétences comme innées, et non acquises. Lexique : Ahura : chez les Sassanides et les Hayk, dieu majeur et de nature positive. Bories : bâtiment de pierre sèche et sans mortier, souvent d’une seule pièce, construit par les bergers dans les pâturages et les bruyères pour s’abriter. Cairn : tas de pierres, placé aux endroits symboliques, où chaque voyageur doit rajouter un caillou pour marquer son passage. Daeva : chez les Sassanides et les Hayk, dieu mineur ou es prit, souvent de nature négative. Nakharar : noble hayk. Thâr: instrument à cordes oriental, doté d’une caisse et d’un manche, de forme très allongée. Takvor : roi des clans chez les montagnards. La fonction est vacante depuis des siècles. Un supplément pour le jeu de rôle Etherne édité par La BAP. (...)