JdRP Conseils MJ : La recherche documentaire du scénariste
Certains scénaristes considèrent que ces recherches sont loin d’être indispensables. Ils partent du principe que le jeu étant une fiction, ils sont, en tant qu’auteurs, totalement libres et n’ont pas à s’imposer les limites que leurs recherches pourraient leur fournir. Ce raisonnement n’est, en soi, pas totalement absurde. Toutefois, la rédaction de Maléfices ne le partage pas. Il suffit pour s’en convaincre de lire tous les scénarios parus : tous révèlent un sérieux travail de recherches documentaires, que ce soit pour situer une intrigue (comme dans Délivrez-nous du mal) ou pour planter un décor (comme dans La musique adoucit les meurtres). Pour beaucoup cependant, la recherche documentaire reste une corvée, d’autant plus fastidieuse qu’ils ne savent pas toujours par où commencer. (...)
Vous trouverez dans ces lignes des conseils pour aller rapidement vers les informations qui vous aideront à écrire des scénarios bien documentés. Etant entendu que les recherches documentaires n’ont qu’un seul et unique but : servir votre scénario. Les nombreux avantages : Plus qu’une contrainte, il faut voir dans ces recherches une aide dans le travail d’écriture. Elles présentent de multiples avantages. Premier avantage : Vous économiserez votre énergie créatrice. Si, par exemple, vous choisissez de mettre en scène votre scénario dans un lieu existant, pourquoi vous évertuer à réinventer ce lieu quand une recherche documentaire pourrait vous permettre de planter un décor beaucoup plus détaillé ? Deuxième avantage : Vous créez un scénario beaucoup plus crédible. Pour reprendre le précédent exemple, imaginez qu’un de vos joueurs connaissent - qu’il en soit originaire ou qu’il y soit passé pendant ses vacances - les lieux où se déroule le scénario ; il risque d’être rebuté par votre scénario s’il ne reconnaît pas les lieux où vous l’invitez. Concernant l’aspect historique, il va de soi qu’un scénariste doit posséder sur la Belle Epoque une culture supérieure à la moyenne - nous parlons bien de culture et non de connaissances universitaires ! -. Et vous trouverez sur ce site, évidemment, de nombreuses sources d’information sur le sujet . Car si son scénario tourne autour de tel ou tel événement historique, il serait malheureux que les joueurs fussent mieux informés que le Meneur sur ce point particulier ! Les joueurs pardonnent rarement ce genre d’impairs : dans le pire des cas ils font remarquer les erreurs pendant la partie, dans le meilleur des cas ils les feront remarquer après, mais dans tous les cas il est peu probable qu’ils adhèrent pleinement. Troisième avantage : La documentation stimule l’imagination. Faites l’expérience. Au cours d’une recherche documentaire, vous découvrirez, j’en prends le pari, des éléments qui vous donneront des idées qui seront très enrichissantes pour votre scénario. Quatrième avantage : Vous vous cultiverez, et, grâce à vous, vos joueurs se cultiveront, tout cela sans même s’en rendre compte, et en s’amusant qui plus est ! C’est une - et non des moindres - des grandes richesses des jeux de rôle en général… et de Maléfices en particulier. Cinquième avantage : La contrainte stimule la créativité. Il n’est que de citer Pérec qui, par jeu, s’est imposé la rédaction d’un roman de 400 pages sans un seul « e » et à qui l’on doit un palindrome de 5. (...)
L’auteur est totalement libre des contraintes qu’il s’impose. Dans l’absolu, il peut tout à fait ne s’en imposer aucune. Dans Maléfices, il s’agit juste de garder une certaine cohérence avec le contexte du jeu. A ceux qui trouvent cela inutile, je réponds : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (P. Corneille, Le Cid, II, 2) ! Les recherches historiques : Si Michel Gaudo et Guillaume Rohmer ont choisi de situer Maléfices dans la France de la Belle Epoque, ce n’est pas du tout par hasard. Ils estimaient en effet que ce contexte avait un potentiel fictionnel quasiment inépuisable pour l’amateur de fantastique. Jugez plutôt ! (...)
Un cocktail détonnant ; et c’est vous, en tant que scénariste, qui contrôlez le détonateur ! Il est donc nécessaire d’avoir une bonne connaissance de la Belle Epoque pour écrire un scénario de Maléfices. D’une part vous pourrez ainsi planter un bon décor, d’autre part vous trouverez sans aucun doute d’innombrables idées de scénarios au cours de vos lectures. Pour vous en convaincre, regardez l’excellente série Les Brigades du Tigre : chaque épisode part d’un fait historique. Pour une première approche, vous pouvez tout à fait vous contenter de la lecture du chapitre sur le contexte dans les règles de Maléfices. Un article plus détaillé est disponible sur ce site. Vous trouverez également une bibliographie assez complète. Sachez aussi utiliser les bibliographies des ouvrages que vous aurez entre les mains : elles vous orienteront vers des lectures traitant de points particuliers que nos articles se contentent le plus souvent d’évoquer. Internet peut aussi être une bonne source d’information. Toutefois, sur l’aspect purement historique, ne vous attendez pas à trouver des merveilles : les historiens sont encore très rétifs (comme les bretonnes) à utiliser cet outil. Attention surtout à la validité des informations que vous trouverez, en particulier pour tout ce qui touche à l’occulte ou à certains sujets polémiques : on trouve parfois des énormités, voire des propos tout à fait inacceptables - je pense en particulier à un éditeur révisionniste qui propose des ouvrages sur l’affaire Dreyfus et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Nous vous proposerons sur maléfices.com des liens vers des sites que nous jugeons sérieux. Si vous cherchez un ouvrage sur un thème particulier qui n’apparaîtrait pas dans nos bibliographies, faites une recherche thématique sur le site de la bibliothèque de France qui met en ligne son catalogue ; tous les ouvrages parus en France sont référencés sur ce site. Voire, renseignez-vous auprès des bibliothèques de votre ville : beaucoup proposent également ce service - c’est le cas de celle de Clermont-Ferrand, c’est dire ! (...)
Il est évident que nous nous tenons également à votre disposition pour vous conseiller. N’hésitez pas à demander de l’aide sur le forum Maléfices, voire à nous écrire Les décors : Si vous choisissez de situer votre scénario dans un lieu existant mais que vous ne connaissez pas ou peu, sachez qu’il est beaucoup plus facile de se documenter que de l’imaginer de toutes pièces. Qui plus est, votre imagination ne saurait être aussi prolifique pour détailler les lieux tels qu’ils le seraient sur une carte d’état-major. (...)
D’ailleurs, la carte d’état-major est une excellente base de travail ! Mais nous y reviendrons… Commencez par une documentation touristique simple : guides touristiques, et sites internet des offices de tourisme, etc., sans oublier les fameux guides noirs de Tchou. Vous saurez rapidement si la région que vous pressentiez présente suffisamment d’intérêts pour que votre scénario s’y déroule. Voire, peut-être y découvrirez vous des atouts insoupçonnés ! Ne négligez pas non plus la documentation iconographique - tellement facile grâce au net. A noter que l’on trouve parfois sur internet des reproductions de cartes postales anciennes ; elles sont souvent d’une définition insuffisante pour être réutilisées comme aides de jeu, mais elles auront le mérite de faire travailler votre imagination. Venons-en à la carte d’état-major. (...)
Tirez-en un plan simplifié et n’hésitez pas, tout en restant cohérent, à l’adapter aux besoins de votre scénario. Enfin, pour les puristes, je conseillerais une source de premier ordre, surtout pour les villes : les guides Baedeker. Les « guides du voyageur » de Baedeker (éditeur de Liepzig) étaient des guides touristiques très répandus au début du siècle. Outre leur remarquable qualité et l’exceptionnelle source de documentation qu’ils représentent pour un scénariste de Maléfices, ils ont surtout l’avantage d’avoir été tirés à un tel nombre d’exemplaires qu’ils sont encore aujourd’hui très faciles à trouver chez des bouquinistes, sur les marchés aux puces, voire sur les sites de vente aux enchères d’internet. Il existe quatre Baedeker couvrant chacun un quart de la France, et un cinquième consacré exclusivement à Paris et ses environs. Tous sont abondamment illustrés de plans, qui constituent autant d’aides de jeu potentielles. Pour vous donner un ordre de prix - sous réserve de l’état de conservation des exemplaires que vous pourriez trouver —, sachez que j’ai pu en acquérir pour la modique somme de 9 euros. Comptez en moyenne 15 euros ; personnellement, il me paraît peu raisonnable de monter au-delà de 20 euros pour en acquérir un. Bien sûr, tout dépend de la rareté de l’objet ! Ainsi, sachez que le Baedeker du Sud-Est de la France est plus rare que les autres et se négocie le plus souvent au-dessus des 20 euros. Comptez 50 euros pour les éditions du guide de la Russie. Si vous trouvez dans votre grenier celui sur la Palestine et la Terre sainte, gardez-le précieusement ou offrez-le moi : il se négocie rarement en dessous de 150 euros ! Sachez toutefois que nous avons entrepris de numériser les plans des Baedeker et que nous en mettrons certains en ligne sur ce site. Si vous avez besoin d’un plan et de quelques renseignements tirés des Baedeker sur un lieu précis, n’hésitez pas à nous le faire savoir. C’est avec plaisir que nous vous répondrons. Enfin, dernier conseil, la meilleure documentation que vous pourrez trouver sur un lieu est celle que vous irez vous-même chercher. Pourquoi ne pas profiter de vos prochaines vacances pour faire un détour dans telle ou telle région de notre beau pays où vous comptiez situer votre scénario ? Il est tellement plus simple d’imaginer une histoire dans un lieu où l’on s’est soi-même déjà promené ! Car contrairement à tout ce que l’on peut dire, un scénario, ça s’écrit aussi avec les pieds ! Daniel Dugourd