JdRP Ambiance : Princesse Antinéa
Il est préférable d'avoir déjà lu certains détails sur la description de la cité d'Entropia et du dirigeable Berlin XVIII afin de comprendre toutes les subtilités de cette nouvelle, qui, contrairement à 'liens de sang', présente l'univers de Bitume sous un aspect un peu différent par rapport à ce que l'on a l'habitude de voir. Ceci pour montrer que Bitume, ce n'est pas seulement les véhicules qui roulent, mais ça peut aussi être ça: Lorsque Sonia ouvrit les yeux, elle ne parvint pas à distinguer quoi que ce soit. Son esprit était encore trop engourdit pour arriver à analyser les contours flous qu'elle apercevait dans son champ de vision. (...)
Elle ne comprit pas tout de suite où elle se trouvait. Elle était assise sur une chaise en bois. En face d'elle se tenaient deux très jeunes filles, presque des gamines, qui la regardaient avec beaucoup d'attention. Elles étaient toutes les deux vêtues d'une combinaison de toile bleue délavée et rapiécée, mais ce qui frappa immédiatement Sonia, ce fut leur grande ressemblance: l'une semblait être l'image de l'autre dans un miroir. -ca y est, elle se réveille dirent elle en même temps, puis elles s'écartèrent et Sonia, l'esprit encore embrumé vit une jeune femme d'environs 25 ans se diriger vers elle. Elle était d'une grande taille et portait un jeans rapiécé ainsi qu'un blouson de cuir brûlé aux extrémités. -Mon nom est Aliénor, dit elle, je suis chef de la tribu d'Amazone des Walkyries, ainsi que le commandant du 'Princesse Antinéa', notre dirigeable de combat à bord duquel nous nous trouvons. Nous t'avons kidnappée car nous avons besoin de tes services, mais saches avant tout que tu n'es pas la bienvenue à bord. Sonia, à la fois surprise et atterrée par cette déclaration brutale resta sans voix durant plusieurs secondes. Elle avait du mal à rassembler ses souvenirs et ne comprenait pas ce qu'il lui était arrivée. Elle voulu se lever pour protester, mais n'y arriva pas: ses mains étaient solidement liées dans son dos. (...)
Son coeur se mit à taper de plus en plus fort dans sa poitrine. Elle n'avait jamais entendu parler des walkyries ni d'Alienor, mais la façon dont celle-ci la regardait la mettait très mal à l'aise. Elle préféra donc éviter son regard et détourna la tête, à la fois fascinée et rongée d’inquiétude. Elle se trouvait effectivement dans une sorte de nacelle de dirigeable. Elle se souvenait en avoir déjà vu un à Entropia et elle croyait qu'il n'existait que celui là en état de vol: le Berlin XVIII, celui du redoutable et redouté chef skin Karl Nivor. Cette nacelle formait une surface de 8 mètres sur 6 environs.Sur les cloisons latérales ainsi que sur le devant, de larges ouvertures à l'air libre permettaient de plonger son regard au dehors mais de sa position assise, Sonia ne pouvait ditinguer que le ciel assez dégagé, ainsi que la masse imposante de l'enveloppe dont elle pouvait voir les bords de la partie avant dépassant de chaque côté.Seule certitude: ils étaient en vol, car l'air qui entrait par les ouvertures était assez frais et le bruit caractéristique de moteurs tournant à plein régime était familier à son oreille de garagiste. Quatre autres jeunes filles étaient assises devant ce qui semblait être le poste de pilotage de l'engin encombré de manettes et de boutons bricolés: deux d'entre elles, tournant le dos à Sonia, tenaient une double barre semblable à celle des navires, tandis que les deux autres, équipées de jumelles de grande taille observaient l'horizon extérieur par les fenêtres latérales. Une fois de plus, Sonia fut frappée d'une part par leur extrême jeunesse, elles ne devaient sûrement pas avoir plus de 13 ans au grand maximum, mais aussi et surtout, par leur grande ressemblance les unes avec les autres. La curiosité prenant tout à coup le pas sur son angoisse, elle tourna la tête vers Aliénor et lui demanda: -Mais qui êtes vous vraiment ? Que me voulez vous ? Pourquoi m'avoir enlevée et attachée ? (...)
-Tu es bien garagiste ? Tu connais tout ce qui a un rapport avec la technique, n'est ce pas ? -Oui répondit Sonia hésitante. -C'est parfait dit Alienor en accentuant son inquiétant sourire. Elle se dirigea ensuite vers une des fenêtre latérale en claquant des doigts: - Amenez là ici ordonna t'elle aux deux jeunes filles qu'avait vu Sonia à son reveil. Celles-ci l'empoignèrent et l’emmenèrent sans ménagement vers l'ouverture latérale où se tenait Aliénor. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur et qu'elle pu voir à travers cette ouverture, elle ne pu retenir un cri de surprise: le dirigeable se trouvait au moins à 3 ou 400 mètres du sol, et survolait avec lenteur une vaste étendue de forêt inextricable qui s'étendait à perte de vue. Sonia avait entendu parler d'un grand océan d'arbres situé au nord du désert de Cactus Country, mais n'y était jamais allé elle même. Les arbres et les plantes étaient rares dans sa région d'origine, et la vision de toute cette végétation la fascinait étrangement. Aliénor pointa son doigt en direction d'un des moteurs latéraux fixé à la structure que l'on pouvait voir à quelques mètres en arrière de la nacelle: -Tu vois cette énorme hélice qui est arrêtée et dont une pale est brisée ? Notre chef-mécano était sortie il y à deux jours pour faire de la maintenance dessus alors que nous survolions le désert, bien plus au sud. Elle s'était bien harnachée, mais elle a glissé et est passée à travers l'hélice. Nous sommes loin de notre base de départ et nous avons besoin d'une mécanicienne durant plusieurs jours pour remplacer celle qui s'est tuée, et faire des réparations sur ce moteurs. Elle se tourna vers Sonia et la regarda droit dans les yeux: -Tu comprends maintenant ? Un frisson parcouru Sonia: le regard d'Alienor était froid et dur: il semblait s’immiscer au plus profond d'elle même afin d'en deviner les pensées. Elle réussi néanmoins à se ressaisir.Certainnes choses lui semblait très étranges et, rassurée sur le fait qu'on ne cherchait pas à la tuer, du moins dans l’immédiat, elle voulu éclaircir certains points: -Pourquoi m'avoir enlevée et attachée ? N'auriez vous pas pu vous payer les services d'un garagiste de façon moins brutales ? Alienor la regarda avec beaucoup de surprise: -Moi brutale ? Non mais tu te fiches de qui ? Qui n'est pas brutal ? D'abord nous n'acceptons aucun hôtes sur le Princesse Antinéa. Tu seras de ce fait considérée comme prisonnière durant la durée de ton séjour à bord.Ensuite, si nous sommes contente de tes services, on te laissera repartir en vie. Et puis quoi encore ! fit Sonia, irritée par cette réponse tranchante; Il n'est pas question que je travaille pour des clous. Et je n'aime pas vos manières d'agir. Je ne suis pas à votre service. -Je crois que tu n'as pas compris la situation répondit Aliénor en faisant un signe aux filles qui entouraient Sonia. Celles-ci tirèrent ses bras encore plus en arrière et les lui tordirent de façon si brutale qu'elle ne pu d'empêcher de hurler de douleur et tomber à genoux, dans l'incapacité de résister de quelque manière que ce soit. -Voilà qui est mieux dit Aliénor visiblement satisfaite, en contemplant non sans un certain plaisir l'impuissance de sa prisonnière. Sonia, était au bord du désespoir. Les détails de son enlèvement lui revenait peu à peu. Tout à coup, elle releva la tête, visiblement en proie à une grande émotion: -Lorsque vous m'avez enlevé, je me souviens avoir été frappée par derrière sans que je puisse rien faire pour me défendre, mais j'étais avec mon ami: qu'avez vous fait de lui ? Vous... ne l'avez quand même pas... Aliénor et les deux filles se regardèrent et se mirent à ricaner. Tu veux sans doute parler de ça ? dit elle d'un air dédaigneux en faisant un signe du menton dans la direction du fond de la cabine. Sonia se retourna et poussa un cri d'horreur: Contre la cloison du fond, derrière la chaise sur laquelle elle se trouvait auparavant, se tenait un jeune homme de tout juste 20 ans, recouvert de plaies et de sang. Positionné juste derrière la chaise, Sonia n'avait pu jusqu'alors le distinguer. Ses pieds et ses mains étaient attachés à des anneaux solidement fixés à la cloison. (...)
cria t'elle.Elle se releva et voulu se précipiter vers lui mais on la retint fermement. Elle se tourna vers Alienor: -Que lui avez vous fait ? hurla t'elle. Pourquoi l'avoir traité ainsi ? La colère et la rage montèrent rapidement en elle. Aliénor la regardait avec une moue de d’égout. -Bah, bah bah fit elle en soupirant, ce n'est qu'un homme après tout, rien qu'un animal. (...)
Pourquoi tant de compassion pour un être aussi infect ? Si il souffre, c'est de sa faute. -Mais vous êtes malade ! lui cria Sonia, c'est vous qui êtes infectes ! L'une des jeune filles lui asséna alors un coup si puissant dans les côtes qu'elle tomba à nouveau à genoux. La douleur était vive, elle n'aurait jamais cru que cette fille de 13 ans puisse posséder une telle force dans ses bras. Alienor l’attrapa par les cheveux et lui releva la tête. Sonia pleurait de douleur, physique et morale. -Quelle imbécile tu fais ! lui dit elle avec sévérité. (...)
Ne vois tu pas le rôle conscient qu'ils veulent nous faire jouer ? Dans toutes les autres tribus, le destin des filles est toujours de leur être soumise, de les servir, et tu te laisses prendre au piège comme toutes les autres ? (...)
Si tu ne me crois pas, vérifie donc toi même, ton prince charmant est tout trempé... Elles éclatèrent toute de rire. Sonia était abattue et démoralisée. Il était vrai que Marc avait horreur du vide. Elle se releva péniblement et s'approcha de lui. (...)
Sa combinaison de mécano était déchirée en plusieurs endroits et imprégnée de sang séché. Elle aurait voulu lui caresser le visage mais ses liens l'en empêchaient. Sonia se colla alors tout contre lui et posa délicatement sa tête sur son épaule. -Dans quel état t'ont elles mis. (...)
Lorsque leur regard se croisèrent, elle lui sourit; Il lui rendit son sourire. Elle approcha son visage du siens et ils s'embrassèrent. Aliénor détourna la tête écoeurée: -Non mais c'est pas vrai, je vais vomir ! Sonia sentit qu'on la tirait brusquement vers l'arrière. Une des filles la ramena vers Alienor. -On a plus besoin de toi pour l'instant fit la deuxième fille en assommant Marc d'un coup de maillet. Sonia, révoltée par ce geste voulu se dégager mais elle fut une fois de plus surprise par la force impressionnante de ces gamines dont elle ne pu se dégager. -Espèce d'ordures, vous avez la chance que je sois attachée, car sinon... -Sinon rien du tout coupa sèchement une des filles: nous tenons ton ami à notre merci. Si tu fais ce que l'on veut, on vous relâche, mais dans le cas contraire...Elle ne continua pas sa phrase, mais lança à Sonia un regard qui valait toutes les explications. Sonia se senti totalement vaincue: -Dites moi ce que vous attendez de moi fit elle en guise de soumission. A cet instant, une autre jeune fille entra dans la nacelle par un sas situé dans la cloison du fond, à côté de l'endroit où Marc était attaché. Elle venait remplacer une des filles qui quitta la passerelle aussitôt.Elle aussi possédait une étrange ressemblance avec les autres. Sonia regarda Alienor attentivement: -Votre équipage n'est composé que de gamines ? demanda t'elle intriguée. -Cela te surprends donc autant ? répliqua Aliénor: ce n'est pourtant pas difficile à comprendre: c'est juste une question de gain de poids. Elles sont suffisamment bien entraînées pour pouvoir manoeuvrer aussi bien que n'importe qui d'autre, mais elle sont bien plus légères. Sur un dirigeable comme celui-ci, tout ce qui peut contribuer à la diminution du poids est le bienvenu. Ton ami par exemple est un poids mort que nous balancerions bien par dessus bord si il ne nous servait pas à te contraindre à travailler pour nous... Aprés une courte pose, pour vérifier l’effet de sa remarque assassine sur le moral de Sonia, elle continua: -Mais il y a une autre raison: ces filles trouvent ici ce qu'elles ne trouvent pas ailleurs: une protection et le droit à la vie. Il ne fait pas bon être une fille jeune, faible et sans défense dans le monde dans lequel nous vivons n'est ce pas ? (...)
Aucune d'entre elle n'aurait pu survivre si je ne les avais pas recueilli à mon bord. -Mais comment se fait il qu'elles se ressemblent toutes autant ? demanda Sonia qui n'était pas entièrement convaincue par ce qu'elle venait d'entendre. Aliénor semblait hésiter un instant sur l'opportunité de répondre à cette question lorsque la fille qui observait l'horizon extérieur à travers les ouvertures latérales de droite se tourna vivement vers son chef: -Commandant, j'ai repéré un objet volant par tribord. Il est encore loin, mais semble aussi gros que le notre. -Quoi ! fit Aliénor en se retournant vivement. Utilisez les télémètres, je veux une estimation de sa distance et de sa taille. (...)
La jeune fille prit un grand tube de presque trois mètres de long, posé à côté d'elle que l'autre vigie, venue à son secours l'aida à fixer sur une partie métallique située au niveau des ouvertures latérales et prévue à cet effet. Sonia n'avait jamais vu de télémètres et ne compris pas de suite ce qu'elles faisaient. Elle installèrent ainsi rapidement deux de ces télémètres et se mirent à regarder chacune dans le siens. -Distance estimée...7050 mètres fit l'une d'elle -Confirmée dit l'autre. Il s'agit d'un dirigeable de la même taille que le notre à peu prés. J'arrive à distinguer...des tourelles de canons sur son ventre...autour de sa nacelle, mais il est trop loin pour savoir combien. -Il se dirige vers nous ? demanda Aliénor -Oui Commandant: sa distance n'est plus que de 7015 mètres. -Sonnez l'alarme ordonna Aliénor en se tournant vers les deux pilotes. L'une d'elle actionna une manette et une sirène roque se déclencha instantanément. Aliénor s'était dirigée vers une sorte de tuyau qui pendait du plafond, l'empoigna et parla dedans: -TOUT L'EQUIPAGE AUX POSTES DE COMBATS ! ENGIN VOLANT REPERE, PAR LE TRAVERS TRIBORD. CONTACT HOSTILE POSSIBLE. Cinq autres jeunes filles de 13 ou 14 ans, se ressemblant toujours autant firent éruption sur la passerelle et vinrent seconder leur camarades dans les manoeuvres et l'observation. L'activité fébrile qui reniait maintenant à bord rendait Sonia de plus en plus mal à l'aise. Aliénor ne s’intéressait plus à elle pour le moment mais elle était toujours entourée par les deux jeunes filles qui la tenait fermement.Elle tourna la tête vers Marc et poussa un soupir de dépit en constatant qu'il était toujours inconscient. -6883 mètres annonça l'une des vigie. -6878 annonça l'autre un instant après. -6870...6860...6840...6820...6800... -Laissez moi voir dit Aliénor en prenant la place d'une des filles. -Par Andromède, hurla t'elle, comment peut il exister un vaisseau comparable au notre ? C'est impossible ! Nous sommes les seules à posséder de l'hydra...de l'hydru...heu...? -De l'hydrogène ? demanda Sonia. Aliénor se tourna vers elle, son visage exprimait la plus profonde surprise -Comment connais tu ça toi ? -Et vous, comment avez vous fait pour en avoir en aussi grande quantité ? demanda Sonia sans répondre à la question d'Aliénor. Sonia connaissait l’hydrogène pour en avoir vu des stocks dans les entrepôts d'Entropia. Les garagistes ayant le monopole de tout ce qui avait attrait à la technique, elle savait que c'était grâce à ce gaz que le dirigeable de Karl Nivor pouvait voler. Elle connaissait aussi ses dangers et le risque qu'il y avait à en approcher une flamme. Maintenant qu'elle y pensait, il était possible que le dirigeable repéré soit le fameux Berlin XVIII: il ne devait pas y avoir beaucoup d'engins de ce type dans le monde...Mais si c'était effectivement lui, il était vraiment loin de sa base. Les filles s'étaient à nouveau concentrées sur l'observation de l'engin volant qui approchait peu à peu. L'une d'elle se tourna vers Aliénor: -Il se peut qu'ils' aient fourni de l'hydro...truc à d'autres tribus aussi ? -'Ils'? pensa Sonia, et qui donc ? Certainement pas des garagistes d'Entropia ! Aliénor serrait les dents en regardant dans la direction de l'autre dirigeable. Son visage exprimait une grande fureur: -Il faut absolument le détruire ! cria t'elle, je ne tolère pas que l'on empiète sur MON univers ! (...)
Le ciel est NOTRE domaine ! Défendons le, ne laissons pas la putréfaction masculine venir la souiller de sa présence ! Alienor s'empara rageusement du tuyau de communication et hurla: -CANONNIERES, CHARGEZ LES 10 TUBES LATERAUX TRIBORD AVEC LES MISSILES FILOGUIDES ET TENEZ VOUS PRETES A TIRER ! -Des missiles ? pensa Sonia atterrée, elles ont des missiles à bord ? Comment de telles armes, si rares et complexes pouvaient avoir atterri dans les mains de ces Amazones ? Elle se souvenait, lorsqu'elle était gamine en avoir vu une fois sur l'étalage d'un marchand nomade de passage à Entropia. C'était des armes anti-vehicules dont le marchand avait fait la démonstration. (...)
Sortant du tuyau, une voix, appartenant certainement à une personne assez jeune devant se trouver dans une autre partie du navire aérien, répondit: -Commandant, nous n’avons que neuf missiles. Nous n'avons pas terminé la fabrication des autres: c'est très compliqué et nous avons des problèmes au niveau des câbles de guidage de l'un d'eux. (...)
En plus, nous ne sommes que cinq à savoir comment fonctionne le système de guidage manuel: toutes les filles n'ont pas encore eu le temps de... -Et bien chargez en cinq, coupa sèchement Alienor, et dépêchez vous ! -Oui commandant ! fit la voix. -6000 mètres ! annonça une des vigies. -Il est à portée constata Aliénor en croisant les bras. Elle se tourna vers les deux filles qui encadraient Sonia: -Amenez la donc par ici, je veux qu'elle voit ça: elle pointa son doigt vers l'horizon. -Regarde bien ce point noir là bas qui avance lentement vers nous. Regarde le bien car il ne sera bientôt plus qu'une boule de feu plongeant vers le sol emportant avec lui son équipage prisonnier de sa carcasse incandescente. (...)
Cette dernière remarque la mit sans doute en joie, car elle partit dans un grand éclat de rire qui fit sombrer Sonia dans un malaise encore plus profond: elle était à présent absolument convaincue qu'Alienor avait l'esprit complètement ravagé. Cette dernière l'empoigna une nouvelle fois par les cheveux, poussa une des vigie et la força à regarder à travers une grosse paire de jumelles. -Tu le verras mieux ainsi dit elle en ricanant. Lorsque l'image du dirigeable adverse, grossie plusieurs fois lui apparut à travers le système optique, elle reconnut la silhouette caractéristique du Berlin XVIII, avec ses deux grosses tourelles triples accrochées sur le ventre de sa grande nacelle. Il volait à une altitude à peine supérieure à celle du Princesse Antinéa et suivait une route légèrement convergente par rapport à lui. Sonia le vit soudainement virer pour prendre une route parallèle et commença à effectuer plusieurs manoeuvres. La vigie qui regardait dans le premier télémètre se retourna vivement vers Aliénor: -Commandant, ils ont viré de façon à suivre la même direction que la notre. On dirait qu'ils manoeuvrent pour combattre ! Alienor poussa Sonia si voilement pour prendre sa place, qu'elle fut projetée à travers la cabine et atterrit au pied de Marc, toujours inconscient. -Comment peut elle posséder une telle force ? se demanda Sonia en se relevant péniblement. Les autres filles étaient beaucoup trop absorbées par l'attitude de l'autre dirigeable pour se soucier d'elle à présent. Au comble de l'angoisse, Sonia s'approcha de l'ouverture latérale la plus proche et observa elle aussi ce qu'il se passait. -Quelle distance ? demanda Aliénor. -5852 mètres, distance stable, lui répondit on. -Parfait, dit elle en prenant une nouvelle fois son tuyau pour hurler ses ordres à la salle de tir: -TUBES 1, 2, 3, 4, 5: FEU ! Sonia entendit alors plusieurs claquement secs,et quatres fins traits de fumées blanchâtre provenant d'une partie du dirigeable qu'elle ne pouvait pas voir déchirèrent le ciel dans un sifflement strident: les projectiles filo-guidés filaient à très grande vitesse vers leur cible. Sonia, fascinée, suivait des yeux les longs panaches effilés qu'ils laissaient derrière eux. -Un des missiles n'est pas parti ! annonça la voix à travers le tuyau. On essaye de le réarmer ! Après un court instant elle ajouta: nous avons perdu le contrôle d'un des projectiles ! Sonia constata en effet qu'un des missiles s'éloignait des autres et que sa trajectoire s'infléchissait en décrivant une courbe vers le sol. Il disparu dans la végétation avant d'exploser. -Enfer ! naugréa Aliénor, coupez ses câbles de guidage ! Les secondes s'égrainaient. Les missiles se rapprochaient de leur objectif. -Que c'est long ! grommela Alienor au comble de l'impatience. -Impact-cible imminent ! déclara une des vigie. Sonia, tendue à l'extrême, les yeux écarquillés, retint sa respiration: malgré la distance, elle vit nettement la correction effectuée sur les trajectoires des trois missiles dans le but de les faire converger sur le même point lors de l'approche finale de l'objectif. -IMPACT ! cria une des vigie: ON L'A TOUCHE ! Sonia, écoeurée, n’eut aucun mal à discerner l'explosion à l'oeil nu. Un immense cri de joie secoua unanimement l'équipage de la nacelle, mais la voix dans le tuyau les fit déchanter: -La cible n'est pas détruite ! Un des missile l'a raté, un autre l'a touché mais n'a pas explosé et est tombé vers le sol. Seul le troisième a effectivement explosé et causé quelques dégâts indéterminés, mais le dirigeable adverse ne semble pas détruit: il est toujours en l'air et ne brûle pas. -CE N'EST PAS POSSIBLE ! cria Aliénor en regardant à travers l'un des systèmes optique bricolé: l'hydrogène ne résiste pas à l'impact d'un missile ! (...)
Une déflagration se fit entendre: le bruit de l'explosion du missile avait mit plus de 16 secondes pour leur parvenir. -Ca y est, j'ai compris fit Aliénor qui observait toujours le dirigeable ennemi avec de grosses jumelles: ils ont disposé des plaques de blindage sur leur enveloppe ! Je n'aurais jamais pu croire que ce soit possible: ça m'a l'air d'être un système assez ingénieux: il semble qu'il y ait un espace entre les plaques de blindage et l'enveloppe. -Ca doit les alourdir considérablement fit remarquer une des filles. -Oui, mais c'est efficace contre nos tirs répondit une autre. -Pas tout à fait ajouta Aliénor: une partie de leur blindage a sauté: plus rien ne les protège sur ce côté maintenant: le prochain coup devrait les envoyer au tapis à coups sûr ! Elle empoigna une fois de plus son tuyau qui lui servait à communiquer avec le poste de tir. -Combien de missiles pouvez vous tirer ? -Trois. Le quatrième a des problèmes, je... -COMMANDANT ! hurla une des vigies: ils pointent leurs tourelles vers nous ! (...)
Durant un instant, la stupeur saisit tous les membres d'équipage présent sur la passerelle. -Il fallait s'y attendre dit Aliénor d'un air détaché pour calmer les autres filles. -ILS VIENNENT DE TIRER ! crièrent les deux vigies en même temps. Sonia ouvrit ses yeux au maximum afin de mieux discerner la minuscule silhouette du Berlin XVIII. Comme dans un cauchemar, elle vit soudain plusieurs points rougeâtres traverser l'espace à une vitesse incroyable et foncer droit sur le Princesse Antinéa en suivant une trajectoire parabolique tendue: l'instant d'un éclair, elle avait vu les obus ! En une seconde, elle réalisa qu'elle allait sans doute mourir. En dépis de la terreur sourde qui l’étreignait et qui lui faisait se dérober ses jambes sous elle, elle se retourna vivement et couru vers Marc contre lequel elle se serra: si elle devait mourir, ce serait contre lui. Aux cris de panique qu'elle entendait derrière elle, il n'était pas difficile de deviner que les autres filles quittaient leur postes pour trouver un abris illusoire, alors qu'Alienor les sommait de garder leur calme. Sonia serrait les dents et pria Vulcain pour que les obus ratent leur cible et que Marc et elle sortent vivant de cette situation infernale. Les six projectiles du Berlin XVIII ne mirent que 12 secondes pour parcourir la distance qui les séparait du dirigeable des Amazones. Accompagnés de sifflements, trois d'entre eux percutèrent le Princesse Antinéa de plein fouet. Toute la structure du navire aérien fut ébranlée par ces terribles chocs qui furent immédiatement suivis d'explosions cataclysmiques. Tout l'hydrogène contenue dans l'enveloppe s'enflamma d'un seul coup, et...ce fut alors l'apocalypse... Sonia, au comble de la terreur sentit l'air autour d'elle devenir opaque, orange et incandescent. La chaleur dégagée par la combustion de l'hydrogène devint insupportable. (...)
Derrière elle, elle sentit les flammes lui lécher les bras et le dos. Les hurlements atroces des membres d'équipage lui laissait deviner que toute la partie avant de la nacelle n'était plus qu'un horrible brasier et qu'elle n'avait elle même au plus que quelques secondes à vivre. Elle entendit tout à coup les structures internes du dirigeable se désintégrer et s’effondrer sur elle même dans un vacarme assourdissant. Puis, tout bascula, et...ce fut la chute... A bord du Berlin XVIII: -Non mais c'était quoi ça ? Blexter était assis nonchalamment sur un rocking chair au milieu de la passerelle du Berlin XVIII, somptueusement décorée de tapis aux couleurs...délavées. Son coude droit était posé sur l'accoudoir et sa main droite soutenait sa tête. (...)
Visiblement en proie à un profond ennui, il caressait négligemment de sa main gauche le manche de sa faux de combat. Deux skins vêtus de cuir se tenaient à la barre du dirigeable, tandis que cinq autres scrutaient l'exterieur à travers les meurtrières de la nacelle blindée avec une attention soutenue. Les yeux mi-clos, Blexter se tourna vers l'un d'eux, qui paraissait plus trapu et renouvela sa question dans un soupir d'ennui: -Karl, qu'est ce que c'était que ce truc ? C'était quoi tout ce boucan ? (...)
L'homme à qui il s'adressait se retourna vers lui. Un air de triomphe illuminait son visage balafré et entièrement rasé. -Prince Blexter, je suis désolé que le bruit des explosions et des tirs vous aient réveillé. Nous avons subit une bien étrange attaque d'un navire volant totalement inconnu. Je ne pensais pas qu'il existait un autre dirigeable tel que le notre. Mais ces pourris en ont été pour leur compte: ils sont parvenus à bousiller notre blindage, mais n'ont provoqué que des dégâts mineurs. (...)
On a ensuite contre-attaqué brillamment et détruit ces fils de p... du premier coups. C'est une sacré veine en fait. Le seul problème maintenant, c'est que le dirigeable penche un peu sur la droite à cause du blindage qui est parti sur la gauche. Mais ne vous inquiétez pas, mon équipage est en train de déplacer la cargaison et le matériel à bord pour rétablir l'équilibre. Blexter fronça les sourcils et se redressa sur son rocking chair: -Quoi ? fit il surpris. Pfffff... Karl, vous ne changerez jamais: lorsqu'il y a une occasion de s'amuser, vous gardez tout pour vous ! Vous auriez au moins pu me prévenir, il ne se passe jamais rien sur votre foutu ballon ! -Dirigeable corrigea Karl, c'est un Dirigeable. -Si vous voulez. Mais quoi: pour une fois qu'il arrive quelque chose, vous ne prenez même pas la peine de me réveiller ! Depuis deux jours que nous sommes parti d'Entropia, il ne s’était rien passé, je m'em. (...)
Il referma ensuite la trappe et disparu dans un fou rire qui lui donnait un air encore plus débile qu'il ne le paraissait déjà. Durant sa courte apparition, Blexter avait pu sentir de sa place son haleine imprégnée d'alcool. -Il n'y a que vos 'gunners' qui s'éclatent dit il à Karl avec un air de dépit: même bourrés ils font des cartons: ce sont des champions ! (...)
On a été obligé de recruter un peu n'importe quoi, c'est vrai, mais la nécessité fait loi, et la loi, surtout la notre, c'est sacré ! -Vous parlez comme un justicier dit Blexter surpris. Mais il était surtout intrigué que des Skins prennent des Punks à leur bord: -Pourquoi avez vous dû changer vos canonniers ? (...)
les anciens canonniers ont eu la très mauvaise idée d'aller fumer de l'herbe de leur plantation à côté des stocks d'hydrogène du dirigeable...Ca a fait une jolie flamme, et beaucoup de bruit. -Ah oui, je me souviens maintenant dit Blexter d'un air las, c'est comme ça que la moitié des quartiers nord d'Entropia a été complètement rasé. Après une courte pose, il ajouta: ce n'est pas grave, de toute façon, je n'aimais pas vraiment cet endroit de la ville. (...)
demanda t'elle visiblement mal à l'aise. -Vous n'êtes vraiment pas faites pour les voyages en ballon lui dit Blexter. -Dirigeable corrigea Karl.C'est un Di-ri-gea-ble ! Faisant fi de la remarque du chef skin, Blexter fit signe à sa secrétaire d'approcher: -Prenez mon journal et ouvrez le à la page d'aujourd'hui. Elle s'exécuta pendant que Blexter se mit à regarder le plafond, visiblement à la recherche d'une profonde inspiration. Soudain, il sourit: -Notez ! ordonna t'il: -Deuxième jour de croisière à bord du Berlin XVIII: un truc-machin volant et inconnu a voulu nous descendre sauvagement sans s'être auparavant présenté. Ca a shooté féroce, mais grâce à mon action efficace, c'est nous qu'on les a baisé. (...)
Karl, les points sur les hanches semblait scandalisé: -Comment ça grâce à votre action efficace ? Mais vous dormiez !!! -Plait-il ? fit Blexter d'un air désinvolte. -Bez...s...? Euh ? 'Baiser', ça prend combien de z ? demanda Monsley dont la nausée n'avait pas encore disparu. -Cest quoi un 'Zède' ? demanda Karl intrigué. -Je ne sais pas répondit Blexter irrité: vous êtes la seule à savoir lire et écrire à bord...deux 'zèdes', peut être trois ? -Trois, peut être oui fit Monsley en griffonnant sur son carnet mité. (...)
-Si ça vous arrivait plus souvent plaisanta Karl, vous sauriez mieux l'écrire. Tous les skins présents éclatèrent d'un rire gras et sonore. Blexter fit une moue dépitée en regardant sa secrétaire. Celle-ci, visiblement trés gênée et rouge jusqu'aux oreilles semblait désemparée. -Cessez donc de tourmenter ma secrétaire soupira Blexter: en tant que conservatrice, elle ignore beaucoup de choses de la vie. Monsley, de plus en plus mal à l'aise, recula, se prit les pieds dans le tapis défraîchit et s'étala sur le plancher de tout son long, déclenchant à nouveau l'hilarité de tous. Blexter regarda sa secrétaire avec un air de pitié: -Ce n'est pas demain la veille que les femmes domineront le monde déclara t'il. Karl acquiesça en rotant. -Bon, qu'est ce qu'on fait maintenant ? demanda t'il Blexter se mit à se balancer sur son rocking chair en regardant au plafond: -Bah, je ne sais pas: allons voir d'un peu plus prés la carcasse du ballon que l'on a descendu. -C'était un dirigeable corrigea Karl en soupirant. -Ca nous permettra peut être d'en apprendre un peu plus sur ces ennemis continua Blexter, et puis, ça nous distraira un peu... Karl donna aussitôt des ordres aux pilotes et le dirigeable mit le cap sur l'endroit où l'engin adverse était tombé. x x x Sonia bougea la tête. Une odeur de chair brûlée assaillit ses narines. Elle essaya péniblement de se soulever mais n'y parvint pas: elle était coincée sous quelque chose de lourd et mou à la fois. (...)
Ce qui la surprenait, c'était qu'elle soit encore vivante aprés ce qui venait d'arriver. Les arbres avaient amorti la chute de la nacelle qui s'était néanmoins éventrée en arrivant au sol.Elle était maintenue en position verticale par plusieurs troncs. (...)
Elle tourna la tête et vit qu'elle était en fait recouverte par les cadavres déchiquetés et carbonisés de plusieurs Amazones. Elle eu une brusque envie de vomir en apercevant le corps d'Alienor coupé en deux qui gisait non loin d'elle dans une position ridicule. La nacelle continuait de brûler. Sonia comprit qu'elle devait se sortir de là au plus vite. Elle rassembla toutes les forces qui lui restait et parvint à repousser les cadavres qui la recouvraient. Elle constata alors qu'elle n'avait rien de cassé mais était toutefois recouverte de plaies et contusions assez douloureuses. (...)
Une fois au dehors, elle mit son oreille contre sa poitrine et constata avec bonheur qu'il vivait. Alors, elle s'écroula, épuisée physiquement et psychologiquement. La carcasse du dirigeable, en tombant, avait été freinée par la végétation, mais celle-ci n'avait pas survécue au crash: tout autour, on ne voyait que des troncs arrachés et carbonisés. (...)
L'humidité de la forêt permettait de ne pas craindre que l'incendie ne se propage. Malgré sa fatigue, et ses blessures, Sonia se remit debout afin de vérifier si il n'y avait pas d'autres survivants. Elle délaissa la nacelle dont le feu interdisait maintenant l'entrée pour aller fouiller un peu plus loin dans la carcasse. Tout était brisé ou brûlé: Marc et elle avaient eu une chance incroyable de s'en tirer à si bon compte. (...)
En observant celles dont les visages n'étaient pas trop mal en point, elle pu vérifier qu'elles se ressemblaient toute étrangement, comme faite dans un même moule. Soudain, elle s’arrêta, stupéfaite: du bras arraché d'une des filles sortaient plusieurs fils électriques entourant une structure en métal faisant office d'os. Sonia le ramassa: il s'agissait d'une sorte d'étrange prothèse. En fouillant avec un peu plus d'attention, elle se rendit compte que tous les cadavres possédaient la même prothèse ! (...)
murmura t'elle de plus en plus intriguée. Puis, aprés mure réflexion, elle pensa avoir trouvé les raisons pour lesquelles ces filles possédaient une telle force... La vue des corps déchiquetés de toutes ces gamines finit par lui donner la nausée. (...)
Intriguée, elle se pencha sur elle lorsqu'une grande ombre recouvrit rapidement tout le site du crash. Elle se retourna et regarda en l'air. Elle vit alors arriver le Berlin XVIII, volant lentement, moteurs au ralentit et à basse altitude. En passant devant le soleil, il avait projeté l'ombre de sa silhouette massive sur le sol. Sonia ne l'avait pas entendu arriver. Elle fit de grands gestes vers le fier vaisseau. La haut, sur le bastingage, elle vit des membres d'équipage répondre à ses appels. (...)