JdRP Previews : Aperçu d'Hex : Mystères du XIXe siècle
(...) Ainsi, le futur s’alimente du passé ; ainsi notre Mère Céleste fait germer et fleurir la vie incorruptible sur le fumier de la mort - terreau fertile et qu’engraisse l’universelle voirie des existences éphémères, accumulées de jour en jour. Mais la principale et plus célèbre héritière des Rose-Croix reste encore à l’heure actuelle… LA FRANC-MACONNERIE. CABALE ESOTERIQUE…OU POLITIQUE ? Il est à noter que la franc-maçonnerie se présente plus souvent comme une société « discrète » que comme une société « secrète ». La Franc-Maçonnerie fait remonter sa fondation mythique à la construction du temple de Salomon à Jérusalem par l’architecte Hiram et le meurtre de celui-ci par ses trois apprentis. Plus vraisemblablement, elle trouverait ses véritables racines historiques au sein des guildes médiévales qui regroupaient les maçons constructeurs de cathédrales. La Franc-Maçonnerie est organisée en loges, elles-même regroupées en obédiences qui sont des regroupements de loges (ou ateliers) ou de rites. Parmi les symboles les plus célèbres de cette coterie, nous trouvons bien sûr l’équerre, le compas et l’oeil divin au sein d’une pyramide. Regardez donc un billet de un dollar si vous ne voyez pas de quoi je parle… Deux branches principales forment la colonne vertébrale de la Maçonnerie : d’un côté, la Grande Loge Unie d’Angleterre (United Grand Lodge of England), fondée en 1717 ; de l’autre, le Grand Orient de France, né en 1773. Bien que les deux grandes Loges se reconnaissent mutuellement, leurs relations sont tendues. Dans bon nombre de pays du monde latin, c’est la Franc-Maçonnerie de la branche française (catholique et dite « continentale ») qui prédomine, alors que le reste du monde tend plutôt à suivre la branche anglaise (protestante). Il arrive – cas réellement exceptionnel – que les deux types de loges cohabitent, pour le meilleur comme pour le pire, dans le même pays.. La franc-maçonnerie fut l’objet de nombreuses attaques tout au long de son histoire. Certains détracteurs ont affirmé - et affirment encore - haut et fort que les franc-maçons pratiquent la théurgie et procèdent à l’invocation de puissances surnaturelles réprouvée par l’Eglise. D’autres considèrent que la franc-maçonnerie n’est seulement qu’un vaste réseau social construit dans l’intérêt de ses membres. Ainsi, de nombreuses théories du complot impliquent des franc-maçons. Alors qu’en Angleterre ne pas être franc- maçon est presque une faute de goût, la chose est beaucoup moins bien vue en France. Il suffit de survoler rapidement la dernière moitié du siècle pour s’en rendre compte : le 5 juillet 1845 : Une circulaire du maréchal Soult, président du Conseil, interdit aux militaires l’entrée dans une association…et donc dans la Franc-maçonnerie Le 9 juin 1863 : Le Corps législatif se refuse à reconnaître la francmaçonnerie comme « établissement d’utilité publique ». En 1867 : Monseigneur de Ségur écrit Les Francs-Maçons, un violent opuscule anti-maçonnique. En 1899 : Jules Lemaître publie une étude, intitulée La Franc-maçonnerie, qui dénonce les agissements de cette société pendant l’Affaire Dreyfus. Quatre années plus tard : Emile de Marcère fonde le Comité Antimaçonnique de Paris, qui se transforme l’année suivante en Association Antimaçonnique de France. En octobre 1904 : Le général André, ministre de la Guerre, est interpellé à l’Assemblée sur la pratique du fichage des officiers selon leurs opinions politiques et religieuses. C’est le début de l’Affaire des Fiches qui démontre l’influence de la Maçonnerie dans les milieux politiques et militaires. Moralité : si vous désirez devenir Maçon, tentez plutôt votre chance de l’autre côté de la Manche. Vous y serez plus au calme… LA SOCIETAS ROSICRUCIANA IN ANGLIA : UNE SOCIETE PAS TOUJOURS SI SECRETE. Fondée en 1867, en Angleterre, elle se livre à « des travaux érudits visant à approfondir intellectuellement et spirituellement les grandes loges maçonniques à la lumière de la tradition rosicrucienne de la kabbale et de l’alchimie spéculative ». Son fondateur, Robert Wentworth Little (1840-1878), était trésorier de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Il prétendait avoir été initié par une société rosicrucienne écossaise d’Edimbourg, mais cette affirmation n’a jamais pu être démontrée. Il semble plutôt qu’il ait élaboré la Societas Rosicruciana à partir de rituels trouvés dans la bibliothèque du Freemason’s Hall. Wentworth adopte la hiérarchie de la Rose-Croix d’Or d’Ancien Système (Zelator, Theoricus, Practicus, Philosophus, Adeptus junior, Adeptus major, Adeptus exemptus, Magister Templi et Magus) et réserve l’entrée dans son groupe aux Maîtres Maçons chrétiens. L’Ordre s’étend rapidement en Ecosse, au Canada et aux Etats-Unis. (...)
Ce dernier participera bientôt à la création d’un autre Ordre maçonnique rosicrucien : l’Hermetic Order Of The Golden Dawn. Néanmoins, de nombreux membres de la Societas tendront plutôt à rejoindre les rangs de la Société Théosophique naissante, dont nous reparlerons plus loin. Mais venons-en pour l’instant à… LA GOLDEN DAWN : OU COMMENT FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX. William Wynn Westcott, franc-maçon notoire, aurait trouvé dans un exemplaire des Symboles Secrets des Rosicruciens des XVIIe et XVIIIe siècles cinq rituels manuscrits codés ayant appartenu à Baal Shem Tov puis à Eliphas Lévi. Sur ces bases et à la suite d’une rencontre avec le représentant de l’Ordre de la Rose-Croix en Allemagne, Westcott et une poignée de ses amis fondent à Londres la Loge Isis-Urania, puis à la fin des année 1880, l’Hermetic Order Of The Golden Dawn. Fait notable : ses portes sont ouvertes aux femmes et à ceux qui ne sont pas maçons. La Golden Dawn devient très vite une des plus importantes organisations occultes anglaises. En effet, ce qui est fascinant quand on s’approche de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée, c’est de voir comment cette structure à la durée de vie si brève - de 1887 à 1903 : à peine seize ans ! - a osé toucher à tous les domaines de l’occultisme aussi bien occidental qu’oriental, et effectué une gigantesque synthèse d’enseignements contradictoires ou inusités : les Templiers et leurs rites, les Rose-Croix et leur alchimie, les druides et leurs secrets celtiques, les dieux égyptiens et la force de leurs symboles, le Tarot Divinatoire, les mystères énochéens révélés à John Dee (mathématicien et astrologue au service de la Reine Elisabeth), etc. Ad nauseam. De nombreux Francs-Maçons fréquentent la Golden Dawn à cause de ce foisonnement de pratiques ésotériques, plus vastes que dans la Franc-Maçonnerie traditionnelle. Malheureusement pour elle, la Golden Dawn a une autre particularité notable : la mégalomanie et l’orgueil sans borne des ses membres les plus influents. C’est d’ailleurs ce qui mènera en grande partie cette société à sa perte, après moult scandales et autres conflits magiques… Mais ne doutez pas que son influence se fait encore ressentir à l’heure actuelle dans de nombreuses sociétés ésotériques. Les grandes figures de l’Hermetic Order of the Golden Dawn : le sulfureux Aleister Crowley, le poète William Yeats, l’actrice Florence Farr, l’écrivain Arthur Machen… LA SOCIETE THEOSOPHIQUE : A LA REDECOUVERTE DE L’ORIENT MYSTIQUE. Parlons maintenant d’une une autre « église » ésotérique de notre siècle et tout autant connue que la Golden Dawn. Mais celle-ci est d’orientation bouddhiste : la Société Théosophique. Elle a été fondée aux Etats-Unis en 1875 par un médium, Helena Petrona von Rottenstern Hahn, plus connue sous le nom de Mme Blavatsky, et secondée par le colonel britannique H.S. Olcott (issu des Francs-Maçons). L’un des livres de Blavatsky, La Doctrine Secrète (1888), dévoile son enseignement. Le mot grec THEOSOPHIA («Sagesse divine»), emprunté aux néoplatoniciens du 3e siècle, évoque l’existence d’une gnose initiatique universelle d’où sont issues toutes les grandes religions et à laquelle l’Homme pourrait accéder au terme d’une quête intérieure du divin, passant une complète métamorphose de l’être. Les Théosophes étudient les phénomènes mystiques et occultes à partir de l’hindouisme et du bouddhisme tibétain. De fait, leurs activités ont permis aux occidentaux de mieux connaître les religions orientales, comme la doctrine de la réincarnation. La Société Théosophique a essaimé dans toutes les directions, jusqu’à l’Inde, et même l’Australie et la Nouvelle Zélande. Quelques membres célèbres de cette Société : Thomas Edison (le célèbre inventeur), Alexandre Aksakof (chancelier impérial de Russie), W. (...)
Yeats (fameux littérateur irlandais) et enfin William Crookes (chimiste et physicien) et Camille Flammarion (astronome). Nous reparlerons de ces deux dernières personnalités un peu plus loin. DE LA GENESE DU SPIRITISME : ESPRIT ES-TU LA ? C’est en 1848 que le monde retiendra ce qu’on considère comme la première communication du spiritisme moderne : l’épisode de Hydesville. Dans une ferme réputée hantée de cette petite ville de l’état de New York, deux jeunes filles, Margaret et Kate Fox, âgées de 15 et 22 ans, établissent un contact, avec un supposé « esprit » qui n’était ni plus ni moins que l’âme d’un homme ayant vécu dans la maison plusieurs années auparavant, assassiné par un voisin et enterré dans la cave. (...)
On invente un alphabet fait de coups frappés, ou « raps ». On perfectionne le système par le recours à une planchette et un verre à pied. Le spiritisme était né (ainsi que le télégraphe post mortem…). La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. (...)
Cinq ans après cet événement, le premier congrès spirite se tient à Cleveland. Les exhibitions publiques des deux soeurs réputées « médiums » ou « intermédiaires » avec les esprits, amènent en moins de six ans le nombre des adeptes de la nouvelle « religion » à 3 millions aux Etats-Unis (1852) avec 10 000 médiums et 20 revues spécialisées. Apparaît alors en France un certain Denizard Léon Hyppolite Rivail. (...)
Il écrit sous le pseudonyme d’Allan Kardec, son nom lors d’une précédente existence chez les druides (dit-il), le traité de base du spiritisme: Le Livre des Esprits, contenant les principes de la doctrine spirite sur l’immortalité de l’âme, la nature des esprits et leurs rapports avec les hommes, les lois morales, la vie présente, la vie future et l’avenir de l’humanité, selon l’enseignement donné par les Esprits supérieurs à l’aide de différents médiums. Il insiste pour affirmer que leur contenu n’est pas de lui, mais de plusieurs esprits « avancés » ayant communiqué par l’intermédiaire de différents médiums. Le spiritisme de Kardec se veut à la fois religion, science et philosophie. Il existe deux mondes, l’un matériel, l’autre spirituel, qui peuvent communiquer entre eux grâce au « périsprit », enveloppe matérielle (donc accessible aux sens et à l’expérience) dans laquelle demeure l’esprit après la mort du corps ; cette enveloppe (qui rappelle le corps de lumière de Saint Augustin ou le corps astral des occultistes) permet à l’esprit de continuer à agir matériellement après la mort en frappant ou en faisant tourner guéridons et autres objets. Evolutionnisme oblige, Kardec propose une métempsycose selon laquelle l’esprit se réincarne successivement (comme le soutenait déjà Platon dans le Timée) de corps en corps, les esprits progressant ainsi en savoir et morale. Les ouvrages principaux de Kardec sont Le Livre des Esprits (1857), Le Livre des médiums (1861), Les Evangiles selon le spiritisme (1864), Enfer et Paradis (1865) et Genèse (1867). Il fonde également en 1858 la Revue spirite, éditée et en grande partie rédigée par lui jusqu’à sa mort, en 1869. Cette fameuse revue est encore aujourd’hui l’un des périodiques les plus complets et sérieux sur le thème su spiritisme. Jeudi 17 juin 1858 : Il y a à Paris une société évocatrice des morts qui les fait comparaitre à sa barre, et les force par sa puissance d’évocation à répondre aux questions qui leur sont faites. (...)