Quenya : la langue ancienne
sur Ambar Eldaron au format (214 Ko)
Contient : composé (26)(...) Dans une de ses lettres, Tolkien lui-même écrivit: "Le langage archaïque du savoir est censé être une espèce ‘d'Elfique-Latin', en transcrivant dans une forme ressemblant au latin... la similarité avec le latin a été visiblement croissante. En réalité on pourrait dire qu'il estcomposésur une base de latin avec deux autres (principaux) ingrédients qui arrivent à me donner un plaisir ‘phonesthétique': le finnois et le grec. (...)
Sinomë maruvan, ar hildinyar, tenn' Ambar-metta, 'hors de la Grande Mer en Terre-du-Milieu je suis venu. Ici j'habiterai, et mes héritiers, jusqu'à la fin du monde'). Le premier de ces trois exemples futcomposépar le linguisite Tolkienien David Salo en utilisant la grammaire et les mots Tolkieniens; les deux autres sont directement tirés du livre. (...)
Cet unique exemple, qui pendant plus de vingt ans fut le seul exemple que nous ayions, qui fit conclure à beaucoup que la fonction de ce cas était de montrer ce dont quelque chose étaitcomposé- en fait le cas lui-même était appelé "compositif". Heureusement, La Guerre des Joyaux p. 368-369 nous donne la propre explication de Tolkien des fonctions plus normales de ce cas, et comment il diffère du génitif. (...)
harna-"blesser", apparemment dérivé de l'adjectif ou du participe harna "blessé"); il y a aussi quelques radicaux-A qui se terminent simplement par -a, ex. ora- "urger, presser". Cinq temps Quenya sont connus: l'aoriste, le présent, le passé, le passécomposéet le futur. (Selon toute vraisemblance, Tolkien imagina aussi d'autres temps, comme le plus-que-parfait - mais de telles formes ne sont pas exemplifiées dans notre matériel. (...)
A un endroit, Tolkien affirmait que _né_ « était » ne pouvait pas recevoir de terminaisons pronominales. (mais il utilisa toujours _nése_ pour « il était » ailleurs). Le passécomposéexprime l'idée d'une action qui a été complétée dans le passé, mais qui est toujours "pertinente" pour le moment présent, habituellement parce que ses effets se font toujours sentir. Le français n'a pas de passécomposéunitaire, mais emploie une circonlocution incluant les verbes "avoir/être" comme dans "il est venu". Le Quenya a un passécomposéunitaire. Sa formation est quelque peu complexe. Toutes les formes reçoivent la terminaison -ië (ou avec un sujet pluriel, -ier). (...)
La voyelle de la racine verbale est, si possible, allongée. D'où à partir de la racine tul-"venir", nous avons le passécomposéutúlië "est venu". Comme nous le voyons, un préfixe u-est apparu ici. Ce préfixe, appelé augment, est en réalité variable en forme, puisqu'il est toujours identique à la voyelle de la racine verbale elle-même. (...)
utúvië 'a trouvé' (après avoir trouvé la pousse de l'Arbre Blanc, Aragorn s'exclame utúvienyes = 'je l'ai trouvée'). Dans quelques première formes du Quenya, nous trouvons des formes de passécomposésans augments, par exemple lendië (plutôt que elendië) pour 'est parti' ou 'a voyagé' (la forme lendien dans SD:56 - incorporant le suffixe -n 'je' peut être interprété 'j'ai voyagé'). (...)
fírië plutôt que ifírië pour 'a expiré' dans MR:250 (verbe fir-'expirer, disparaître, mourir'). L'exemple lendië n'a pas non plus de longue voyelle radicale normalement associée au passécomposé. (pas *léndië). Ceci parce que le Quenya ne peut pas avoir de voyelle longue immédiatement devant un groupe consonantique, et la majorité des verbes radicaux-A a un groupe consonantique qui suit la voyelle radicale qui serait normalement augmentée au passécomposé. De bons exemples Tolkieniens nous manquent, mais on peut affirmer qu'à l'exception de cet allongement, le passécomposédes verbes dérivés est formé comme dans le cas des verbes primaires: en préfixant la voyelle radicale comme augment et en ajoutant la terminaison -ië (cette terminaison remplace le -a final de tels verbes dérivés): panta- 'ouvrir' vs. apantië 'a ouvert'. (...)
Cependant, les plus simples des verbes dérivés, avec seulement la terminaison courte -a, peuvent montrer l'allongement normal de la voyelle radicale également (puisqu'il n'y a pas de groupe consonantique suivant la voyelle). Un verbe comme mapa-"attraper, saisir" peut donc former son passécomposéjuste comme si c'était un verbe primaire ** map-: le passécomposéserait probablement amápië. Les nombreux verbes radicaux-A en -ya peuvent se comporter de la même manière. Quand la terminaison du passécomposé-ië est ajoutée à un verbe en -a, remplaçant régulièrement le -a final, nous pouvons attendre la combinaison finale **-yië, mais le Quenya ne peut pas avoir y + i. (...)
Donc, -yi-est simplifié en -i-, ainsi il ne reste rien de la terminaison originale -ya. En résumé, le passécomposéd'u verbe en -ya peut être formé comme si cette terminaison n'était pas présente du tout, laissant seulement la racine basique du verbe, qui nécessairement se comporte comme un verbe primaire au passécomposé. Nous pourrions n'avoir qu'un seul exemple attesté: Dans les Etymologies, Tolkien lista un verbe vanya-"aller, partir, disparaître" (LR:397 s.v. WAN). Que pourrait être son passécomposé, avánië, apparaît dans Namárië (là avec la terminaison -r pour aller avec un sujet pluriel; Galadriel chante yéni avánier, traduit "les longues années sont parties", plus littéralement "... ont passé au loin"). La forme avánië montre toutes les caractéristiques qu'un verbe au passécomposépuisse avoir: le préfixage de la voyelle radicale comme un augment a-, l'allongement de la voyelle radicale en á dans sa position normale, et le suffixage de la terminaison - ië (remplaçant complètement le -ya de vanya-). Dans une source post-SdA, Tolkien discute de cette forme de passécomposéapparaissant dans Namárië et (re-?)interpréta ceci comme le passécomposéd'un verbe très irrégulier auta-"partir": Voir WJ:366. Cependant, il semble tout à fait possible que quand Tolkien écrivit Namárië plus de dix ans plus tôt, il pensa à avánië comme passécomposédu verbe vanya-. S'il en est ainsi, cet exemple réduit en pièces la manière dont les nombreux verbes en -ya se comportent dans ce temps. (...)
Comme nous l'avons déjà abordé, Tolkien peut avoir remplacé le verbe vanya-'disparaître' par auta-'partir, quitter', qui a un double set de passé et de passécomposé: passé oantë avec le passécomposéoantië si le verbe est utilisé en référence à un départ physique d'un endroit vers un autre, mais passé vánë avec passécomposéavánië quand le verbe est utilisé en parlant de disparition ou de mort. Le mot vanwa 'parti, perdu, évanoui' est censé être le 'participe passé' de ce verbe, bien qu'il semble si irrégulier qu'il pourrait aussi bien être traité comme un adjectif indépendant. Voir WJ:366. (...)
A la place, le passé est formé en allongeant la voyelle radicale et en ajoutant la terminaison -ë. Le passé de lav-'lécher' est vu être lávë (composédans Namárië: undulávë = 'lit. léché bas', (couvert complètement, noyé par). Le verbe négatif um-'ne pas' de la même manière a comme passé úmë. (...)HISTOIRE INTERNE : Le Quenya ou Haut -Elfique est la principale langue de la branche Amanya de la famille des langages Elfiques. A Aman il y avait deux dialectes de Quenya, le Vanyarin et le Noldorin. Pour des raisons historiques, seul ce dernier était utilisé en Terre-du-Milieu. Le seul autre langage Eldarin parlé à Aman, le Télérin, pouvait aussi être considéré comme un dialecte du Quenya, mais il était habituellement considéré comme un langage séparé et n'est pas discuté ici (voir article ...