L'Epopée de Thror : Dans le château du roi de la montagne
sur Arnheim
Contient : forgerons (6)(...) Depuis de longues années, il n'était qu'apprenti et ne faisait que des corvées ou de petits travaux comme le forgeage de fers à cheval de basse qualité destinés aux Hommes de la vallée. Il rêvait depuis longtemps d'entrer à son tour dans la Guilde desForgeronscomme l'avaient fait avant lui son père, son grand-père et tous les fils aînés de sa famille depuis des générations. (...)
Peu à peu le long souterrain qu'il suivait depuis dix bonnes minutes s'élargit tandis qu'un vent chaud montait des profondeurs : c'était la chaleur dégagée par le haut fourneau de la Forge qui parvenait loin en avant dans la forteresse. Bientôt Thror perçut le tintement des marteaux sur les enclumes, puis le chant desforgeronsau travail. Ces chants étaient graves et solennels ; ils parlaient de trésors perdus, de vieilles rancunes jamais vengées et de gloire passée, choses qui passionnaient les Nains au plus haut point mais qui laissaient indifférentes les autres races. (...)
Les chants écrits en Langage Commun étaient les moins beaux, et la voix grave et sourde des Nains avait valu à leurs chants une réputation peu flatteuse auprès des hommes. Lorsque Thror pénétra enfin dans la Grande Salle où lesforgeronsétaient au travail, ceux-ci entonnaient la Chanson de la Forge, leur chanson. Le couloir qu'avait suivi Thror débouchait sur une plate-forme étroite qui surplombait toute la salle ; chaque fois qu'il arrivait là il prenait quelques secondes pour contempler le spectacle magnifique qui s'offrait à ses yeux : la lumière vacillante du grand feu entretenu de jour comme de nuit éclairait toute la pièce, lui donnant un aspect mystérieux renforcé par le son puissant de l'imposant soufflet de forge qui alimentait en air le brasier. (...)
Ce souffle semblait être celui de la montagne, comme celui de sa respiration lente, forte et régulière. Ce souffle donnait vie au coeur de la forteresse. QuinzeforgeronsNains étaient au travail, et Thror leur trouvait une allure magnifique ; ils étaient semblables à leurs lointains ancêtres, ceux qui côtoyaient les Dieux et qui avaient forgé les plus beaux objets jamais créés. (...)
Il ne s'en rendit compte que lorsque son cousin Fâli, passant auprès de lui, lui fit remarquer en riant le peu d'utilité de son travail. Un peu confus, il alla se joindre à une équipe deforgeronsqui descendait dans les mines des profondeurs de la Montagne afin d'y installer un système d'évacuation de l'eau. (...)
Il entendait les autres Nains qu'il avait largement distancés arriver derrière lui, et criait à son père de tenir bon tout en le tirant à lui ; mais malgré toute sa volonté, il ne parvenait pas à le hisser d'un pouce. Les autresforgeronsarrivèrent enfin dans la salle. Ils n'eurent cependant pas le temps de lui venir en aide : derrière lui le câble qui était coincé par les débris du treuil se libéra brusquement et se mit à lui filer entre les doigts. (...)Les pas de Thror résonnaient le long de l'obscur couloir qui menait à la Forge. Toute sa vie, il avait parcouru le dédale de tunnels creusés dans la montagne, et connaissait par cœur le plan de la forteresse comme tous les Nains de Karaz Lok. Depuis des temps immémoriaux les Nains apprenaient à connaître leur montagne et à s'y repérer les yeux fermés dès l'enfance. Cela permettait, en cas d'invasion ennemie, d'éteindre toutes les torches afin de pouvoir évacuer les femmes et les enfants en toute ...