Le Journal de Bridget-J-ONS [3]
sur Arnheim
Contient : violet (7)(...) Ignorant superbement le majordome-bot qui lui tendait son manteau en lui souhaitant un bon cycle, leVioletsortit de ses luxueux appartements et commença à marcher dans les rues, l'air sombre. Sur son passage, les citoyens apeurés s'écartaient servilement, baissant les yeux, terrorisés par sa simple présence et tentant de se donner un semblant de contenance en bondissant sur leurs pieds et en prenant un air occupé. François-Vi-ONS n'était pas dupe. Depuis qu'il était passéViolet, il avait vu mille fois se répéter cette scène. Au début, il aimait à se promener dans son secteur pour surprendre les ouvriers qui faisaient la sieste, les tire-au-flanc qui bavardaient gaiement lorsque leurs chefs de services tournaient le dos. (...)
Les premiers cycles de son mandat avaient été marqués par de nombreuses exécutions sommaires de travailleurs imprudents pour abandon de poste et tentative de corruption d'un citoyenviolet. Cela faisait bien longtemps que François-Vi-ONS s'était lassé de ce petit jeu. Après avoir goûté au pouvoir et au droit de vie et de mort qu'il avait sur tous ses citoyens, il s'en était lassé. (...)
Au bout de quelques minutes, un véritable bouchon s'était formé, causé par les ralentissements dus à la simple présence duViolet. Les rues du secteur n'étaient pas faites pour respecter à la lettre les vitesses maximales de circulation imposées par l'Ordinateur. (...)
Et si c'était juste les boulons de 12, encore... Enfin, je veux dire... La pompe à cacao branchée directement sur la machine personnelle duViolet, c'était déjà risqué. Elle a son utilité je dis pas, mais quand même... Toutes les réparations qu'on a bâclées... D'accord il y a des accidents de temps en temps, personne ne s'en étonne. (...)
- Non, crois-moi, on est tranquilles. La moitié des abrutis de l'administration sont dans les magouilles eux-mêmes. Même ce faux-cul deViolet, à ce que je me suis laissé dire. Ah, cette espèce de grand dépendeur d'andouilles avec sa barbe crasseuse et ses lunettes épaisses comme des culs de bouteille, il ne verrait même paaaaaheuuuu... aaahaa - Ah, c'est vrai. (...)
Booz ressortit de dessous le frotbot et manqua de s'étrangler en voyant François-Vi-ONS qui se tenait derrière un Phil pâle comme un linge. D'un air tranquille, leVioletcontinua : - Bon cycle, citoyens. Alors, des ennuis avec les boulons de 12 ? Vous trouvez que l'Administration ne vous fournit pas assez d'équipement ? (...)François-Vi-ONS était dans son bureau, la tête dans les mains, écrasé par les ennuis. Sa société secrète venait de lui communiquer une information des plus inquiétantes. La Sec Int avait eu vent des activités qui se tramaient sur le secteur et venait de dépêcher l'un de ses meilleurs agents, une certaine Bridget, dans le secteur ONS, sous un prétexte quelconque. Lui qui avait déjà assez d'ennuis comme ça avec ses fournisseurs... Il n'avait vraiment pas besoin de ça. Il soupira. Depuis le temps que ...