Nouvelle : Une fleur pour la princesse
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Lorsque j'arrivai enfin en haut de la colline, je me mis à penser à toute cette sombre histoire... Oh certes, je n'étais pas un grand poète ou ne possédais pas des qualités de conteurs comme les compagnons de la guilde des bonnaventures mais quand même... Il y avait certainement dans ce que je venais de vivre une leçon à tirer ou un message à laisser à ceux qui font une confiance aveugle à ce que leur dicte leur cœur. L'ignorance et la naïveté ont cette vertu qui permet aux faibles, aux timorés ou ...Contient : chat (198)(...) Mais j'avais l'esprit assez tordu pour penser que tant que je continuais à avoir mal, c'était que mon bras "vivait" et qu'il pourrait à nouveau me servir à caresser les femmes, boire du vin ou grimper dans les arbres. Avec ma chance dechat... Ca pouvait être possible après tout. Je basculai ma tête en arrière pour sentir la mousse caresser mes cheveux. (...)
Incapable de quitter ma position ridicule, je me laissai aller à une analyse sordide de la composition de mes - oh, au moins cinq sur le moment - derniers repas. Un "Est-ce que vous êtes bien le guide-aventurierChat?" me tira de ma torpeur. Luttant de toutes mes forces contre la tétanie qui m'obligeait à rester le nez au-dessus de mes défunts repas, je tournai la tête pour apercevoir une petite forme encapuchonnée qui se tenait à quelques coudées sur ma gauche. (...)
Je la remerciai secrètement car mes cordes vocales n'auraient pu émettre qu'un bruissant vent, chargé des relents persistants décidés à rester au fond de ma gorge, tant que je n'aurais pas bu deux pintes d'eau claire. -Oui, c'est bienChatet je suis Doliane Ombrevent, sa compagne... Veuillez excuser notre mise, nous fêtions la fin du troisième cycle d'un de nos compagnons. (...)
Elle me coupa la chique sèchement, ses sourcils prirent un méchant pli sur son front clair et sa voix se fit plus aiguë. -Permettez monsieurChat... Je suis malade et désespérée. Je n'ai pas le temps d'observer vos jérémiades d'aviné. J'ai besoin de gens qui connaissent les alentours du Territoire-Dragon pour me protéger et m'aider à trouver une archéronte dorée. (...)
Je te jure sur la tête que j'ai de plus chère au monde - la mienne - que tu rentreras dans moins de deux lunes avec ta protégée saine et sauve. -Pour votre avenir, comme pour le mien, il n'y a pas d'autres alternatives monsieurChat. Chuchota-t-il sur un ton glacial. J'eus soudain dans ma tête l'image d'un glacier qui descendait lentement dans une combe en érodant les rochers. (...)
Toi qui as l'air de faire partie de ceux que la Fortune a gâtés, sais-tu seulement ce qu'est la vie de dissemblant ? Lançais-je pour me reprendre de la vision qu'il m'avait inspirée. -Non, monsieurChat. Tout ce que ma misérable existence de fonctionnaire m'a appris, c'est qu'il est injuste qu'une enfant puisse mourir aussi jeune. (...)
Coupa Doliane: elle était assurément la plus raisonnable de nous tous. Je voudrais moi aussi que le voyage se passe bien. Arrête de le taquinerChatet vous, lâchez un peu de votre morgue ! -Vous êtes une personne très sage dame Ombre-vent et vos dons de psikaë doivent certainement comprendre ceux la perception humaine. (...)
Je me sentis un peu penaud et, replongeant mes yeux dans le glacier du précepteur, je murmurai: -Bon d'accord Lombardo, on est pas là pour se mettre dessus. Je ne te demande qu'une chose: arrête de mettre monsieur devantChat... Appelle-moiChatje préfère... La petite sourit légèrement, je me sentis soudain plus léger et la réponse de Lombardo glissa sur mes oreilles comme la brise de printemps sur la forêt... (...)
Je ne sais même pas, en fin de compte, si j'étais plus favorisé par le sort que la moyenne des gens. Mon seul problème - ma nature deChatne pouvait pas m'en empêcher - c'était le précepteur. Je ne pouvais pas me retenir de lui lancer des piques de temps en temps. (...)
Il me parut étrange que Lombardo prenne une direction contre le vent qui ne lui permettait plus de percevoir l'ambiance festive qui régnait près du chariot. Je ne suis pasChatpour rien, un surnom se mérite... Et vous voulez connaître le plus gros défaut des chats ? La curiosité. (...)
Ce vieux débris venait de me donner une bonne leçon: quand on est capable de chasser un animal à mains nues, il y a de fortes chances pour qu'on puisse remarquer unchaten train de vous suivre. Je quittai le bosquet qui m'abritai pour me diriger d'un pas nonchalant vers le bon Lombardo. (...)
Moi aussi, je me mis à sourire: le bonhomme Lombardo commençait à être intéressant. -Je ne suis plus tout jeune monsieurChat... J'ai eu le temps d'apprendre certaines choses auprès de ceux que je sers avec "tant de dévotion". (...)
. Souris-je en le regardant poser tendrement le lapin à côté de lui. -Les choses sont toujours ainsiChat. Un prince, même dans une ville où ne plane en apparence aucun danger, ne peut se permettre de laisser sa fille sans protection. (...)
Il les plaça dans le creux d'un arbre et conclut en dessinant à nouveau ce rictus qui ressemblait à un sourire sur son visage. -Moi aussi je commence à vous apprécierChat... L'odeur du campement parvenait à présent à nos narines... Marik continuait à chanter et la princesse riait aux éclats; un petit rire cristallin et pur qui pouvait briser des glaciers pour couler dans la vallée. (...)
Maavira s'inquiéta pour la troisième fois de ce voyage de la menace végétale. -Vous êtes vraiment sûr que les plantes ne peuvent prendre vie, cherChat? Elle nous avait donné des surnoms à tous. On avait appris à se respecter et à s'aimer. Pour la petite, on était tout simplement cherChat, dame Doliane, maître Marik et prince Nasht. D'un commun accord, nous avions tous décidé d'appeler la petite : Princesse. (...)
Marik et Doliane ne bougeaient toujours pas. Je ne pouvais pas distinguer s'ils étaient morts ou plongés dans le coma. -Je suis désoléChat, ça n'aurait pas du se passer comme ça... Il semblait sincère. Mais je laissai la colère envahir mes sens et ne le crus pas. (...)
Donne-moi une explication qui tienne la route au moins avant qu'on s'entre-tue... Je ne l'avais pas vu combattre la vouivre, je ne savais pas qui était le plus rapide duChatou du Serpent. Mais il n'était plus possible de reculer... -Vous auriez dû rester dans votre rôle de pionChat, ça ne vous va pas de jouer au justicier meurtri et blessé... Lança Lombardo sans bouger d'une écaille. Le Serpent contre leChat. Il était prêt à bondir mais aucun muscle ne le trahissait. Il avait une maîtrise tellement profonde de son corps. (...)
Prends-moi pour plus con que je ne le suis ! Je devenais cynique. Je n'aimais pas ça. -Vous aviez déjà plus ou moins suspecté la vérité,Chat. Le cristal-majeur. C'est de ça dont Maavira a besoin... Evidement que je m'en doutais. Mais ça me semblait trop gros. (...)
Ma main gauche était cachée de sa vue par ma couverture. Je ramassai doucement un caillou. Mon ire venait de trouver son arme... -Chatbon sang ! Je suis désolé pour Nasht. Mais il devrait s'en sortir. Je ne peux pas vous expliquer toute la vérité. (...)
Elle me coupa sèchement en me dévisageant avec une morgue hautaine. -Vous cherchez à gagner du temps pauvreChat? Vous croyez que les grands méchants s'amusent toujours à raconter leur pauvre vie au gentil héros à la fin des histoires ? (...)
Une voix submergea au-dessus de la vague de ma douleur: Maavira qui criait : 'Frappe les tous et assommeChat!' Lombardo roula sur lui-même et lança un stylet sur Nasht qui abattait sa hache sur Marik. J'aperçus vaguement les yeux de la gamine devenir blancs. (...)
Les flaques multicolores sur le sol ressemblaient à du sang. Et il manquait quatre personnes à l'appel.Chat, encore, ça pouvait être normal; il aimait bien se lever dans la nuit pour faire un tour. Mais Nasht, la gamine et le cul-serré de percepteur qui les accompagnait, ça, c'était un peu moins logique. (...)
Si des vouivres traînaient encore dans le coin, il valait effectivement mieux attendre que la tempête se calme. Doliane se blottit dos contre la paroi en serrant contre elle la couverture deChat. Elle avait besoin de se rassurer en sentant l'odeur de son homme. Rapidement son esprit d'analyse fit le point sur la situation. (...)
Les bardas n'avaient pas été empaquetés, les objets les plus importants qu'il semblait manquer étaient les armes du précepteur et de Nasht. L'épée deChatétait toujours enterrée. Tout ce petit monde n'avait pas pu partir bien loin. Elle se maudit un bref un instant de ne pas mieux maîtriser ses disciplines mentales, elle ne savait pas rentrer en finesse dans l'esprit des gens, elle ne savait pas les contacter ou lire en surface dans leur esprit. (...)
Non, un psikaë n'avait rien à voir avec un magicien, il ne choisissait pas ses pouvoirs et il lui était très difficile d'en apprendre d'autres que ceux que Cipion avait bien voulu lui donner. La fichue couverture était détrempée, l'empreinte de sonChatétait bien trop diffuse pour que son odorat puisse s'en contenter. Elle poussa un juron court et bien senti. (...)
Elle avait des choses beaucoup plus importantes à faire. Elle se pencha sur le sol pour retrouver les traces deChatou d'un autre mais dut se rendre à l'évidence... Elle ne pourrait se fier qu'à son instinct pour se faire. (...)
Ils décidèrent d'établir leur camp de base dans la grotte et y abandonnèrent les provisions de leurs autres compagnons. Il semblait raisonnable de ne pas s'aventurer trop loin sans abri et puisChatou Nasht pouvaient toujours repasser par-là pour récupérer leurs affaires. Doliane décida même d'inscrire sur la terre humide qu'ils partaient vers les noeuds d'énergie pour trouver de l'archéronte. (...)
Notre prince boule de poils a déjà un grain de toute façon ! Lança Marik en joignant le geste à la parole... Doliane tenta de sourire faiblement. SiChatavait subi les mêmes dommages, il serait mort. -Je préfère juste vérifier autour du monticule pour voir s'il n'y a pas d'autres blessés. (...)
Il chercha les mots pour rassurer Doliane sur le sort de son Matou mais se rendit compte qu'il ne pouvait pas y en avoir: personne ne pouvait dire ce qui avait pu se passer pourChatet si sa chance insolente l'avait, une fois de plus, tiré de la fosse septique. Personne à partChatlui-même, ou le Dragon... Il préféra poser une main rassurante sur l'épaule de la lutine et pressa un bref instant dessus pour lui donner un peu de force. (...)
C'était peut-être mieux ainsi, dans son état de fatigue, elle ne devait même pas être capable de cauchemarder. Marik se demanda si elle serait à même de supporter la mort deChatcomme lui pourrait le faire. Il avait l'habitude de la mort: il avait déjà perdu par trois fois tous ses coéquipiers. (...)
Doliane avait beau être plus âgée que lui - qui sait combien de temps pouvaient vivre les lutins, une quarantaine de cycles semblait-t-il - elle n'avait connu le charme de la vie d'aventurier que relativement tard, à l'aube de son quatrième cycle, voici de cela huit longues années maintenant. C'étaitChatet sa fougue juvénile qui l'avait décidé. Elle n'avait jamais travaillé avec d'autres personnes que lui, ni formé d'associations régulières depuis qu'ils s'étaient rencontrés. (...)
Elle ouvrit un peu plus les yeux. Ils étaient d'un vert plus profond que la forêt d'Arnadia au printemps. -Tu crois queChatest mort ? -Non, je ne pense rien ma belle. Je m'demandais juste si tu saurais supporter sa mort s'il l'était vraiment. (...)
Marik sourit légèrement en pensant à ce qu'il venait de dire. C'était la première fois que cette idée lui venait. La relation entreChatet Doliane semblait tellement naturelle... -Tu veux que je te dise vraiment ? Doliane s'adossa contre le rocher en se serrant les bras.Chatl'avait massée à cet endroit une journée et demi plus tôt. Elle eut l'impression fugitive de ressentir encore sa présence. -Ben tu sais, on a pas grand chose d'autre à faire ma belle ! Et puis si tonChatest toujours en vie, ça lui fera la peau d'avoir les oreilles qui sifflent. -Non, il ne s'agit pas de me moquer de lui. (...)
J'ai pas toujours de la bouse devant les yeux ! Doliane sourit légèrement. Quelque chose dans son coeur lui disait queChatne pouvait pas être mort. Qu'elle l'aurait su si cela c'était passé. -Et bien voilà... Tu vois mon pouvoir de maîtriser la chair. (...)
-Non, pas pour ça imbécile ! C'est juste que... Bon enfin tu vois quoi je... -Ouais, tu penses que tu peux transformerChat? -Je l'espère de tout mon coeur en tout cas. Marik revint soudain à la réalité. Il avait été tiré de sa torpeur par un bruissement furtif après tout, et ils étaient là, à discuter pouvoirs de la psikaë. (...)
Marik adressa une courte prière à Fulkion pour que Nasht retrouve sa force. Et puis une autre à Celebn aussi : pour queChatrevienne bien vite... Doliane se laissa glisser dans l'herbe et n'eut aucune peine à se rendormir malgré les ronflements du nain qui était tombé comme une masse. (...)
Il fallait qu'elle donne le meilleur d'elle-même le lendemain. Avec Nasht, ils auraient peut-être plus de chances de retrouverChat... Marik se leva le premier. Il était très matinal lorsqu'il n'avait pas rempli sa panse la veille. (...)
Il y avait certainement quelque chose d'incongru à se retrouver là, tout nu, hagard et en érection dans les hautes herbes. Il pensa combien Nasht etChatauraient pu se foutre de lui sur le moment. Mais Nasht dormait etChatn'était pas là. Marik songea que son émoi finirait par passer et qu'il y avait peu d'intérêt à rester figé en contemplation devant la taille de son gourdin. Grisé par le vertige des sens qui s'éveillaient en lui, il préféra se rapprocher du figuier. (...)
Un petit air agaçant qu'on ne peut s'enlever de la tête une fois qu'on a commencé à en siffloter la mélodie. Il eut soudain un éclair de génie. Que feraitChatou Doliane dans une telle situation ? Mmmmh...Chataurait demandé l'avis de Doliane parce que la figue était télépathe et Doliane, elle... Doliane aurait attendu que la figue tombe parce qu'elle aurait soupçonné que ça pouvait être une épreuve. (...)
Evidement, elle ne remarqua personne. C'était peut-être une plaisanterie du nain. Du nain ou de... DeChat? Un sourire radieux illumina son visage crispé par la douleur à la seule pensée queChatétait revenu et que, fidèle à son habitude, il s'était lancé dans une sorte de petit jeu érotique. Elle se mit à frémir et sentit une chaleur bienfaisante lui gagner le bas-ventre.Chat, caché dans un arbre, en train de l'observer nue... Il guetterait le moindre de ses mouvements, observerait la moindre partie de son anatomie, se repaîtrait du spectacle de son corps à elle glissant merveilleusement sur le tapis végétal. (...)
Il fallait faire les choses dans l'ordre: la vessie, trouver la plante, soigner le mal de crâne et faire l'amour avecChat. Faire l'amour... Non, pas faire l'amour forcément... Et d'ailleurs, ce n'était peut-être pasChatqui organisait cette petite farce. Elle fit une grimace de dégoût en imaginant Marik en responsable de toute cette mascarade. (...)
En descendant légèrement en contre-bas, pour avoir enfin un peu d'intimité, Doliane songea qu'elle ne pourrait pas se débarrasser facilement du souvenir de ce parfum. II faisait naître sur ses lèvres un sourire et il était presque aussi agréable que celui de sonChat... Nasht tenta d'ouvrir un oeil. Presque au hasard, il choisit le droit car il lui sembla que c'était celui qui le faisait le moins souffrir. (...)
Il décida de tourner la tête dans tous les sens pour voir s'il connaissait les lieux mais la seule chose qui lui sembla familière fut l'arête du pic duchatet de l'oiseau. Il songea très rapidement qu'il devait toujours se trouver dans les terres mystiques mais cette pensée ne l'effraya pas. (...)
N'importe quelle incarnation pouvait convenir à un dragon mais Rralaojni avait une véritable prédilection pour lechatet l'oiseau. Un petitchatet un petit oiseau. Il n'était pas besoin de se montrer menaçant pour pouvoir agir quand on était un dragon. Le roitelet se posa sur la branche d'un genévrier et observa un long moment la chenille qui ondulait non loin de lui. (...)
Elle n'avait aucun respect pour les chevaux, ils n'étaient pas plus intelligents, pour elle, qu'une vache ou un lézard. Son animal fétiche était plutôt la panthère ou lechat, un prédateur vicieux, malin et sournois. L'entrée en matière fut directe, elle lança en désignant un rocher sur le sol : -C'est ici que je dois mourir ! (...)
La nuit était vraiment avancée et, même si la fatigue pouvait se lire sur leur visage, il était clair qu'ils ne me lâcheraient pas avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire. Silène ouvrit la bouche la première. -Où est-ce que tu nous amènes, là,Chat? Lars tourna la tête vers elle avec des yeux pétillants. -C'est bien là dans la façon de faire de notre "Chat". Il aime provoquer le mystère... Je fis un geste pour signifier que ma choppe se sentait bien vide. (...)
Des cheveux roux. Que Celebn me botte le cul ! Laïdrella, aussi, avait les cheveux de cette couleur. -Ca ne va pasChat? Susurra-t-elle suavement. Lars fronça un sourcil en rigolant. -Oh Silène ! Dis donc un peu à ta cousine de ne pas chasser sur un terrain déjà pris ! (...)
Un trait barra soudain mon front. Pardonner les péchés de la jeunesse. On était encore en plein dans le mille. Lechatnoir sortit de son abri, s'étira sur ses longues pattes et secoua son pelage mouillé. Non pas qu'il n'appréciait pas une bonne douche de temps en temps, ou de faire trempette dans les ruisseaux pour chasser le poisson, mais la pluie avait vraiment été torrentielle depuis quelques sabliers. (...)
Il avait essayé, pourtant, d'arriver à temps dans la bonne direction, mais la magie était vraiment très puissante dans son domaine et elle pouvait avoir facilement raison d'unchat. Il n'avait pas pu faire autrement qu'attendre. Il leva les yeux au ciel, le plafond était encore lourd de nuages sombres et épais. Lechatput quand même percevoir la lumière des deux lunes ; c'était rassurant de les sentir là. La tempête semblait être passée et l'oiseau avait chanté. (...)
Il avait une meilleure vue d'ensemble dans la vallée, il pouvait voir les choses arriver de loin et esquiver le danger rapidement. Mais dans les hautes herbes et les rochers, lechatnoir était le roi : furtif, invisible, rapide et intouchable, car très méfiant. Oh oui. Beaucoup plus méfiant que l'oiseau. Lechatne s'était jamais fait attraper jusqu'à présent ; il ne s'était jamais montré. L'oiseau était là pour la parade, pour pépier gaiement, pas lechat, non pas lui. Lechatétait là pour savoir et agir, pas pour chanter ce qu'il voyait. A quoi cela servait-il, je vous le demande, de chanter comme ça ? A rien, à rien d'autre que se faire remarquer par lechatou ceux qui n'auraient pas dû le voir. Lechatn'avait pas de défauts comme l'oiseau, il n'était pas passif, ni insouciant. Lechatétait un être parfait sans taches et sans reproches. Certains fâcheux pouvaient, certes, lui reprocher d'être cruel ou vaniteux. (...)
Mais ce n'était que paroles proférées en l'air par des ignorants qui ne pesaient en rien "l'état d'être unchat". La cruauté ? Que nenni mes braves ! Jouer avec sa proie n'avait rien de cruel, absolument pas. (...)
Celui qui tuait tout de suite ou bien celui qui laissait une chance à sa victime de s'échapper ? Lechatne faisait-il pas un acte de pure bonté en permettant à sa proie d'avoir l'espoir ? La vanité ? Non, c'était bien vite exagéré. Disons plutôt que lechatavait une conscience aiguë de ses capacités ou de sa beauté, et qu'il était parfaitement à même d'en juger ou de s'en servir pour en faire profiter les autres. Lechatn'était, en somme, que l'animal éclairé qui pouvait montrer le chemin de la grâce ou de l'intelligence à ceux qui en étaient cruellement dépourvus. Pour évoluer et grandir, il fallait un modèle. Ce n'était tout de même pas la faute duchatsi c'était lui qui avait été choisi. Lechatse mira un petit instant dans une flaque d'eau. Il contempla ses yeux verts. Un vert si profond, qu'il semblait, à lui seul, posséder toutes les teintes de la vallée. Vert était vraiment la meilleure couleur pour les yeux d'unchat, il y avait quelque chose de presque hypnotique, reptilien, dans ce vert là. Satisfait du reflet qui s'offrait à lui, lechatse retourna vers un gros rocher. Il était temps maintenant de passer aux choses sérieuses. Quelqu'un avait fait une grosse bêtise sur son Territoire et il fallait agir. (...)
Qu'y avait-il ? Ha... Une espèce de grosse boule de poil toute brûlée, une gamine toute cabossée et unchatbien abîmé lui aussi... Et puis il y avait aussi une de ses pierres, quelqu'un avait cherché à jouer avec et tous avaient payé. (...)
Le paysage était enchanteur, une sorte de vibration étrange semblait régner dans l'air. Elle n'avisa qu'un seul être vivant cependant : unchatnoir tranquillement assis sur un rocher. Il était posé comme une statue, les pattes avant collées le long de son poitrail, dans cette posture qu'ont les chats en céramique qu'on vend en Aligie. (...)
Mais je peux comprendre si tu as besoin de temps pour te reprendre... La voix se matérialisait dans sa tête, lechatne parlait pas, il communiquait, avec elle, par télépathie. Le serpent lui murmura que tout cela commençait à ressembler à un rêve, mais elle décida de jouer le jeu un petit moment. Elle se retourna complètement vers lechatet se posa sur ses fesses, jambes repliées et mains en appui derrière le dos. C'était une position pratique et nonchalante qu'elle pourrait tenir plusieurs sabliers. -A parler de quoi, lechat? -De la pierre que tu m'as volée pardi ! Elle est à moi et ce n'était pas vraiment très gentil de vouloir me la prendre. (...)
Elle essaya de le forcer à trouver quelque chose de tangible, mais rien ne vint d'autre que son prénom : Maavira. Lechatsembla sourire avec ses yeux, ils étaient d'un vert si intense que Maavira crût un instant qu'elle pourrait plonger dedans. Elle baissa un peu le regard et remarqua un étrange détail sur le cou duchat: une pierre, fixée par un fil invisible, pendait au niveau de son poitrail. Une pierre de forme cristalline avec des nuances irisées approchant du rose. -Ca n'a pas du tout l'air d'aller toi ma petite ! Quelque chose ne va pas ? Lechatdevait savoir, mais il jouait avec elle. Le serpent lui hurla que la pierre était à elle. Elle sentit, alors, un léger poids jouer sur sa poitrine et baissa les yeux. (...)
Un cristal aux reflets azurés reposait sur son sternum, attaché, lui aussi, par une sorte de fil invisible. Lechatcontinua sur le même ton légèrement moqueur. -Ha ! Tu commences à comprendre ? C'était énervant et insultant. (...)
Je sens de l'orgueil dans ta façon de me regarder. Ca ne te plaît pas que je te parle sur ce ton là ? Le serpent cria: "Tue lechat! Détruis-le !". Elle sentit son pouvoir se rassembler dans son esprit, se concentrer en boule débordante d'énergie. Elle eut un sourire cruel et dirigea la boule de toutes ses forces vers l'arrogant petitchatnoir. -Tu vas mourirchat! La déflagration psychique fut si violente qu'elle éclata le haut du rocher. Le haut du rocher, mais pas lechat. Lechatn'avait rien pris. Il était resté immobile au milieu des petits morceaux de pierre. Comme s'il avait voulu se moquer d'elle. Quelque chose dans la tête duchatexprima un sourire sadique. -C'est tout ce que tu sais faire contre moi ? Ce n'est pas sérieux, jeune fille... Maavira se releva en rage. Cechatsymbolisait tout ce qu'elle détestait. Elle voulut s'approcher de lui pour l'étrangler, mais le serpent lui hurla "Danger !". Elle s'arrêta à moins d'une coudée de lui. Lechatne dégageait aucune odeur et ne faisait pas de bruit de respiration. -Qui es-tu et que me veux-tu salechat? Lechatcontinua à dégager, avec son regard ou le pli dessiné par sa bouche, une impression de perversité, de malignité. -Je ne suis pas un salechat, jeune fille ! Et je veux récupérer ma pierre ! Maavira serra le cristal qui pendait à son cou, il s'en détacha pour rester dans sa paume. (...)
Elle ne se rappelait peut-être plus de rien, mais le serpent, toujours logé au fond de son crâne, sifflait assez fort pour la convaincre de garder la pierre. -Tu n'auras rien salechat! Ce truc est à moi ! T'entends ? T'auras rien !!! Et fiche-moi la paix ! Lechatmaintint l'intensité de son expression et ses yeux semblèrent plonger en elle. Il venait de trouver la meilleure pose pour lui parler. (...)
Un cadeau de ton père pour noter des informations, ton journal ou des formules de sortilèges... -Et alors ? Qu'est ce que ça peut me faire salechat? Les yeux duchatressemblaient à ceux d'un serpent, à ceux du serpent qui tournait à l'intérieur de sa tête. -Et bien disons que, par un étrange phénomène dû à l'endroit ou à quelques propriétés que je possède, ce cristal contient maintenant toute ta mémoire. (...)
Le serpent se convulsa. Tout ceci ressemblait à un rêve. Ressemblait seulement, car ce n'en était pas un. Lechatsembla percevoir l'angoisse qui montait en Maavira. -Ah enfin... Tu commences à avoir peur. C'est bien, c'est une bonne chose. (...)
La rage que le serpent contenait en lui fut plus forte que la peur. La colère déborda. Maavira sauta sur lechatpour l'agripper, l'étrangler, le tuer. Il fut plus rapide et bondit sur le rocher d'à côté, en gardant son air narquois. Maavira sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle allait devenir folle avec cechat. -Jeune fille ! Ce ne sont pas des façons de faire avec moi... Tu risques de me mettre en colère si tu continues. (...)
Et parce que tu ne te montres même pas digne de vivre, je pourrais te tuer. -Me tuer ? Mais qui es-tu pour dire ça salechat? -Unchatqui n'a rien à craindre de toi. Unchatqui possède ta vie entre ses pattes. Unchatqui veut que tu lui rendes son bien. Le serpent distilla à nouveau son venin. Maavira se calma en prenant un air mauvais. Elle se pencha vers le sol pour prendre un caillou et posa le cristal sur un affleurement de la roche. Lechatne sembla pas broncher. Maavira leva le bras pour faire mine de briser le cristal avec son caillou. -On va changer tes règles du jeu salechat! Tu me donnes mon cristal ou je brise ta fichue pierre ! -Tu me menaces maintenant ? C'est bien la première fois qu'on le fait. Ca devient amusant. La colère remonta. -Apporte ! Ou je la brise cette pierre ! Les yeux duchatsemblèrent briller. -Non, c'est toi qui dois me rendre d'abord ce que tu m'as pris. Maavira frappa de toutes ses forces. (...)
Caillou, cristal, serpent et conscience explosèrent en même temps. Tout s'arrêta d'un coup. Tout devint noir. -Réveille-toi lechatmince ! Alleeeeez quoiiiiii. Un petit effort ! Un rêve, un rêve que j'avais oublié. Un rêve qui se passait juste après que j'ai détruit le cristal. (...)
Curieusement je ne me sentis pas humide, je restai étrangement sec. Une vague forme noire, qui ressemblait à unchat, m'observait depuis un rocher. Il émanait de ses yeux une telle puissance que je me sentis un jeune chaton en face de lui. Je tentais de me relever mais plusieurs dizaines de flèches se plantèrent dans mon côté droit. Lechatnoir murmura: -Tu souffres ? Je décidai de me camper sur mon flanc gauche, dans la position la moins inconfortable et serrai les dents pour répondre. (...)
-Ouais, c'est à crever... D'ailleurs je me demande même si je ne suis pas mort là... -Non, pas encore... Unchata plusieurs vies. Selon la bonne expression consacrée, ça faisait mal quand je rigolais... J'attendis que l'envie de rire passe. -Ouais, unchatcomme toi certainement. Mais, unChatcomme moi... La voix naissait dans ma tête, mais je crus entendre aussi un ronronnement. -UnChatcomme toi aussi. Tu as été baigné par le pouvoir pur. Tu en as forcément retiré quelque chose en rapport avec ta nature profonde. (...)
-Si c'est dans ta nature profonde... Mais je ne crois pas que cela fasse partie de toi, n'est-ce pas ? Tu es unChatordinaire, la seule chose à laquelle tu puisses t'attendre, c'est continuer à bénéficier de ta chance insolente ou vivre plusieurs vies. (...)
Il fallait que je pose la question, juste pour avoir une confirmation. -Tu es le Dragon ? Les yeux duchatnoir devinrent un peu plus reptiliens. -Disons plutôt que je suis essence de lui, comme l'oiseau ou l'endroit où tu te trouves en ce moment... -Tu es qui alors ? -Unchatcurieux comme toi. Il s'amusait avec moi le bougre, il jouait exactement comme j'aurais pu jouer si j'avais été à sa place. (...)
-Oui et bien vingt-huit ou trente trois, ça revient au même. Tu as été bien naïf. Je marquais une pause. La douleur ne me laissait pas de répit. Lechatnoir attendit posément sur son rocher, ses yeux avaient maintenant une couleur indéfinissable, une couleur qui ne pouvait pas exister en dehors de cet endroit. (...)
Ils étaient peut-être tous morts. Je pris un air grave. -Je peux avoir une réponse à une question avant ? Lechatcontinua à ronronner. -Tu n'es pas bien placé et assez présomptueux, mais vas-y. Après tout, je t'ai dit que nous étions entre chats. (...)
Je réunis toute ma volonté pour résister aux milliers de dagues plantées dans ma chair et m'assis en tailleur, pour essayer d'avoir la tête à la même hauteur que lechat. -Si tu es le Dragon, ou une partie de son essence, alors tu es celui qu'on nomme Rralaojni. Et tu es toi-même, selon ce qui se dit, essence de Cipion. Lechatsauta sur un rocher pour se rapprocher de moi. A peine une coudée nous séparait maintenant. Je remarquai une étrange pierre à son cou. (...)
Pour les deux autres, je ne sais pas quoi en penser, mais mettons les aussi dans le lot. Ca fait dix. Supposons que j'ai déjà perdu une vie tout à l'heure. On arrive à onze. Unchatest bien censé avoir treize vies, non ? -Oui, le treize revient partout dans notre cosmologie. -Tu n'as qu'à prendre ces onze vies en échange, et tu laisses repartir les autres. Lechatpencha légèrement la tête en avant. -Tu es bien généreux... -Non, j'essaye de dialoguer entre chats, c'est tout. (...)
Tu ne vas pas m'avoir. Je ne suis personne pour décider qu'une vie est supérieure à une autre. Les yeux duchatnoir m'hypnotisaient. Il m'était impossible, maintenant, de le quitter du regard. -Ce ne sont pas tes vies qui m'intéressentChat. Est-ce que tu serais prêt, pour le salut de tes compagnons, à me sacrifier ton âme ? Mon âme.. (...)
-Bon, serais-tu prêt, alors, à me sacrifier ton esprit ? -Tu entends, par esprit, ce qui fait que je soisChatdans cette vie-ci ? -Oui. Ce n'était pas évident non plus, j'aimais bien êtreChat. Cela impliquait oublier tout ce que j'étais dans cette vie, même après ma mort. -Ca pourrait être un sacrifice supportable si tout le monde était sauvé. (...)
Marik ravala sa salive, les graminées ou les figues risquaient de ne pas être la seule tentation érotique. -Bon dieu ce que t'es bien fendue ma belle ! -T'as envie de moi ? Marik ricana. -Ouaip ! Mais siChats'en est sorti, il me fera la peau. Et moi, j'aime pas qu'on me griffe. -Bien... On verra une autre fois pour les amours mon gros. (...)
J'ai entendu du bruit tout à l'heure... Il n'y avait pas à dire, c'était vraiment plus agréable d'être un oiseau. Lechatavait beau être furtif et insaisissable, rien ne valait la liberté du vol. Percer les nuages et le vent, s'affranchir des contraintes de la gravité, et observer avec une vue d'ensemble... Lechatne pouvait voir les choses que dans le détail, par le petit bout de la lorgnette. Alors que lui, l'oiseau, pouvait tout voir et entendre. (...)
Ils commençaient peut-être enfin à comprendre, même le plus petit, le teigneux de couleur bleue. Ils cherchaient celui qui dormait, celui qui sentait lechat. D'ici, il était facile à apercevoir, mais pour eux, ça pouvait prendre des sabliers. Les jambes ou les pattes étaient vraiment le pire moyen de déplacement et les yeux à la hauteur du sol, une plaie. (...)
-Qu'est-ce qu'il y a ? Hasarda Doliane, le nain était autant propice à l'enthousiasme qu'à la colère. -Chatest vivant ! Il est en train de roupiller comme un foutu lézard au soleil ! Les quelques pas jusqu'au bosquet furent vite franchis. (...)
Doliane poussa Marik qui allait s'apprêter à donner une joyeuse baffe de réveil. Elle écarquilla les yeux.Chatdormait effectivement, lascivement et tranquillement sur le dos. Il avait le sommeil du juste. Nasht et Marik y allèrent de plus belle dans les louanges - ou insultes - imagées à la gloire des parties génitales des dieux et des dragons connus. Doliane se pencha doucement pour caresser la joue de sonChat. Quelques rapides mouvements oculaires rompirent l'harmonie du visage du dormeur. Il ouvrit les yeux, horrifié. La stupeur figea les traits de Doliane : quelque chose n'allait pas. -Chat? Ca va ? Le visage deChatdevint dur, une étrange expression se dessina dans ses yeux, comme s'il essayait de rentrer dans l'esprit de Doliane pour lui faire du mal. Il balança un revers en pleine figure de la lutine en hurlant une insulte en Dorli. Marik gueula : -Recommence-ça et je te fait bouffer tout mon bâton !Chatse retourna et hurla de frayeur en voyant les deux guerriers derrière lui. -Attrapez-le ! Vite ! Hurla Doliane en essayant de se remettre d'aplomb.Chatn'eut pas le temps de réagir. Deux masses tombèrent sur lui, parfaitement coordonnées : le velu sur les bras, le nain sur les jambes. (...)
-Je n'en sais rien Marik. Répondit Doliane en se rapprochant doucement. Je crois plutôt que ce n'est pas tout à fait notreChat. -Comment-ça ? Bava Nasht. -Une intuition. Le corps est le même, je reconnais les grains de beauté. Mais c'est dans le visage... -Je ne suis pas votreChat! Hurla le prisonnier. Doliane se rapprocha au plus près du visage tordu par la colère. -Qui êtes-vous alors ? (...)
Mais je te jure qu'on ne te lâchera pas tant qu'on aura pas les réponses. Une grimace mauvaise se dessina sur le visage deChat. -Je ne sais pas pourquoi je suis là-dedans, moi aussi. Mais tu ne tireras rien de moi ! Et tu ne pourras rien me faire. (...)
Grogna Marik en approchant la main des parties génitales. -Je ne dirais rien... Vous pouvez aller vous faire pendre en enfer... Marik serra. Maavira/Chathurla. -Et encore, c'est que le début. Je te jure que tu vas tout nous dire ! Doliane releva la tête une fois de plus. Quelque chose ou quelqu'un les observait et jugeait leur action. Le corps deChatallait être meurtri... Mais ça devait faire partie de l'épreuve. Elle baissa la tête vers les traits déformés par la douleur du prisonnier. (...)
Ils racontaient l'histoire d'une fille perdue, noyée par ses obscures pensées, engloutie par une rage qui n'était pas de son âge, dévorée, corrompue par un mal qui ne cessait de lui faire perdre chaque jour un peu plus d'humanité. Les cris entrecoupaient les chants. L'homme-chatviolet et le petit homme bleu semblaient savoir parfaitement jouer avec celui qui était devenu un instrument. (...)
Un autre bruit se fit soudain entendre un peu plus bas, juste à gauche de la fille. Un bruit que seul l'oiseau pouvait entendre, un bruit dechats'approchant discrètement dans les fourrés. Il était temps de partir. L'oiseau s'envola de sa branche pour regagner les cieux. (...)
Brailla Marik en se grattant l'oreille. Ses deux compagnons se touchaient déjà le nez ou le doigt. -Non pas la mélodie ! Appelez-moi lechat. Ca sera vraiment plus simple. Répondit lechatnoir en bondissant près des pieds de Nasht. Presque simultanément, les trois compagnons reculèrent, le visage pétrifié par la stupeur. -Ah non ! (...)
Vous êtes mes invités et j'ai quelques questions à vous poser... Marik et Nasht se retournèrent vers Doliane. Traiter avec unchattélépathe, voire un Dragon, était plus dans ses cordes. Ils avaient conscience de leur manque de diplomatie et ça ne semblait pas le bon moment pour commettre un impair ou jurer sur les dieux ou leur progéniture. Lechatse coucha nonchalamment, tête relevée en direction de la lutine. Doliane décida de s'accroupir au sol, après un bref coup d'oeil à ses amis pour leur signaler d'en faire autant. (...)
Doliane avisa, une dernière fois, la cime des arbres et se racla la gorge en revenant sur son étrange interlocuteur: -Quel genre de questions, monsieur lechat? Le souvenir diffus de la figue, de la fleur et de la hache s'intensifia. Les sensations devinrent presque tangibles. (...)
-Ainsi, c'est bien ce que j'avais supposé... Vous nous avez fait passer une épreuve... -Oui. -Et si j'avais mangé c'te foutue figue ? Lechattourna la tête vers Marik. La chanson cessa brusquement dans la tête du nain, comme ses battements de coeur. (...)
Pour la première fois de son existence, il ressentait le "pouvoir", un "pouvoir" qui était tel qu'il aurait pu l'effacer en un clin d'oeil. Doliane brisa le silence. -Est-ce queChat, mon homme, a passé votre épreuve ? Lechatdirigea à nouveau son regard vers la lutine. Ses yeux lancèrent des braises ardentes. -A votre avis ? (...)
-Oui et je n'aime pas du tout ce que vous avez fait de lui. -C'est l'amour ou la témérité qui vous pousse à me parler comme ça ? -Les deux.Chatn'a rien fait de plus que nous. Et s'il a mal passé son épreuve, j'implore votre clémence. Il y a certainement un moyen de s'arranger. Vous ne pouvez pas le laisser comme ça. Lechatse releva brusquement sur ses pattes et sauta sur le corps deChat. -Comment voulez-vous qu'on ne s'entende pas entre chats, jolie Doliane ? Marik et Nasht s'écartèrent pour se diriger à quatre pattes vers la lutine. (...)
Doliane commença à respirer plus doucement, en se forçant à considérer le parfum comme quelque chose de naturel... -Vous ne pouvez pas lire nos pensées les plus profondes ? -Non pas vraiment, je ne suis qu'un "chat". La petite ne voulait pas parler. Il était beaucoup plus intéressant de vous faire passer une nouvelle épreuve en même temps. (...)
Et le lapin, et les chansons ! Par les couilles de... -Suffit ! Les dieux pourraient vous entendre... Coupa lechat. Dites-moi plutôt ce que vous avez appris... Marik se retourna vers Doliane, cherchant une sorte d'assentiment pour continuer à parler. (...)
-Ouaip et ch'ais pas ce qu'il est devenu le balai dans l'cul ! -Je crois que la gamine l'a explosé avec ses pouvoirs quand il m'a planté. Lechatprit un air étonné. -Planté ? -Ben wouais... La gosse, elle contrôlait mon esprit. C'est un peu comme dans un rêve... Je me souviens pas de tout. Mais je sais queChatet Lombardo étaient en train de se battre à un moment. Et que... Nasht s'interrompit pour se masser le crâne et bafouilla ensuite : -C'est euh compliqué. (...)
Lombardo semblait visiblement pour la seconde méthode, et elle, optait plutôt pour quelque chose de plus radical : tuer tout le monde, sauf celui qu'elle contrôlait, et intriguer, grâce aux pouvoirs du cristal-majeur, pour prendre la place de son père. Les braises dans les yeux duchatse firent moins rougeoyantes. -Que de malignité dans un si jeune esprit ! Avez vous quelque chose à dire pour sa défense ? (...)
-Ouaip, mais de là à nous faire passer comme denrée périssable, merde ! Elle a le vice dans le sang c'te petite garce ! C'est une... -J'ai saisi votre avis... Coupa lechat. -Vous allez en faire quoi alors ? Brailla Marik en reprenant un peu d'assurance. Lechatse pencha vers le cou deChat. -Tout dépend d'elle... Je vais d'abord récupérer sa mémoire pour la lui négocier. Mais il me manque une dernière chose. (...)
-Vous voulez qu'on vous le ramène alors qu'il a disparu depuis plus de deux jours ? -Oui -Pour cela, il nous faudrait les capacités de pisteur de notreChat. Lechatsembla sourire. Ses yeux ne diffusaient maintenant plus qu'une douce flamme orangée, il baissa la tête vers le corps allongé. -Il reprendra conscience dans la nuit, non loin de l'endroit où vous avez abordé mon territoire. (...)
-Et qui nous dit que demain nous serons vraiment réveillés et que vous ne serez pas encore en train de nous faire passer une épreuve ? Lechatdécouvrit large ses dents en faisant ce qui ressemblait au plus sincère des sourires : -Rien, que ma parole. (...)
Marik s'ébroua. -Et heu... Qu'est-ce qu'on gagne à le ramener c'te Lombardo ? La lumière qui émanait duchatse fit plus intense, diffusant même dans le corps allongé deChat. Lechatsusurra : -Rien que la satisfaction d'avoir découvert la vérité... -Ouais... Maiiis la vérité, ça me remplit pas la panse moi... (...)
Doliane arriva enfin à sourire. -Nous ferons de notre mieux, mais nous devons d'abord trouver notreChat. Lechatronronna et le ciel s'écroula sur leurs épaules. Il ne leur resta plus rien que l'abîme du sommeil profond... (...)
Ce dernier ne dépassait maintenant pas la cime des montagnes et l'herbe était encore humide de rosée. -Combien on en prend ? Gueula Marik -Lechatn'a rien précisé... -Ben y a qu'à en prendre le plus possible alors... Le nain bomba le torse pour faire une grimace. (...)
Les derniers jours avaient été éprouvants mais il n'y avait pas de raison de douter de la parole du Dragon ou duchat. Le rire était bien ce qui différenciait l'homme de l'animal quoiqu'un observateur extérieur ait pu en douter en écoutant les gloussements cacophoniques des deux compères. (...)
Tu m'as sérieusement entamé ! -Et ensuite ? -Ben heu... On est parti ch'crois, la gamine était pressée. J'ai embarquéChatavec nous. Doliane posa sa main sur la grosse joue de Nasht. -Essaye de te souvenir pour Lombardo. (...)
Faudrait pas me faire croire que ce sont les contacts de la gamine qui ont permis de nous trouver. Non, ce Lombardo, c'est un vieux briscard,Chatme l'a dit. Mais je vais pas le buter, je vais juste le ramener à ma hauteur... -Ouais, ben méfiance mon gars. (...)
Lombardo posa ses doigts sur le cou massif du dissemblant et appuya, le nain ne reviendrait pas à la conscience, lui aussi, avant quelques sabliers. Cela laissait largement le temps pour inventer une histoire : seulChatet la grosse brute violette savaient ce qui s'était passé avec Maavira... Maavira, tendre et chère enfant. (...)
Oh ce n'était pas qu'il y eut à en tirer une gloire particulière : je n'étais pas dans un excellent état, allongé contre mon rocher, à fixer béatement la lune dans un état de demi-somnolence... Mais bon,Chatétait de retour pour clore le chapitre de cette sombre histoire de fleur pour une princesse... Ce fut un cri d'oiseau qui m'éveilla, le cri d'un freux posé à quelques coudées de moi. (...)
Peut-être voulait-il, même, me gratifier des souvenirs de tous les intervenants de cette histoire, peut-être était-ce le don que j'avais gagné, celui d'être un "chat" au même titre qu'une partie de la conscience du dragon... Je pénétrai en titubant dans le bois et fut surpris de n'entendre aucun bruit. (...)
Je dirigeai mon regard vers la vallée et me rendis compte, pour la première fois, de ma position exacte en prenant les pics duChatet de l'Oiseau comme repère : je me trouvais à peine à quelques centaines de pas, en coupant à travers bois, de notre campement. (...)
Je repris mon souffle et entrepris de traverser silencieusement le bois : Maavira ou Lombardo s'en étaient peut-être sortis avec un cristal-majeur et je n'aurais pas été de taille. Le meilleur profil pour unChatétait assurément la discrétion. Je m'arrêtai au bout de quelques pas pour tourner la tête dans tous les sens mais le freux n'était toujours pas là. (...)
Non, il ne l'abandonnait pas vraiment, les aventuriers pourraient s'occuper d'elle. Elle était partie avecChatpour la guider. C'était un homme d'honneur, il ferait tout pour la sauver et il était impossible à Lombardo de la retrouver dans la tourmente. (...)
-Toi, mon père Lombardo... Va falloir que tu craches un peu ce que tu sais, sinon je te jure que je m'amuse au 'chat' avec toi... Il ne broncha pas. La mort ne lui faisait visiblement toujours pas peur, il était vraiment prêt à mourir pour ceux qu'il servait. (...)
Un rempart qui n'était fait que de verre éclata sous l'onde sonore. Tout ce qui s'était passé, tout ce que lechatet l'oiseau avaient pu voir, tout ce que Maavira avait ressenti ou laissé en moi explosa dans mon esprit. (...)
Je fis un long détour bien au-delà du coteau sud pour aborder le campement du côté ouest. Le corbeau était parti, j'étais à nouveau seul. Je ne fus qu'une ombre furtive dans la forêt, unchatguettant sa proie, un félin prêt à passer à l'attaque. Je ne fis absolument aucun bruit, un jeu dans lequel j'excellai, et approchai enfin de l'orée du bois alors que le soleil était à son zénith. (...)
-Néanmoins, comme nous sommes tous les deux blessés, et que si l'idée vous venait de revenir sur cette décision, nous serions désavantagés... Je vais devoir prendre un avantage tactique.Chat... Enlève-lui son cristal. Lombardo venait de m'adresser un ordre en me tutoyant. Il avait changé. (...)
Je suis pas en état et je ne suis pas certain que mes amis le soient. L'acier du regard de Lombardo me transperça. -Nous sommes tous morts dans cette épreuve,Chat. Tous... -Et ces deux-là ? On leur enlève leurs cristaux avant de les ramener à leur monture ? Il acquiesça simplement en variant l'intensité de son regard. (...)
Celebn, se tenait encore au-dessus de moi. Ca aussi, ça semblait être une habitude. Peut-être que lechatavait dit vrai, peut-être étais-je marqué par le destin. Une ombre traversa soudain l'astre orangé : il me fut impossible de déterminer si c'était un corbeau ou la monture-dragon avec ses deux occupants. (...)
-Dès que tu seras rétabli mentalement, on a la permission de se rendre à Nexos pour récupérer la fille... Lars m'adressa un regard joyeux. -Chat, mon salaud ! T'as pas encore assez morflé comme ça ? Je marquais une pause le temps que Nasht et Marik éructent dans la bonne humeur de concert. (...)
Le petit tanneur hocha faiblement la tête. L'humain jeta quatre roues d'or sur l'établi. -Je m'appelleChat, je pense que le nom de mes amis n'a pas d'importance. Ca te va, ça, comme monnaie ? Le petit tanneur découvrit faiblement ses dents éparses. (...)
Ils sont partis avec un gars assez grand et plutôt costaud. Il m'a dit que vous passeriez et m'a demandé de un dire un truc au "Chat"... -Quoi donc mon ami ? Lança l'humain avec une légère courbette amusée. -Ca va peut-être vous paraître étrange mais il m'a dit de vous dire: vous direz àChatqu'à partir de maintenant se lèvent pour toujours les brumes de l'automne... L'humain n'eut pas l'air surpris par la réponse. (...)