Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Mandor
Mandor nous attendait dans une salle plus humaine que la précédente, beaucoup moins déstabilisante pour moi, à l'exception des mets peut-être. L'ambiance dégagée par le salon fleurait ces agréables soirées entre intimes où parfois le jeu des fausses confidences mène plus loin que prévu. Et bien que j'en aie pris conscience, j'en subissais malgré moi le charme. J'avais redouté ce dîner, car sans l'aval préalable de Flora nous devions surveiller nos moindres mots. Mais Mandor orienta les politesses ...Contient : mandor (24)Le Journal de Lycia (Premières chroniques) -MandorMandornous attendait dans une salle plus humaine que la précédente, beaucoup moins déstabilisante pour moi, à l'exception des mets peut-être. L'ambiance dégagée par le salon fleurait ces agréables soirées entre intimes où parfois le jeu des fausses confidences mène plus loin que prévu. (...)
J'avais redouté ce dîner, car sans l'aval préalable de Flora nous devions surveiller nos moindres mots. MaisMandororienta les politesses d'usage vers un thème surprenant : Karadriel. Le regard parfois perdu dans son verre, parfois plongé dans le mien, il nous raconta comment son fils s'était progressivement éloigné de lui. Tiraillé entre ses deux parents, Karadriel avait finalement pris le parti de sa mère etMandordepuis n'avait aucune nouvelle. Ces paroles me touchaient plus que de raison. Mon père à moi ne s'était pas posé tant de questions. (...)
Il était parti un jour pour ne jamais revenir, parti pour conquérir un trône auquel il avait finalement renoncé, il était parti et je n'avais de lui que des souvenirs, plus lointains chaque jour. Alors bien sûr, je racontai àMandormes brèves rencontres avec Karadriel. Je passai évidemment sous silence ce troublant lien avec l'homme en noir, scrutant dans les réactions de notre interlocuteur une expression qui trahirait...n'importe quoi...j'ignorais que chercher etMandorconservait ce visage ouvert, cette expression retenue de père inquiet. Si ce n'était pas feint, c'était si bien joué ! (...)
Je sentais s'effriter ma méfiance, et lorsque je tentai de me raisonner, mon regard se portait plus sur l'homme que sur le père. J'écoutais d'une oreille distraite les échanges entre Yarick, Robin etMandor. Ce dernier était étonnamment au courant des potins d'Ambre. Jusqu'à mes origines troubles qui étaient remontées à ses oreilles. (...)
Je manquai alors de m'étrangler en entendant Robin raconter pourquoi il craignait dorénavant de jouer de malchance puisque avant de mourir Brand l'avait maudit. MaisMandorimperturbable continuait d'écouter le gaffeur comme s'il n'avait rien noté. LorsqueMandorquitta la pièce, près de deux heures déjà s'étaient écoulées. Je conservais de ce dîner une impression plutôt confuse. (...)
Une partie de moi se laissait aller aux sensations engendrées par les mets fins et une compagnie agréable ; l'autre, plus raisonnée, récapitulait le contenu de la conversation et s'inquiétait déjà du meilleur moyen d'informer le Roi que son auguste fils avait probablement laissé échapper une information d'importance. Bien loin de tout cela, la mine triste, Robin ressassait probablement les paroles deMandorsur Neige et sa prétendue complicité avec un dénommé Despil. Cette soirée ne prenait pas le tour idéal que j'avais malgré moi imaginé, pourquoi ne pas en profiter pour remonter un peu le moral du jeune héritier ! (...)
J'y découvris avec satisfaction un service à liqueur approvisionné de façon exotique mais copieuse, et nous portâmes le premier toast. J'ouvris les yeux sur un plafond inconnu. Les Cours du Chaos, Sawall,Mandor, une suite d'évènements étranges me revenaient progressivement en mémoire. Pourtant, une odeur familière flottait dans l'air. (...)
La journée s'écoula ensuite presque trop calmement. Peu après notre explication avec Random, un page vint toquer à l'huis.Mandoravait songé que nous apprécierions peut-être la compagnie d'un guide pour découvrir les Passes de Sawall...ou d'un garde m'apensais-je. (...)
L'étendue de sable fin qui s'offrait à nos regards contrastait terriblement avec les pièces grandioses mais presque angoissantes que nous avions découvertes. Un soleil couchant caressait de reflets orangés les cheveux blancs deMandor, debout près d'une vaste table. A sa gauche, bien loin des manières délicates de ce dernier, un second homme détaillait notre arrivée. (...)
Quelques mèches de cheveux bruns retombaient, désordonnées, sur des yeux sombres dont je ne parvenais pas à décider la teinte. Son baisemain un peu rude lors des présentations confirma ma première impression de Jurt. Frère deMandor, il admirait trop son aîné pour le reconnaître et préférait sûrement s'en démarquer. Avant que nous n'ayons échangé plus que des politesses, un couple apparut soudainement sur le sable, à quelques mètres de nous. (...)
Comme il saluait le maître des lieux, le jeune galant si empressé auprès de Neige nous fut présenté comme Despil, un autre frère deMandor. Sous le regard mi-colérique mi-renfrogné de Robin, il offrit un siège à Neige, marquant ainsi le début d'une soirée qui aurait pu être agréable. (...)
Malheureusement, la tension palpable de Robin à mes côtés ternissait le plaisir de la conversation et le ton monta progressivement entre les deux soupirants. Si Yarick et Jurt semblaient insensibles à cette atmosphère tendue,Mandor, lui, attisait parfois d'une question adroite la querelle. Si bien que parvenu au dessert, à défaut d'un gant, Robin jeta sa serviette au visage de Despil. (...)
Neige silencieuse jouait les jeunes vierges inquiètes mais une lueur dans son regard trahissait assez son plaisir de voir deux jeunes hommes s'affronter ainsi tacitement pour elle.Mandorn'avait évidemment pas fait un geste pour les arrêter, tout juste s'était-il levé pour les suivre quelques mètres plus loin et tempérer leurs ardeurs en imposant un règlement. (...)
Il s'immobilisa aussitôt, et, plantant la lame de son épée dans le sable, s'inquiéta de la santé de son adversaire. Celui-ci se détourna sans un mot pour son vainqueur, puis requit deMandorla permission de se retirer. Nous l'imitâmes bientôt : après cet acte de 'bravoure' Robin et Neige semblaient sur le point de ce réconcilier, et si j'avais bien saisi les demi-mots deMandordurant le dîner, nous nous retrouverions probablement tous deux pour le café. Yarick et moi regagnions nos appartements respectifs lorsqu'un petit page m'arrêta et me remit le billet attendu. (...)
Je pénétrai dans un petit boudoir où je me sentis immédiatement à l'aise. Trop. J'avais suffisamment reçu dans des pièces similaires pour savoir à quel état d'espritMandorsouhaitait m'amener. Il se montra affable, aimable en fait. Ses manières si naturelles m'étaient agréables et je retrouvai inconsciemment d'anciens réflexes. (...)
Nous fûmes malheureusement interrompus par l'arrivée d'une créature plus proche du dragon cornu que de l'être humain. Avant même de s'adresser àMandor, elle se tourna vers moi : ' Pardonnez moi, Madame, de vous importuner '. La voix était humaine mais je réprimai difficilement le dégoût que m'inspirait cette forme. (...)
J'ébauchai rapidement un sourire et m'absorbai dans la contemplation d'une sculpture multidimensionnelle.Mandoret la bête échangèrent brièvement quelques mots, dans une langue inconnue. J'attendis donc d'entendre se refermer la porte pour me retourner.Mandorse tenait près de moi, plus près que ne l'exigeaient les convenances. ' Il me faut malheureusement suspendre pour l'instant cette si agréable conversation, dit-il en prenant doucement ma main, me pardonnerez vous ? (...)
J'étais ensorcelée et j'en avais oublié de poser la question qui m'avait amenée ! Je me tournai et retournai dans mon lit, en proie à des souvenirs mêlés d'illusions.Mandoravait réveillé en moi un instinct assoupi depuis plusieurs mois. Mon corps et ses exigences se rappelaient à mon bon souvenir. (...)