Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : océan (29)(...) Nous étions tous deux d'accord que cette liquidité ne pouvait exister, par une raison à laquelle la science n'a jamais trouvé de réponse. - Et laquelle ? dis-je un peu étonné. - C'est que cette masse liquide serait sujette comme l'Océan, à l'attraction de la lune, et conséquemment, deux fois par jour, il se produirait des marées intérieures qui, soulevant l'écorce terrestre, donneraient lieu à des tremblements de terre périodiques ! (...)
Bientôt apparut un immense rocher percé à jour, au travers duquel la mer écumeuse donnait avec furie. Les îlots de Westman semblèrent sortir de l'Océan, comme une semée de rocs sur la plaine liquide. A partir de ce moment, la goélette prit du champ pour tourner à bonne distance le cap Reykjaness, qui ferme l'angle occidental de l'Islande. (...)
Pas assez, s'il s'agissait de mesurer la température de sources ou toute autre matière en fusion ; 2° Un manomètre à air comprimé, disposé de manière à indiquer des pressions supérieures à celles de l'atmosphère au niveau de l'Océan. En effet, le baromètre ordinaire n'eût pas suffi, la pression atmosphérique devant augmenter proportionnellement à notre descente au-dessous de la surface de la terre ; 3° Un chronomètre de Boissonnas jeune de Genève, parfaitement réglé au méridien de Hambourg ; 4° Deux boussoles d'inclinaison et de déclinaison ; 5° Une lunette de nuit ; 6° Deux appareils de Ruhmkorff, qui, au moyen d'un courant électrique, donnaient une lumière très portative, sûre et peu encombrante. (...)
Alors le flux et le reflux n'ont aucune action sensible, et le bac ne risque pas d'être entraîné, soit au fond du golfe, soit en pleinOcéan. L'instant favorable n'arriva qu'à six heures du soir ; mon oncle, moi, le guide, deux passeurs et les quatre chevaux, nous avions pris place dans une sorte de barque plate assez fragile. (...)
A de certains intervalles, et sous cet impluvium naturel, l'oeil surprenait des ouvertures ogivales d'un dessin admirable, à travers lesquelles les flots du large venaient se précipiter en écumant. Quelques tronçons de basalte, arrachés par les fureurs de l'Océan, s'allongeaient sur le sol comme les débris d'un temple antique, ruines éternellement jeunes, sur lesquelles passaient les siècles sans les entamer. (...)
Les ondulations de ces montagnes infinies, que leurs couches de neige semblaient rendre écumantes, rappelaient à mon souvenir la surface d'une mer agitée. Si je me retournais vers l'ouest, l'Océans'y développait dans sa majestueuse étendue, comme une continuation de ces sommets moutonneux. (...)
» Cet instrument allait, en effet, nous devenir inutile, du moment que le poids de l'air dépasserait sa pression calculée au niveau de l'Océan. « Mais, dis-je, n'est-il pas à craindre que cette pression toujours croissante ne soit fort pénible ? (...)
Ces dangers n'avaient rien de chimérique ; mais alors les craintes d'éboulement ou d'inondation ne pouvaient nous arrêter, et notre soif était si intense que, pour l'apaiser, nous eussions creusé au lit même de l'Océan. Hans se mit à ce travail, que ni mon oncle ni moi nous n'eussions accompli. L'impatience emportant notre main, la roche eût volé en éclats sous ses coups précipités. (...)
« Je ne me trompais pas, dis-je ; nous avons dépassé le cap Portland, et ces cinquante lieues dans le sud-est nous mettent en pleine mer. - Sous la pleine mer, répliqua mon oncle en se frottant les mains. - Ainsi, m'écriai-je, l'Océans'étend au-dessus de notre tête ! - Bah ! Axel, rien de plus naturel ! N'y a-t-il pas à Newcastle des mines de charbon qui s'avancent sous les flots ? (...)
Le 7 août, nos descentes successives nous avaient amenés à une profondeur de trente lieues, c'est-à-dire qu'il y avait sur notre tête trente lieues de rocs, d'océan, de continents et de villes. Nous devions être alors à deux cents lieues de l'Islande. Ce jour-là le tunnel suivait un plan peu incliné. (...)
- Oui, répondit mon oncle, la mer Lidenbrock, et, j'aime à le croire, aucun navigateur ne me disputera l'honneur de l'avoir découverte et le droit de la nommer de mon nom ! » Une vaste nappe d'eau, le commencement d'un lac ou d'unocéan, s'étendait au delà des limites de la vue. Le rivage, largement échancré, offrait aux dernières ondulations des vagues un sable fin, doré et parsemé de ces petits coquillages où vécurent les premiers êtres de la création. (...)
Plus loin, l'oeil suivait leur masse nettement profilée sur les fonds brumeux de l'horizon. C'était unocéanvéritable, avec le contour capricieux des rivages terrestres, mais désert et d'un aspect effroyablement sauvage. (...)
C'était comme une aurore boréale, un phénomène cosmique continu, qui remplissait cette caverne capable de contenir unocéan. La voûte suspendue au-dessus de ma tête, le ciel, si l'on veut, semblait fait de grands nuages, vapeurs mobiles et changeantes, qui, par l'effet de la condensation, devaient, à de certains jours, se résoudre en pluies torrentielles. (...)
- Eh bien, prends mon bras, Axel, et suivons les sinuosités du rivage. » J'acceptai avec empressement, et nous commençâmes à côtoyer cetocéannouveau. Sur la gauche, des rochers abrupts, grimpés les uns sur les autres, formaient un entassement titanesque d'un prodigieux effet. (...)
Par certaines accalmies du vent, un silence plus profond que les silences du désert, descendait sur les rocs arides et pesait à la surface de l'océan. Je cherchais alors à percer les brumes lointaines, à déchirer ce rideau jeté sur le fond mystérieux de l'horizon. (...)
- Vous avez beau dire, tout cela me paraît extraordinaire, et c'est à peine si j'en crois mes yeux. Qui eût jamais imaginé dans cette écorce terrestre unocéanvéritable, avec ses flux et ses reflux, avec ses brises, avec ses tempêtes ! - Pourquoi pas ? Y a-t-il une raison physique qui s'y oppose ? (...)
Que sont les arches des ponts et les arceaux des cathédrales auprès de cette nef d'un rayon de trois lieues, sous laquelle unocéanet des tempêtes peuvent se développer à leur aise ? - Oh ! Je ne crains pas que le ciel me tombe sur la tête. (...)
sur les rivages opposés, je suis certain de trouver de nouvelles issues. - Quelle longueur supposez-vous donc à cetocéan? - Trente ou quarante lieues. - Ah ! fis-je, tout en imaginant que cette estime pouvait bien être inexacte. (...)
Mais ce peut être un cas particulier. La ligne est donc amorcée de nouveau et rejetée à la mer. Cetocéan, à coup sûr, est fort poissonneux, car en deux heures nous prenons une grande quantité de Pterychtis, ainsi que des poissons appartenant à une famille également éteinte, les Dipterides, mais dont mon oncle ne peut reconnaître le genre. (...)
Je suppose que le professeur Lidenbrock partage mes idées, sinon mes craintes, car, après avoir examiné le pic, il parcourt l'océandu regard. 9 Mers de la période secondaire qui ont formé les terrains dont se composent les montagnes du Jura. (...)
- Le soir arrive, ou plutôt le moment où le sommeil alourdit nos paupières, car la nuit manque à cetocéan, et l'implacable lumière fatigue obstinément nos yeux, comme si nous naviguions sous le soleil des mers arctiques. (...)
« Il y a au loin, dit le professeur, quelque rocher, ou quelque îlot sur lequel la mer se brise. » Hans se hisse au sommet du mât, mais ne signale aucun écueil. L'océanest uni jusqu'à sa ligne d'horizon. Trois heures se passent. Les mugissements semblent provenir d'une chute d'eau éloignée. (...)
Que cette manière de descendre plaise au professeur, parce qu'elle se rapproche de la verticale, c'est possible, mais à moi... En tout cas, il doit y avoir à quelques lieues au vent un phénomène bruyant, car maintenant les mugissements se font entendre avec une grande violence. Viennent-ils du ciel ou de l'océan? Je porte mes regards vers les vapeurs suspendues dans l'atmosphère, et je cherche à sonder leur profondeur. (...)
J'interroge alors l'horizon pur et dégagé de toute brume. Son aspect n'a pas changé. Mais si ce bruit vient d'une chute, d'une cataracte, si tout cetocéanse précipite dans un bassin inférieur, si ces mugissements sont produits par une masse d'eau qui tombe, le courant doit s'activer, et sa vitesse croissante peut me donner la mesure du péril dont nous sommes menacés. (...)
Vers quatre heures, Hans se lève, se cramponne au mât et monte à son extrémité. De là son regard parcourt l'arc de cercle que l'océandécrit devant le radeau et s'arrête à un point. Sa figure n'exprime aucune surprise, mais son poil est devenu fixe. (...)
Je ne veux pas croire aux menaces du ciel, et cependant je ne puis m'empêcher de dire : « Voilà du mauvais temps qui se prépare. » Le professeur ne répond pas. Il est d'une humeur massacrante, à voir l'océanse prolonger indéfiniment devant ses yeux. Il hausse les épaules à mes paroles. « Nous aurons de l'orage, dis-je en étendant la main vers l'horizon, ces nuages s'abaissent sur la mer comme pour l'écraser ! (...)
Sur les rocs épars et maintenant hors de ses atteintes, les flots avaient laissé des traces évidentes de leur passage. Ceci pouvait expliquer jusqu'à un certain point l'existence de cetocéan, à quarante lieues au-dessous de la surface du globe. Mais, suivant moi, cette masse d'eau devait se perdre peu à peu dans les entrailles de la terre, et elle provenait évidemment des eaux de l'Océanqui se firent jour à travers quelque fissure. Cependant, il fallait admettre que cette fissure était actuellement bouchée, car toute cette caverne, ou mieux, cet immense réservoir, se fût rempli dans un temps assez court. (...)
- Sans doute, mon garçon, mais... - Mais nous allons reprendre la route du nord, passer sous les contrées septentrionales de l'Europe, la Suède, la Russie, la Sibérie, que sais-je ! au lieu de nous enfoncer sous les déserts de l'Afrique ou les flots de l'Océan, et je ne veux pas en savoir davantage ! - Oui, Axel, tu as raison, et tout est pour le mieux, puisque nous abandonnons cette mer horizontale qui ne pouvait mener à rien. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...