Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : paroi (20)(...) » répétait mon oncle. Après une demi-heure, nous étions arrivés sur la surface d'un roc fortement engagé dans laparoide la cheminée. Hans tira la corde par l'un de ses bouts ; l'autre s'éleva dans l'air ; après avoir dépassé le rocher supérieur, il retomba en raclant les morceaux de pierres et de laves, sorte de pluie, ou mieux, de grêle fort dangereuse. (...)
Le marbre, le schiste, le calcaire, les grès des murailles, faisaient place à un revêtement sombre et sans éclat. A un moment où le tunnel devenait fort étroit, je m'appuyai sur saparoi. Quand je retirai ma main, elle était entièrement noire. Je regardai de plus près. Nous étions en pleine houillère. (...)
Là je demeurai comme une masse inerte, étendu sur le sol de lave. Il était dix heures du matin. Hans et mon oncle, accotés à laparoi, essayèrent de grignoter quelques morceaux de biscuit. De longs gémissements s'échappaient de mes lèvres tuméfiées. (...)
Ce bruit d'une eau murmurante me rafraîchissait déjà. Le torrent, après s'être longtemps soutenu au-dessus de notre tête, courait maintenant dans laparoide gauche, mugissant et bondissant. Je passais fréquemment ma main sur le roc, espérant y trouver des traces de suintement ou d'humidité. (...)
Je compris qu'il cherchait le point précis où le torrent se faisait entendre plus bruyamment. Ce point, il le rencontra dans laparoilatérale de gauche, à trois pieds au-dessus du sol. Combien j'étais ému ! Je n'osais deviner ce que voulait faire le chasseur ! (...)
J'eus de la peine à l'arrêter, et déjà il saisissait son pic, quand soudain un sifflement se fit entendre. Un jet d'eau s'élança de la muraille et vint se briser sur laparoiopposée. Hans, à demi renversé par le choc, ne put retenir un cri de douleur. Je compris pourquoi lorsque, plongeant mes mains dans le jet liquide, je poussai à mon tour une violente exclamation. (...)
» Mon conseil fut suivi. Hans, au moyen d'éclats de granit et d'étoupe, essaya d'obstruer l'entaille faite à laparoi. Ce ne fut pas chose facile. On se brûlait les mains sans y parvenir ; la pression était trop considérable, et nos efforts demeurèrent infructueux. (...)
Combien je bénis alors la prévoyance de mon oncle, lorsqu'il empêcha le chasseur de boucher l'entaille faite à laparoide granit ! Ainsi cette bienfaisante source, après nous avoir désaltéré pendant la route, allait me guider à travers les sinuosités de l'écorce terrestre. (...)
Après plusieurs heures, sans doute à bout de forces, je tombai comme une masse inerte le long de laparoi, et je perdis tout sentiment d'existence ! XXVIII Quand je revins à la vie, mon visage était mouillé, mais mouillé de larmes. (...)
» Je ne voulais plus penser. Je chassai toute idée et, vaincu par la douleur, je me roulai près de laparoiopposée. Déjà je sentais l'évanouissement me reprendre, et, avec lui, l'anéantissement suprême, quand un bruit violent vint frapper mon oreille. (...)
Peut-être avais-je crié à mon insu ? Je fermai fortement les lèvres et j'appliquai de nouveau mon oreille à laparoi. « Oui, certes, on parle ! on parle ! » En me portant même à quelques pieds plus loin, le long de la muraille, j'entendis plus distinctement. (...)
Quels autres hommes seraient enfouis à trente lieues sous terre ? » Je me remis à écouter. En promenant mon oreille sur laparoi, je trouvai un point mathématique où les voix paraissaient atteindre leur maximum d'intensité. (...)
Le mot « förlorad » revint encore à mon oreille ; puis ce roulement de tonnerre qui m'avait tiré de ma torpeur. « Non, dis-je, non. Ce n'est point à travers le massif que ces voix se font entendre. Laparoiest faite de granit, et elle ne permettrait pas à la plus forte détonation de la traverser ! Ce bruit arrive par la galerie même ! (...)
» « C'est cela, mon oncle » « Es-tu prêt ? » « Oui. » « Eh bien, fais attention, je vais prononcer ton nom. » J'appliquai mon oreille sur laparoi, et dès que le mot « Axel » me parvint, je répondis immédiatement « Axel », puis j'attendis. « Quarante secondes, dit alors mon oncle. (...)
Enfin, dans les dernières couches, des oiseaux immenses, plus puissants que le casoar, plus grands que l'autruche, déploient leurs vastes ailes et vont donner de la tête contre laparoide la voûte granitique. Tout ce monde fossile renaît dans mon imagination. Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la naissance de l'homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire encore. (...)
L'espace compris entre les relais de la mer et le pied des contreforts était fort large. On pouvait marcher une demi-heure avant d'arriver à laparoide rochers. Nos pieds écrasaient d'innombrables coquillages de toutes formes et de toutes grandeurs, où vécurent les animaux des premières époques. (...)
Nul interstice. Au-dessus. Même barrière de granit. Hans porta la lumière de la lampe sur tous les points de laparoi; mais celle-ci n'offrait aucune solution de continuité. Il fallait renoncer à tout espoir de passer. (...)
Nous sommes encore à l'époque primitive ; mais nous montons ! nous montons ! Qui sait ? » Qui sait ? Il espérait toujours. De sa main il tâtait laparoiverticale, et, quelques instants plus tard, il reprenait ainsi : « Voilà les gneiss ! voilà les micaschistes ! (...)
m'écriaije, à un moment où la chaleur redoublait. - Non, répondit mon oncle, c'est impossible ! c'est impossible ! - Cependant, dis-je en tâtant laparoi, cette muraille est brûlante ! » Au moment où je prononçai ces paroles, ma main ayant effleuré l'eau, je dus la retirer au plus vite. (...)
Peu à peu, d'ailleurs, ma tête, brisée par ces secousses réitérées, se perdit. Sans les bras de Hans, plus d'une fois je me serais brisé le crâne contre laparoide granit. Je n'ai donc conservé aucun souvenir précis de ce qui se passa pendant les heures suivantes. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...