L'araignée de glace
sur Asmodée au format (159 Ko)
Medico, 1666. La tisseuse à la fourrure de velours bleu nuit avait élu domicile près de la grande fenêtre de la chambre. Immobile au milieu d'un piège semblable à un flocon de neige, elle guettait, patiente, les proies imprudentes qui finiraient immanquablement par se prendre dans ses rets. Le reflet d'un rayon de soleil joua quelques instants sur le pelage de la créature, la parant de l'éclat d'un saphir. Un papillon aux ailes multicolores se posa délicatement sur la toile, tenta de repartir ...Contient : courtisanes (8)(...) « Le jeu de l'amour et de la mort », pensa Sandra en baissant les yeux. L'éternelle rivalité entre les Streghe et lescourtisanes. Elle tourna résolument le dos à ce spectacle de cruauté nue, s'installa délicatement face à sa coiffeuse, puis ôta lentement le long voile de dentelle noire qui recouvrait son visage, libéra ses lourdes boucles couleur de miel et plongea ses yeux mordorés dans ceux de son reflet. (...)
Un regard qui signifiait : « Vous m'avez dépassée en sorcellerie, mais jamais ne le pourrez en puissance politique. Vous n'aurez ni amour, car vous ne connaissez pas les arts descourtisanes, ni pouvoir parce que vous ne pourrez jamais agir à l'encontre de votre époux. » Elle essaya de se concentrer sur son travail de broderie - d'ordinaire, cela lui occupait les mains tout en lui laissant le loisir de réfléchir - mais en vain. (...)
« L'un des meilleurs partis du moment. On disait aussi qu'il était fiancé, mais également très populaire auprès descourtisanes... Je l'ai revu une seconde fois, alors que je passais sur un pont. Ce jour là, il était au bras de l'une d'entre elles, masquée de perles et de plumes et entouré de plusieurs compagnons. (...)
Autant de choses auxquelles elle n'entendait rien. Ne voulait rien entendre. Plusieurs timbres masculins et peut-être les voix de deux ou troiscourtisanes. « ...voulez-vous prendre ma place et devenir la femme de Flavio Rienzi de Medico ?... Oui ! (...)
Effet pervers de la magie Sorte, peut-être, de l'avoir rendue irrésistible les premiers temps ? La chute n'en était que plus atroce. Et puis il y avait - comme ce soir - lescourtisanes. Elle les haïssait de tout son coeur, de toute son âme - presque autant, en ce jour, qu'elle haïssait Sandra. (...)
En une nuit, j'ai perdu mon petit garçon, ma femme a révélé, devant un parterre estomaqué de gentilshommes et decourtisanes, qu'elle n'était qu'une senzavista et m'avait berné depuis le début - sous votre influence, bien entendu - et s'est plongé une dague dans le coeur après avoir craché tout son venin et tué son propre fils - Mais pourquoi ? (...)
Elle passait des heures enfermée dans sa chambre, ne sortant que pour se plaindre de mes absences et pleurer. - Lescourtisanes? - Lescourtisanes, mais aussi toutes les personnes que je fréquentais, puis notre fils. Elle reprochait au monde entier de lui voler mon amour, de briser sa vie. (...)