Un cours d'économie industrielle
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Avant que d'étudier les modèles propres à la belle cité d'Exil, il n'est pas inintéressant de se replonger dans les principes fondamentaux de l'économie industrielle et d'en ressaisir ainsi toutes les subtilités. Le professeur Orthonase Blanqui Aîné, maître de conférence à l'école des arts et métiers d'Oorens, a accepté de nous communiquer la transcription des cours qu'il donna, l'an passé, à ses classes supérieures. Bien que fortement marqué par le caractère d'un homme qui se veut pragmatique ...Contient : travailleurs (10)(...) « Nous avons vu déjà que les principaux éléments de la production industrielle étaient les CAPITAUX et le TRAVAIL. Le capital est cette portion de richesse publique qui sert à l'entretien destravailleurset au développement de la production : il dérive des profits accumulés par l'épargne, c'est l'excédant de la production sur la consommation. (...)
Lorsque la proportion des capitaux inactifs est plus grande que celle des ouvriers oisifs, les salaires augmentent, parce qu'il y a demande de travail ; si, au contraire, ce sont lestravailleursqui s'offrent plus qu'ils ne sont demandés, ce sont les salaires qui sont réduits. Plus les capitaux sont abondants et plus l'industrie se perfectionne, plus les travaux se divisent en un plus grand nombre de mains. (...)
S'il n'en eût pas été ainsi et si, par exemple, l'impôt ne se bornant pas à prélever une part du revenu eût touché au capital, celui-ci en diminuant eût amené la chute d'un grand nombre d'entreprises, les salaires eussent été réduits et une certaine quantité detravailleurseût été mise en disponibilité. C'est-à-dire que tous les revenus, toutes les consommations auraient diminué à la fois et que l'impôt lui-même n'aurait pas été payé. (...)
Ceux-ci sont toujours honorables, parce qu'ils sont la rémunération d'un travail présent qui se renouvelle chaque jour ; l'intérêt est honorable aussi, mais il l'est moins cependant, parce qu'il n'est que le prix accordé pour obtenir la faculté de se servir de capitaux, qui sont le produit d'un travail antérieur et déjà récompensé. De là la différence qui existe entre lestravailleurset les capitalistes, entre le taux d'intérêt et le chiffre des profits. Quand les capitaux sont abondants et nombreux, ils sont naturellement moins demandés et le taux de l'intérêt baisse ; c'est ce qui a lieu en ce moment au royaume d'Autrelles, et nous conduit tout naturellement à vous dire quelques mots de la question de la réduction de la rente. (...)
de Silismondi, qui s'élève contre le laissez-faire et le laissez-passer des économistes, emprunter leur théorie du produit net pour expliquer les funestes effets de la production exagérée et vous le voyez maintenant rétrograder vers le passé, pour y reprendre les entraves dont il nous a été si difficile de nous débarrasser. M. de Silismondi, s'occupant avec une louable anxiété du malaise destravailleurs, a énergiquement attaqué Carousse, qui dit a une partie de l'espèce humaine : ‘retirez-vous, il n'y a pas de couvert pour vous au banquet de la vie. (...)
Nous devons examiner maintenant quelles ont été les conséquences de l'emploi de ces nouveaux instruments de production sur l'industrie et le bien-être destravailleurs. Comme tout ce qui est conçu par l'esprit des hommes, les machines ont eu des avantages et des inconvénients. (...)
Cette question tient de trop près à celle de la division du travail, dont elle est une conséquence, pour que nous ne trouvions pas sur le terrain où elle nous place, les mêmes adversaires que ceux que nous y avons trouvé l'autre jour. [...] [M. de Silismondi] a proposé de mettre lestravailleurs, dépossédés de leurs fonctions par l'invention d'une machine nouvelle, à la charge du fabricant qui l'adopte - comme dans certaines contrées agricoles, les fermiers sont tenus de pourvoir à la subsistance des journaliers inoccupés. (...)
Mais cette mesure, que le désir de voir soulager la misère des ouvriers qui se voient enlever leur pain par l'emploi des machines peut inspirer à un homme de bien, ne saurait être adoptée par des hommes d'état qui voient plus loin que le moment présent et dont le devoir est de ne pas engager l'avenir. Or, c'est ce qui arriverait si la législation plaçait de nouveau lestravailleursindustriels sous la dépendance absolue de ceux que l'on a appelé avec raison les hauts barons d'une féodalité nouvelle. (...)
Si elles ont d'abord concentré les moyens de travail dans un petit nombre de mains, elles ont successivement accru ce nombre, de sorte que les coalitions entre les maîtres, si faciles autrefois et que les lois réprimaient si mollement, sont devenues presque impossibles. L'association destravailleurstelle qu'elle a été comprise à Exil a été un moyen d'arracher les ouvriers au joug du capitaliste et l'un et l'autre se sont beaucoup mieux entendu depuis que la loi a reconnu l'égalité entre eux, qu'elle a cessé de protéger l'un pour l'autre ; c'est à dire depuis que l'édit concernant les coalitions d'ouvriers a été rapporté et qu'ils sont devenus libres de stipuler eux-mêmes les conditions de leur concours au travail commun, qu'ils ont pu le refuser ou en augmenter le prix sans craindre la prison et l'amende. (...)
Cette réforme légale a eu d'excellent résultats à Exil, car depuis qu'elle a été opérée, on n'y a pas vu éclater une seule coalition d'ouvrier. Il serait important que cette justice fut enfin rendue auxtravailleurssostriens. »