De la monnaie et du numéraire
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Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : gouvernements (5)(...) Quand à leur qualité de marchandise, qu'un grand nombre d'écrivain et à leur suite, des peuples et desgouvernementsont prétendu leur dénier, personne aujourd'hui n'oserait plus la leur refuser. L'or et le sélénium sont des marchandises aussi bien que le fer, le cuivre, la houille, qui, comme eux, sont tirés du sein de la terre. (...)
Lorsqu'au lieu de neuf parties d'argent fin et une partie d'alliage, on mit deux, trois, quatre ou cinq parties d'alliages pour huit, sept, six ou cinq parties d'argent, on eut beau appeler les monnaies, ainsi altérées, du même nom que lorsqu'elles étaient à neuf dixième de fin, le public ne voulut plus les recevoir que pour ce qu'elles contenaient réellement d'argent, et chacun exigea un plus grand nombre de pièces qu'auparavant en échange des mêmes objets. Malgré cette diminution réelle, lesgouvernementsne convinrent pas de leurs fautes, et les répétèrent constamment ; ils en commirent encore une autre, ce fut de considérer l'or et l'argent comme la richesse même, tandis que ces métaux ne sont que des intermédiaires, des instruments de commerce, et qu'ils n'ont pas même une utilité matérielle aussi grande que d'autres métaux, le fer, par exemple, avec lequel on peut faire des outils, tandis qu'ils sont impropres à cet usage. (...)
L'empreinte indique donc l'origine, c'est-à-dire le pays où les monnaies ont été frappées, et c'est pour plus de sécurité qu'on a confié le monopole de cette opération auxgouvernements, afin qu'il y eût plus d'unité et qu'il n'y eût qu'une seule espèce de monnaie et d'empreinte dans un pays. (...)
Quand vingt VE sont dépensées, le dissipateur ne les a plus, il est vrai ; mais la pièce n'en existe pas moins ; elle n'a fait que changer de mains : cette pièce n'a point été consommée ; comme une poignée de poudre, par exemple, qui s'en va en fumée sans laisser de trace. C'est ce caractère singulier qui a frappé lesgouvernementset qui les a portés à en prohiber l'exportation par tous les moyens possibles. De là, ces lois prohibitives, ces traites de commerce, dont j'ai souvent déploré avec vous la triste influence. (...)
Les premiers ont commencé par être fripons, ceux qu'ils ont trompé finissent quelquefois par le devenir ; les uns et les autres ont abusé du crédit, et méconnu les règles qu'on doit suivre dans son emploi. Quand, au lieu des particuliers, ce sont lesgouvernementsqui commettent cette faute, et créent des valeurs fictives, c'est-à-dire qui ne représentent pas des objets réels et ne sont pas garantis par eux ; ils vont également à la banqueroute. (...)