Une époque formidable : la politique sous la IIIème
République dans toute sa richesse...Contient : politique (18)Une époque formidable : lapolitiquesous la IIIème République dans toute sa richesse... Ce régime, nul n'aurait parié à la chute du Second Empire qu'il serait le plus long depuis la Révolution. (...)
La république conservatrice et la crise du 16 mai 1877 Après la capitulation, l'essentiel de la classepolitiquesongeait à réinstaurer une monarchie. Monarchie de droit divin sur le modèle de la Restauration pour les légitimistes, monarchie constitutionnelle libérale pour les Orléanistes, voire, un IIIème Empire pour les Bonapartistes. (...)
La République était encore provisoire. Une nouvelle coalition des centres se dessine : déçus par lapolitiqueréactionnaire de l'Ordre moral, les Orléanistes, restés attachés à la liberté, s'étaient rapprochés des républicains. (...)
Au cours de la campagne électorale qui suivit, le ministère de l'Intérieur rappela aux préfets leur devoir « d'éclairer le corps électoral ». Certains conservateurs même jugèrent excessif le zèle de certains préfets. Mais cettepolitiquebien peu démocratique valut plus d'impopularité au gouvernement qu'elle n'entrava la campagne de ses adversaires. (...)
En somme, ce sont deux concepts révolutionnaires qui s'opposent : celui hérité de 1789 et celui hérité de 1870. L'échiquierpolitiqueest donc ternaire. Ce n'est pas droite contre gauche, départagées par un centre. C'est une gauche de gouvernement, cherchant continuellement des appuis parmi les plus modérés de ses adversaires, opposée à une droite monarchiste et à une extrême-gauche prolétarienne. (...)
Ainsi, pour les citoyens de la IIIème République, un homme comme Adolphe Thiers est incontestablement de gauche - puisque républicain -, quand la gauche d'aujourd'hui ne voit en lui que le boucher de la Semaine sanglante... Les grandes familles composant le paysagepolitiquesont cependant très floues. Il n'existe pas encore de partis politiques au sens moderne du terme. (...)
Charismatique, énergique, certes, l'homme manquait toutefois singulièrement de diplomatie ; ainsi, suite à des propos maladroits sur l'Allemagne - propos que ne pouvait accepter lapolitiqueprudente des opportunistes - il fut évincé. Malgré cela, sa popularité ne cessait de croître, surtout suite au scandale des décorations, qui compromettait le gendre du président Grévy : Boulanger paraissait un modèle de vertu au sein d'une classepolitiquecorrompue. Une coalition hétéroclite se forma autour de Boulanger : de la droite à l'extrême-gauche, tout ce que l'opinion comptait d'hostiles au régime se joignirent à son programme - « dissolution, constituante, révision ». (...)
Clémenceau disait volontiers qu'à chaque fois que le Congrès se prononçait pour faire l'honneur de l'Elysée à l'un des leurs, il donnait sa voix au plus bête ! Il n'était pas le seul à se méfier de l'influencepolitiqueque pouvait conférer cette charge ; il en a été lui-même victime à la fin de Grande Guerre. La valse des ministères, n'empêcha toutefois pas unepolitiquetrès cohérente. En effet, les républicains étant largement majoritaires ; c'est un programme résolument républicain qui fut appliqué. (...)
L'action des républicains Après les mesures de grande portée symbolique évoquée plus haut, on s'attacha à défaire tout ce que les gouvernements conservateurs avaient fait et qui paraissait contraire à l'idéal républicain : loi sur la liberté de la presse, autorisation des syndicats et des organisations professionnelles, loi sur les débits de boisson - hauts lieux de sociabilité et de débatpolitique, ce qui n'avait pas été du goût de l'Ordre moral -, loi municipale donnant aux conseils municipaux les prérogatives que nous leur connaissons aujourd'hui. (...)
De même qu'on n'oublierait pas que le clergé avait soutenu majoritairement la réaction le 16 mai. « On a fait de Dieu un hommepolitique, pouvait-on lire dans Le Journal des Débats, il siège à droite. » Pour la majorité des républicains, les dogmes de l'Eglise montraient qu'elle était incompatible avec la modernité. (...)
Jules Ferry paraît trop tiède aux yeux de bien des anticléricaux, et trop extrémiste de l'avis de certains républicains modérés - tel Jules Simon qui appela le Sénat à voter contre l'article VII, preuve que les familles politiques n'étaient pas très clairement définies. Sapolitiquede laïcisation, quoique ferme, mais sans agressivité outrancière, a volontiers recours à la négociation discrète et au compromis. (...)
Mais progressivement, grâce aux efforts de quelques hommes politiques (Scheurer-Kestner, Clémenceau, Blum) et hommes de lettres (Zola, Proust, Anatole France) les radicaux et une partie du centre rejoignent le camp des dreyfusards, ainsi que l'extrême-gauche qui, à l'origine, n'y voyait qu'une querelle de bourgeois ne concernant pas la classe ouvrière. Au lendemain des élections de 1902, on constate combien l'Affaire a bouleversé le paysagepolitiquefrançais : la « défense républicaine » est plébiscitée (366 sièges dont 219 pour les radicaux et radicaux-socialistes, contre 22 à la droite). (...)
Le « petit père » Combes, vieux radical provincial et ancien séminariste, le remplace. A Chambre radicale, gouvernement radicale, et...politiqueradicale !. On prend immédiatement des mesures contre les congrégations, et la lutte contre les cléricaux qui, il est vrai, s'étaient montrés fort peu discrets pendant l'Affaire, reprend avec d'autant plus de vigueur, sans laisser de place au compromis : « je n'ai pris le pouvoir que pour cela » aurait un jour déclaré Combes. Cettepolitiqueconduit à la liquidation pure est simple de la question : en 1905 la loi de Séparation dénonce le Concordat de 1801. Toutefois, sur le terrain social, lapolitiquede Waldeck-Rousseau, de Combes et plus encore de Clémenceau, est beaucoup moins radicale. La liberté syndicale était légale depuis 1884, mais les autorités se souciaient peu de contrôler son respect dans les entreprises. (...)
Une première lézarde dans le Bloc des gauches survient en 1906, quand les craintes d'une guerre contre l'Allemagne resurgissent : l'antimilitarisme ouvrier devient alors une armepolitiquequand, en avril, Gustave Hervé déclare « notre patrie, c'est notre classe », et que plusieurs personnalités d'extrême-gauche annoncent que les ouvriers ne prendront pas les armes pour défendre les intérêts de la bourgeoisie. (...)Ce régime, nul n'aurait parié à la chute du Second Empire qu'il serait le plus long depuis la Révolution. Il le fut, mais non sans de longues hésitations, d'interminables querelles, d'âpres combats, des compromis constants, des alliances surprenantes. La république conservatrice et la crise du 16 mai 1877 Après la capitulation, l'essentiel de la classe politique songeait à réinstaurer une monarchie. Monarchie de droit divin sur le modèle de la Restauration pour les légitimistes, monarchie constitutionnelle ...