Les Sombres Années du Jeu de Rôles : Chapitre premier
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Contient : jeu (49)Les Sombres Années duJeude Rôles : Chapitre premier Le 14 février 94, Sébastien, un lycéen, s'est tiré une balle dans la tête au lycée d'Amiens. Il jouait aujeude rôles depuis plus d'un an. Le personnage qu'il incarnait était très violent : c'était un exterminateur, quelqu'un qui tue des gens souvent et facilement. (...)
Son frère a dit aux parents : « Son personnage est entré dans un appartement à Amiens et a dépecé tout le monde. » - Précautions à prendre avec lejeude rôles Marc Dirlewanger. Définition : qu'est-ce qu'unJeude Rôle ? Unjeude rôle (abréviation : JdR ) [...] est unjeude société dans lequel plusieurs participants créent ou vivent ensemble une histoire par le biais de dialogues, chacun incarnant un personnage. Le support de l'imaginaire est très important et les dés, du papier et des crayons constituent l'essentiel des accessoires nécessaires pour jouer. Les joueurs s'appellent des rôlistes pour l'interprétation du rôle qu'ils font de leur personnage. - Wikipédia. Lejeude rôle est unjeude société qui prend ses origines dans les contes au coin du feu. Les spectateurs participent au conte en imaginant les actions des personnages. Le conteur mène lejeuen tenant compte de ces actions dans la suite de son récit. Ainsi, l'histoire se construit grâce à l'imagination de l'ensemble des participants. C'est donc une sorte de conte interactif. - Fédération Française deJeude Rôle. 1979 - Quand les jeux de rôles défraient la chronique américaine : Le 15 août 1979, au campus de Michigan State University, le jeune James Dallas Egbert III disparaît. (...)
Cet étudiant intelligent, avec un QI supérieur à 180, jouait régulièrement à DONJONS&DRAGONS, le célèbrejeuque Dear analysera. Il déduira de cette étude, en ajoutant les quelques indices découverts dans la chambre universitaire de James, que ce dernier participait à certaines parties « grandeur nature », ayant principalement lieu dans les sous-sols de la faculté. (...)
Elle lui dit qu'il aurait dû avoir 4 (la meilleure note possible). » Mais malgré les révélations, l'acharnement médiatique contre lejeude rôle ne fit qu'empirer. Déjà à l'époque, de nombreux cas de suicides de joueurs avaient été recensés, et ce problème fut celui qui renversa la vapeur : la presse décida de publier des articles, de mettre en place des émissions, de prévenir par tous les moyens possibles les parents que « lejeude rôles est dangereux pour la santé ». Ils jugèrent bon de dire à leurs publics que le jeune James D. Egdert se suicida à cause du monde du rôlisme. Pire encore, le célèbrejeudont il raffolait tant fut montré du doigt : « DONJONS ET DRAGONS est imprégné des idées de Satan le Diable qui a toujours prôné l'avidité, la violence et le démonisme. (...)
C'est ainsi que commencera la chasse aux sorciers des rôlistes, les dénonciations et le mépris des personnes ignorant ce qu'est unjeude rôle. Leur monde se fit de plus en plus d'ennemis à mesure que le temps passait. Lejeude rôle, un danger, une horreur, un acte immoral envers Dieu : Les coups les plus virulents qui furent portés aux JdR viendront des extrémistes et conservateurs chrétiens, qui, après avoir « lu » les règles dujeuprécédemment cité, mettront les autres dans le même sac : « Il convient de se demander si celui qui participe à des jeux comme D&D suit bien le conseil des Ecritures - continuez d'aimer vos ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent. » Lejeuétait donc accusé de prôner la violence, le meurtre, en résumé le Mal, tout cela immoral pour les croyants des églises catholiques. Le pire pour eux était qu'il poussait à l'adoration des dieux païens du monde dans lequel il se passait, aux pratiques de rituels démoniaques : « Il y est conseillé d'uriner dans les fonts d'eau bénite pour désécrer les églises... Un simple aperçu des règles convaincra le chrétien que D&D n'est pas pour lui... Cejeuparle de chiens de l'enfer, de squelettes, de spectres, de vampires... Or, les chrétiens ne devraient pas chercher à connaître les choses profondes de Satan » - Révélations 2 : 24. Pourquoi était-ce ainsi ? Les raisons précédemment citées ne pouvaient vraiment pas être celles qui poussèrent l'antirôlisme à un tel point que les mères de famille prennent peur pour leurs enfants. Voici la théorie avancée dans les Chroniques d'Outre Monde nº 5, publiée en 1987 : « Parce que lejeude rôle prône la réalisation individuelle, pousse à réfléchir selon son propre système de valeurs[...] toutes choses désagréables à ceux, politiciens ou religieux, qui sont certains de faire notre bonheur à notre place, contre notre gré s'il le faut... » Ce même article parlera plus tard de la relation entre lejeudevenu célèbre, et le livre tout aussi connu à l'époque, le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien, basé sur une histoire fantastique dans un monde où existe la magie : « Aucun de ces attardés ne se demandera comment cejeumaléfique pouvait être dérivé de l'oeuvre du très chrétien JRR Tolkien... Mais l'avaient-ils au moins lu ? Sans doute pas... Après tout, on y parle du vol d'un anneau par un hobbit (pendez-le), du massacre d'une troupe d'orcs par des humains assoiffés de sang (arrêtez-les !), et enfin de l'adoration d'un Dieu sombre et sanglant, Sauron (empêchez-le de nuire ! (...)
Le fait est que, à côté des dénonciations venant de l'église chrétienne, un autre ennemi avait pris l'arme de destruction massive et l'avait pointé sur les rôlistes. La presse et lejeude rôles : Bien sûr, le suicide de James ne manquant pas de faire saliver la presse qui s'empressa de publier ses nombreux articles sur la « mortelle passion » du jeune homme. (...)
Pour eux, ce n'est pas les parents, ou la drogue, ou le fait qu'il assumait mal sa sexualité qui était le problème. Non : pour eux, c'était lejeude rôle. Il n'avait pas pu, selon eux, supporter le retour à la réalité, et aurait mis fin à ses jours une année après l'avoir retrouvé. (...)
Tout de même étrange qu'il ait attendu encore un an avant de recommencer, alors que la soi-disant raison était là depuis longtemps. Pour eux, lejeude rôles était responsable des maux qui envahissaient les rues de toutes les villes d'Amérique. Les jeunes n'étaient plus à l'abri de cette monstruosité. (...)
Quantité de gens avec de vagues souvenirs du dossier Dallas Egbert considérèrent alors que l'oeuvre était fondée sur une histoire vraie, plutôt qu'être une fiction, ce qui amena, avec la grande couverture médiatique de l'époque, une nouvelle fois une triste conclusion : lejeude rôle est dangereux. Marlgré la publication de William Dear du livre The Dungeon Master: The Disappearance of James Dallas Egbert III (Le Maître de Donjon: La disparition de James Dallas Egbert III), où le detective parle de sa vision de l'affaire dans les détails, cinq années après celle-ci, pour évité au petit frère de James, Doug, encore à l'école durant cette intervalle, d'être taquinés par ses camarades, le mal était déjà fais : les médias l'emportent et continuent leurs avertissements à l'encontre des jeux de rôles. Il était trop tard pour revenir en arrière sur ses paroles, et lejeude rôles fut toujours plus soumis à la pression des parents qui refusaient de voir leurs enfants jouer à ces jeux. (...)
TSR fut poursuivi en justice à de multiples reprises, s'en sortant toujours sans condamnation. Bien entendu, il est arrivé que lejeude rôle pût pousser à l'acte, mais par rapport aux millions de rôlistes qu'il y avait, le taux de suicides pour de telles causes fut trop bas pour être retenus. (...)
» Soutenu par la presse qui se léchait les babines d'un tel spectacle, qui profitait de taux d'audiences exorbitants sur le sujet, il ne fut pas longtemps pour que lejeude rôles soit haï par nombre d'Américains. On put voir là le début du phénomène anti-JdR, et tous les rôlistes pensaient que cela n'allait pas influencer le futur pour autant. (...)
Mais on aurait dû s'y attendre : les faits traversèrent l'Océan Atlantique, et arriva jusqu'aux oreilles de l'Ancien Monde, qui lui, se montra moins clément envers la passion dujeude rôle. 1990 - L'Affaire de Carpentras et la haine française : Carpentras était une petite ville inconnue de notre belle Provence française. (...)
C'est alors que le 2 et 7 août 1996, les journaux Le Monde et l'Humanité révèle que la profanation était préméditée depuis longtemps, et que, pire encore, il s'agissait d'un acte antisémite, et non d'une simple crise de folie de quelques adolescents : « Dans les aveux qu'ils ont fait à la police, les quatre skinheads mis en examen se revendiquent de la même idéologie politique raciste vantant le IIIe Reich et l'extrême droite Européenne. Préparé longtemps à l'avance, leur crime visait à célébrer Hitler. » Ainsi, lejeude rôle aurait dû être totalement blanchi de tous les soupçons qui planaient sur lui... mais, bien au contraire, les choses s'aggravèrent. (...)
Malgré ses dessins représentant le personnage qu'il incarnât dans les campagnes qu'il avait avec ses amis, où celui-ci tuait ou pratiquait quelques rites, il les rassurait en leur affirmant que ce n'était qu'unjeu, ce qui n'eut pas l'effet souhaité, leur crainte grandissant peu à peu. Ces deux exemples montrèrent l'influence de la télévision : pour les parents, futurs ou actuels, le JdR était devenu une occupation plus que dangereuse, nuisible. (...)
] [Après les évènements de Carpentras] les rôlistes de la France entière devinrent des psychopathes qu'on ne comprenait pas. Notre club dejeude rôles fut supprimé, et on nous fliquait dans la cour pour voir si on avait pas des dés dejeude rôles sur nous. Une vraie chasse aux sorcières, quoi. » 1995 - Bas les Masques, le coup de grâce et ses conséquences : Les grands Talk-shows français furent aussi de la partie : Temoin nºI ne manqua pas d'intervenir sur les évènements de Carpentras, bouleversant à nouveau le monde dujeu, par l'intermédiaire d'une virulente réaction du Dr Abgrall, psychiatre, spécialiste de sectes, que bon nombre de parents eurent l'occasion de voir. Ce dernier va alors, dans cette émission, « mettre en garde » la population contre le « danger » de la « sectarisation dujeude rôles », puis une nouvelle fois dans le tristement connue Bas les Masques du 11 octobre 1995, animé par Mireille Dumas qui, convaincue des dires du docteur, enfoncera le couteau dans la plaie. Ainsi de suite, le monde des rôlistes, pourtant totalement pacifiste, fut montré du doigt, et plusieurs milliers de joueurs, touchés par cette haine et la peur, cessèrent les parties. Jouer aujeude rôle devint rapidement un signe de démence, d'appartenance à une secte et de menace de mort pour l'entourage des personnes plongées dans cet univers. (...)
Certains magasins et clubs qui avaient mis la clef sous la porte réapparaissent, et les éditions continuent à se développer au grand plaisir des joueurs. Peu à peu, on retrouve le goût dujeuensemble, de partager ces moments, ces parties qui font rire, sourire, s'émouvoir. Le rôlisme prend aussi sa place dans le monde du travail : certaines entreprises, pour préparer leurs employés à leur futur métier, leur demandent d'agir dans une certaine situation que leurs employeurs auront créée. (...)
Les salariés interpréteront leurs "rôles", tandis que d'autres joueront au client qui se plaindra ou questionnera leur interlocuteur pour obtenir des renseignements, etc. Ceci est la définition même dujeude rôle. Car, au final, dès notre plus tendre enfance, nous nous amusions bien durant nos parties de "Loups" ou "des Gendarmes et du Voleur", purement plongé dans cet univers. Alors, finalement, tout va mieux ? Les années noires dujeude rôle furent une période difficile pour certaines personnes classées comme sectaires parce qu'elles faisaient des parties avec leurs amis. (...)
Mais à l'heure actuelle, les plaies se cicatrisent, lentement, mais sûrement. On s'accorde à dire que lejeude rôle fait partie du développement humain, qu'il s'agit d'un monde où on peut essayer sans risquer de perdre ce qu'on a parié, offrant une certaine assurance et une confiance dans l'avenir. (...)
Cette fois-ci, les personnes autrefois nous à l'idée de voir leur enfant faire une partie de DONJONS&DRAGONS mesurent à une meilleure échelle l'influence que ces jeux ont sur l'esprit des jeunes. Lejeude rôle à ses extrêmes, et les limites de cet extrême furent posés trop loin dans les années 90, ce qui provoqua les années noires du JdR. La vision du monde du fantastique que proposait lejeude rôle était trop subjective, trop influencé par les sentiments des personnes qui vécurent la perte d'un proche. (...)
Les jeux de rôles leur permettent donc de se tester face à d'autres par le truchement des différents personnages. Lejeude rôles peut se révéler bénéfique pour l'individu comme il peut être destructeur et malsain. Il convient donc d'avoir une attitude nuancée, vigilante et critique. (...)
Le choix des scénarios, l'équilibre psychologique des joueurs, leur personnalité (surtout du meneur dejeu), la fréquence de ces jeux, constituent des éléments importants d'appréciation. » Ne perdons donc surtout pas de vue que, malgré qu'il peut y avoir derrière, de même que les films violents, les jeux vidéo ou les boissons gazeuses, un danger potentiel, lejeude rôles reste unjeuproprement parlé, aussi ludique qu'amusant, aussi passionnant qu'étrange. En effet, il n'a jamais eu pour but de créer une secte, de provoquer des suicides ou d'amener un quelconque dieu païen à s'emparer de la Terre, mais bel et bien de passer un bon moment avec ses amis, autour d'une table et, devant vous, quelques feuilles et de petits dés. Mais si lejeude rôles a échappé à cela, d'autres sont pris pour cible, comme les "Massive Multiplayer Role Play Game", abrégé MMORPG, ou plus connus comme Jeux online, sans que les arguments changent beaucoup. Pourtant, malgré ce qui a été dit dans cet article, le point de vue médiatique, populaire sur la période noire, ne révèle pas la réalité économique du sujet, qui pourrait en surprendre plus d'un. (...)
Ceci, vous le découvrirez dans le chapitre deux de cet article, prochainement sur le webzine du Petit Peuple. Merci aux membres du forum de la Fédération Française deJeuDe Rôle pour leur aide précieuse dans la rédaction de cet article. Article de Jadeus.Le 14 février 94, Sébastien, un lycéen, s'est tiré une balle dans la tête au lycée d'Amiens. Il jouait au jeu de rôles depuis plus d'un an. Le personnage qu'il incarnait était très violent : c'était un exterminateur, quelqu'un qui tue des gens souvent et facilement. Des émissions montrent des dessins que Sébastien a faits lorsqu'il jouait. Ceux-ci sont teintés d'une atmosphère violente et ésotérique : personnages nus et ensanglantés, d'autres poignardés, ou encore un pentagramme avec une femme nue ...