La voleuse d'enfants
sur CDS Editions au format (942 Ko)
Contient : soeur (16)(...) Cependant, alors qu'elle allait au couvent voir la mère supérieure dans le but de faire un don et de louer les services et le secret deSoeurMarie-Marthe, qui faisait office de sage femme, j'eus envie de découvrir les environs. Je découvrais alors un petit cimetière. (...)
Les ventres s'arrondissaient comme la lune dans la nuit et bientôt la sage-femme fut presque continuellement chez nous. Je n'aimais guère cettesoeurfripée, aux mains glaciales, au sourire presque trop bon. La bonté, je l'ai appris à mes dépends, n'est pas une qualité accessible au coeur humain, par nature mesquin et égoïste. (...)
A la mi-octobre, l'accouchement de ma maîtresse eut lieu et se déroula sans grande difficulté. Perrine admirait le savoir faire desoeurMarie-Marthe tandis que je faisais les cent pas dans le couloir, en quête de petits lutins ou de dame en noir qui auraient pu vouloir du mal au nourrisson, une petite fille appelée Françoise. (...)
Les ventres s'arrondissaient comme la lune dans la nuit et bientôt la sage-femme fut presque continuellement chez nous. Je n'aimais guère cettesoeurfripée, aux mains glaciales, au sourire presque trop bon. La bonté, je l'ai appris à mes dépends, n'est pas une qualité accessible au coeur humain, par nature mesquin et égoïste. (...)
A la mi-octobre, l'accouchement de ma maîtresse eut lieu et se déroula sans grande difficulté. Perrine admirait le savoir faire desoeurMarie-Marthe tandis que je faisais les cent pas dans le couloir, en quête de petits lutins ou de dame en noir qui auraient pu vouloir du mal au nourrisson, une petite fille appelée Françoise. (...)
Quand ma maîtresse alla au couvent pour tenter de retrouver l'identité de la défunte, on l'amena à une tombe, à l'écart de celle des enfants. La femme, disaitsoeurMarie-Marthe, avait mis fin à ses jours suite au décès de l'enfant. Mais les nonnes n'avaient pas eu le courage de l'enterrer en terre non sanctifiée. Quand la duchesse demanda ce qu'il en était des tombes de nouveau-nés, lasoeurrépondit avec toute la tristesse du monde sur son visage, qu'elles apparaissaient toutes seules à chaque fois qu'un enfant était enlevé et qu'on y avait retrouvé effectivement leurs corps. (...)
Deux mois après la funeste nuit, alors que les frimas de l'hiver avaient laissé place à la neige et que les feux flambaient sans trêve dans les cheminées, Louise donna les premiers signes de délivrance. On appelasoeurMarie-Marthe et une fois encore tout se passa bien. On nomma l'enfant François, en hommage à l'enfant de la duchesse, et je raccompagnai la religieuse au couvent. (...)
Quand ma maîtresse alla au couvent pour tenter de retrouver l'identité de la défunte, on l'amena à une tombe, à l'écart de celle des enfants. La femme, disaitsoeurMarie-Marthe, avait mis fin à ses jours suite au décès de l'enfant. Mais les nonnes n'avaient pas eu le courage de l'enterrer en terre non sanctifiée. Quand la duchesse demanda ce qu'il en était des tombes de nouveau-nés, lasoeurrépondit avec toute la tristesse du monde sur son visage, qu'elles apparaissaient toutes seules à chaque fois qu'un enfant était enlevé et qu'on y avait retrouvé effectivement leurs corps. (...)
Deux mois après la funeste nuit, alors que les frimas de l'hiver avaient laissé place à la neige et que les feux flambaient sans trêve dans les cheminées, Louise donna les premiers signes de délivrance. On appelasoeurMarie-Marthe et une fois encore tout se passa bien. On nomma l'enfant François, en hommage à l'enfant de la duchesse, et je raccompagnai la religieuse au couvent. (...)
Nous soulevâmes le voile avec appréhension pour découvrir le visage, bleu et boursouflé du fait du froid et de l'eau, desoeurMarie-Marthe. Ma maîtresse sembla ravie, décrétant que tout s'était passé exactement comme elle l'avait prévu. (...)
De fait, pensai-je en mon for intérieur, en l'absence de sage-femme, les quelques accouchements qui eurent lieu par la suite se firent dans les hameaux voisins, où les jeunes parents finirent par rester, de crainte du retour de la dame en noir. Ce qui avait permis à la duchesse de deviner, d'ailleurs, qu'il s'agissait desoeurMarie-Marthe - car elle l'avait compris assez vite - était le prénom de Françoise inscrit sur la tombe. Nul ne connaissait ce prénom excepté Perrine, Fernande,SoeurMarie-Marthe et moi-même. Elle exclut naturellement Perrine et moi, qui venions de Paris. Fernande, quant à elle, était trop jeune. (...)
Le mobile était plus difficile à trouver mais ma maîtresse décida que la solution de l'énigme était simple en vérité :SoeurMarie-Marthe avait renoncé à la vie non pas en se tuant, mais en faisant ses voeux, lorsqu'on son enfant était mort au couvent. (...)
Quant aux empreintes de pas qui n'apparaissaient pas sur la neige, la seule explication plausible était que la neige les avaient recouvertes, mais pas les miennes car, étant plus lourd, je laissais des empreintes plus profondes. Tout cela se tient mais j'ai remarqué, moi, quelque chose que nul autre n'a vu. Le corps de lasoeur, lorsqu'il fut ramené au couvent, n'avait aucune blessure. Pourtant, je suis sûr d'avoir blessé la dame en noir cette nuit-là. (...)J'ai assisté, dans ma vie, en tant que domestique, à des centaines d'histoires méritant d'être narrées. Certaines drôles, d'autres tragiques - mais aucune n'est plus extraordinaire que celle que je m'apprête à raconter ici. Croira-t-on mon récit ? Il est si peu commun que le lecteur pourrait mettre en doute ma bonne foi. Et pourtant, il ne révèle que la stricte vérité. Mais jugez-en par vous-même, je ne saurai retarder plus longtemps le début de ma narration. C'était il y a vingt ans, j ...