Constantinople
sur Eric Christ au format (889 Ko)
Contient : autorité (21)(...) Le rôle éminent du préfet de la ville Un préfet de la ville - dont le titre sera hellénisé sous le nom d'« éparque » - apparaît en 359. Comme son collègue de Rome, il a pour charge de rendre effective l'autoritéimpériale dans le ressort de la capitale, jusqu'à 100 milles au-delà des murs. En fait, sa puissance est plus grande que celle de l'ancien praefectus urbi : il a sous ses ordres les services de l'annone et des vigiles qui, à Rome, ne dépendaient pas de lui; Justinien a en effet remplacé le préfet des vigiles par un préteur des dèmes qui est subordonné à l'éparque et chef des corps de policiers et de pompiers établis dans chacune des quatorze régions de la capitale (division imitée de l'ancienne Rome). (...)
Comme chaque empereur, suivant ses options politiques, doctrinales ou fiscales, favorise forcément l'une ou l'autre faction, leur rivalité en est constamment attisée et éclate souvent en émeutes: s'il arrive que les deux partis, également mécontents, fassent cause commune contre l'autoritéimpériale, c'est le régime lui-même qui risque d'être emporté; il s'en fallut de bien peu en 532 (sédition Nika). (...)
), ils furent à ce point domestiqués qu'au IXe siècle ils n'existaient plus que comme corps de parade, figurants indispensables des fêtes officielles, sous l'autoritédes «démarques» et des «démocrates» qui avaient pris rang dans la hiérarchie des fonctionnaires. (...)
Il ne faut pas oublier que Byzance a deux religions: celle du Christ et celle de l'empereur, héritée de l'ancienne Rome. C'est pourquoi l'autoritépolitique de la Cour se double, surtout aux périodes d'expansion, d'une influence littéraire, fort différente d'un pur mécénat; cela se voit à l'importance que prennent à Byzance l'éloquence d'apparat, oraisons funèbres ou éloges impériaux (c'est là une forme du culte impérial), et l'histoire, dont le rôle est de célébrer à la fois des fastes des souverains et la mission civilisatrice de l'Empire chrétien. (...)
Il stimula l'économie urbaine en abolissant l'impôt sur le commerce et l'industrie, l'impopulaire chrysargyre - ce qui eut pour conséquence, il est vrai, de grever encore davantage la propriété rurale. Il rendit même à l'Etat assez d'autoritépour liquider le problème des Isauriens par la déportation en Thrace de ces Barbares. Mais cette mesure ne suffit pas à restaurer la paix intérieure, car Anastase soutint de plus en plus ouvertement le parti monophysite, dont il professait secrètement la doctrine, et favorisa le dème (parti) des Verts, qui, composé surtout d'Orientaux, représentait le monophysisme dans la capitale. (...)
La crise du VIIe siècle (610-717) : L'idée de légitimité dynastique a fait, au VIIe siècle, de rapides progrès : jusqu'à la longue série de désastres et de coups d'Etat qui suivit la première chute de Justinien II, le trône fut constamment occupé par des membres de la famille des Héraclides, qui firent ainsi bénéficier l'Etat d'une incontestable continuité de vues, exception faite pour le domaine religieux - continuité qui tient peut-être en partie aux traits de caractère communs aux Héraclides: un goût très vif de l'action; des dons de stratège; une piété sincère, bien que souvent mal éclairée; un sens de l'autoritédégénérant parfois en despotisme. La régularité de cette succession est d'autant plus remarquable que le VIIe siècle ne fut pas précisément pour Byzance une époque de tranquillité: il commença dans le chaos et finit de même. Cette période qui vit réduire de moitié l'étendue des territoires où s'était exercée l'autoritéde Justinien, couper les grandes voies commerciales vers l'Orient et l'Occident, reculer la culture et l'activité urbaine, amener par deux fois l'ennemi jusque sous les murs de la capitale, présente tous les aspects d'une décadence. (...)
A sa mort, Héraclius laissait un Empire amputé par les Arabes de l'Arménie, de la Mésopotamie, de la Syrie-Palestine et bientôt de l'Egypte; les Balkans, submergés par les Slaves de la mer Noire à la Dalmatie, échappaient pour le moment à l'autoritéimpériale. Mais l'armature de l'Etat était bien plus forte que sous Justinien: la réforme administrative avait substitué aux anciennes provinces, trop petites et trop nombreuses, un système cohérent de thèmes ou divisions militaires, dirigés par des stratèges auxquels était subordonnée l'administration civile. (...)
Constant se vengea sur le pape Martin Ier, coupable d'avoir condamné le monothélisme et surtout de n'avoir pas demandé à l'autoritébyzantine de ratifier son élection; il fut amené à Constantinople et, après une parodie de procès, déporté à Kherson où il mourut de misère (656). (...)
Désormais le patriarche sera, à de rares exceptions près, le fidèle agent de la politique impériale; en retour, les empereurs serviront, d'une part, l'ambition des patriarches contre l'autoritéromaine, d'autre part, la vaste expansion du christianisme oriental à travers les pays slaves. (...)
Celui-ci, qui avait déjà trouvé profit à l'abaissement des patriarches d'Antioche et d'Alexandrie devenus sujets des musulmans, se voyait ainsi nanti en Orient d'uneautoritéspirituelle comparable à celle du pape en Occident. Conséquences de la perte de Ravenne : Le fils de Léon III, Constantin V, profita du déclin des Omeyyades, que les Abbassides devaient détrôner en 750, pour prendre l'offensive en Arménie, en Mésopotamie et en Syrie, tout en réussissant à tenir en respect les Bulgares. (...)
En 1042, le troisième mariage de Zoé porta au pouvoir un sénateur d'un caractère aimable, généreux et humain, mais sansautorité: Constantin Monomaque. Son règne fut celui des lettrés, dont le plus marquant est Michel Psellos, et ouvre la période la plus brillante de la culture byzantine. (...)
Et le prestige de l'Eglise byzantine était monté si haut que le patriarche Michel Cérulaire cessa en 1054 de reconnaître l'autoritédu siège romain. Mais ce prestige même desservait l'Etat, car, pour le régime chancelant qui s'appuyait sur elle, l'Eglise se montrait la plus insatiable des parties prenantes. (...)
De cette place très forte qui barrait la route de l'Asie Mineure aux attaques venues de Constantinople et qui était en même temps un centre religieux vénéré des Grecs, Théodore fit une capitale administrative et un centre de culture, d'ailleurs bien modeste encore. Il eut bien du mal à imposer sonautoritéà l'aristocratie locale et à défendre son Etat naissant contre les « Grands Comnènes », ces descendants d'Andronic installés à Trébizonde, et contre les Latins. (...)
Michel VIII, pour soutenir l'assaut de l'Occident, a dû laisser presque sans défense l'ancien domaine asiatique des souverains de Nicée. Comme les Paléologues, par manque de terres et d'autoritésur la noblesse, ne pouvaient reconstituer des biens militaires quand les Turcs eurent conquis ceux qui existaient en Asie, il fallut en revenir au système du mercenariat, doublement ruineux, pour les finances et pour la sécurité intérieure. (...)
Dès le règne de Michel VIII, le manque d'or obligeait à dévaluer l'hyperpère (nouveau nom du sou d'or, l'ancien nomisma), ce qui entraîna une forte hausse des prix et chassa la monnaie byzantine du marché international, où jusqu'ici elle faisait prime; pour la remplacer, on se mit en Occident à frapper des monnaies d'or - florin et ducat notamment - qui lui furent rapidement préférées. A la crise monétaire s'ajoutait à Byzance une crise d'autorité. Le régime féodal établi par les croisés n'avait pu qu'aggraver les tendances séparatistes déjà flagrantes sous les Comnènes. (...)
Il ne put ni s'opposer aux progrès du roi serbe Miloutine en Macédoine, ni intervenir dans la guerre entre Venise et Gênes qui finirent par s'entendre aux dépens de Byzance, ni se défendre du fléau catalan; du moins affermit-il l'autoritéimpériale en Morée et récupéra-t-il quelques territoires en Epire et en Thessalie. La fin de son règne fut troublée par une guerre civile que provoqua l'ambition de son petit-fils Andronic, et où il finit par perdre sa couronne. (...)
Du côté de l'Occident, les raisons principales de cet échec sont dans l'éclipse que subit, aux XIVe-XVe siècles, l'autoritépontificale et, avec elle, le sentiment de l'unité chrétienne, dans la désunion des Etats européens, surtout dans l'égoïsme féroce et aveugle des républiques maritimes d'Italie. (...)
Dans l'écroulement général de l'Empire, il n'a subsisté que trois choses: le despotat de Morée, l'Université et le patriarcat, dont le prestige et l'autoritédépassent de loin ceux de l'empereur. Même lorsque Jean VIII aura déterminé son patriarche, Joseph II, et une partie des évêques à s'abaisser devant Rome et à souscrire à l'union au concile de Florence (1439), le peuple et l'immense majorité du clergé s'y opposeront avec une telle violence que l'empereur n'osera pas faire proclamer le décret d'union à Constantinople. (...)
Dans l'Empire appauvri, diminué, ravagé par des guerres continuelles, amputé des deux grandes métropoles d'Antioche et d'Alexandrie, déchiré par deux crises religieuses qui opposent l'orthodoxie à l'autoritéimpériale, la culture est en décadence; seule la science médicale est encore illustrée au VIIe siècle par Paul d'Egine, dont l'Abrégé de médecine servait encore à l'Université de Paris au XVIIIe siècle. (...)
Tout au long de l'histoire de Byzance, art impérial et art religieux resteront étroitement liés, conséquence de la conception théologique du pouvoir: l'empereur tient sonautoritéde Dieu, qu'il représente sur terre, et la majesté terrestre n'est que le reflet de la majesté céleste. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...