Constantinople
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Contient : eglise (18), église (32)(...) Constantinople possédait, à l'époque de sa plus grande splendeur, plus de 500 églises (en comptant les multiples chapelles de couvents). Parmi les plus vénérées, on peut citer - outre Sainte-Sophie, la «GrandeEglise», qui fut toujours le centre de la vie religieuse de Byzance - l'églisedes Saints-Apôtres, nécropole des empereurs byzantins, et dont on faisait remonter la construction à Constantin; la Néa bâtie à grands frais par Basile Ier (867-886) et dont la richesse n'avait d'égale que l'étrangeté de sa collection de reliques (la trompette de Josué, la corne du bélier d'Abraham, du bois de la vigne de Noé, etc.); l'églisede la Vierge des Blachernes où l'on conservait le palladium de Constantinople, le voile de la Vierge que l'on promenait en procession le long des remparts quand la ville était assiégée. Beaucoup d'entre elles avaient leurs fêtes propres, qui attiraient les fidèles des quartiers les plus lointains. (...)
Le goût du pastiche aidant, la littérature a eu tendance à devenir de plus en plus la chose d'une aristocratie intellectuelle, inaccessible à la plus grande partie du peuple. Cette évolution a heureusement été quelque peu freinée par l'Eglise, dont l'influence sur la littérature byzantine a revêtu deux formes. Elle a défendu l'orthodoxie, dégageant ainsi et maintenant toujours ouvert le problème essentiel de la philosophie grecque au Moyen Age: la conciliation de la doctrine chrétienne avec les systèmes platonicien, néo-platonicien et aristotélicien, dont il n'a jamais été question à Byzance de nier la valeur. (...)
En imposant au génie grec son goût de l'ascétisme, son moralisme sévère, son dédain des contingences terrestres et même, à certaines époques, sa méfiance à l'égard de la culture païenne, elle a contribué à en diminuer la spontanéité et la puissance créatrice. Mais, d'autre part, par la nécessité d'être comprise de tous, l'Eglisea atténué les effets fâcheux de l'érudition et de la rhétorique sur l'expression littéraire. Si la philosophie est surveillée par l'Eglise, la rhétorique, l'histoire, voire la poésie profane, sont plus ou moins placées sous la coupe du pouvoir civil qui les utilise volontiers pour sa propagande. Il ne faut pas oublier que Byzance a deux religions: celle du Christ et celle de l'empereur, héritée de l'ancienne Rome. (...)
Pour en savoir davantage, il faut avoir recours aux textes ou, par conjecture, à la comparaison avec des oeuvres destinées à l'usage de l'Eglise, car les Byzantins distinguaient mal - et c'était encore un héritage de l'Antiquité - entre le sacré et le séculier. (...)
La violence de ces querelles vient de ce qu'elles mettaient en jeu l'unité de l'Empire; dans l'Occident déjà politiquement morcelé, mais spirituellement uni autour d'un unique patriarche, le pape, elles n'auraient pu être de si grande conséquence. A Byzance, la sujétion du patriarche, et par conséquent de l'Eglise, à l'empereur n'a jamais été contestée. Les souverains en ont trop souvent déduit qu'il en était de même de la doctrine et qu'il leur était permis d'adapter celle-ci à leurs buts politiques. (...)
La crise iconoclaste représente la dernière de ces tentatives, et la seule qui ait eu un résultat positif: elle a fixé pour l'avenir les rapports de l'Egliseet de l'Etat en des bornes que ni l'une ni l'autre ne franchiront plus. Désormais le patriarche sera, à de rares exceptions près, le fidèle agent de la politique impériale; en retour, les empereurs serviront, d'une part, l'ambition des patriarches contre l'autorité romaine, d'autre part, la vaste expansion du christianisme oriental à travers les pays slaves. (...)
Telle est l'origine du schisme de Photius, qui prit bientôt l'aspect d'une lutte entre les deux principaux patriarcats catholiques, et qui, opposant deux conceptions différentes de l'organisation de l'Eglise, annonçait le schisme du XIe siècle. L'affaire Photius coïncide avec le début de l'expansion de l'Eglisegrecque en Europe orientale: c'est le temps où Cyrille et Méthode vont conquérir à l'Evangile les Slaves de la Grande-Moravie (863-885), où un prince bulgare reçoit le baptême à Constantinople (864), où les premiers missionnaires paraissent chez les Russes, dont l'existence a été brutalement révélée aux Grecs par l'attaque de la capitale en 860. Ces prises de contact devaient se révéler singulièrement fécondes, et non pas seulement au point de vue spirituel. (...)
Les armes byzantines étaient toujours puissantes: l'Empire s'était encore agrandi, depuis la mort de Basile II, par l'annexion d'Edesse, du royaume arménien d'Ani, de la Sicile occidentale. Et le prestige de l'Eglisebyzantine était monté si haut que le patriarche Michel Cérulaire cessa en 1054 de reconnaître l'autorité du siège romain. Mais ce prestige même desservait l'Etat, car, pour le régime chancelant qui s'appuyait sur elle, l'Eglisese montrait la plus insatiable des parties prenantes. Quand la maison de Macédoine se fut éteinte en 1056, la crise financière ne fit que s'aggraver, d'abord sous Michel VI, puis - après une brève réaction qui mit à la tête de l'Empire un des chefs de l'armée d'Asie, Isaac Comnène - sous Constantin X, le protégé de Michel Psellos. (...)
La littérature de ce temps, essentiellement religieuse et surtout monastique, intéresse donc plutôt l'histoire de l'Eglisebyzantine. L'orthodoxie est défendue contre le monothélisme par Sophronios de Jérusalem (mort en 638) et Maxime le Confesseur (582 env. (...)
Elle le doit surtout à deux personnages exceptionnels et aux cercles de lettrés réunis autour d'eux. Le premier est le patriarche Photius (820 env.-891) qui, bien plus qu'un homme d'Eglise, fut un érudit à la curiosité universelle. En tant qu'écrivain, il est surtout connu pour son Myriobiblion ou Bibliothèque , qui est en fait un ouvrage collectif: c'est le recueil des comptes rendus des livres, très divers, lus par les membres de son cercle. (...)
Mais, après lui, la chronographie tend à se rapprocher de l'histoire parce qu'elle cesse d'être un genre monastique. L'Eglisedes IXe-Xe siècles, après la victoire des moines orthodoxes sur le haut clergé iconoclaste, tend, en effet, à se replier intellectuellement sur elle-même. (...)
Les efforts de cette école pour donner au dogme une interprétation rationnelle ont contribué à la naissance de la scolastique occidentale, mais à Byzance ils furent mal vus du clergé et des Comnènes eux-mêmes, qui avaient besoin de l'appui de l'Eglise. Jean Italos et Eustrate furent condamnés pour hérésie. Il n'en existe pas moins, dans l'Eglised'alors, un courant très favorable à la culture profane, surtout chez les hauts prélats: tels le patriarche Jean Xiphilin (1010 env.-1075 env. (...)
Là, comme ailleurs, plusieurs niveaux de production artistique coexistèrent, en fonction du milieu social des commanditaires. C'est au IVe siècle, avec la Paix de l'Egliseet le transfert de la capitale de l'Empire romain sur les rives du Bosphore, que commence l'histoire de l'art byzantin, art qui doit certaines de ses caractéristiques les plus essentielles aux structures politiques et religieuses de cet empire autocratique et chrétien. (...)
Celles-ci ont pour effet de déporter vers le nord et le sud les collatéraux et de les excentrer par rapport aux annexes du sanctuaire (prothèse et diaconicon) qui apparaissent alors et constituent désormais l'un des traits permanents de l'architecture byzantine. L'église, pourvue de tribunes, était l'égliseépiscopale de Thessalonique. De dimensions plus réduites et sans tribunes, le catholicon (égliseconventuelle) du monastère de la Dormition à Nicée (fin du VIIe s.) est de conception semblable: les piliers porteurs repoussent aussi les nefs latérales vers l'extérieur, mais les annexes du sanctuaire, exceptionnellement larges, rachètent le décalage. D'autres édifices (Saint-Clément d'Ankara ou bien Sainte-Sophie de Bizye) paraissent appartenir au même groupe, mais leur date n'est pas déterminée. (...)
Sont encore bâties des basiliques à coupole, dont Nicée et Myra fournissent de bons prototypes et qui comprennent un carré central (aux angles, de gros piliers d'angle; entre eux, sur trois côtés, deux colonnes) ceinturé sur trois côtés par les deux nefs et le narthex: l'églisede la Pammakaristos (XIVe s., Fethiye Camii), Gül Camii (Sainte-Théodosie?, env. 1100-1150), Saint-André in Krisei (fin du XIIIe s., Koca Mustafa Pa?a Camii), l'églisesud de Fenari Isa Camii (env. 1300) en sont de bons exemples. Mais apparaît un nouveau plan, pour la première fois attesté en 880, lorsque Basile Ier (867-886) fait édifier dans son palais la Nea, surmontée de cinq coupoles, celui de la croix grecque inscrite. (...)
Il peut être simple lorsque les supports se réduisent à quatre éléments: colonnes (Saint-Sauveur in Chora [Karye Camii], premièreéglisedes Comnènes, env. 1077-1081, et Saint-Jean in Trullo [Ahmed Pa?a Camii], XIIe siècle), ou équerres maçonnées (Atik Mustafa Pa? (...)
On trouve également des tétraconques comme la Kamariotissa de Chalki (première moitié du XIIe s.?) où est attestée l'utilisation de la trompe d'angle, comme l'églisedu monastère de la Mouchliotissa (ou de la Panagiotissa, XIe s.). Les églises sont souvent groupées comme Fenari Isa Camii ou Molla Zeyrek Camii. Ce second ensemble comprend uneéglisesud, dédiée au Pantocrator (1118-1124), uneéglisenord consacrée à la Vierge Eleousa (1118-1124) et, entre les deux, l'hérôon dédié à saint Michel, qui servit de mausolée à l'empereur Manuel Ier Comnène. Devant le narthex de l'églisesud se trouvait un exonarthex qui était précédé d'un atrium avec deux phiales (annexes liturgiques). Ce monastère comprenait en outre une bibliothèque, un hôpital de cinquante lits et un hospice. (...)
En élévation, ces églises comprenaient parfois deux niveaux. Au Myrelaion, le niveau inférieur était occupé par uneéglisefunéraire, dans l'églisede Constantin Lips, quatre chapelles avaient été aménagées sur le toit de l'égliseinférieure. Celles de l'ouest étaient reliées à celles de l'est par une coursive partiellement en surplomb. Les façades, particulièrement les absides, étaient animées par des niches et des arcatures. (...)
A Chypre, quelques églises (monastère de Saint-Chrysostome, env. 1090, proche de la Nea Moni de Chio;églisedu château de Saint-Hilarion, XIe s.) témoignent d'une forte influence constantinopolitaine. Dans les Balkans et en Grèce, l'étude des monuments byzantins est beaucoup plus avancée et permet la constitution de séries plus assurées. (...)
(Yougoslavie), à Chypre et au Sinaï, de la variété des programmes mis en oeuvre: sujets profanes, évocations paradisiaques, croix, images de majesté du Christ ou de la Vierge, compositions triomphales, scènes tirées de l'Ancien ou du Nouveau Testament, etc. Aucun thème n'est imposé, aucune règle fixe ne détermine l'emplacement des sujets dans l'église. A un style encore marqué par la tradition illusionniste hellénistique succède, au VIe siècle, un art plus hiératique, plus solennel, indifférent aux valeurs plastiques et spatiales, substituant le fond or au fond bleu et dématérialisant les figures. (...)
L'époque des Macédoniens et des Comnènes (IXe-XIIe s.) : A la suite de la crise iconoclaste, un système cohérent de décoration d'église, dont les principes de base resteront à peu près immuables, est élaboré et mis en place à Constantinople. Conçu pour le type architectural alors dominant (l'égliseen croix inscrite à coupole), il reflète les conceptions politico-mystiques contemporaines de l'Empire byzantin comme royaume chrétien idéal, reflet sur terre du royaume céleste. L'église, microcosme, symbolise l'univers chrétien gouverné par le Christ Pantocrator , antétype et modèle de l'Empire byzantin dirigé par le basileus autocrator . (...)
Autour du Christ, qui domine dans la coupole centrale (symbole du ciel), « inspectant par le regard la terre et en méditant la bonne organisation et le gouvernement » (Photius), s'ordonnent les différentes figures de la hiérarchie céleste: anges, prophètes, apôtres, Pères de l'Egliseet autres saints, la Vierge (rappel de l'Incarnation) occupant la voûte de l'abside. Cette hiérarchie de figures isolées pouvait être complétée par des scènes de la vie du Christ correspondant aux grandes fêtes liturgiques (cycle du Dodécaorton ). (...)
Parmi les oeuvres de styles variés et de qualité inégale, se détachent, vers le milieu du Xe siècle, les remarquables peintures de la nouvelleéglisede Tokal?, à Göreme, exemple unique, dans la décoration monumentale, du classicisme de la renaissance macédonienne. (...)
Style « dynamique » et approche monumentale nouvelle coexistent dans le décor de haute qualité récemment découvert à Thessalonique, dans l'égliseHosios-David. L'époque de la domination latine (1204-1261) : Tout en conservant son prestige de métropole artistique, Constantinople perd, au XIIIe siècle, son rôle de chef de file. (...)
L'évolution, sensible dès la fin du XIIe siècle, vers un style plus monumental, aux grandes figures nobles et calmes, se confirme au début du XIIIe dans l'églisede la Vierge de Studenica (1208-1209). Dans le second quart du siècle, se manifeste un intérêt plus marqué pour la plasticité des formes et le rendu du volume par un modelé pictural (Mileševa). (...)
Ces valeurs s'accentuent au VIe siècle, au moment où apparaît un répertoire ornemental d'aspect orientalisant, bien mis en évidence par la découverte de l'églisede Saint-Polyeucte construite en 524-527 par Julia Anicia, parent de Justinien. En dépit de la prépondérance des carrières de Proconnèse et de Constantinople, dont la production était exportée à une grande échelle (cargaison naufragée de tous les éléments préfabriqués d'uneéglisetrouvée au large de Marzamemi, en Sicile), d'autres carrières de marbre blanc (Attique, Phrygie) ou de couleur (Thessalie, Carystos, Carie) produisaient en abondance des sculptures comparables. Dans d'autres régions où prédominait le calcaire (Egypte, Syrie du Nord, Lycie) s'épanouissait une sculpture différente possédant un caractère local très affirmé. (...)
1028, à Hosios Loukas, à la Nea Moni de Chios, aux musées de Bursa et de Manisa en Turquie), peuvent être encore corinthiens (cf. les curieux exemplaires de l'églisede la Vierge [Panayia, seconde moitié du Xe s.], à Hosios Loukas ) ou ioniques à imposte (voir les remplois byzantins à Saint-Marc de Venise). (...)
Un des plus anciens exemples est celui de Skripou (Béotie), daté de 873-874, où des rinceaux grêles cernent des animaux maladroitement rendus. Du bel ensemble sculpté de l'églisedu monastère de Constantin Lips, l'églisenord de l'ensemble de Fenari Isa Camii , subsistent, outre les plaques d'iconostase, les corniches, les meneaux; tous ces éléments sont décorés d'ornements « orientaux » et d'animaux (paons, aigles) qui évoquent la sculpture de Saint-Polyeucte. Leur traitement est très stylisé et leur rendu, d'une grande virtuosité, rappelle celui des arts du métal. Toujours dans cetteéglise, on a recours à l'incrustation pour certaines icônes (sainte Eudoxie) d'emplacement mal connu. (...)
D'Antioche provient peut-être le curieux artophorion (coffret pour pain eucharistique) d'Aix-la-Chapelle, en forme d'égliseà coupole, en argent partiellement doré et niellé (début du XIe s.). Dans le trésor de Saint-Marc de Venise se trouve également un « coffret » en forme d'église(brûle-parfums ou lampe, au décor profane, qui fut transformé plus tard en reliquaire du Saint Sang (Italie méridionale ou Venise, fin XIIe s.). (...)
Ils furent, en effet, utilisés avec prédilection pour les objets de parure (bracelets, boucles d'oreilles, insignes du pouvoir), les objets de culte (icônes, croix, reliquaires, reliures, sertissures de calices ou de patènes, ornements des vêtements liturgiques), le mobilier d'église(autels, iconostases) et le décor des palais. Ils constituaient aussi des présents particulièrement appréciés des princes barbares. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...