Constantinople
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Contient : patriarche (21)(...) La violence de ces querelles vient de ce qu'elles mettaient en jeu l'unité de l'Empire; dans l'Occident déjà politiquement morcelé, mais spirituellement uni autour d'un uniquepatriarche, le pape, elles n'auraient pu être de si grande conséquence. A Byzance, la sujétion dupatriarche, et par conséquent de l'Eglise, à l'empereur n'a jamais été contestée. Les souverains en ont trop souvent déduit qu'il en était de même de la doctrine et qu'il leur était permis d'adapter celle-ci à leurs buts politiques. (...)
La crise iconoclaste représente la dernière de ces tentatives, et la seule qui ait eu un résultat positif: elle a fixé pour l'avenir les rapports de l'Eglise et de l'Etat en des bornes que ni l'une ni l'autre ne franchiront plus. Désormais lepatriarchesera, à de rares exceptions près, le fidèle agent de la politique impériale; en retour, les empereurs serviront, d'une part, l'ambition des patriarches contre l'autorité romaine, d'autre part, la vaste expansion du christianisme oriental à travers les pays slaves. (...)
C'est lui aussi qui proscrivit le culte des images ; cette mesure le brouilla avec la papauté, à qui il enleva, par mesure de représailles, sa juridiction sur l'Illyricum et l'Italie du Sud pour la donner aupatriarchede Constantinople. Celui-ci, qui avait déjà trouvé profit à l'abaissement des patriarches d'Antioche et d'Alexandrie devenus sujets des musulmans, se voyait ainsi nanti en Orient d'une autorité spirituelle comparable à celle du pape en Occident. (...)
Ce fut l'oeuvre de Théodora, veuve de Théophile et régente au nom de son fils, le petit Michel III, et dupatriarcheMéthode (843). Le rétablissement solennel du culte des images marque le début d'une véritable renaissance pour l'Etat byzantin comme pour la culture héllénique. (...)
Deux grands hommes d'Etat, le logothète Théoctistos et le frère de Théodora, le césar Bardas, qui se succédèrent sous le règne de Michel III, restaurèrent l'enseignement, reconstituèrent les réserves d'or, prirent l'offensive contre les Arabes et aussi contre les hérétiques pauliciens qui, persécutés par Théodora, avaient constitué sur le haut Euphrate un Etat indépendant, allié aux Arabes. L'affaire Photius : Plus marquante encore est la figure dupatriarchePhotius, ancien professeur d'un immense savoir, qui donna à la culture byzantine une impulsion décisive. Photius devait son siège à Bardas qui, pour l'y installer, s'était débarrassé assez lestement dupatriarcheIgnace, représentant du parti des zélotes, c'est-à-dire des intransigeants (des moines surtout, particulièrement éprouvés par les persécutions iconoclastes), déçus de voir que la réconciliation de 843 s'était accomplie sans vengeance ni représailles à l'égard des vaincus. (...)
C'est sous le règne de cet empereur que se place l'avènement du plus grand souverain bulgare, Syméon, et ses premières entreprises contre Byzance, au grand profit des Arabes qui achevèrent la conquête de la Sicile, écumèrent l'Egée, mirent à sac Thessalonique (904). Après le règne aussi court qu'insignifiant d'Alexandre, la régence fut d'abord exercée par lepatriarcheNicolas Mystikos au nom du jeune Constantin VII (qui n'avait alors que sept ans et ne commencera véritablement à exercer le pouvoir que trente-trois ans plus tard). (...)
Les armes byzantines étaient toujours puissantes: l'Empire s'était encore agrandi, depuis la mort de Basile II, par l'annexion d'Edesse, du royaume arménien d'Ani, de la Sicile occidentale. Et le prestige de l'Eglise byzantine était monté si haut que lepatriarcheMichel Cérulaire cessa en 1054 de reconnaître l'autorité du siège romain. Mais ce prestige même desservait l'Etat, car, pour le régime chancelant qui s'appuyait sur elle, l'Eglise se montrait la plus insatiable des parties prenantes. (...)
Quand la maison de Macédoine se fut éteinte en 1056, la crise financière ne fit que s'aggraver, d'abord sous Michel VI, puis - après une brève réaction qui mit à la tête de l'Empire un des chefs de l'armée d'Asie, Isaac Comnène - sous Constantin X, le protégé de Michel Psellos. Quand enfin la noblesse militaire exaspérée par les avanies et les refus de crédits, imposa aupatriarcheJean Xiphilin l'un des siens, Romain Diogène, il était trop tard. Les Seldjoukides avaient envahi l'Arménie, la Cappadoce jusqu'à Césarée, et Romain ne put leur opposer qu'une armée de mercenaires petchenègues et occidentaux qui fut écrasée à Mantzikert, en Arménie (1071). (...)
Venise : Dans le partage de ce que les croisés avaient pu conquérir, Venise se taillait la part du lion: avec les principaux ports et la plupart des îles, un très vaste quartier de Constantinople, une franchise commerciale absolue dans tout l'Empire et le monopole de l'élection dupatriarche, les Vénitiens devenaient les véritables maîtres de la conquête franque et en recueillaient les meilleurs bénéfices. (...)
Innocent III commit en 1208 une autre erreur très grave: quand le clergé de la capitale, se résignant à faire montre de loyalisme envers Henri de Hainaut, successeur de Baudouin, écrivit au pape pour reconnaître sa primauté et demander l'autorisation d'élire unpatriarchede rite grec à côté dupatriarchelatin, comme à Antioche et à Jérusalem; il ne reçut même pas de réponse. Alors il se tourna vers Nicée, où ses délégués participèrent à l'élection d'unpatriarchequi couronna empereur Théodore Lascaris. L'Empire avait de nouveau un chef consacré et reconnu, et ce chef se trouva être fort redoutable pour les Latins. (...)
Gênes : La coalition fut battue à Pélagonia en Macédoine (1259), et deux ans plus tard une petite troupe de Grecs occupa par surprise Constantinople que, à leur grand étonnement, ils trouvèrent presque sans défenseurs. Le 15 août 1261, Michel VIII était couronné dans Sainte-Sophie par lepatriarche. Mais entre-temps, croyant à tort que la ville était difficile à emporter, il avait concédé aux Génois, en échange du concours de leur flotte qui lui semblait indispensable, les mêmes privilèges commerciaux que Venise avait jadis possédés dans l'Empire. (...)
Dans l'écroulement général de l'Empire, il n'a subsisté que trois choses: le despotat de Morée, l'Université et le patriarcat, dont le prestige et l'autorité dépassent de loin ceux de l'empereur. Même lorsque Jean VIII aura déterminé sonpatriarche, Joseph II, et une partie des évêques à s'abaisser devant Rome et à souscrire à l'union au concile de Florence (1439), le peuple et l'immense majorité du clergé s'y opposeront avec une telle violence que l'empereur n'osera pas faire proclamer le décret d'union à Constantinople. (...)
Elle le doit surtout à deux personnages exceptionnels et aux cercles de lettrés réunis autour d'eux. Le premier est lepatriarchePhotius (820 env.-891) qui, bien plus qu'un homme d'Eglise, fut un érudit à la curiosité universelle. (...)
Il n'en existe pas moins, dans l'Eglise d'alors, un courant très favorable à la culture profane, surtout chez les hauts prélats: tels lepatriarcheJean Xiphilin (1010 env.-1075 env.) qui appliqua la philosophie à l'étude du droit et dont les travaux ont eu une grande influence sur l'école de Bologne, les archevêques Théophylacte d'Achrida (mort vers 1108), Eustathe de Thessalonique (mort vers 1198), bien connu pour ses commentaires des auteurs classiques, ou Michel Acominate (1140-1220). (...)
Ses attaques contre Aristote déterminèrent une abondante controverse, à laquelle prirent part notamment le futurpatriarcheGeorges Scholarios (mort en 1468), un des meilleurs spécialistes byzantins d'Aristote, qui connut même fort bien la scolastique latine, et le futur cardinal Jean Bessarion (1390 env. (...)
510) est l'un des manuscrits les plus intéressants de cette époque. Destiné à l'empereur Basile Ier et probablement conçu par lepatriarchePhotius, il comporte une illustration abondante et de qualité, qui témoigne d'une grande érudition théologique et du souci d'exalter le dédicataire impérial du manuscrit (880-883). (...)
L'une des pièces les plus exceptionnelles, par la qualité de l'exécution (broderies en fils d'or et d'argent sur fond de soie bleue) comme par l'ampleur du programme iconographique, est la prétendue dalmatique de Charlemagne au Vatican (en fait un sakkos destiné aupatriarche). Les épitaphios , voiles liturgiques symbolisant le linceul du Christ, forment aussi un groupe important de broderies religieuses de l'époque des Paléologues (épitaphios provenant de Thessalonique, au Musée byzantin d'Athènes). (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...