Constantinople
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Contient : romain (24)(...) On peut même dire que Constantinople, comme l'ancienne Rome, mais d'une autre manière, a créé l'empire dont elle devait devenir la capitale: en déplaçant vers l'est le centre de gravité du vieux monderomain, Constantin assurait à l'Orient grec une cohésion qu'il n'avait jamais connue, mais en même temps rendait inévitable à plus ou moins long terme l'abandon de la pars occidentalis . (...)
Si l'empereur avait simplement voulu créer en Orient une base stratégique inexpugnable, il n'aurait pas conçu pour elle un plan aussi colossal, il n'aurait pas cherché à y attirer en masse de nouveaux habitants - en particulier des membres du Sénatromain- en étendant à son sol les privilèges de l'ancienne Rome, tels que le ius italicum et l'annone, cette dernière attribuée à tout possesseur d'un immeuble nouvellement bâti. (...)
Non pour la date de sa fin: l'Empire est mort avec son dernier souverain, Constantin XI, au matin de la chute de Constantinople, le 29 mai 1453, sur la brèche de la porte Saint-Romain. C'est sa date de naissance qui est controversée, quoique les Byzantins n'aient jamais eu là-dessus d'hésitation: pour eux, leur Empire date du règne d'Auguste. (...)
Mais il est légitime d'en faire remonter l'histoire à l'époque où la séparation définitive des deux parties de l'Empire constantinien, après la mort de Théodose Ier (395), va mettre les souverains de Byzance aux prises avec des problèmes propres à la pars orientalis , problèmes qui les amèneront, comme malgré eux, à transformer l'Etatromainen Etat byzantin. Appliqué à la littérature, le terme « byzantin » désigne les oeuvres d'expression grecque de l'époque byzantine. (...)
En temps normal, le non-conformisme ne s'accordait guère avec le tempérament byzantin - non qu'il fût moutonnier (Constantinople est par excellence la ville des émeutes), mais parce que, dans son nationalisme ombrageux, surtout à partir d'Héraclius, il se dénie toute liberté à l'égard de la mission assignée par Dieu à l'Etatromain. L'art byzantin est une filiation et une rupture. Byzance avait succédé à l'Empire de Dioclétien mais son art fut essentiellement celui de Constantinople, ville brusquement surgie en 330, par la seule volonté de Constantin le Grand, qui lui donna son nom en même temps que le tracé de ses rues, de ses péristyles, de ses églises, de ses places. (...)
Cette période ambiguë, où l'élément grec ne finira par s'imposer que sous la pression des événements, et non pas selon un plan concerté, mérite donc bien le nom d'Empireromaind'Orient qui lui est parfois donné. Les Barbares : On peut y distinguer trois phases. Durant la première, qui correspond aux règnes des faibles successeurs de Théodose Ier et des empereurs imposés par les milices barbares (395-491), l'Orient ne peut guère mieux faire que de survivre aux grands bouleversements qui emporteront la pars occidentalis . (...)
Les troubles qui suivirent ce pronunciamento , et auxquels Phocas ne sut répondre que par un régime de terreur, favorisèrent l'invasion des Perses par la Cappadoce, des Slaves et des Avars par le Danube. En 610, à la fin de sa troisième et dernière phase, l'Empireromaind'Orient, encore solide intérieurement, semblait devoir être bientôt écrasé sous la double pression de l'Asie et de l'Europe barbare. (...)
De fait, les usurpateurs ne manquèrent pas; mais, quelque désir qu'ils en aient eu, aucun ne put fonder de dynastie en détrônant l'empereur légitime, car le peuple de Byzance ne l'aurait pas admis. C'est ainsi, par exemple, que pendant vingt-quatre ansRomainLécapène put reléguer le porphyrogénète Constantin VII au rang de coempereur sans pouvoir; mais, après sa chute, lorsque le faux bruit courut que les fils de Lécapène avaient exilé Constantin, une terrible émeute éclata pour défendre cet empereur falot que personne ne connaissait, et ce furent les fils de Lécapène qui partirent pour l'exil. (...)
On peut diviser l'époque macédonienne en trois grandes phases. Dans la première (867-944) que clôt le règne décisif deRomainLécapène, on voit s'édifier l'oeuvre législative de Léon VI et le vaste monument littéraire et scientifique de Constantin VII; en Orient et en Occident, l'Empire fait front devant les Arabes, avec des succès divers, mais il n'échappe qu'à grand-peine au péril que lui fait courir le tsar de Bulgarie, Syméon. (...)
Toute l'habileté diplomatique de Nicolas, qui alla jusqu'à concéder à Syméon le titre d'empereur des Bulgares et à le couronner, ne put empêcher le conquérant bulgare d'étendre sa domination sur tous les Balkans. La situation changea lorsqueRomainLécapène, drongaire de la flotte, se fut imposé comme coempereur en 920.Romain, arménien comme Basile Ier, se révéla aussi bon stratège que bon diplomate. Pour détourner de Constantinople le tsar dont l'ambition suprême était d'être couronné empereur des Romains, il sut détacher les Croates, puis les Serbes de l'alliance bulgare, ce qui eut pour résultat de faire entrer ces peuples dans la sphère d'influence byzantine et d'engager Syméon dans des guerres désastreuses. (...)
Après sa mort subite en 927, son successeur Pierre signa un traité d'amitié avec Byzance et les Balkans retrouvèrent le calme.RomainLécapène avait confié au meilleur général grec, Jean Courcouas, la direction des opérations en Arménie et en Mésopotamie; elles aboutirent à la reprise de Mélitène et à la capture de la fameuse image miraculeuse du Christ conservée à Edesse. (...)
Quant aux relations avec les Russes, elles devinrent satisfaisantes, lorsque l'assaut manqué de 941 contre Constantinople leur eut démontré qu'il était plus avantageux de commercer avec l'Empire que d'essayer de piller sa capitale.RomainLécapène fut renversé par ses propres fils, ambitieux et impatients; mais ceux-ci ne trouvèrent aucun partisan, et durent céder la place à Constantin VII, qui allait enfin exercer le pouvoir. (...)
L'époque de la grande expansion de Byzance commence, assez curieusement, par le règne d'un incapable,RomainII, marié à une belle intrigante, Théophano. Quand son mari mourut, après quatre ans de règne, Théophano, pour ne pas être écartée du pouvoir, épousa le meilleur général de son temps, le vieux Nicéphore Phocas, qui venait d'être proclamé empereur par ses propres troupes. (...)
Les Macédoniens, depuis Basile Ier, ayant réservé à l'aristocratie les commandements militaires, il était fatal que l'on vît arriver au pouvoir les chefs de ces armées si souvent victorieuses; or ces chefs étaient en même temps les représentants de la classe des grands propriétaires provinciaux, dont ils soutinrent évidemment les intérêts. Aussi la législation agraire de Nicéphore Phocas marque-t-elle une réaction par rapport à celle deRomainLécapène et de Constantin VII. Il y avait là une menace pour l'avenir. Après la mort de Jean Tzimiskès, le pouvoir effectif revint, non sans difficulté du reste, aux descendants directs de Basile Ier, qui ne l'avaient, en somme, exercé qu'à de rares intervalles et sans éclat depuis la mort de Léon VI. (...)
Sur son lit de mort, il maria l'une de ses trois filles, Zoé, qui avait la cinquantaine, à l'éparque (préfet) de Constantinople,RomainArgyre. Avec le premier des « époux de Zoé » commencent à la fois la décadence de l'Empire et le règne de la noblesse civile et constantinopolitaine, dont la rivalité avec la noblesse militaire et rurale de la province explique l'instabilité du pouvoir pendant le demi-siècle qui va suivre. (...)
Les prodigalités de souverains au pouvoir mal assuré, contraints de satisfaire la cupidité de leurs partisans, coïncident malheureusement avec une baisse progressive des revenus de l'Etat. Les mesures financières prises par Basile II ont été rapportées par Constantin VIII et parRomainIII; et la grande propriété laïque et ecclésiastique échappe beaucoup plus facilement à l'impôt que la petite: l'une ne cesse d'absorber l'autre. (...)
Et le prestige de l'Eglise byzantine était monté si haut que le patriarche Michel Cérulaire cessa en 1054 de reconnaître l'autorité du siègeromain. Mais ce prestige même desservait l'Etat, car, pour le régime chancelant qui s'appuyait sur elle, l'Eglise se montrait la plus insatiable des parties prenantes. (...)
Quand enfin la noblesse militaire exaspérée par les avanies et les refus de crédits, imposa au patriarche Jean Xiphilin l'un des siens,RomainDiogène, il était trop tard. Les Seldjoukides avaient envahi l'Arménie, la Cappadoce jusqu'à Césarée, etRomainne put leur opposer qu'une armée de mercenaires petchenègues et occidentaux qui fut écrasée à Mantzikert, en Arménie (1071). Les Turcs imposèrent à l'empereur prisonnier un traité fort modéré; mais, pendant sa captivité, une révolution de palais avait donné le pouvoir à l'incapable Michel VII, fils de l'empereur défunt Constantin X. A son retour,Romainfut pris par traîtrise et aveuglé. N'étant plus liés par le traité, les Turcs reprirent l'offensive. (...)
Là, comme ailleurs, plusieurs niveaux de production artistique coexistèrent, en fonction du milieu social des commanditaires. C'est au IVe siècle, avec la Paix de l'Eglise et le transfert de la capitale de l'Empireromainsur les rives du Bosphore, que commence l'histoire de l'art byzantin, art qui doit certaines de ses caractéristiques les plus essentielles aux structures politiques et religieuses de cet empire autocratique et chrétien. (...)
Tout au long de l'histoire de Byzance, art impérial et art religieux resteront étroitement liés, conséquence de la conception théologique du pouvoir: l'empereur tient son autorité de Dieu, qu'il représente sur terre, et la majesté terrestre n'est que le reflet de la majesté céleste. Ainsi l'art chrétien, qui n'était au IIIe siècle qu'une branche modeste de l'art du Bas-Empireromain, acquiert-il, au IVe siècle, un caractère public, officiel: il bénéficie alors de l'appui et de la richesse des empereurs et des classes dominantes de la société. (...)
La technique se perfectionne dans le courant du Xe siècle: les cloisons dessinent des réseaux plus complexes et plus souples, la palette s'enrichit considérablement et les couleurs deviennent plus opaques et plus intenses (staurothèque du trésor de la cathédrale de Limbourg-sur-Lahn, icône en relief de l'archange Michel à Saint-Marc de Venise, calices de l'empereurRomainet de Théophylacte, dans le même trésor, etc.). Un grand nombre d'émaux byzantins ont été à cette époque exportés en Géorgie et rapidement imités par les ateliers locaux, si bien que la distinction entre production byzantine et production géorgienne reste souvent difficile à établir. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...