Souvenirs d'un rêve passé (1)
sur L' Omnirêve
Le temps était plutôt frisquet pour cette fin du mois de la Couronne. Déjà, dans les nids des hirondelles, on commençait à entendre le piaillement plaintif des oisillons affamés, eux dont le plumage apparaissait à peine. C'est avec le soleil que s'était levé le vieux Tob ce matin-là car, comme chaque jour, ses vaches demandaient à aller paître dans les champs dès la première lueur de l'aurore. Tob aurait bien aimé les laisser à l'extérieur la nuit mais, avec les groins qui avaient été récemment aperçus ...Contient : tob (15)(...) Déjà, dans les nids des hirondelles, on commençait à entendre le piaillement plaintif des oisillons affamés, eux dont le plumage apparaissait à peine. C'est avec le soleil que s'était levé le vieuxTobce matin-là car, comme chaque jour, ses vaches demandaient à aller paître dans les champs dès la première lueur de l'aurore.Tobaurait bien aimé les laisser à l'extérieur la nuit mais, avec les groins qui avaient été récemment aperçus par des voyageurs de la Grand'Route, il préférait les garder à l'abri, connaissant trop bien les habitudes de ces créatures à l'allure porcine de faire un carnage de tout ce qui bouge. Cependant, en se dirigeant vers l'étable,Tobavait remarqué quelque chose d'anormal dans son champ d'orge. Une grande lumière jaune était apparue, avait changé de forme à plusieurs reprises, puis s'était soudain volatilisée, d'une façon aussi inattendue que son apparition pouvait l'être, le tout accompagné d'un grand bruit, comme si quelque chose venait de chuter de plusieurs mètres à l'endroit même où s'était produit cet étrange phénomène lumineux, bien queTobn'ait rien vu tomber. Intrigué par tant de mystère, le vieuxTobsaisit sa fourche à deux mains et se dirigea à pas feutrés en direction du fracas qu'il venait d'entendre. C'est finalement après plusieurs minutes d'une très lente marche que le fermier parvint à destination. (...)
Ses longs cheveux blonds en broussaille camouflaient une importante bosse sur le crâne, comme s'il avait chuté très longtemps avant d'atterrir sur le front. Ne sachant trop que faire,Tobfinit par saisir l'étrange visiteur par les deux pieds, tout en criant à sa femme: 'Elma! Viens icitte, rapport que j'viens de trouver quequ'un dans mon champ d'orge! (...)
-Moé, chus Tobbie Pleindastus, dit le vieil homme impatient de faire la conversation avec ce curieux inconnu. Tout le monde m'appelleTobdans l'coin. Elle, c'est ma femme, Elma. Ca doit faire une bonne quarantaine d'hivers qu'on est marié, ouaip! (...)
-Ca, oui. Kérézan, ça lui colle à la peau!' acquiesça Elma. Le jeune homme, tentant d'assimiler tout ce queToblui avait raconté en si peu de temps, accepta l'appellation qu'on venait de lui donner en hochant la tête. (...)
bien que j'avoue ne pas très bien savoir où j'en suis! -Si tu veux aller en ville, c'est pas compliqué, réponditTob. T'as qu'à suivre la Grand'Route en direction du soleil couchant. Si tu pars tout de suite, t'arriveras à la maison des voyageurs en début de soirée. (...)
' Kérézan sortit alors de la chambre, saisit par la main une longue baguette de pain, un petit pot de confiture et un couteau que lui avait offerts Elma et prit immédiatement la route, comme un coup de vent, saluant les seules personnes qui soient dans sa mémoire.Tob, caressant tranquillement un gros chat roux qu'il tenait dans les bras, lui murmura dans l'oreille: 'Tu vois, encore quequ'un de bizarre. (...)
-Ne vous inquiétez pas, le récit de mon existence est assez court pour le moment...' Et Kérézan raconta en entier tout ce dont il se souvenait depuis son arrivée chez le vieuxTob, son passage à Cramonet et ses terribles cauchemars, sans oublier les quelques événements qu'il se rappelait avoir vécus avant de traverser cette lueur jaunâtre. (...)
-Mais justement, interrompit Kérézan, veuillez pardonner mon ignorance, mais qu'est donc cette histoire de Dragons qui rêvent à nous et qui, de cette façon, créent le monde? Elma, la femme du vieuxTob, m'avait fait cette remarque: Que votre Dragon veille bien sur vous! A Cramonet, cependant, Kalibor m'avait parlé de vous en disant que vous étiez de ceux qui croient que les Dragons nous rêvent et qu'ils dirigent le monde grâce à leur simple activité onirique, même que Kalibor semblait être très amusé par cette croyance. (...)
Cependant, et c'est là que ça se complique, tous les dragons ne rêvent pas des personnages à l'intérieur du même rêve. Ainsi, si plusieurs dragons, le mien, le vôtre, celui de Kalibor, deTob, d'Elma et des autres, rêvent des gens de la région, certains autres dragons rêvent des personnages qui appartiennent à un tout autre rêve, et il existe une multitude d'autres rêves. (...)
Les déchirures sont des sortes de lueurs instables de couleur mauve pour celles de départ et de couleur jaune pour celles d'arrivée. Si on peut se fier au vieuxTob, la lumière jaune qu'il a vu au-dessus de vous était le signe de la présence d'une déchirure d'arrivée et tout passage dans le sens inverse est impossible. (...)
La seule différence est que vous, vous n'êtes pas mort, mais vous avez perdu la mémoire et peu importe, le résultat est le même. Vous vous souvenez ainsi de qui vous étiez avant d'arriver dans le champ du vieuxTobet, de cette façon, votre dragon vous rappelle un élément important du paysage du rêve où vous restiez auparavant, c'est la statue de dragon bleu sombre avec son dos courbé, ses larges ailes déployées et son oeil droit manquant. (...)