A travers le philtre
Partout dans les Ombres il y a deux constantes. Le temps et l'amour, encore que je ne sois pas aussi catégorique pour le temps, mais laissons ces questions pour le moins rhétoriques et obscures pour parler de ce que je connais. Parler d'amour revient pour moi à assez prosaïquement, parler des femmes. N'étant point réputé pour mon originalité, je ne vois pas vers qui d'autre que la femme se jetterait mon dévolu. Parler des femmes... Pour hélas avoir passé plus de temps en leur compagnie qu'avec ces ...Contient : avalon (3)(...) Mais ce furent ces histoires de guerres, tragédies, complots et bien sûr romances qui confrontées à mon esprit vierge d'enfant forgèrent le Ixaani que vous connaissez aujourd'hui. L'élément qui stimulait le plus mon imagination au moment béni mais fugace de mon adolescence enAvalonétait le pouvoir tant surnaturel qu'absolu des philtres d'amour. Si j'avais eu le début du commencement d'une recette, j'aurais tué Père et Mère pour obtenir un des ingrédients nécessaire à son élaboration...Et Téuta aurait été la première condamnée à porter le calice à ses lèvres. (...)
J'avais bien besoin de rêve, car Téuta fuyait ma réserve et ma gaucherie d'apprenti chevalier cloîtré. J'étais de plus le fils du Protecteur, sobriquet populaire donné par le peuple d'Avalonà mon Père. Cela augmentait mon prestige mais aussi mon inaccessibilité. D'ailleurs j'étais davantage apprenti libertin qu'apprenti chevalier... Alors je pensais, je rêvais, je lisais pour à la fois me remplir et me vider la cervelle des tortures mentales que m'imposaient mes désirs. (...)
Oui, ces lectures de romans d'Ombres à coloration médiévale bercèrent mon enfance et mon adolescence. Ils ne juraient en rien avec l'ambiance verdoyante et martiale d'Avalon, la contrée dirigée par le Protecteur, celui que j'ai coutume d'appeler mon père, Benedict d'Ambre. (...)