Ulhail le magnifique
Au travers des fougères au côté des chênes centenaires, cheminant à pas de loup l'oeil aux aguets, Ambix, chef du village des Trois Chants paraissait poursuivre quelques proies tapies sous les frondaisons. Nul ne semblait remarquer la présence de l'intrus ; les éperviers poursuivaient avec entrain leurs chants matinaux sous la douce caresse d'un vent espiègle et taquin. L'homme, un colosse de près de deux mètres de haut, était vêtu de braies de lin malodorantes, d'une épaisse tunique de laine défraîchie ...Contient : silence (4)(...) En plus il n'a pas assez rembourré ses chausses ! » « Mais pas du tout Ambix, je ... » tenta de répondre Ulhail. «Silence! » ordonna le chef. « Mais... » « Ecoutez ! Il n'y a plus aucun bruit, rien de rien... Ce n'est pas normal ! (...)
Il ressentait comme une sorte de crainte ancestrale longtemps refoulée au fond de son subconscient. L'atmosphère était devenue bien sinistre pareille à un tumulus mortuaire. Cesilencede mauvais augure ne faisait que renforcer son inquiétude. Du regard, Ambix tenta découvrir la sombre menace dissimulée au sein de la pénombre alentour. (...)
Ses racines semblables à de noirs crochets jaillissaient du sol, prêtes à accrocher tout opportun passant à portée tandis que ses branches basses et dénudées, telles des bras décharnés, paraissaient accuser les chasseurs d'être leurs persécuteurs. Dans unsilencemorbide le tourbillon de noirceur stoppa sa danse folle. Une silhouette faite de ténèbres plus sombres encore qu'une nuit sans étoile était présente devant les trois témoins. (...)
Lentement, sans un bruit, glissant au-dessus du sol, l'être de ténèbres s'approcha des trois mortels paralysés. Auréolé desilence, il plongea son regard de braise dans celui d'Ulhail. Ce dernier se mit à gémir doucement, des larmes de souffrance coulèrent rapidement le long de son visage. (...)