Celui qui défiait la légion du Crépuscule
« La route vers le succès est souvent celle qui se dissimule le mieux à nos sens. » -Gil Galad Pointe d'Argent. Je voyageais déjà depuis deux jours en compagnie d'Ombre Blanche et au fur et à mesure de notre avancée, les Monts Throal ne cessaient de gagner en immensité sur la ligne de l'horizon. Les évènements récents qui avaient vu la libération des caravaniers du kaer Keroll avaient profondément bouleversé notre existence. En ce qui me concerne, une subtile odeur de cannelle m'entourait désormais ...Contient : armes (12)(...) Notre retour à Grand-Foire s'effectua au mieux et tandis que je me séparais d'Ombre Blanche, je décidai comme à mon habitude de louer les services de logement de la Guilde des maîtres d'armesde la capitale, désireux de pouvoir y rencontrer le fantôme de mes nuits et la déraison de mes jours : ma tendre et douce Lady Dérobade. (...)
Une journée d'intense réflexion me suffit à mettre au point un poème que je jugeais digne d'exprimer mon fol engouement. « Deux sont de remarquables maîtres d'armesElle l'a frappé en plein coeur de son charme Il riposte avec finesse sur ses assaillants On le nomme: Gil Galad, Pointe d'Argent Elle se dérobe pour porter son estocade Son nom est Déborah, Lady Dérobade Leur histoire est une sombre tragédie Le devoir les sépare, le coeur les lie Je l'ai vu ce jeune maître d'armesamoureux Empreint qu'il était d'un désir fougueux Je l'ai observé cette Lady, cette Beauté Resplendissant de grâce et de volupté Ces deux-là ressemblaient à des âmes soeurs Dont les coeurs étaient en quête de bonheur L'Astral me souffle que leurs karmas sont liés Leurs filaments s'entrecroisent pour l'éternité Je chante aujourd'hui tout haut, ce poème Car il n'ose, à coeur ouvert, lui dire je t'aime...» Mais tout ceci n'aurait été qu'un vaste échec, un mémorable coup d'épée dans l'eau si la touche de génie et d'extravagance du maître d'armesn'avait pas embrasé cette intention. Ainsi mon oeuvre à la main, je pris le chemin de la Guilde des troubadours de Grand-Foire afin de louer les services d'une vingtaine d'entre eux pour qu'ils chantent mes écrits à travers toute la capitale pendant une durée d'un mois. Peut-être un jour Lady Dérobade entendrait-elle mes vers ? (...)
Désormais, je me sentais mieux et j'avais l'impression de vivre à nouveau. Durant les jours qui suivirent, je m'autorisai à satisfaire un de mes caprices de maître d'armesauquel je m'étais longtemps refusé: soigner ma tenue vestimentaire. Je me rendis donc à l'échoppe du renommé tailleur nain Charboyya. (...)
Je passais ces trois journées à m'entraîner en compagnie d'autres adeptes à la Guilde des maîtres d'armes. Une fois ce délai passé, je repris la route de l'échoppe du tailleur nain le plus réputé de Grand-Foire. (...)
La chasse de l'espagra se révéla bien infructueuse et ce dernier nous ramena à plusieurs reprises des carcasses de scorpions géants nauséabondes et des cadavres à l'état de décomposition. Je commençais à croire que la présence de Raven ressemblait à ces tournois de maîtres d'armesoù l'on imposait aux duellistes les plus expérimentés des handicaps pour les pousser à se dépasser... Tant bien que mal, c'est grâce à l'eau que nous avions à profusion et aux maigres restes des rations de voyage que nous arrivâmes aux abords du village d'Hanto, avec une faim démente qui tiraillait nos estomacs. (...)
L'attitude de Kwam ne me plaisait guère, la fierté est par définition présente chez tous les maîtres d'armes, mais chez lui, elle avait atteint un paroxysme qu'il m'était difficilement supportable. L'orque pris une position de supériorité et entama sa petite déclaration, avec un sourire non dissimulé. (...)
Après que l'adepte orque eut consulté sa supérieure, il me proposa l'arrangement suivant. Il promit, sur sa parole de maître d'armes, de remettre en main propre et le soir même les lettres aux personnes concernées, et m'assura que nous pourrions en obtenir les réponses le lendemain. (...)
Le danger rôdant à Hanto devenait désespérément trop grand pour que nous puissions attendre le retour du shakta, ainsi nous décidâmes d'un plan afin de nous frayer un chemin dans la zone de quarantaine. Notre stratagème consistait à ce que je provoque en duel le maître d'armesKwam, le Duelliste afin de pouvoir négocier notre entrée en cas de victoire. Les conséquences prises à mon encontre en cas de défaite risquaient d'être sévères, mais le jeu en valait la chandelle et par ailleurs, aucune autre solution ne s'offrait à nous... En conséquence, je me présentai à l'entrée du village et fis appeler Kwam. (...)
Lorsque celui-ci arriva aux portes d'Hanto, je le provoquai en duel pour avoir manqué à sa parole maître d'armes, en me fournissant ainsi qu'à mes camarades, des simulacres de réponses édulcorées aux lettres du tailleur nain Charboyya. (...)
Conscient que chaque coup de mon adversaire pouvait m'être fatal, je me trouvais malgré tout dans mon élément, galvanisé par mon flirt avec la mort... Etait-ce donc cela la danse du maître d'armesdont j'avais si souvent entendu parler ? Plus que jamais je me sentais vivre, si proche de la mort que je pouvais être. (...)