Ciel et Terre
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Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : ciel (49)Cielet Terre Le maître du vent. Je m'appelleCielNoir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues des chairs marquées par les éléments et le temps, couverts de haillons de cuir et de tissus misérables. (...)
- Le boeuf est aussi épuisé que toi, dit-elle. Je me redresse, reprend mon souffle et regarde vers lecielgris et laisse la fine pluie me rafraîchir. Quelque chose s'agite au fond de moi. - Non. Continue d'appeler le boeuf. (...)
C'est le chef de ce qui nous sert de garde, même si ce n'est pas le meilleur guerrier du village. C'est quand même le meilleur pour assurer cette fonction. -CielNoir, dit-il, tu comptes rester dans la boue encore longtemps ? Je tente de frotter la boue sur mon visage avec ma manche : peine perdue, il y a plus encore de boue sur ma manche que sur mon visage. (...)
Chaque homme lui sacrifie une bête, et une part de sa récolte. Homme, bête et fourrage partent alors vers le trône duciel. Parfois les appétits du Seigneur de la tour sont plus charnels et une jeune femme ou un jeune homme partent avec eux et ne reviennent pas. (...)
Les morts s'étaient offensés et avaient fait un exemple. - Un homme... Il ne sait pas encore ce que ça signifie ! - Il rêve de justice...CielNoir, comme tout le monde à son âge. Moi, Boeuf, Pigeon Fou et trois de ces plus vieux fils avions retrouvé le caravanier : Il a fini comme Chêne et sa famille, accroché à un arbre esseulé, ses biens furent partagés entre les anciens et leurs familles. (...)
Le matin est tendu, bleu et calme. La brume est épaisse, presque du brouillard. Au-delà, on devine uncielclair et bleu. La journée possède une beauté froide. Un des chevaux hennit. Les hommes parlent peu car il y a peu qui n'ait pas déjà été dit et parler, en ces instants, ajoute à la douleur sourde que nous pouvons ressentir. (...)
Je tente d'en profiter. La brume finit par disparaître, balayée par le vent, et le soleil tape durement à travers uncielclair et sans nuages. Des insectes nous tournent autours, et bourdonnent bruyamment. La plaine parait aussi immense que leciel. Boeuf picole tranquillement à sa gourde, Pigeon Fou est le seul qui rompt le silence, racontant des histoires au fils de Flocon Amer, à OEil Vert et Chien Enragé. (...)
En dehors de nous-mêmes, nous n'avons pas d'amis. Comme toujours, à cette période de l'année, la nuit tombe tardivement. Lorsque lecielvire au jaune, nous montons rapidement le camp autour du chariot. Boeuf allume un feu. Pigeon s'occupe des chevaux. (...)
- Parce que maintenant, ce sera plus difficile de la livrer au Maître des vents. Il reste silencieux un long moment, réfléchis, puis finalement, parle. - Tu as raison,CielNoir. - Hm ? - Il aurait mieux valut qu'il meure... - Brume veut te voir ! C'est arrivé. Rude automne parle avec Brume depuis ce matin. (...)
Je serre les dents et referme les poings dans la terre froide. Le garde se retourne vers la Princesse Bleue. A nouveau, la voix caverneuse : - Montrez nous ça. -Ciel! Je me lève, gardant le poing fermé. Furtivement, je croise le regard de la princesse et celui de Pigeon et une vieille sensation s'empare de mes tripes, et les attache comme un noeud coulant autour de mon esprit. (...)
Une colère froide me prend et me glace les veines. - Est-ce que ça change vraiment de l'habitude ? - La ferme,CielNoir ! C'est Boeuf. Je sens le regard d'un des gardes peser sur moi et je me tais et réprime l'envie de pleurer de rage et essaie de penser à Brin et Aube. (...)
Soudain, je réalise que je vais mourir. Ma blessure n'est pas grave, mais à long terme, je n'ai aucune chance. Je me redresse, regarde lecielbleu et infini, laisse le vent courir sur mon visage. Quelque chose s'agite en moi. L'un des gardes s'approche, puis un autre. (...)
Quelque chose hurle au loin et je me réveille au milieu des buissons. Les constellations brillent au-dessus de moi dans lecielnocturne. Je tente de me redresser, mon épaule me fait un mal de chien. Pas la peine d'essayer à nouveau, j'ai besoin de repos, alors je ferme les yeux et prie silencieusement pour qu'une bande de loups ne m'ait pas pisté. (...)
Quand j'y repense, je crois que Caillou était déjà parvenu à se faire détester de tout le village. J'ai regardé lecielgris et pluvieux de cette journée, et j'ai senti pour la première fois quelque chose en moi s'agiter. (...)
La douleur plante ses baisers sur mon front comme autant de fleurs dont l'éclosion serait sans fin. Lecielest gris clair, le vent fait bruisser les herbes de la plaine autour de moi. Lentement, la douleur s'étiole, se dissipe, et elle est tant liée à mon existence qu'un moment je crois mourir. (...)
Mes pieds trouvent malgré tout le sol, ou peut-être l'inverse et je repars. Je marche au milieu de flaque d'eau immense dans la plaine, rapidement, lecielse dégage, balayé par le vent, laisse place au soleil implacable, et avant midi ma gorge est à nouveau aussi sèche que la steppe. (...)
Je repense aux récits sur les sens aiguisés des Exaltés, capable de voir la lueur dans l'oeil d'un oiseau volant au loin dans leciel. Sans doute m'a-t-elle aperçu tout à l'heure finalement, mais rien n'est sûr. Maintenant je les entends si bien que je peux évaluer leurs nombres, cinq, peut-être six chevaux et autant de cavalier, lorsqu'ils s'arrêtent, j'entends le cliquetis de leurs armures de maille. (...)
La nuit règne sans partage sur la steppe maintenant, et les nuages avec elle. Pas d'étoiles dans lecielet c'est une bonne chose. Je reste éveillé mais ne bouge pas, la nuit, les bruits portent plus loin et les hommes de la Princesse Bleue restent sur leurs gardes. (...)
Il hoche la tête à nouveau et tend le doigt vers moi. Quand je parle, ma propre voix me semble étrangère. -CielNoir. - Sien noa ? Je hoche la tête. Je n'ai pas envie de me lancer dans un cours de langue. Il arbore un mince sourire lorsqu'il me tend une cuillère de sa lave en fusion et que je refuse. (...)
Beaucoup d'hommes aussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et après coup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. Je regarde l'horizon bleu baigné du soleil de l'après-midi. Lecielest bleu, la plaine semble presque dorée tant il a frappé dessus. Je revois le regard d'Aube Grise. (...)
Je cours, je cours sans prêter attention à la douleur persistante de ma hanche, je cours sans me retourner, je cours jusqu'à la nuit tombée, pour sauver Mahe, ses enfants, sa tribu, et moi, de la puissance ancienne et mauvaise que je suis devenu. Je m'appelleCielNoir. Je ne suis plus un homme. Je suis un Anathème, une puissance ancienne et infinie. Il n'empêche, mon avant-bras me fait un mal de chien. (...)
Je n'y vois rien, la pluie m'empêche de dormir, et l'humidité irrite mes blessures, je les couvre de mon mieux et j'attends le soleil. Finalement la pluie cesse, leciels'éclaire lentement et je reprends mon chemin, ce n'est que lorsque je sors du bois que je constate l'ampleur de ma bêtise. (...)
Réfléchis, pense à retourner sur mes pas lorsqu'un éclair jaillit du fond de la vallée souterraine, illuminant les lieux et filant droit vers leciel. L'éclair m'est étrangement familier. Je n'ai plus grand chose rien à perdre. Je descends vers la vallée. (...)
La plupart ont ricochés sur moi dans des gerbes d'étincelles dorées, et les autres ne m'ont laissé que quelques écorchures sans gravité. Ils soufflent eux aussi. Une voix aussi belle qu'uncielbleu d'hiver résonne dans l'endroit. -Allons les enfants, C'est terminé ! Le regard des monstres s'éteint presque, comme des ours somnolents sortant de leur hibernation. (...)
Ses yeux totalement blancs fument de froid, lâchent de longues colonnes de brume prismatique s'envolant vers leciel. Sa peau, son corps entier sont fait de glace et ses traits semblent avoir été sculptés comme par un divin artiste. (...)
Des cheveux d'argents, une robe de soie sertie de diamants telle qu'elle semble avoir été arrachée à la nuit. Une peau lisse comme lecielet blanche comme la première neige. Je reste sous le choc un instant. - C'est... - Aewyll, une de mes servantes. (...)
Elle le perçoit, s'approche de moi doucement, avec la grâce de toutes ces femmes que j'ai aimées, que j'ai pu désirer et qui m'ont échappées..., ses mains courent sur lecielde nuit qui lui sert de robe pour s'en dévêtir... J'aimerais dire non. Mais quelque chose bouge en moi, plus sauvage et indompté que le désir qui m'anime et qui me fait jeter un voile de pouvoir sur mon esprit, me fait lever la main entre elle et moi. (...)
De l'autre coté de l'azur, de l'autre coté du désespoir... Je me retourne vers le mur, je cherche un mur bleu comme lecielet le trouve. On dirait un morceau de voûte céleste décroché ducielde midi pour être installé ici. Il n'y était pas un instant avant. Peu importe, lorsque je m'en approche, j'y aperçois mon reflet. (...)
Le sifflement de son serpent s'enfle tout à coup, ses yeux se mettent à briller comme des lunes bleues, se redressant comme pour prendre son élan, il crache une lumière blanche teintée d'arc-en-cielqui inonde tout. Je suis aveuglé par la lumière et la brume mais je sens une masse glaciale me foncer droit dessus. (...)
J'entends seulement le son cristallin de l'acier qui glisse dans le fourreau d'or et d'argent. Chacun de ses mouvements possède la grâce des premières neiges tombant duciel, mais chacun de ceux de la Princesse Bleue ont la rapidité de la foudre. La lame de Lewellyn laisse des traînées flocons de neige dans son sillage, des arcs électriques jaillissent et parcourent les deux lames à chaque contact, puis finalement, la lame de jade atteint le Duc de la faille à la tempe, elle lui aurait tranché la tête dans la longueur s'il n'avait pas détourné la tête. (...)
J'atterris près d'elle, l'humidité rend le rocher glissant et mon équilibre précaire, mais peu importe : le pouvoir est encore assez puissant en moi pour permettre à mes doigts d'avoir assez de force pour y creuser des sillons dans la roche auquel me retenir, mais l'eau continue à monter, la glace fond sur les parois. Je lève la tête vers leciel. Il est là, à peine visible entre les deux parois titanesques qui forment la faille, mais il est bien là. (...)
Je la frictionne, la réchauffe, nous restons ainsi plusieurs heures, et malgré la froide humidité, elle se réveille, et ses dents qui claquent me font penser aux piverts creusant leurs nids dans les arbres au printemps. - Ca va, dit-elle, merci. Je peux me lever. Je la lâche, elle se lève et regarde lecielà son tour. - Vous pourrez grimper ? Une force douce émane de son sourire. - Je pense... et toi ? (...)
Je ferme les yeux et réfléchis, me rappelle un jeune garçon, qui croyait en la justice, et un autre, qui m'en parlait fréquemment. Je voudrais le rejoindre, mais avant... J'ouvre les yeux, lecielest bleu encombré de nuage d'or, rose et blanc. Je peux sentir les étranges perturbations de l'air qui accompagne la Princesse Bleue partout où elle va. (...)
Il a déjà tué un de mes frères pour la simple raison qu'il lui avait désobéit, et mon frère avait le pouvoir depuis plus longtemps que tu ne le possède, alors toi... - Je ne mourrais pas. - Je ne veux pas avoir à choisir mon camp,Cielnoir. - Tu n'auras pas à le faire. Dis-je. Je me retourne. Mon poing et le pouvoir jaillissent de concert. (...)
Le soleil frappe sur son élu comme un sourd et je suis en sueur, harcelé sans cesse par les mouches, à tel point que je doute un instant de ces faveurs. Lecielvire du bleu au jaune, puis au rouge sang. Quelqu'un dans l'OEil Céleste frappe sur une cloche en fer froid qui retentit sur toute la plaine, et les paysans rentrent chez eux tandis que les cieux s'assombrissent une bonne fois pour toute. L'air se rafraîchit quelque peu avec la tombée de la nuit. Dans leciel, la lune est un large croissant environné d'étoiles sans nuage pour les voiler. Je devine les sentinelles et les chiens, ce sera loin d'être une partie de plaisir. (...)
Lorsqu'il parle, il a une voix d'homme, une de ces voix qui vous prend à la gorge, calme et froide. « Pars,CielNoir, laisse la nation du vent. Pars et je t'oublierai, je t'épargnerai. Je sais tout de toi, tu ne peux rien contre moi. (...)
Le vent ne m'arrête pas, mais il me ralentit considérablement, et je comprends instinctivement que le Seigneur des Hauts Vents tente de m'épuiser avant de me cueillir comme une pâquerette. Je regarde vers leciel, et les béhémoths nuageux qui y dansent tels des géants ivres. Je m'arrête un instant devant le spectacle incroyable, et pendant une fraction de seconde, j'hésite à faire le pas suivant. (...)
Puis soudain, la main m'emporte et je suis projeté, ma roulade est sans fin, brusquement je perds définitivement contact avec le sol et je me retrouve dans les airs comme un fétu de paille, balancé dans tous les sens. Il n'y a plus de terre ni deciel, seul un nuage sans fin s'étendant partout autour de moi. Je perds le sens de l'orientation, je sens la nausée qui monte mais ne vomit pas, la peur qui noue mes tripes m'en empêche. (...)
Une intuition me fait lever la tête lorsque le nuage de poussière s'écarte d'un coup de ma personne, comme s'enfuyant aux quatre coins de la plaine du vent, révélant un désert de poussière brun et aride s'étalant à perte de vue. Soudain, les cieux bouchés par les nuages s'écartent à toute vitesse, révélant uncielbleu immaculé et une explosion de soleil éblouissante, puis l'air explose littéralement. Il n'y a aucune comparaison. (...)
Les bêtes, plus malignes, ont fichu le camp depuis longtemps, mais les grêlons tombent toujours, ont brisé les premiers et les ont fait fondre d'autant plus vite. Malgré tout, il ne fait pas si froid, et la masse de glace qui est tombée ducielest en train d'inonder la forêt. Je réfléchis un instant : mourir noyé n'est pas une option. J'ai dormi, le sommeil a accéléré la régénération de mon pouvoir. (...)
Des éclairs courent à la surface du bâtiment, se rassemblent dans le donjon central avant de s'élancer vers lecielsous la forme d'un long dragon antique de lumière pure. Je le suis du regard et le regrette aussitôt, le dragon disparaît dans les cieux, le monde entier devient étrangement noir et blanc et puis ce n'est plus qu'une grande explosion lumineuse suivie d'un grondement assourdissant. (...)
Je parcours les cinquante mètres de démence électrique au travers duquel le Trône d'Orage m'apparaît comme un fantastique monstre de jade bleu et de pierre grise dont les yeux de verre froid sont fixés sur moi, ces treize tours tendues vers leciel. Arrivé à moins de dix mètres, je bondis sur un tronc d'arbre en ruine, ricoche vers un arbre tout proche pour gagner encore un peu de hauteur, fais exploser l'essence dans chacun de mes gestes pour atteindre l'arbre suivant, qui explose sous l'impact quand je prend l'élan pour franchir la muraille de pierre et de jade du Trône d'Orage, me projetant de toute mes forces vers la muraille. (...)
Les émanations d'essence de mon pouvoir fait briller mon anima, et la pluie de lumière solaire se mêle au déluge qui continue à tomber, se réverbérant en une infinie série de minuscules arcs-en-cielqui ricochent d'une goutte de pluie à l'autre. C'est très joli, mais indique ma position à tous ceux qui ne l'ont pas encore distinctement repérée. (...)
Lorsque je frappe, mes poings crispés creusent des trous dans les murs, pulvérisent des piliers, soulèvent des vagues de poussières et répandent des ondes de choc, mais le Seigneur des Hauts vents m'est aussi inaccessible que l'azur bleu duciel. Lui aussi manque sa cible, mais moins souvent que moi, ses dagues ont la puissance de la foudre, et sa foudre, une puissance au delà des mots. (...)
Je franchis les collines grises et du sommet de ces dernières, je perçois une odeur humide portée par les vents venus du fond des mers, là où ils vont et viennent à leur guise, libres du pouvoir du Seigneur des Hauts Vents et portés par leurs seules volontés. Dans leciel, le soleil brille, puissant, majestueux. J'ignore toujours pourquoi il m'a choisi, mais il m'a donné le pouvoir et je m'en servirai pour retrouver ceux que j'ai aimés. (...)