Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : froid (46)(...) Quelques maisons de bois tressé pour les plus pauvres, de vieilles pierres pour les plus anciens, les plus riches et les plus travailleurs, des barrières de bois pour empêcher nos bêtes de se perdre dans la steppe sans fin qui s'étend au-delà. Quelques talismans de ferfroidpour les choses qui hantent les entrailles de la terre et les brumes à l'horizon, trop belles, trop féroces pour être humaines et trop puissantes pour simplement se contenter de notre sang, notre chair et notre vie. (...)
Il habite un trou aménagé et creusé au flanc d'une butte couverte d'herbe depuis bien longtemps. A l'entrée, des talismans, d'étranges lettres dans des langages anciens, forgés en ferfroid, sont littéralement cloués dans les rares poutres en bois qui soutiennent l'entrée. Brume est sortie, accompagné de Regard Vif, silencieusement. (...)
Il nous attend, au carrefour, non loin de la sortie du village, campé sur un cheval blanc à l'étrange crinière bleue et bardé de cuir clouté de ferfroid. Il regarde l'attelage, les bêtes, sans doute avec plus de considération que nous même. - La fille ? (...)
Il pleurait et gémissait, il appelait sa mère. J'ai senti la moelle de mes os se glacer. Puis un soufflefroida agité la brume face à nous comme les eaux bouillonnante d'un lac gris, de plus en plus intensément. (...)
Un cliquetis rapide, métallique, rythmé et presque mélodieux se fait entendre derrière nous, de plus en plus proche, de plus en plus distinct, et il fait de plus en plusfroid. OEil Vert est plus rapide que moi, mais il est moins endurant. Le brouillard deviens étrangement poisseux, comme de la boue, lorsque je le rejoins, chaque pas que je fais me coûte de l'énergie, mais me coûte moins qu'à OEil Vert, grand échalas mince, qui essoufflé, ralentit de plus belle à cause du brouillard. (...)
Puis elle vomit un souffle de brouillard gluant, gris et glacé sur lui, tout en me regardant de son regard rouge sang. Je dégaine mon épée et je bondis. Près d'elle, l'air est sifroidque ma lame se couvre de givre et vole en éclat lorsqu'elle frappe entre ses deux yeux. La bête ne meurt pas, ne grogne pas, ne crie pas, mais sa carapace se fissure et du sang y suinte. (...)
une bête de la faille, elle le lui a craché dessus. - Je sens plus mes jambes ! C'est OEil Vert. - C'estfroid! Ca à durcit... on dirait de la glace... La panique perce dans la voix de Pigeon. La panique perce dans mon esprit, dans le regard de Rude qui s'éloigne, effrayé. (...)
Soudain, la voix d'un cor nous assourdit, et les portes s'ouvrent brutalement, laissant échapper un blizzardfroidet puissant, Rude lâche un cri et manque de tomber, j'entends Brume crier, nos chevaux hennissent, reculent, il nous faut lutter avec eux pour les empêcher de s'enfuir, et lutter avec nos consciences pour ne pas les suivre. (...)
Les hommes qui l'accompagne sont deux fois plus larges qu'elle, leurs visages et leurs corps massifs invisibles sous leurs armures de mailles et leur regardfroidocculté dans l'obscurité de leurs casques, armés de Hallebardes pourtant, il y a plus de pouvoir dans un seul geste de cette femme que dans un régiment entier d'entre eux. (...)
Après le duel, plus personne n'a jamais adressé la parole à Caillou. Il est mort de vieillesse, seul, emporté par lefroidde l'hiver suivant. Je me réveille. La douleur est là aussi, m'enlaçant comme une amante. Il pleut de grosse goutte de pluie fraîche matinale. (...)
Je ne peux rien pour vous. Vous êtes en danger. Elle traduit. Hakka sourit. Le regard de Jaï se faitfroid. Il se remet à parler. - Hakka dit que cela n'à aucune importance, dit-elle. Des pactes ont déjà été conclus et les oracles ont été clairs, vous sauverez notre tribu du Dieu du vent. (...)
J'avance prudemment, calmement, sans précipitation. Mon souffle s'élève en nuage de vapeur, car plus j'avance, plus lefroidest mordant. Vers le milieu du pont naturel, il est polaire, mais il n'y a pas de neige et la glace ressemble à du verre et j'y perçois mon reflet : un homme de taille moyenne, le visage couvert d'une maigre barbe, large d'épaule, aux cheveux noirs et à la peau mate, les yeux légèrement bridés. (...)
Sur mon front, j'aperçois un cercle entouré de rayon représentant un soleil rayonnant. Que suis-je devenu ? Pas le temps de me poser trop de question. Il faitfroid, il faut que je parte d'ici. Je me mets en marche tant bien que mal. Plutôt bien, étant donné les circonstances. (...)
Je lâche une fraction de seconde le monstre avec lequel je lutte et j'agrippe le pouvoir pour le libérer dans le mouvement suivant. Ses griffes tentent de se refermer sur moi mais ne déchire que l'airfroid, un bruit de craquement sinistre plus tard et mes mains ont fait pivoter sa tête à 180°, brisant sa nuque dans la foulée. (...)
Tout au sommet, sur un trône de glace parfaitement transparent, une créature dont la seule vision me fend le coeur. Ses yeux totalement blancs fument defroid, lâchent de longues colonnes de brume prismatique s'envolant vers le ciel. Sa peau, son corps entier sont fait de glace et ses traits semblent avoir été sculptés comme par un divin artiste. (...)
Le pilier s'étire et bouge tel un serpent, les bêtes blanches s'écartent sans un mot, tandis qu'il m'entoure de ses anneaux, évitant de me toucher soigneusement. Le regard interrogateur de Lewellyn est un feufroidet intense. Un mensonge me monte à la bouche : - Je m'appelle Soleil Bleu. Il sourit. La lumière de son regard s'intensifie. (...)
Je n'y vois qu'une lumière blanche, froide, absolue et impossible et tout à coup, tout s'apaise. Lui, moi, lefroid. - Que veux-tu ? - Ce que je veux ? - Oui. Il se retourne vers le sillon de la faille. L'angoisse m'étreint soudain lorsque je remarque soudain que les fauves ont disparut sans laisser de trace. (...)
Il me paraît sympathique, étrange. J'éprouve une étrange pitié. Peut-être s'en nourrit-il mais je n'en ai pas l'impression. Et j'aifroid. J'ai l'impression d'être coincé entre un tigre et un gouffre. Je prends une inspiration avant de relâcher la phrase suivante. (...)
Il ne s'y trouve aucune source de lumière mais néanmoins cette dernière y est omniprésente. Parfois d'un bleu doux et matinal, parfois d'un blanc neigeux éclatant etfroid. Les courants d'air... Je savoure la plaisanterie. A nouveau je rassemble mon courage pour lui adresser la parole. (...)
J'essaye d'imaginer. En vain. - Tu as construit cela seul ? - Oui, invoqué à partir de rêve de noblesse, defroid, et de jeux de neige infantile, cela parait impossible, mais pendant huit siècle, on a du temps a tuer, crois-moi ! (...)
Ma chambre est une pièce de glace bleue, et mon lit un bain de neige moelleuse et tendre comme du duvet d'oie et tiède comme le sein d'une femme. Malgré la nervosité, je m'y endors comme un enfant. Je rêve defroid, de vent hurleur, de douleur et de choses réelles. A mon réveil, la faim est là, en embuscade. (...)
Cause, effet, passé, présent et futur, tout cela te conduit à devenir, à être et à rester un monstre aux yeux de tous tes semblables, à perdre ceux que tu as perdus, malgré tout tes pouvoirs, tu ne peux pas sortir du présent dans lequel tu vis, tu es pourchassé et craint dans toute la Création et l'issue unique est la mort... inéluctable, pour nous deux ! Je reste silencieux un instant. J'aifroid, et le regarder caresser le corps d'Aewyll me donne encore plusfroid, me donne l'envie de le tuer. Il sourit. Ma voix est de glace. - Tu as fait tout ça pour me dire que nous n'avons aucune chance ? (...)
Je l'ignore, mais Lewellyn est présent, je sens sa présence dans cette pièce comme je peux sentir le ventfroidet libre dans la plaine. Omniprésente mais inaccessible, puissante mais invisible. Je me redresse sur le lit de neige tiède. (...)
Peu importe, lorsque je m'en approche, j'y aperçois mon reflet. Je pose la main dessus et sens une présence de l'autre côté dufroid. Je retiens mon souffle. Je dois passer. Je veux passer. Le pouvoir se rue dans mon poing lorsque j'arme le coup et se répand dans le mur à la vitesse de la pensée. (...)
Je n'ai plus le temps d'esquiver. Je plonge vers elle. Ce que je heurte est plus solide qu'un mur de pierre, plusfroidque tous mes hivers réunis. Je libère le flot de pouvoir sans retenue, je la traverse comme un éclair fend le tronc d'un arbre. (...)
- Pauvre fou ! Magnifique imbécile ! Je n'arrive pas à savoir s'il enrage ou s'il exulte. Je m'en moque tant j'aifroidet je suis couvert de gel, des morceaux de glaces retombent partout autour de moi tandis qu'un brouillard givrant se referme sur moi. (...)
Pendant en long moment tout n'est que chaos, lumière, masses sans fin de bulles blanches, bruit assourdis et confusion. Puis c'est le silence et lefroid. Mais pas l'obscurité, la lumière émanant de mon aura éclaire un spectacle étrange et sinistre, le corps de dizaines de fauves blancs qui coulent, saignent, ou remontent vers la surface, laissant échapper des coulées de sang de leur sang blancs ou bleu, étrange. (...)
Au loin, j'aperçois un survivant, nageant comme un chien pour s'éloigner d'une aura de lumière d'azur. La Princesse Bleue ! Lefroidest polaire, je sens mes membres qui s'engourdissent, j'y envoie une coulée de pouvoir, et malgré la température, je remonte vers ce qui ressemble à la surface. (...)
Ma peau est gelée, mais le pouvoir me préserve, mais la Princesse Bleue, elle, tremble comme une feuille dans son armure : elle va mourir defroid, de l'autre coté de la berge. Pas après tout le mal que je me suis donné ! Je saute par dessus le torrent. (...)
Je saisis ma cape, la déchire pour en faire une attelle de fortune et la lui fixe. Visiblement, elle a quelques plaies, mais semble ne pas souffrir dufroid. Elle ne m'a plus rien de familier, ni dans sa gestuelle, ni dans ses traits, mais sa beauté émerge de cette aliénation comme un diamant de désir et d'inhumanité brut. (...)
Aewyll, est comme une mère, comme une soeur, une femme ou une fille avec son vieux père gâteux, bref, Aewyll est comme Aewyll, et c'est bien le problème : aimante et aimable. Elle presse son corps sculptural d'unfroidbrûlant contre le mien, semblant me faire confiance aveuglément. Elle semble tout connaître du pouvoir, mais dispense son savoir d'une façon étrange, entièrement poétique, et incapable de l'exprimer clairement. (...)
Aewyll tente de dire quelque chose lorsque je m'éloigne et sors de la zone enneigée, mais trop tard. Une étrange sensation s'empare de moi, ainsi qu'unfroidrelatif, lorsque je me rends compte que mes vêtements princiers, qui ont pourtant survécus à des impacts d'une puissance sans nom, fondent et s'évaporent sous l'effleurement des rayons du soleil Je suis nu comme un verre. (...)
- Je te promets de veiller sur elle, et de ne pas lever la main sur elle tant qu'elle ne me nuira pas d'aucune manière. - C'est tout ce que je voulais, dis-je. La Raksha frissonne, s'étreint, comme saisie par unfroidsoudain. Son regard est celui, malheureux, de Brume. - Les promesses sont empoisonnantes pour nous autres, le Beau Peuple. (...)
Mais le monde est incapable de rompre le souvenir de notre séparation, au contraire, alors que les kilomètres s'ajoute les uns aux autres, la nuit, sinistre comme une auge à cochons après la visite d'une bande de loups affamé ne fait que rendre les souvenirs d'Aewyll plus vivaces. La faim et lefroidont beau me saisir, cet instant d'étrange intimité me pousse en avant comme le rêve fiévreux d'un dément amoureux. (...)
Je puise dans le pouvoir parcimonieusement pour éviter que mon anima ne se manifeste, pour résister à la faim et aufroid. Parfois, au matin, une bruine se lève, quelques petites gouttes d'eau minable qui me rafraîchissent à peine. (...)
Le ciel vire du bleu au jaune, puis au rouge sang. Quelqu'un dans l'OEil Céleste frappe sur une cloche en ferfroidqui retentit sur toute la plaine, et les paysans rentrent chez eux tandis que les cieux s'assombrissent une bonne fois pour toute. (...)
J'ai appris il y a longtemps que ce genre de chose nécessite surtout de n'être ni trop lent ni trop rapide, mais surtout de garder son sang-froidet d'avoir le bon rythme. Je me retrouve un instant sur le chemin de ronde, et glisse lentement dans le village endormi. (...)
La bête ouvre la gueule vers moi, mais mon autre main forme un poing qui percute violemment le sommet du crâne, lui enfonçant la tête dans le sol. La bête s'agite et se dégage du sol, mon poing gauche estfroidmais indemne. La bête cherche à s'enfuir et recule, à moitié sonnée. Je saisis le pouvoir à pleines mains, le laisse couler en moi et rattrape la bête, trop sonnée pour être réellement rapide. (...)
Les bêtes, plus malignes, ont fichu le camp depuis longtemps, mais les grêlons tombent toujours, ont brisé les premiers et les ont fait fondre d'autant plus vite. Malgré tout, il ne fait pas sifroid, et la masse de glace qui est tombée du ciel est en train d'inonder la forêt. Je réfléchis un instant : mourir noyé n'est pas une option. (...)
Je parcours les cinquante mètres de démence électrique au travers duquel le Trône d'Orage m'apparaît comme un fantastique monstre de jade bleu et de pierre grise dont les yeux de verrefroidsont fixés sur moi, ces treize tours tendues vers le ciel. Arrivé à moins de dix mètres, je bondis sur un tronc d'arbre en ruine, ricoche vers un arbre tout proche pour gagner encore un peu de hauteur, fais exploser l'essence dans chacun de mes gestes pour atteindre l'arbre suivant, qui explose sous l'impact quand je prend l'élan pour franchir la muraille de pierre et de jade du Trône d'Orage, me projetant de toute mes forces vers la muraille. (...)
Je bascule, le choc de l'atterrissage est lointain, abstrait, pas fatal en tout cas. Je me suis vengé, et maintenant que me reste-t-il ? Je me sens vide,froid. Je suis seul. Je reprends conscience. Mes yeux sont fixés sur le cadavre du Seigneur des Hauts Vents, il n'a plus réellement de tête. (...)
Je me retourne, la bile me monte à la bouche. Une nausée sèche me donne envie de vomir, la tête me tourne, puis tout deviensfroid, le monde entier, et moi. Je me retourne vers elle, la redresse. Ses yeux s'agrandissent de terreur tandis que les autres femmes autour d'elle s'agenouillent devant nous. (...)
Elle pointe du doigt une caverne. Quelques objets brillent, cloués autour de l'entrée : le gri-gri de ferfroiddu Shaman. Je descends de cheval et commence à grimper le long de la pente trop abrupte pour lui. (...)
Violer le sanctuaire d'un Shaman est un tabou, mais j'en ai tellement violé depuis ces derniers temps que je m'en rappelle uniquement lorsque je suis à l'intérieur et qu'une ombre se précipite sur moi en hurlant, brandissant une épée de ferfroid. Regard Vif. Je n'ai même pas besoin du pouvoir. Je saisis le poignet de son bras d'arme et bloque son coup. (...)
Son sourire est nerveux, triste, angoissé. Le vent est incisif, sec et brûlant, mais elle croise les bras comme pour se protéger dufroid. - J'ai peur... - Il y a un cheval, de la nourriture, prend-les, dis-je. Tu es libre, mais je ne peux pas t'emmener là où je vais. (...)