Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : odeur (18)(...) Je ne sais pas pourquoi, ils auraient eut le droit de me traiter de tous les noms, pourtant. OEil Vert a retrouvé sa piste rapidement, à l'odeur, moi aussi, d'ailleurs, le tas d'excrément puait effroyablement. Chien devait être franchement malade, dans d'autres circonstances, cela aurait été presque une excuse. (...)
Je descends de mon cheval, et après l'avoir accroché au chariot, y grimpe d'un bond. L'endroit est exigu, empli de l'odeurdes légumes, de viande séchée et d'épices. Elle est installée dans un coin, sur une caisse. Elle m'observe monter de son regard perpétuellement préoccupé. (...)
Je me serais donné plus longtemps, mais j'ai plongé dans un petit lac dans le domaine du Seigneur des Hauts Vents pour échapper aux chiens et effacer monodeur. Le lac ne valait pas beaucoup mieux qu'un marais, la morsure de l'eau était froide, cruelle. La chaleur de l'après midi m'a permis de me sécher, et j'ai marché. (...)
Je titube, trotte, me nourrit de baie, d'insectes, bois de l'eau de pluie. Les mouches virevoltent autour de moi, attirées par l'odeurdu sang et ma chair à vif. Je m'improvise un cataplasme avec la terre d'une termitière pour désinfecter et boucher le trou dans mon épaule. (...)
Je reste éveillé mais ne bouge pas, la nuit, les bruits portent plus loin et les hommes de la Princesse Bleue restent sur leurs gardes. J'écoute leurs discussions, leur feu craquer et sent l'odeurde la nourriture envahir le site comme une présence invisible et séductrice. Ils parlent de moi, de Boeuf, et de ceux que nous avons tués. (...)
Hennissements de cheval. Bêlements de mouton et de chèvres me parviennent, assourdis. Je respire un air chaud empli de l'odeurdu cuir, de laine et de fourrure dans lequel je suis emmitouflé comme dans un cocon. La douleur est là, la fièvre aussi, la plupart du temps aussi assourdies que le son, mais qui carillonnent lorsque le chariot qui me transporte tressaute sur le chemin. (...)
Barbu, cheveux courts et noirs, les yeux bridés, vêtus de tissus, un bol fumant à la main et une cuillère en bois profonde à l'autre. Il s'approche. L'odeurde la nourriture pimentée parvient à mes narines. J'avale ma salive. Il prend une cuillère et la tend vers ma bouche. (...)
Jaï récupère le sang dans un bol vide et le vieux me regarde en marmonnant quelques mots. Il rajoute une fiole de je-ne-sais-quoi et fait brûler le tout. Une fumée et uneodeurépouvantable envahissent la yourte. Je retrousse les narines et grince des dents. Finalement, tout s'achève assez vite. (...)
Je rêve de froid, de vent hurleur, de douleur et de choses réelles. A mon réveil, la faim est là, en embuscade. Uneodeurde nourriture aussi, et Aewyll. Elle se tient debout, respectueuse, avec le même regard un peu effrayé que Brume jetait sur moi dans le chariot. (...)
« Alors j'ai poursuivi mes recherches, épargné certains des vôtres pour obtenir des informations, me suis approché près des tombeaux des solaires qui écrèmes votre monde. Je sais reconnaître l'odeurdu mensonge lorsque j'en entends un, et j'ai reconnu l'odeurdes mensonges des Sang-dragon, je me suis rendus compte qu'ils ne savaient pas vraiment pourquoi ni comment ils vous avaient vaincus pourquoi vous n'étiez pas revenu, et à ce moment j'ai compris que vous pouviez vous réincarner, que tant que le monde n'était pas brisé, vous reviendriez, et ce n'était qu'une question de temps, vous reviendriez, c'était certain et j'en parlais aux tribus de la folie qui envahissait Création. » Je surprends dans mon esprit l'ombre d'une curiosité. (...)
L'envie de la tuer et de l'aimer me taraude, je la réprime et m'approche du rocher. A ce moment, je sens les poils de mon corps se hérisser, uneodeurfamilière ainsi qu'un souffle de vent qui ne me sont pas inconnus viennent effleurer ma conscience. (...)
Ses paroles sont des diamants qu'elle me fait avaler avec la douceur d'un été de tendresse, je les goutte, mais suis incapable de leurs donner un sens. Le sommet n'est plus loin maintenant. Je sens le vent et l'odeurde l'herbe. La Princesse Bleue revient vers nous, se laisse retomber lentement avec un bruit métallique sur le balcon naturel formé par quelques rochers au dessus de nous. (...)
Je fonce vers le Trône, certains éclairs me foudroient, le pouvoir réduit leurs impacts à une sensation de brûlure vive et furtive. Je ne m'arrête pas. Je cours au milieu de l'odeurd'ozone étrange qui sature la zone, de la poussière brûlante soulevée et projetée en tout sens par les impacts des éclairs sur les rares troncs d'arbres encore debout. (...)
Je tente de me remettre debout, en vain, je suis aussi ridicule qu'un chien sur un lac gelé. Je me rends soudain compte de l'odeurqui règne dans la pièce : toute la pièce, mobilier compris, est tartinée d'huile ! Je jure. Derrière la porte de l'autre côté de la cuisine, j'entends quelques rires nerveux. (...)
J'envoie le pouvoir dans mon corps, à la rencontre de leurs crocs et de leurs griffes. Impact. L'univers devient blanc et lumineux, empli d'uneodeurétrange. Tout le bâtiment semble vibrer sous le choc lorsque je suis projeté contre le mur. La sensation de douleur est sourde, lointaine, j'encaisse le coup sans broncher. (...)
Je descends de cheval et commence à grimper le long de la pente trop abrupte pour lui. Brume me suit tant bien que mal. Près de la grotte, je perçois uneodeurde nourriture, de viande et de légume bouillis. J'en salive presque. J'entre prudemment. Violer le sanctuaire d'un Shaman est un tabou, mais j'en ai tellement violé depuis ces derniers temps que je m'en rappelle uniquement lorsque je suis à l'intérieur et qu'une ombre se précipite sur moi en hurlant, brandissant une épée de fer froid. (...)
Vers midi, le vent tombe et la poussière avec lui. Je franchis les collines grises et du sommet de ces dernières, je perçois uneodeurhumide portée par les vents venus du fond des mers, là où ils vont et viennent à leur guise, libres du pouvoir du Seigneur des Hauts Vents et portés par leurs seules volontés. (...)