Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : pieds (25)(...) Un autre ancien, on l'avait retrouvé lui, sa femme et ses quatre enfants vidés de leurs sangs et suspendus aux poutres du plafond, pendus par lespiedscomme des porcs, décoration sinistre de cauchemar. Deux jours avant le solstice d'hiver, un caravanier itinérant était passé et vendait des exorcismes, mais les talismans étaient bidons. (...)
Belle, mince, presque frêle, le regard distrait et triste, la crinière bleue, revêtue de blanc par dessus une armure d'argent étincelante, elle porte cette épée de jade aux proportions épiques. Elle pose un regard distrait sur nous et nous dégringolons de montures pour nous jeter à cespiedset mettre le front à terre. J'entends les pas métalliques des gardes qui s'approchent. La voix caverneuse de l'un d'eux retentit. (...)
Furtivement, je croise le regard de la princesse et celui de Pigeon et une vieille sensation s'empare de mes tripes, et les attache comme un noeud coulant autour de mon esprit. Je dois me battre pour ne pas hurler, m'enfuir ou me jeter sur les gardes en rugissant. A mespieds, je contemple distraitement une flaque d'urine entre les genoux de Rude, et Boeuf, ce pauvre fou, semble ressentir lui aussi le problème car il serre nerveusement dans un de ces poings posé par terre un bout de roche. (...)
L'espace d'un moment, le monde danse autour de moi comme les femmes à la fête du printemps. Je perds l'équilibre. Mespiedstrouvent malgré tout le sol, ou peut-être l'inverse et je repars. Je marche au milieu de flaque d'eau immense dans la plaine, rapidement, le ciel se dégage, balayé par le vent, laisse place au soleil implacable, et avant midi ma gorge est à nouveau aussi sèche que la steppe. (...)
Ils lui décochent un essaim de flèches qui filent autour de Mahe en bourdonnant tel des guêpes. Son bras droit clignote, et les flèches retombent à sespieds, brisées tandis qu'il marche vers la jeune femme, immobile. Ses soldats ne bougent même pas. Pendant un instant, je pense m'enfuir, je pense à courir et aller me cacher au-delà de la frontière, pour trouver le destin qui m'y attend, quel qu'il soit. (...)
Je change de direction, longe la faille pour la contourner, mais sans succès. Je fais alors demitour, avec despiedsde plomb. Il me faut une nouvelle journée de marche à travers les bois. A la fin de la journée, lorsque j'émerge, je retombe sur la neige, et un peu plus loin, la craquelure large et sombre de la faille déchirant la terre. (...)
J'aurais pu prendre une étendue de neige moins large, mais la glace de ces endroits me paraissait moins épaisse, plus transparente et moins solide. Je marche prudemment. La neige est froide sous mespieds. Mes bottes de tissus ont été largement usées ces derniers temps. Je garde l'oeil sur la neige sous mespiedset autours de moi, au cas où. Cette histoire de neige noire, que m'a un jour racontée Pigeon Fou : dans le nord lointain, il arrive parfois que de sombres nuages laissent tomber une neige sombre qui obscurcit la peau de ceux qu'elle touche, et qui laisse les corps de ces derniers calcinés sans même qu'ils aient brûlés. (...)
Soudain, mon reflet dans la glace ce fissure, tout seul, sans raison. Je recule, mais la glace continue à se fissurer rapidement sous mespiedsdans un grincement sinistre. Je jure, cours vers la neige de l'autre coté, mais la glace continue de craquer tout autour de moi, je la sens céder rapidement sous mespieds. J'entends l'un des blocs tomber dans le vide derrière moi dans un sifflement rauque, puis un autre fait le plongeon devant moi, entraînant un pan entier du pont, un autre sous mespieds. Le bord est encore lointain, une vingtaine de mètre, peut-être. Je n'ai pas le choix. Je bondis. (...)
Sur son front, une couronne de givre, élégante et ornementée (ornée) d'une étoile projetant une lumière d'argent. Il sourit. Un sourire effroyable capable de vaincre une armée à lui seul. Un de sespiedsposé nonchalamment sur son genou, il est parfaitement détendu. Si je n'avais pas été dans la faille, je le prendrai pour un dieu. (...)
Le choc tuerait un boeuf et l'enverrais par delà l'horizon, un influx de pouvoir, et il ne m'égratigne même pas mais l'impact me repousse en arrière, et mespiedslaissent deux larges sillons dans le sol alors que je m'échine à de rester debout. - Trop tôt. (...)
Aewyll ouvre les yeux, de la même façon la mère d'Aube Grise, brutalement, comme après un cauchemar. - Je suis libre ! s'écria-t-elle. Elle se met à rire, en se roulant par terre en battant despieds, avec la même innocence qu'une enfant ou qu'une bête. Le spectacle est à la fois lascif, attendrissant, et troublant. (...)
Je jure comme un charretier, la panique afflue, je patine sur le mur, m'accroche désespérément avec mespiedset mes mains, y expédie le pouvoir à grand flot qui jaillit autour de moi dans une explosion de lumière. Je sens la roche céder sous mes doigts et mespiedscomme du beurre, mais la gravité fait son office et je laisse des traces de mespiedset mes mains sur trois mètres avant de m'arrêter. De petits cailloux me tombent dessus et rebondissent sur nous tandis qu'Aewyll émet un rire étouffé de petite fille. (...)
Je reprend mon souffle, le pouvoir vibre encore en moi, ricoche sans fin : Je saute à nouveau vers le haut, mais lorsque mon bond perd de sa puissance et que je ralentis, je me retiens de mes deuxpiedssur un bout de roche irrégulier qui émerge de la paroi, et d'une poussée, me jette vers la paroi voisine, j'accomplis une culbute dans les airs sans difficulté, malgré Aewyll toujours dans mon dos, et me réceptionne sur mes deuxpieds, creusant un petit cratère dans le mur lors de l'impact. Au milieu de la pluie de roche, je saute et fonce vers un autre rocher en amont qui semble dépasser de la paroi. (...)
Avec un rire de petite fille animé par la voix d'Aube Grise, elle se défait de moi avec une agilité de chatte, souple et douce comme du lait, légère comme un flocon de neige, elle bascule de mes bras, mon coeur s'emballe lorsqu'elle se balance un instant au-dessus du vide, puis elle me grimpe dessus, sans user de ses mains, s'appuyant avec sespieds, sur mon coudes, mon menton, mon genoux et finalement se dirige vers la surface, gloussant toujours. (...)
Je me trompais. Il ne cherche pas à m'épuiser. Je prends une inspiration profonde, me campe sur mes deuxpiedset fais face : il n'y a pas réellement de choc mais je suis aveuglé par la poussière, des mottes de terres et des cailloux tombent comme une pluie drue sur moi, explosant dans un bruit sec. La main d'un géant invisible me tire vers l'arrière, je recule, je glisse et mes deuxpiedstraces des sillons dans la terre. Tenir. Puis soudain, la main m'emporte et je suis projeté, ma roulade est sans fin, brusquement je perds définitivement contact avec le sol et je me retrouve dans les airs comme un fétu de paille, balancé dans tous les sens. (...)
», mais les mots semblent me parvenir de l'autre côté du monde et je reste assis au milieu des coussins et des monceaux de roche. Finalement, les femmes jettent leur captive à mespieds. Elle m'est familière : ces cheveux bruns... ces yeux bleus... ce regard concentré sur une chose hors de portée de tout. (...)
» Elle a peur et comment pourrait-il en être autrement ? : Je suis nimbé de sang et de lumière, le cadavre d'un demi-dieu à mespieds. Je tente de la calmer, mais je suis trop heureux de la voir en vie, de voir que je n'ai pas juste répandu la mort tout autour de moi. (...)
Ils reculent rapidement devant moi lorsque je jette le corps de leur maître Seigneur des Hauts Vents à leurspieds. Certains s'agenouillent, d'autres pleurent, la plupart restent stupéfaits, silencieux. Ils s'écartent sur notre passage. (...)