Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : visage (37)(...) Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur levisagede ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues des chairs marquées par les éléments et le temps, couverts de haillons de cuir et de tissus misérables. (...)
Ma femme, Aube Grise, est une petite créature au regard gris, dont la flamme est trop souvent éteinte par la fatigue, ses cheveux sombres grisonnent prématurément sous le poids de la fatigue et des ans. Des taches de rousseurs sur sonvisage, un sourire rare et précieux comme le diamant. Mon fils lui ressemble beaucoup, mais son regard est plus inquiet, plus nerveux. (...)
- Ciel Noir, dit-il, tu comptes rester dans la boue encore longtemps ? Je tente de frotter la boue sur monvisageavec ma manche : peine perdue, il y a plus encore de boue sur ma manche que sur monvisage. - Qu'est-ce qui t'amène ? Boeuf Assoiffé regarde autour de lui. Il jette un regard sur la charrue, sur ma femme et mon fils : mauvais présage. (...)
Ce qui allait dire que l'un d'entre nous allait devoir sacrifier un membre de sa famille juste pour donner une chance au reste du village de vivre. Levisaged'Aube Grise et de Brin d'Herbe danse dans mon esprit. - Comment allons-nous faire pour choisir ? (...)
La lumière pâle du jour entre dans la pièce et découpe la silhouette trop familière du Héraut : un mètre quatre vingt, bien que mince, son armure ancienne fait penser étrangement à la carapace d'un insecte, un mille-pattes. Sonvisageest caché derrière un masque étrange : sans yeux, juste un amas de tentacules qui pendent et tombent jusque devant son menton. (...)
J'ai pas une égratignure. Boeuf me regarde. Je secoue la tête négativement. Il s'éloigne, les mains posées sur sonvisage. - Vous l'auriez vu ! Gémit OEil Vert, vous l'auriez vu ! Il lui a presque fendu le crâne ! - Ferme ton claque ! (...)
Ma blessure n'est pas grave, mais à long terme, je n'ai aucune chance. Je me redresse, regarde le ciel bleu et infini, laisse le vent courir sur monvisage. Quelque chose s'agite en moi. L'un des gardes s'approche, puis un autre. Une rage froide s'empare de moi. (...)
Au loin, mon esprit vide aperçoit un gigantesque nuage de poussière se soulever au point de rencontre de ces étranges tornades. Un vent brutal balaie ensuite la plaine, me fouette levisage. J'aperçois des boules de buissons séchés qui roulent dans ma direction et me dépassent en sens inverses. (...)
Une nuit, j'ouvre les yeux et un homme se tient au coté de Jaï. L'homme est vieux, ridé, les cheveux gris et longs, de longues moustaches grises tombent de sonvisageet ses yeux sont aussi aiguisés que le poignard dégainé que je remarque dans sa main. Je ne le crains pas. (...)
Jaï me garde à l'oeil. D'autres hommes m'observent, l'air méprisant, je les ignore. Je sens le vent sur monvisage, nous sommes toujours dans la nation du vent. Le Seigneur des Hauts Vents doit savoir qu'ils circulent sur ces pâturages. (...)
La main d'acier griffue du Héraut jaillit soudain et attrape Hakka par le col. Les tentacules formant sonvisages'écartent, et sonvisageétrange vomit une lumière verte et immonde pleine de sa colère inhumaine sur Hakka. Hakka hurle, et sonvisagefond comme une immonde chandelle de chair. Les Aïnouks font face. Ils n'ont aucune chance, surtout face au Héraut. (...)
Mahe est projetée en arrière par l'onde de choc, le bras du Héraut toujours agrippé à sa gorge, mais plus désormais relié à son épaule. Mais il ne meurt pas. Sonvisagese tourne vers moi, il n'a pas de bouche, pas de nez, juste cet amas de tentacules qui s'écarte devant sonvisageet qui laisse la lumière verte et haineuse me frapper. Je sens une chose plus massive que Création m'observer à travers ce regard, à la volonté indépendante du Héraut. (...)
Son pouvoir dévore avidement l'air qui nous sépare, tentant d'arracher ma peau, de dévorer ma chair. Je hurle, couvre monvisagede mon bras. Je sens une nouvelle explosion de pouvoir en moi, mais ma peau se liquéfie et coule par terre comme du lait. (...)
Je sens la flèche se briser sur mon dos et entend un cri de rage. Je me retourne, envoyant un coup de poing au hasard. Le coup percute unvisage, fait voler un nez en éclat et déloge quelques dents. A l'autre bout de mon bras ensanglanté, c'est Jaï, que la force de l'impact traîne dans la terre dans un bruit obscène et un nuage de poussière. (...)
Vers le milieu du pont naturel, il est polaire, mais il n'y a pas de neige et la glace ressemble à du verre et j'y perçois mon reflet : un homme de taille moyenne, levisagecouvert d'une maigre barbe, large d'épaule, aux cheveux noirs et à la peau mate, les yeux légèrement bridés. (...)
Je projette le peu de pouvoir qui me reste dedans et je traverse les airs si vite que l'air hurle et siffle sur mon passage. Lewellyn tend simplement le bras vers moi et soudain la fraîcheur de sa main de glace est sur monvisage, les doigts lisses et doux comme la neige se referment sur ma tête lorsqu'il réceptionne ma charge coup comme un père réceptionne son fils à son retour, pendant une fraction se seconde je suis stoppé net, suspendu dans les airs, et j'aperçois sonvisageparfait, ravi, presque extatique entre ses doigts. Je tends les bras vers lui pour l'étrangler et je peux sentir mes propres doigts effleurer son cou sur lequel mes mains tentent désespérément de se refermer, maintenues à quelques centimètres de sa peau de nacre. (...)
- Autant que je le puisse être. Je fronce les sourcils, contrarié par la réponse. Une vague de peur passe sur sonvisage: la peur de Brume. Je m'apaise et me rappelle avec qui, ou quoi je parle. - Tu es lui ? Je peux lui parler à travers toi ? (...)
Mais quelque chose bouge en moi, plus sauvage et indompté que le désir qui m'anime et qui me fait jeter un voile de pouvoir sur mon esprit, me fait lever la main entre elle et moi. - Pardonne-moi, dis-je. Visitons les lieux. Elle s'arrête, sur sonvisage, de la surprise. Exactement la même que celle de la Princesse Bleue lorsque je me dresse face à elle. (...)
Un regard et un sourire malicieux, Ceux d'Aube Grise lors de notre première nuit. Je ne peux m'empêcher de sentir le sang me monter auvisageen même temps que des souvenirs. Elle quitte les lieux. Je tente de me baigner rapidement. Difficile. (...)
- Viens, dis-je à Aewyll en lui tendant les bras. Elle s'approche et grimpe sur mon dos comme une enfant, sonvisagereflète mon propre sourire intérieur. Je me renfrogne, troublé. - Allons-y. Je grimpe, les doigts de mon corps alimenté de pouvoir ne ressentent pas le poids d'Aewyll, légère comme une plume. (...)
Sa réplique me réduit au silence, puis l'instant d'après, le vent, le vrai vent, pas ce gigantesque courant d'air glacé qui balaie la faille me caresse à nouveau levisage. La neige longe toujours la faille, mais au-delà, il y a l'herbe jaunie par le soleil, qui ondule tranquillement, ses racines creusant tranquillement la terre et faisant bourgeonner un espoir printanier dans mes pensées. (...)
Une heure après l'aube, je marche contre le vent, lorsque quelque chose explose dans une lumière multicolore à quelques centimètres de monvisage. Je roule à terre pour me jeter à l'écart, et pose les yeux sur la chose l'explosion à éclot comme une fleur des plaine, révélant un enfant ailé, tout de lumière prismatique, volant tout près de moi, irréel, ridicule. (...)
Je l'observe un instant : c'est un jeune homme, quatorze ans tout au plus, certainement moins, si apeuré qu'il détourne levisagepour ne pas me regarder et dont le pantalon s'assombrit lorsqu'il s'oublie dans ses chausses. Je pourrais être impitoyable, lui briser la nuque sans même y penser, mais levisagede Brin d'Herbe se superpose au sien, et j'entends l'arrivée bruyante des Gardes Tonnerres, annoncés par les cliquetis fébriles de leurs armures et de leurs armes, le bruit des gouttes d'eau qui font résonner leurs heaumes comme des cloches et le martèlement de leur pas qui résonne dans la cour. (...)
Je le repousse d'un geste, il percute le mur si mal qu'il s'y étourdit tout seul comme un grand. Un autre se roule par terre en hurlant comme un fou, étreignant sonvisaged'où dégouline un flot de sang. Par réflexe, je m'approche de lui pour vérifier sa blessure : un long morceau d'acier effilé de l'armature est venu se ficher dans son oeil. (...)
A travers la grande baie vitrée qui orne le plafond, au centre du croisement, la lumière du soleil, pâle, filtrée à travers les nuages gris et lourd s'amassant au-dessus de la forteresse. J'aperçois un mécanisme sur la vitre, et un sourire sauvage traverse monvisage. Je bondis, m'accroche d'une main au rebord intérieur de la baie vitrée et de l'autre, ouvre la fenêtre géante. (...)
Le Seigneur des Hauts Vents est un homme dans la quarantaine, beau, le regard bleu et glacé, la peau pâle, levisageorné d'un bouc, maintenant ensanglanté. Il ouvre la bouche, pour parler crois-je. Il me crache auvisage, je sens le pouvoir et j'évite le coup. J'entends la dent siffler derrière moi et s'écraser dans le plafond. Je frappe à nouveau sonvisage, écrase son nez qui ruisselle aussitôt. - Pourquoi ? Il ri. Je sens des larmes me monter aux yeux. Je frappe à nouveau. Je crie. Sonvisageest dévasté, un de ses yeux explose sous l'impact. - Pourquoi ? Il lâche un râle de douleur. Je crois l'entendre dire « stop » ou « arrête. (...)
Je veux croire que ma famille n'est pas morte en vain. Je frappe, je frappe à nouveau, encore et encore, jusqu'à ce que le sol cède et les restes de sonvisageaussi. Je bascule, le choc de l'atterrissage est lointain, abstrait, pas fatal en tout cas. Je me suis vengé, et maintenant que me reste-t-il ? (...)
Elle descend vers moi et s'approche. J'attends de voir ce qu'elle a à dire. Je ne dis rien. Je sens mon proprevisagese fermer. Je reste silencieux. Son sourire est nerveux, triste, angoissé. Le vent est incisif, sec et brûlant, mais elle croise les bras comme pour se protéger du froid. (...)