Le making of de Paris, Ombres et Lumières
sur Les Ecuries d’Augias au format (1.6 Mo)
Contient : paris (43)Le making of deParis, Ombres et Lumières [LE MAKING OF] Ce making of a été écrit pour vous permettre d'appréhender la conception d'un supplément de jeux de rôles. Nous avons pris pour exemple la conception dePARIS, OMBRES ET LUMIERES. La genèse du projet : L'idée de départ : Le livre de base de CRIMES ne faisait qu'effleurer la capitale. (...)
Avec la résurgence des jeux de rôles se déroulant à la Belle Epoque, il fallait combler ce vide. Estimation du besoin Nous avons reçu des scénarios de la part de nos lecteurs qui avaientParispour cadre. Nous avons vu la difficulté pour eux - et pour nous - de trouver un quartier de la ville qui répondait à leurs critères (quartier ouvrier ou au contraire appartements cossus, où puis-je trouver une ambassade ou une église orthodoxe ? (...)
Il était également difficile de répondre à des questions élémentaires (quel temps de trajet, quel moyen de transport entre le point A et le point B ?). Autre point qu'il fallait traiter : nous avons plusieurs scénarios qui se déroulent àParis: La Fée Verte, Amour à Mort, LES APOTRES DU MAL, L'OSEILLE DES HERITIERS et une partie de MON MEILLEUR ENNEMI. (...)
Mais quel intérêt, si on ne donne pas aux joueurs les outils pour que leurs PJ puissent s'installer àParis, qu'ils établissent des contacts durables, ou qu'ils trouvent des repères ? Régulièrement, les joueurs nous réclamaient le supplément surParis. Il est vite devenu évident que celui-ci était le plus attendu de la gamme. Le constat était alarmant : sans ce guide, les meneurs et créateurs de scénarios de CRIMES demeuraient « captifs » de nos productions, à moins qu'ils ne se livrent à un travail de rat de bibliothèque. Ce travail, nous l'avons fait pour eux. Comment appréhender un guide surParis? La question semble acessoire, elle est pourtant essentielle. Un supplément de contexte, c'est à mon sens l'exercice casse-cou par excellence. (...)
Il faut alors donc décider des sujets abordés et se poser la question du lecteur ciblé. Faut-il restreindre ce guide au seul univers de CRIMES, à la manière d'un «Parisby night » pour le Monde des Ténèbres, ou élargir le public possible ? Vu le nombre de jeux de la Belle Epoque désormais disponibles, il eût été dommage de choisir la première solution, surtout qu'un guide deParisà cette époque n'existait pas. Surtout que la plupart des meneurs aiment piocher, digérer et restituer à leur manière les infos d'un supplément, et pas forcément pour la gamme à laquele il appartient. (...)
C'est sans doute ce qui a motivé la conception des très bons suppléments sur Ryoko Owari (CITY OF LIES) pour LE LIVRE DES CINQ ANNEAUX : un livre pour les lieux, un pour les infos, les deux dédiés aux joueurs et un dernier pour soulager le travail du meneur. PourParis, nous avons joué sur les deux tableaux. Joueurs et meneurs y disposent de deux faces complémentaires : côté « enquête » pour les joueurs, auquel s'ajoute un côté « crimes » pour les meneurs, dévoilant l'envers du décor, les intrigues et les mystères qui régisent la cité. (...)
C'est toute la différence entre un paragraphe qui vous donne le prix et le temps de parcours Montmartre-Orsay en fiacre, et celui qui vous révèle de quelle façon les cochers peuvent gruger leurs clients et à quel point le crotin sent mauvais sur les pavés en été. Le problème d'une ville commeParisest qu'elle est immense. On accouche d'une encyclopédie qui perdrait ausi sûrement les lecteurs que les auteurs eux-mêmes. (...)
Comme, donc, j'avais eu la faiblesse d'accepter une fois cette tâche ingrate, Yann, ce vautour du jeu de rôles, m'a, comme il se doit, refilé les deux premiers chapitres du futur supplément surParis. Impressionné par la qualité d'écriture du second chapitre (celui qui présente des lieux emblématiques duPARISde CRIMES avec les personnages et les ambiances qui les animent), à la fois original et très utilisable en jeu, je décidais de manier le chaud et le froid dans mon compte-rendu de lecture. Alors que ma main gauche (forcément...) caressait affectueusement l'échine de l'auteur, ma main droite saisissait le poignard avec lequel je m'apprêtais à assassiner l'ébauche du premier chapitre. (...)
Ce premier chapitre (encore en cours d'écriture, donc) n'était pas mauvais, loin de là. Présentant les renseignements pratiques sur leParisde 1900, minutieusement récoltés par l'équipe du jeu (et notamment le super-archiviste Phil), il s'imposait à coup sûr comme chapitre introductif d'un tel ouvrage. (...)
Parmi les propositions retenues, on trouvera dans ce supplément la réorganisation des renseignements pratiques sous forme de questions/réponses que, pense-t-on, les Meneurs (ou les joueurs) ne manqueraient pas de se poser sur leParisde 1900. Ce premier chapitre pourra donc être utilisé même en cours de jeu pour faire face à un imprévu ou, mieux, à une improvisation. (...)
Surtout, j'ai rédigé une série de petits instantanés qui, j'espère, aideront le Meneur à distiller par petites touches une ambiance propre auParisde la Belle Epoque. Pour être tout à fait franc, ces idées, je les avais en stock depuis un bon moment dans ma boîte à fantasmes rôlistiques. (...)
Sources d'inspiration et partis pris Déterminer les thèmes L'année 1900 était toute indiquée : elle correspond à la majeure partie des scénarios de CRIMES parus à ce jour. Cependant, il fallait dynamiser le cadre et ne pas se contenter de prendre une « photo » deParisà un instant T. Nous avons donc opté pour des thèmes qui reliait 1900 à un passé pas encore digéré (la Commune, la terreur anarchiste) ou à un futur en construction (les relations diplomatiques tendues, l'atmosphère de fin du monde présente dans certains cercles ésotériques, la future séparation Eglise/Etat). (...)
Il est coutume de dire qu'un auteur a deux façons d'exploiter son imagination : - soit il réfléchit à des sujets qu'il commence à traiter et qui sont les bases de ses recherches ultérieures, c'est de l'inspiration forcée, - soit il butine à droite et à gauche, lit en diagonale à la recherche d'une phrase, d'un sujet qui va déclencher la petite lumière dans sa tête (inspiration opportune). PourPARISet CRIMES en général, c'est la seconde solution qui prévaut. On recherche tous azimuts, comme quand on tape un mot clé sur Google et qu'on fait défiler les pages. (...)
Pour illustrer ce dernier point, pour la partie Exposition Universelle, je me suis servi de l'ouvrage numérisé appelé «Exposition universele internationale de 1900 àParis. Rapport général administratif et technique» pour tous les détails concernant la sécurité mise en place. (...)
Par exemple, des individus politiquement peu recommandables comme Paul Déroulède ont été nuancés : nous avons voulu lui apporter plus d'humanité avec sa fascination pour la fluette Rosalie Soubière. Pour que le lecteur ne soit pas dérouté, on peut grosso modo affirmer que leParis« Lumière » est historiquement fiable, alors que leParis« Ombres » est à la fois fictif et subjectif. Notre pari sera réussi si ce même lecteur ne parvient pas à démêler facilement les éléments historiques des éléments importés. (...)
EN TANT QUE STUDIO, LES ECURIES D'AUGIAS FOURNISSENT A L'EDITEUR CARAVELLE UN PRODUIT FINI PRET A L'IMPRESSION. Aussi,PARISreprésentait un « monstre » car si le livre de base a été conçu en deux ans pour 320 pages,PARISdevait être construite en 7-8 mois (depuis le début du vrai travail d'équipe jusqu'à sa publication). Si l'on parle de coûts de production,PARISest aussi un « monstre » dans le sens où plus un ouvrage de jeu de rôle comporte de pages, plus il occasionne des frais fixes qui ne sont pas toujours amortis par le surcoût. Je m'explique : plus de pages, c'est plus de frais d'écriture et de relecture, c'est plus d'illustrations commandées, et c'est aussi plus d'argent dans la poche de l'imprimeur. (...)
Etant donné que les Ecuries sont rémunérées par Caravele au nombre d'exemplaires vendus (via un pourcentage indexé sur le prix public hors-taxe), et que nous payons nous-mêmes les personnes travaillant sur nos projets selon un barème fixe, notre trésorerie dépend grandement des ventes. En gros, un livre tel quePARISdevient rentable pour nous à 423 exemplaires, contre 280 pour un produit comme MON MEILLEUR ENNEMI beaucoup plus modeste (64 pages). A titre d'exemple le budget deParispour les Ecuries est de 2492€ réparti comme suit : Illustrations 480€ Textes 1600€ Corrections 100€ Maquette 312€ Les délais sont très difficiles à préciser. On pourrait croire qu'il faut trois fois plus de temps de développement pourPARIS,OMBRES ET LUMIERES (208 pages) que pour MON MEILLEUR ENNEMI. Rien n'est moins vrai. L'équipe mobilisée pourPARISest bien plus nombreuse, ce qui signifie une débauche de temps pour la coordination entre les différentes personnes, idem pour le côté administratif (fixation des contrats, traitement des factures et gestion des déclarations pour la sécurité sociale). Ce ne serait pas trop s'avancer que de dire : le temps passé à développer un jeu n'est pas proportionnel par rapport au nombre de pages, il est carrément exponentiel... L'avantage d'être un studio de développement distinct de l'éditeur, c'est de pouvoir choisir nos collaborateurs et de pouvoir finaliser le livre tel que nous l'imaginons. (...)
Nous pouvons aussi gérer plus facilement notre planning à tous les niveaux et de notre point de vue le résultat n'en est que meilleur (de façon très subjective). Composition et fonctions de l'équipe de travail Le nombre de personnes travailant surPARISs'est considérablement resserré par rapport au livre de base. Par exemple, il n'y a plus que 4 illustrateurs au lieu de 14. (...)
J'avais une liste bien établie de personnages historiques emblématiques et de PNJ du Livre de base qui continuaient à évoluer dansParis. Mon problème, c'est le travers du prof d'histoire : j'ai beaucoup de mal à transgresser la réalité historique de ces célébrités. (...)
Embrigadement C'était lors d'un week-end stéphanois, en compagnie de quelques-uns des principaux maîtres du CRIMES, j'ai nommé Yann, Christophe et leur éditrice Camile, alors que nous étions réunis pour essayer d'avancer sur la conception d'un autre jeu. De fil en aiguille, la conversation revient sur CRIMES et le futur supplémentPARIS: à force d'exprimer mes desideratas et de dire à quel point ce supplément me paraissait capital pour le futur de la gamme, Yann a fini par me proposer d'y apporter ma contribution. (...)
Le choix de la ligne directrice L'une des premières questions qui s'est posée en travaillant sur la liste des PNJ deParisest de savoir quel type d'intrigues elle contiendrait. Par exemple, il est clair que le réseau de PNJ des jeux White Wolf ou de L5A est dédié à la politique, avec un système d'alliance, de luttes d'influence, Et même si c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup en tant que MJ (j'ai eu ma période L5A), cela ne correspondait pas à la nature de CRIMES et il fallait donc trouver autre chose. (...)
Même chose pour les sociétés secrètes, dont le rôle essentiel est d'être une autre dimension cachée et insoupçonnable pour certains habitants deParis. Travailler avec des personnages historiques Sur la soixantaine de PNJ fichés dans le supplément, près de la moitié sont des personnages historiques. (...)
Côté positif, l'Histoire est une formidable source d'inspiration, surtout quand on rentre dans les détails.Parisen 1900 regorge de figures fascinantes comme Toulouse-Lautrec, Oscar Wilde, Louis Lépine, Oscar Méténier, etc. (...)
Mes fonctions principales : modérer/animer le forum et veiller à la bonne tenue du Wiki dédié au jeu et totalement ouvert à la participation de l'ensemble de la communauté des Crimeux. Mon implication surPARIS,OMBRES ET LUMIERES fut principalement orientée autour de la relecture finale et du conseil en communication. (...)
Accessoirement je travaille depuis presque un an sur un projet d'inspiration gothique (la mouvance artistique, littéraire et cinématographique ; pas le style architectural) ayant pour toile de fond la période liée aux faits inhérents à la Commune deParis(1870). Déjà fort bien avancé, l'ouvrage devrait théoriquement faire l'objet de la prochaine publication officiele annoncée. (...)
Car CRIMES a déjà une identité graphique, mais elle doit évoluer à mesure que l'univers du jeu s'étoffe. Vous trouverez dansParisdes montages photos audacieux, et des scènes en couleur bien plus gores que ce qu'on avait avant coutume de suggérer... Témoignage de Sylvain Soumille A propos du juif errant (entête du chapitre 1) Mon grand-père est un juif rescapé de la seconde guerre mondiale, il a été traqué par la police secrète et vécut près de 2 ans dans le maquis. (...)
A propos de la poursuite dans les égouts (scène du chap. 3) Cette image est réalisée à partir de photos des égouts deParis. Toute la difficulté a été de travailler le moine de façon dynamique et inquiétante. L'idée de départ était de coller les personnages à ses trouses, mais cela rendait le cadrage compliqué et l'image aurait présenté des dificultés de lecture. (...)
« On se dit : mais ils pourraient rajouter deux ou trois pages, ça va pas ruiner l'éditeur » mais c'est oublier que niveau reliure, on fonctionne par cahier, c'est à dire par assemblage de 16 pages. Livre de base en 320 pages, scénario en 64,PARISen 208, y'aurait pas un diviseur commun là-dedans ? On se fie au nombre de caractères, mais aussi au nombre et à la taille des illustrations projetées mais on a toujours des surprises et on doit parfois tricher. (...)
On triche sur les espacements entre les caractères, on rogne les marges des images, on les détoure pour gagner un peu de place. MaquetterPARIS, c'est au bas mot une centaine d'heures de travail, une demi-heure par page en moyenne... On passe parfois plusieurs heures sur une seule image. (...)
Petit exemple à l'appui : le remplacement à pied levé de Pierre, illustrateur (car son école a cru bon le blinder de taf pour saboterPARIS), a décalé certaines échéances pour la remise des dessins. Verdict sans appel : trouver un remplaçant au plus vite qui veuille reprendre les illustrations qui lui étaient attribuées. (...)
On pourrait dire inutile par rapport à un projet de micro-édition, mais il suffit de rappeler le budget d'un ouvrage commeParispour comprendre que les sommes en jeu sont suffisamment élevées pour attirer le zèle de l'administration fiscale. (...)
Le rôle de l'atelier Tenir la cadence, c'est comme faire un marathon. C'est s'astreindre à un travail régulier sur des périodes longues, jusqu'à un an pourPARIS. A moins d'être siphonné, on ne tient pas si l'on n'a pas une communauté derrière soi pour demander des comptes et des nouvelles, pour entretenir la flamme et nous empêcher de nous poser la question fatale : mais pourquoi fait-on tout cela ? (...)[LE MAKING OF] Ce making of a été écrit pour vous permettre d'appréhender la conception d'un supplément de jeux de rôles. Nous avons pris pour exemple la conception de PARIS, OMBRES ET LUMIÈRES. La genèse du projet : L'idée de départ : Le livre de base de CRIMES ne faisait qu'effleurer la capitale. Une grande partie du « roman » et des scénarios s'y déroulaient, sans que la géographie de la ville ne soit révélée. Il était donc difficile pour un meneur de créer ...