Interview des auteurs
sur Le Ludiste
Devâstra est un jeu de rôle édité par le 7e Cercle qui devrait sortir avant la fin de l'année. Nous sommes allés poser quelques questions aux auteurs : Romain d'Huissier (Qin, Capharnaüm) et Laurent Devernay (Imputrescibles, Tensei). Les ludistes - Bonjour. Si vous deviez énoncer le pitch de Devâstra en quelques mots, qu'est ce que cela donnerait ? Romain d'Huissier - Dans un monde typé Inde antique, les Devas sont morts jadis afin de bannir à tout jamais leurs rivaux démoniaques, les Asuras ...Contient : shonen (22)(...) Laurent Devernay - Devâstra propose d'interpréter des adolescents héritiers de l'essence des Devas pour protéger un monde proche de l'Inde antique contre des créatures démoniaques, dans la plus pure traditionshonen. Heureusement, je te rassure, le jeu est loin de se limiter à ça. Pour vous leshonen, c'est une vieille passion ou c'est une découverte plus récente ? RdH - Une passion fondatrice de mon intérêt pour la culture populaire en général. (...)
Ca m'est resté depuis cette époque, c'est un courant que j'apprécie toujours beaucoup même si il comporte beaucoup de titres sans intérêt. LD - Leshonen, comme le manga en général, est une vieille passion pour moi. Pour tout te dire, ça remonte à la première édition de Dragon Ball en petits fascicules vendus en kiosque. (...)
Beaucoup de JdR sont très orientés baston avec des personnages dont la puissance augmente sans cesse mais on ne les estampille passhonenpour autant. Qu'est ce qu'il faut de plus pour obtenir une ambianceshonen? RdH - Cela passe par la saveur de l'univers d'une part (reprendre des codes comme les héros jeunes, la grande menace qui se profile, les pouvoirs qui rendent uniques, le potentiel à développer, etc.) et les règles d'autre part (rendre les aspectsshonenpar le biais de mécanismes particuliers : le dépassement de soi, la progression, la codification de certains éléments comme les deus ex machina ou coups de théâtre improbables). Sans même parler de conseils bien ciblés, analysant la structure narrative du courantshonenpour la plaquer sur le JdR (des chapitres - parties - courts par exemple). LD - Heureusement, leshonenest loin de se limiter à ça. Pour moi, c'est avant tout des codes narratifs. Ces codes, on les retrouve déjà sous la forme d'archétype. (...)
Les options sont simples mais permettent à chacun de définir sa façon de combattre mais aussi sa place dans le groupe dans de telles situations. Conformément aushonen, les combats seront aussi le moment des révélations et rebondissements voire d'introduire de nouveaux protagonistes. (...)
RdH - Oui il y a de ça, mais pour ma part ça a surtout été la lecture du Ramayana en version romancée, ainsi que du Mahabaratha. Ces sagas épiques sont en réalité étonnement proches dushonenmanga : les héros en sont jeunes (Rama commence ses aventures à 14 ans), ils héritent de pouvoirs considérables, ils doivent lutter contre de puissants antagonistes. (...)
J'imagine qu'il y a là quelque chose de très asiatique en fait. Je cherchais un angle d'attaque pour un JdR inspiréshonen, et les Devâstras, ces armes divines utilisées par les Devas de la mythologie hindoue, furent le déclic pour vampiriser cet univers. (...)
En lisant certaines sagas épiques comme le Mahabharata, on découvre des récits qui finalement ont pas mal de similitudes avec leshonenau sens large. Des humains investis d'une part d'essence divine sont confrontés à des êtres surnaturels et côtoient les dieux dans des batailles épiques où ils accomplissent des actes extraordinaires. (...)
Avez vous introduit des idées et des thématiques qui ne sont pas directement inspirées par le monde hindou ? RdH - Hé bien, outre ce qui vient du courantshonen, nous avons introduit des éléments qui tirent directement partie de la présence des Avatars dans ce monde, et des bouleversements de mentalité qu'ils induisent. (...)
Etc. LD - Oui, forcément. Le parcours initiatique des Avatars est mis en avant et repose plus sur lesshonenque sur le monde hindou. D'autre part, la remise en question des institutions suite au retour des Devas a une part importante et pourrait à terme accentuer encore plus les différences entre l'univers développé et celui dont il s'inspire. Le style graphique du jeu s'inspirera t'il lui aussi dushonen? Bref, pourra t'on avoir les cheveux verts ou mauves ? RdH - Définitivement pas. Trop souvent, les jeux qui se prétendent 'manga' dans l'esprit ne font que singer des codes graphiques (et souvent mal je trouve - cf. (...)
Et puis commercialement, tous les rôlistes ne sont pas fans de manga et il était plus pertinent que nos illustrations rendent plus le côté Inde ancienne que le côtéshonen. Heureusement, l'éditeur en était d'accord. LD - Pas vraiment. Si les pouvoirs et utilisations d'énergie restent très visuels, on reste quand même dans des éléments graphiques qui restent cohérents avec l'Inde Antique. Les choix se sont portés sur les éléments narratifs dushonenplutôt que sur ses clichés. Après, forcément, chacun est libre de faire ce qu'il veut mais, au niveau visuel, le jeu restera 'raisonnable'. (...)
Pour autant, il y a suffisamment d'éléments pour créer des personnages totalement différents. Devâstra c'est dushonen, on y joue des dieux réincarné et donc, fatalement, on va sauver le monde. Mais est ce que le monde va évoluer au fil de la campagne ou est-ce qu'il sera surtout une toile de fond, un élément d'ambiance ? (...)
Par la suite, il sera éventuellement possible d'en lancer plus mais on restera dans les limites de la décence. Avez vous rencontré des difficultés pour rendre les codes narratifs dushonenen terme de système de jeu ? Je pense en particulier aux héros qui se relèvent encore et encore, à l'énergie mystique qui les anime, aux liens de fraternité qui les unissent et leur permettent de se dépasser, etc. (...)
Sans même parler des points d'Implication qui offrent la possibilité aux joueurs d'introduire des éléments scénaristiques en jeu eux-mêmes, afin de mettre en scène coups de théâtre et deus ex machina dans la plus grande traditionshonen! (comme faire de Vegeta un allié / rival et plus un ennemi mortel) Niveau combat, le dynamisme de ces manga est assez bien retranscrit je pense. (...)
Evidemment, l'action tient une grande place dans le jeu donc mieux vaut que chacun ait de quoi se défendre (même s'il ne s'agit que d'une protection évitant de prendre des coups). Enfin, on sait tous que dans lesshonen, même le plus doux des personnages peut finir par se mettre en colère quand on menace les siens ! (...)
Si le joueur a envie de garder sa Devâstra, il peut choisir de reprendre le même Deva tutélaire : mais il lui faudra réapprendre à maîtriser son arme... LD - Rien à ajouter à ce que disait Romain. Si ce n'est que dans la logiqueshonenil semble plus que probable que les personnages ne meurent par si facilement que ça. Sinon, il leur reste toujours la possibilité de partir avec panache dans une dernière débauche d'énergie. (...)