JdRP Scénarios : Maraudeur n°2 : L’Étrange cas du Professeur Hengelmann
(...) Synopsis : Lorsque les théories d’un éminent scientifique à la vie dissolue prennent le pas sur la réalité, les conséquences peuvent être désastreuses. Ernest Hengelmann, un médecin, chercheur et professeur émérite de l’Université de Berlin, va, en étudiant les mécanismes du psychisme humain, perdre progressivement la raison et invoquer à son insu une effroyable créature qui se matérialisera sous la forme d’un double maléfique, un Doppelganger. Relâché dans la nature, le Doppelganger du professeur mettra en application toutes les pensées les plus répréhensibles d’Hengelmann et éliminera progressivement toutes les personnes contre qui le scientifique a pu nourrir un grief. Les PJ seront entraînés malgré eux dans cette sombre histoire et risquent, à leur tour, de devenir l’une des cibles du sinistre clone. Introduction Le scénario débute lors d’une conférence publique à la Sorbonne, organisée par la Société Scientifique Internationale, une fondation philanthropique financée par l’Université de la Sorbonne, la Royal Academy of London et l’Université de Berlin. La conférence est organisée par le Professeur Hengelmann, spécialiste autrichien de ce qu’il intitule luimême la « crypto-psychologie », ou l’étude comportementale des facettes cachées de l’esprit humain. Cette théorie est largement contestée par la communauté scientifique et provoque également une sourde opposition de la part des défenseurs de l’art que les hypothèses soulevées par Hengelmann écornent. Une foule compacte s’est massée dans l’amphithéâtre, comprenant les opposants d’Hengelmann, dont le professeur Voldoski, et beaucoup de Parisiens, attirés par la réputation sulfureuse du scientifique dont les discours sont souvent enflammés. Le cercle littéraire des « Intriguants de la Plume », des romantiques exaltés menés par Stanislas Vivier, tente de pénétrer de force dans la pièce pour y faire scandale, mais est refoulé par les sergents de ville. Vivier hurle à travers la porte « L’Art sera mon arme de duel, Hengelmann ! » et son intervention théâtrale sèmera un petit désordre qui ne semblera pas affecter outre mesure le scientifique. Au premier rang, on peut apercevoir le représentant de l’Université de Berlin et du Duc Von Klimt, l’un des représentant de la cour d’Autriche en France, ayant revêtu ses habits militaires et son casque à pointe, ce qui n’est pas du goût de la majorité des Français présents dans la pièce. Alors qu’Hengelmann commence à parler, un jeune homme dépenaillé se lève dans l’assemblée : il s’agit d’Herbert Liebe, l’assistant et supposément l’amant d’Hengelmann. Le regard fou, il pointe Hengelmann avec un revolver, fait feu sur le scientifique en hurlant « Je ne te laisserai pas faire ça ! » avant de se brûler le coeur à son tour, sous le regard médusé de la foule. Les sergents de ville font alors irruption dans la pièce et la foule est dispersée. Bien évidemment, les PJ, proches témoins de la scène, seront interrogés. Là, ils feront la connaissance d’Arnaldo Rivali, un journaliste, avec qui ils auront peut-être l’occasion de sympathiser. (...)
Arnaldo trouvera la mort le soir même devant la porte de l’un des PJ en leur confiant ses conclusions, accusant Hengelmann d’être un monstre dangereux. Reliés à cette affaire contre leur gré, ils sont désormais dans la ligne de mire d’une terrible émanation d’Achéron, l’anti-égo du professeur Hengelmann. La théorie du Pr. Hengelmann Ce n’est pas l’amour qui causa la perte du malheureux Hengelmann, mais bien ses idées et surtout leurs conséquences. Le concept travaillé par Hengelmann part d’un postulat assez simple : l’âme humaine n’est pas une, mais une agglomération de facettes, dont les plus obscures sont systématiquement refoulées ou rejetées par les autres. Il critique ainsi les travaux de phrénologie, l’étude des comportements humains par la forme du crâne, qu’il trouve limités car incomplets. Selon ses études, l’âme humaine comporte tous les aspects décrits par la phrénologie (caractère, pulsion, vices... (...)
Une autre partie de cette étude décrirait l’art comme une projection physique de ces facettes : il est décrit par le scientifique comme une « sécrétion nécessaire » permettant d’évacuer les sensations dominantes sans pour autant en subir les conséquences. La conclusion d’Hengelmann est qu’il serait possible d’isoler chacune de ces facettes pour créer un individu différent que le professeur nomme « l’anti-ego ». Cette idée étrange donnera naissance à une créature effroyable et l’« anti-ego » d’Hengelmann trouvera consistance sous la forme d’un Doppelganger, une créature d’Achéron capable de changer de forme et d’assouvir les idées les plus effroyables que son modèle original n’a jamais osé appliquer. Hengelmann n’est que blessé au bras gauche par la balle qui l’a atteinte, en revanche, Liebe a parfaitement réussi son suicide. Il jettera aux PJ les plus proches un regard désespéré avant de mourir. La blessure d’Hengelmann pourra être cruciale pour reconnaître le Doppelganger : celuici, en effet, ne portera aucune cicatrice à cet endroit. Les personnages Initiés, possédant des dons surnaturels comme la Perception de l’Au-delà ou les Perceptions supérieures seront persuadés de la présence de quelque chose d’étrange dans la salle de conférence. Un Indécis particulièrement attentif (Perception SD12) pourra s’apercevoir que lorsque les sergents de ville font évacuer la salle, le public compte un personnage au physique très proche de celui d’Hengelmann. Si un PJ veut effectuer un examen plus précis, ce personnage a disparu dans la foule. Un petit groupe de huit personnes, dont Arnaldo Rivali et les PJ, est emmené à la préfecture de police de Paris. (...)
Enfin, ces conférences étant gratuites et publiques, il est fort possible que leur présence soit tout simplement fortuite : un mendiant y trouvera un coin chaud pour la soirée (même s’il a des chances d’être gentiment mis à la porte par les sergents de ville), un manutentionnaire pourra être engagé pour les réparations attenantes à la salle de conférence. La naissance de l’anti-égo Les premières recherches d’Hengelmann sur le psychisme humain furent motivées par les crises d’angoisses délirantes qu’il a commencé à subir dès son adolescence et qui ne furent freinées que par la consommation régulière de morphine. (...)
L’éducation stricte d’un père sévère et d’une mère culpabilisante, le mariage arrangé avec une femme qu’il n’aimait pas et l’angoisse croissante de subir de nouvelles crises ont contribué à renfermer Hengelmann sur lui-même et à le contraindre à refouler toutes ses frustrations. Son état psychologique n’ayant cessé de s’aggraver, le scientifique se jeta à corps perdu dans la science pour y trouver un exutoire et surtout, une solution à ses problèmes. (...)
C’est à cette période qu’il pensa possible d’isoler l’esprit humain comme le prouvait l’usage des opiacés. Après un certain succès dans le domaine de ce qu’il appelait lui-même « la science de l’âme », Hengelmann quitta le domaine hospitalier pour celui plus prestigieux des milieux universitaires et partit à Berlin pour enseigner. (...)
Kilsky étant en réalité un charlatan, il quitta le territoire allemand avec une coquette somme extorquée au crédule Hengelmann. Lorsque sa femme l’apprit, son comportement à l’égard de son mari se fit de plus en plus détestable, tant et si bien qu’Hengelmann commit l’irréparable en l’étranglant de ses mains, dans une nouvelle crise de folie, meurtre qu’il maquilla ensuite en suicide par pendaison. Ce soir précis, il subit une crise de forte envergure durant laquelle il conversa seul face à son miroir, qui scella la naissance de son « antiégo ». Progressivement, celui-ci prit forme sur le monde réel afin de réaliser les envies les plus amorales d’Hengelmann. Sa première victime fut Kilsky, retrouvé pendu dans son hôtel particulier de Budapest. Incapable de contrôler cette « chose » qui l’attire et le fascine, Hengelmann tente en vain de trouver un moyen de le dominer, mais chaque fois qu’il est en présence d’une envie réprouvable, l’anti-égo sort pour commettre l’impardonnable. Toutefois, le scientifique a appris, progressivement, à trouver différents moyens de canaliser son Doppelganger, même si chacun d’entre eux l’entraîne progressivement vers la démence. C’est durant cette phase déclinante que le professeur prendra un assistant, le jeune Herbert Liebe, très admiratif de ses travaux. Cette présence d’un esprit brillant lui fera le plus grand bien et lui permettra de prendre une certaine distance avec le monstre qui le ronge de l’intérieur. Liebe épouse les théories d’Hengelmann et leurs relations deviennent troubles tant ils passent de temps ensemble. Liebe comprend progressivement le mal qui frappe Hengelmann et met cela sur le compte d’une démence galopante. Il est convaincu qu’il peut l’en sortir autrement que par la morphine, mais assiste impuissant à sa vie de débauché et à la dégradation de son état mental (il l’a entendu parler seul dans sa chambre). Le jeune homme fera ensuite la rencontre de Vilma Von Sprekelsen, une jeune fille dont il tombera amoureux, lui permettant de sortir de sa relation étrange avec Hengelmann. Ce dernier en concevra une jalousie et une déception terribles, Vilma cristallisant pour lui les valeurs de cette société qu’il exècre le plus. Avant de partir pour Paris et donner sa conférence, l’anti-égo du professeur tentera de violer la jeune femme et prévoit de la tuer à son retour. Liebe est choqué, mais refuse de croire Vilma dans un premier temps. Il surprend alors le professeur en train de parler à son reflet, annonçant clairement son intention de tuer la jeune femme. Déchiré entre son amour pour le scientifique et celui de sa promise, Liebe fuit et commence une courte errance avant de prendre sa décision : il tuera Hengelmann. Au moment de passer à l’acte à Berlin, il aperçoit le Doppelganger quitter le miroir et pense être devenu fou à son tour... Il fuit et ressurgira à nouveau à Paris, après avoir donné sa lettre de rupture à Vilma, qui le suivra pourtant à la capitale française. Une soirée à la préfecture de Police : Les personnages seront entendus et emmenés à la préfecture de police de Paris, sur l’île de la Cité. (...)
Maintenus dans un bureau glacial, à peine chauffé par un poêle à charbon, ils attendront au moins une heure que les autres témoins avant eux soient interrogés par l’inspecteur Murinot, en charge de l’affaire. Le fait qu’une arme à feu soit passée aussi près d’un représentant de la cour autrichienne (Von Klimt) fait du tort à la France et on multiplie les procédures pour tenter de faire passer au mieux l’affront. (...)
Rivali se présentera comme étant un journaliste à « l’Avenir national », un quotidien proche des idées socialistes. Arnaldo explique qu’il suit le parcours de Hengelmann depuis quelques années déjà et que sous ses aspects tranquilles se cache selon lui un homme retors et dépravé. (...)
Il veut, par son biais, décrire l’image même de la décadence bourgeoise et de la haute société européenne en dressant le portrait d’un homme d’apparence respectable mais d’une moralité douteuse. Il présentera Liebe comme l’amant de Hengelmann et mettra le compte de cette intervention sur le compte de la rivalité amoureuse. Sur un jet simple de Mondanité (SD8), les détails données par Rivali se feront plus précis et il leur racontera en partie les déboires d’Hengelmann avec son épouse, le fait qu’il fréquente régulièrement les prostitués, qu’il est morphinomane et qu’il paie régulièrement de jeunes hommes, dont le dernier en date se nomme Johann Woert. Il leur parlera également de l’inspecteur Murinot et de sa rivalité avec la classe politique. Si Rivali respecte son intégrité, il déplore son manque apparent d’humanité et sa tendance à faire plonger ceux qu’il appelle « les orphelins de la république » : les déshérités, qui n’ont pour lui que la criminalité comme moyen d’expression. Les PJ seront ensuite interrogés très brièvement par Murinot, qui, si leur statut social est supérieur à 3, leur déconseillera de fréquenter Rivali. Un jet de Baratin ou d’Empathie simple (SD8) permettra au PJ de comprendre que Rivali est mouillé dans d’autres affaires que celles concernant la presse. (...)
Conseils au Passeur : Il est important qu’une relation s’établisse entre Rivaldi et les PJ, qu’elle soit amicale ou non, même si un rapport d’amitié serait préférable. Cette partie a pour but d’apprendre aux PJ la personnalité trouble de Hengelmann et de faire la connaissance de l’inspecteur Murinot. Les bruits qui courent sur les meurtres dans les bas-quartiers de Paris mettent en valeur une chose : ils correspondent à la date d’arrivée d’Hengelmann à Paris, soit deux semaines environ. Une nuit mouvementée : Une fois les PJ rentrés chez eux, ou dans leur lieu provisoire d’habitation s’ils sont étrangers, ils seront réveillés par un très faible appel à l’aide, émanant de dehors. A l’extérieur, sous la pluie battante de l’hiver parisien, les attendra Rivaldi, livide, à demi-effondré sur la porte. (...)
Un personnage avec un bon niveau de Médecine (SD 10) pourra voir la force et la fureur avec lesquelles les coups ont été portés, et une exceptionnelle Perception (SD 18) pourra déterminer que le meurtrier est gaucher (Hengelmann est droitier et a été blessé au bras gauche). Il parviendra à articuler le nom d’Hengelmann et tendra une lettre ensanglantée avant de mourir dans les bras d’un des personnages. Quoi qu’il en soit, dans l’obscurité de la nuit, un personnage réussissant un jet de Perception SD14 ou possédant un Don particulier pourra voir, au loin dans la rue, la même silhouette que lors de la conférence, s’éclipser dans les rues de Paris. (...)
Si une course poursuite s’engage, le fugitif prendra systématiquement les petites rues sales. Il laissera derrière lui un foulard frappé de deux lettres H.E, l’inverse des initiales du Professeur Ernest Hengelmann. Un bon jet d’Athlétisme (SD14) ou l’utilisation d’une monture (si les personnages prennent un fiacre, ils seront bloqués par l’étroitesse des rues et la chute d’un échafaudage sur la chaussée, au niveau de Saint-Lazare) et une épreuve d’Equitation plus simple (SD8) permettra de suivre le suspect jusqu’au pied de la Butte Montmartre et le voir pénétrer dans le « Keops », un cabaret réputé sulfureux. Retenus par la patronne de l’établissement, Madame Suchet, les PJ risquent de perdre la piste de leur fuyard. (...)
Lorsque l’on y pénètre, la chambre est vide, mais un jet d’Investigation difficile (SD 16) permet de voir les traces noires laissées par des chaussures d’homme. Le grand miroir en pied de la pièce semble être complètement terni. Un PJ possédant un don quelconque de scrutation aura la fugitive impression d’y voir deux yeux, surmonté du haut de forme de Hengelmann. Daniella sera sûre et certaine d’avoir vu un homme, un test d’Empathie simple (SD 8) permettra de s’en rendre compte : elle ne fabule pas et est saine d’esprit. (...)
Toine nie avoir vu quiconque descendre de la chambre par le toit, mais connaît l’« Autrichien » : il l’a souvent vu parler tout seul, au sortir du Keops, mais il ne comprend pas un traître mot d’allemand. Dans ses souvenirs, Hengelmann boîte. Conseils au Passeur : L’anti-égo possède les pouvoirs du Doppelganger et du Tourmenteur, dans une certaine mesure. Il est capable de se déplacer à travers les miroirs pour rejoindre un endroit où il s’est déjà rendu, mais ne peut emprunter cette porte qu’une seule fois. Il est possible d’utiliser le miroir pour tenter de percevoir où l’anti-égo est passé, mais les risques sont grands : si le test est réalisé (SD12), le médium sera directement lié à l’anti-égo, qui le pourchassera pour l’éliminer. En revanche le médium pourra voir que celui-ci s’est rendu à l’hôtel Parnassus où séjournait Hengelmann avant d’aller à l’hôpital. Le Keops : Le Keops tient plus de la maison de passe que du cabaret, avec ses décorations d’inspiration orientaliste représentant de lascives odalisques et ses spectacles de « danses orientales » très expressifs (voire carrément érotiques). (...)
Madame Suchet est une quinquagénaire à l’air austère, veillant d’un oeil sévère sur ses « pensionnaires » à qui elle demande hygiène et conscience professionnelle. Elle est familière du Professeur Hengelmann qui vient dans son établissement à chacune de ses excursions parisiennes pour y dépenser des sommes importantes. Il a une assez mauvaise réputation auprès des filles et des demandes étranges et vient souvent en compagnie de jeunes hommes. (...)
Un personnage suffisamment charismatique (Apparence et éventuellement Séduction SD12) pourra obtenir une lettre de rendez-vous pour le lendemain, d’une certaine Damia. En réalité, le Keops est l’un des nombreux lieux de débauche ou se compromet Hengelmann pour réprimer ses pulsions coupables : en les assouvissant ou en les faisant assouvir par d’autres personnes (les jeunes hommes qu’il paie), il empêche provisoirement le Doppelganger de sortir de l’autre monde. La police interviendra de nouveau (chez les PJ après avoir trouvé le corps de Rivaldi) et c’est encore une fois à l’inspecteur Murinot que les PJ auront affaire : pour lui, ces coïncidences commencent à être de plus en plus troublantes et il assignera les personnages à résidence pendant la durée de l’enquête. La lettre est adressée à Armand Craillot, le rédacteur en chef de « l’Avenir national » et décrit le comportement d’Hengelmann après la conférence ainsi que le témoignage du jeune Johann Woert, qui dénonce les pratiques du scientifique. Si ce pli est montré à la police, Murinot pensera l’Autrichien coupable et cherchera à le faire arrêter, sans pour autant relâcher son attention sur les PJ, qu’il harcèlera régulièrement de visites impromptues. Conseils au Passeur : A ce moment du jeu, les PJ commencent à être mouillés dans l’affaire plus que de raison. D’une part, le meurtre d’une de leurs connaissances au seuil de leur porte peut leur porter un préjudice social et un cas de conscience, d’autre part, l’instinct infaillible des Initiés commencera à réveiller leur curiosité naturelle pour le paranormal. (...)
Si aucun d’entre eux ne semble poussé par l’envie de poursuivre l’enquête, ne vous inquiétez pas, elle viendra à eux d’une manière beaucoup moins agréable... Quelles sont les pistes ? A ce niveau du jeu, les pistes mènent pratiquement toutes vers Hengelmann. Pourtant, certains points risquent de rester en suspens : Hengelmann n’a pas quitté l’hôpital de l’Hôtel-Dieu où il est soigné, il aurait été incapable de courir aussi vite dans les rues et encore moins de frapper avec autant de violence de la main gauche. Même si les PJ n’ont pas couru après le criminel, il leur reste quelques possibilités : Rendre visite à Hengelmann à l’hôpital. Fouiller la chambre d’hôtel d’Hengelmann. Trouver Johann Woert. Aller voir Damia si elle leur a donné rendez-vous. Contacter Stanislas Vivier ou le Pr. Voldoski, même si cela semble improbable. Attendre sagement que toute l’affaire se tasse et respecter l’assignation à résidence. (...)
La visite à l’hôpital : Deux possibilités peuvent s’offrir aux PJ lorsqu’ils entrent à l’Hôtel-Dieu. La lettre est en possession de la police et Hengelmann est parvenu à quitter l’hôpital avant leur arrivée, en filant dans la nuit. L’hôpital est alors en complète ébullition et la police quadrille les lieux. D’après les nonnes qui officient à l’Hôtel-Dieu, Hengelmann souffre de claudication et consomme énormément de morphine. Le miroir de sa chambre est également terni (Investigation SD 12). Durant le meurtre de Rivali, il est impossible que Hengelmann soit sorti, Soeur Marie-Paule, qui s’occupait de Hengelmann, pourra l’attester. La lettre est encore en possession des personnages et Hengelmann a simplement demandé à sortir. En interrogeant les nonnes, on peut savoir qu’il a ensuite pris un fiacre pour rejoindre sa chambre d’hôtel. Un jeune homme, Johann Woert, est également présent sur les lieux : il veut éliminer Hengelmann, armé lui aussi d’un pistolet. En voyant de nouveaux visiteurs dans la chambre de sa cible, il paniquera et s’enfuira, mais hésitera vraiment à tirer sur les PJ. Il serait intéressant pour eux de le rattraper. (...)
Y sont provisoirement logés par la Sorbonne le recteur de l’Université de Berlin Otto Reinchstein, le Professeur Hengelmann et le Duc Von Klimt, venus tous trois d’Allemagne depuis la capitale. A moins d’avoir de bonnes raisons, il est quasiment impossible d’accéder à Von Klimt, entouré de quatre soldats autrichiens et accompagné de sa femme, Nilsa Von Klimt. L’homme peut faire une exception pour un militaire ou un homme de la bonne société, mais fera renvoyer les autres avec brusquerie : Von Klimt est duc, il entend que cela se sache. (...)
Un bon contact avec le personnel de l’hôtel permet de glaner quelques informations (Baratin, Mondanité, Séduction, Corruption ou Interrogatoire, c’est à vous de voir, SD 12). - On entend parfois de grands bruits dans la chambre d’Hengelmann et très souvent, il pleure le soir, puis discute avec une personne au timbre de voix plus fluet. Johann Woert vient souvent rendre visite à Hengelmann, avec une certaine crainte. Le scientifique a l’air de le couver des yeux avec pitié. Ils reviennent ensembles, très souvent brisés de fatigue. Depuis une semaine, Woert ne revient plus. La police a été obligée de chasser Othon Germain, dit le « Pied Bot » un jour avant sa mort : ivre mort, il jetait des pierres au niveau de la fenêtre d’Hengelmann. Frida, la jeune serveuse alsacienne, sait que le duc Von Klimt déteste ouvertement Hengelmann qu’il considère comme un dépravé, il a demandé au recteur de l’Université de Berlin de l’empêcher de donner des conférences à l’étranger. Von Klimt juge les travaux d’Hengelmann « immoraux et subversifs », car ils remettent en cause la nature divine de l’homme. Hengelmann aurait eu un débat houleux avec lui dans le restaurant de l’hôtel et aurait souhaité que « des gens comme lui disparaissent de la sphère politique de l’AutricheHongrie ». Klimt avait failli l’embrocher avec son sabre et Hengelmann aurait ri. Tout deux étaient ivres. Voldoski est passé voir Hengelmann à l’hôtel pour prendre le petit déjeuner avec lui, mais aurait quitté la table furieux. Hengelmann a acheté plusieurs miroirs sur pied, en l’espace d’une semaine (Esotérisme SD10 pour savoir qu’il s’agit d’un moyen qu’utilise l’anti-égo pour se déplacer.). La chambre d’Hengelmann est fermée à clé, mais rien d’insurmontable pour un artisan de l’effraction (SD8) ou pour une personne convaincante. L’intérieur est en désordre : un miroir sur pied est brisé et ensanglanté (le sang est toujours frais et ne semble pas coaguler), les autres sont ternis (la Scrutation ou la Psychométrie permettent de localiser une autre chambre de l’hôtel dans laquelle travaille une soubrette). Hengelmann en est parti précipitamment, n’a pris que son argent, un pardessus, son chapeau et sa canne. Sur le petit secrétaire, il est possible de mettre la main sur son journal (il faut toutefois parler allemand pour en saisir le sens) et sur une reconnaissance de dette à l’intention d’Othon Germain (300 francs) pour des produits qu’un chimiste ou un médecin (Médecine ou Chimie SD 8) peut analyser comme servant à fabriquer une morphine fortement dosée en opium. (...)
Un bon enquêteur (Investigation SD 12) trouvera également la facture d’un billet de train pour Innsbruck, où Hengelmann possède une maison de maître : le départ est dans deux jours. Si les personnages sont bien investis dans leur enquête, il ne verront pas arriver la soubrette de la chambre d’en face. (...)
De plus, il est nécessaire de réaliser une épreuve de Constitution SD12 pour éviter de se briser quelque chose. La jeune fille est victime d’un autre pouvoir du Doppelganger : l’hypnose. Il est possible de l’assommer ou de l’esquiver, mais elle est entièrement possédée, inutile de perdre son temps à lui parler. Si elle meurt, elle constituera une nouvelle victime à mettre sur le dos des PJ, car Murinot acceptera difficilement leur version des faits, à moins d’une bonne explication. Si la jeune fille survit, elle ne se souviendra de rien, si ce n’est une voix dans le miroir. Le miroir de la chambre 52 est d’ailleurs encore « ouvert » vers l’Achéron, et il est possible de l’emprunter pour poursuivre l’anti-égo. Il mènera vers une vision déformée des toits de Paris, dont les rues sont submergés par une mer noire d’où s’échappent les gémissements de ceux qui tentent de s’en échapper. (...)
A mesure que la marée poisseuse monte pour engloutir les toits, des formes visqueuses et vaguement humanoïdes tentent de s’accrocher aux jambes des personnages. En rattrapant le Doppelganger (Athlétisme SD 14), il est possible de voir que son visage n’existe pas et que seuls brûlent deux yeux maléfiques au niveau de sa tête. (...)
La course-poursuite doit se poursuivre sur plusieurs toits parisiens, sous une lumière cendreuse, et les PJ courageux devront de plus échapper aux créatures visqueuses qui ne seront autres que des écorchés (cf. « l’Horreur à Mille Visages » du livre de base). Enfin, le Doppelganger se glissera dans une fenêtre d’un immeuble en contrebas et le retour dans le monde réel se fera immédiatement ensuite, avec bien entendu, l’évanouissement des personnages. (...)
D’un premier abord, on peut penser que les efforts des PJ ne se révèleront pas payants. Pourtant, si l’un d’entre eux a réussi à toucher le Doppelganger durant la course poursuite, il s’apercevra immédiatement d’une chose une fois revenu sur le plan réel : le miroir par lequel ils sont passés est brisé et les éclats sont encore une fois sanguinolents. L’information est cruciale : si les miroirs par lesquels passe l’anti-égo sont brisés, celui-ci en souffre physiquement. (...)
Trouver Johann Woer Qu’il soit chez lui, dans sa chambre de bonne à Montmartre ou à l’hôpital, il est crucial que les PJ rencontrent Johann, car c’est probablement la personne la plus à même de retrouver le véritable Hengelmann et de connaître les futures victimes de l’anti-égo. Si les PJ viennent à le trouver, on entendra un coup de feu à l’étage : Woert vient de tirer dans son appartement et a percé le miroir d’un balle. Un personnage initié pourra voir que le miroir saigne... Le jeune poète a également versé de l’huile de lampe partout et le feu commence à prendre dans la chambre. Il faut absolument le sortir de là et le maîtriser, quand bien même il semble violent et est armé. Effrayé par ce qu’il vient de voir, Woert trouvera difficilement ses mots et ne sera capable que de dire « lui...c’est lui ! ». Etant sous l’emprise d’opium qu’il a consommé une demi-heure avant, les personnages Sceptiques peuvent tout à fait trouver une explication à son état et le rassurer. Woert avoue faire de terrible cauchemars depuis qu’il a dissous son « association » avec Hengelmann. Il est persuadé qu’un homme essaye de l’étrangler chaque nuit. Une épreuve de Médecine (SD 8) montre qu’en effet, il porte des traces de strangulation faites par une main humaine. (...)
Pourtant, lorsque les PJ sont arrivés, la porte était fermée à clé et la lucarne ne permet pas à un être humain de passer (Investigation SD 12). Si les PJ perdent Woert dans l’incendie, il leur sera difficile, mais pas impossible de mener l’enquête à terme. Conseil au Passeur : Il doit y avoir une certaine tension lors de cette scène car Woert, sous l’emprise de la drogue et de la peur est à moitié fou. Le feu dévaste la chambre assez vite et la fumée est suffocante : vous pouvez faire intervenir l’anti-égo comme une sorte de forme fantomatique surgissant de la fumée pour déstabiliser un PJ ou le frapper avec une chaise, un tisonnier, etc. (...)
La suie et la panique permettront de faire rapidement disparaître cette apparition, qui se servira d’un minuscule miroir accroché au porte manteau pour fuir. Perversion par procuration Hengelmann lui-même n’a jamais véritablement su si, oui ou non, son double avait une existence physique. Recherchant sans cesse un moyen de canaliser ses propres troubles, le scientifique s’est aperçu qu’en exprimant sa colère à travers quelqu’un d’autre, le Doppelganger ne ressurgissait plus. Le scientifique s’est donc créé une série d’exécutants des basses oeuvres pour faire « diluer » sa culpabilité : Othon Germain, petit caïd de la pègre des bas-fonds lui aura fourni prostitués, drogues et services douteux, et plusieurs étudiants et jeunes artistes de Montmartre auront cédé à son appel. (...)
La plupart du temps, il emmenait ces jeunes gens dans des lieux de débauche et se contentait de les observer se confondre dans l’alcool, le jeu, la drogue ou le stupre. Woert, qui a noué un certain lien avec Hengelmann, se doute de quelque chose : il pense que ce dernier est manipulé ou possédé par un quelconque démon. Il serait lui-même tombé dans la débauche s’il n’avait pas rencontré une mécène, Eugénie Tiriet, une veuve généreuse avec les jeunes poètes. Consulté par Rivali, il clamera avoir décidé de rompre son arrangement avec Hengelmann en entendant celuici lui avouer être responsable de la mort de plusieurs jeunes femmes, dont la jeune prostituée (Nini la Brune), et de sa propre épouse. Incapable d’endurer la monstruosité d’Hengelmann, il tentera de le tuer à son tour. Conseil au Passeur : Le Doppelganger de Hengelmann se nourrit de la culpabilité du scientifique et la perte d’énergie qui résulte de ces pratiques, couplée à l’usage de la drogue qui ralentit les pensées de l’Autrichien, lui porte préjudice. C’est la raison pour laquelle il cherche à se débarrasser le plus rapidement possible des exécutants. Germain est mort assassiné de cette manière et Woert est la prochaine victime sur la liste. Ce que peut apprendre Woert aux PJ Hengelmann fréquente régulièrement le Keops et il l’a souvent emmené là-bas. Il désire souvent que l’on appelle l’une des prostituées « Ada » comme sa femme d’autrefois et que celle-ci ait une relation sexuelle avec un autre homme (souvent Johann) qu’il contraint à serrer la gorge de la demoiselle. Il pense que le scientifique est le diable en personne et que chaque personne frappée par sa malédiction ou sa colère meurt dans des conditions atroces. (...)
En réalité, ces personnes ( Jean Duriard et Alexandre Plessy) ont été retrouvé étranglées à leur domicile avant l’arrivée de Woert en France. Ce qui a décidé Johann Woert à fuir est le meurtre de Nini la Brune : un soir qu’il arrivait chez Hengelmann, le jeune poète l’a surpris, pleurant sur le corps de la jeune femme. D’après lui, Hengelmann entretenait une relation platonique avec elle ; il ne comprend pas le geste de ce dernier. Il l’a aidé à dissimuler le cadavre dans les bas-fonds et s’est séparé de lui. En réalité, Annick Clément a été elle aussi victime de l’anti-égo. (...)
Si les PJ ont des accréditations pour visiter la morgue, le cadavre de la jeune femme s’y trouve encore : les marques de strangulation correspondent à celle d’une seule main. La gauche (Médecine SD 14)… Mieux que cela, Woert sait que les dernières personnes à avoir reçu des menaces de la part de Hengelmann sont Voldoski et Von Klimt. Ce sont donc les prochaines cibles de l’antiégo. Woert sait également quelle fumerie d’opium Hengelmann fréquente : elle se trouve sur le Quai de Jemmapes, sous le café « le Brumard ». S’y rendre nécessite une certaine connaissance des milieux mafieux, mais il est possible de négocier son entrée. Rendre visite à Damia : Damia est une demi-mondaine qui opère généralement au Keops. Elle connaît bien Hengelmann comme toutes les demoiselles du cabaret, mais sera la seule à parler : elle déteste celui que les filles appellent l’ « Autrichien ». Elle le décrira comme un homme étrange et inquiétant, toujours flanqué de jeunes hommes qu’il paie pour réaliser des choses à sa place. Elle connaissait Annick Clément dite « Nini la Brune » et a vu Hengelmann transporter le cadavre avec Johann Woert le soir où elle a voulu rendre visite à son amie. La jeune femme tenait dans sa main crispée un bouton de manchette, marqué des initiales E.H. Chose curieuse, les lettres semblent avoir été écrites à l’envers. Annick affirmait que Hengelmann était gentil avec elle, et qu’il se contentait de lui parler longuement de sa vie et de son enfance, ce que semble indiquer sa correspondance qui se trouve dans le petit secrétaire de Damia. Elle avoue ne pas en avoir parlé à la police car elle est persuadé que Hengelmann a un don pour savoir les choses à l’avance. Après avoir avoué cela, Damia est en danger : si les PJ ne la protègent pas pendant la nuit, elle mourra à son tour et sera défenestrée. (...)
S’ils restent avec elle, le soir tombé, le monstre tentera de les surprendre en utilisant ses dons. La visite à Stanislas Vivier et/ou à Voldoski : Stanislas Vivier est accessible aux PJ fréquentant les cercles artistiques parisiens. Il est aisément trouvable au café Grandin, sur le Boulevard Saint Germain. Le Grandin est un lieu feutré où se rencontrent poètes et artistes, dont Woert faisait partie. Révolté contre les théories de Hengelmann, Vivier a voulu organiser une manifestation symbolique lors de la conférence et reste désormais suspecté de complicité avec le tireur (Herbert Liebe), alors qu’aucun lien ne les relie. Il a également reçu une lettre, écrite par ce qu’il pense être Hengelmann, ne portant qu’une seule phrase « Duel accepté. » accompagné d’un petit miroir. Stanislas risque d’être agressé en rentrant de chez lui, le soir même où les PJ seront allés le voir. Hengelmann sera présent pour l’interpeller, mais c’est l’anti-ego qui surgira du petit miroir pour lui loger une balle dans le dos. Vivier doit beaucoup d’argent à un tenancier de cercle de jeu : Richard Clémont, dit « Le valet de pique » ; ce dernier est connu pour ses méthodes brusques et est soupçonné de meurtre. Clémont est joignable du coté de la rue de la Grande Truanderie où a été trouvé le corps de Nini la Brune (Annick Clément). (...)
Ce soir là, il était à son cercle de jeu et s’est absenté pour dormir à l’étage. Il peut constituer une fausse piste. Voldoski est joignable à la Faculté de Médecine où il possède un logement. Une bonne Empathie (SD 12) ou une discussion intéressante permettra de faire la lumière sur une chose : si Voldoski déteste à ce point Hengelmann, ce n’est pas à cause de ses théories, mais d’une ancienne rivalité amoureuse que Hengelmann aurait remporté auprès de Sophie Mercandier, une jeune fille de famille parisienne que les deux jeunes hommes fréquentaient lors de leurs études communes à la Sorbonne. En reparlant de cette affaire, Voldoski s’est de nouveau fâché avec son ancien ami. Il peut apprendre aux PJ qu’il a assisté à l’enterrement d’Ada, la femme de Hengelmann, et que celui-ci semblait rongé par un mal étrange, à mi-chemin entre la culpabilité et le soulagement. Il leur parlera également des troubles du comportement de celuici qui le poussent à consommer de grandes quantités de morphine dont il est résolument dépendant. Ses manques peuvent laisser place à des crises de fureur inquiétantes. Voldoski assure que Hengelmann est incapable pourtant de la moindre violence physique, dans le sens où son état de santé est plutôt préoccupant. Le professeur peut également parler de la relation qui l’unissait à Herbert Liebe, qu’il considère comme filiale et absolument pas amoureuse comme on peut le prétendre à Berlin et dans certains couloirs de l’Académie de Science. En réalité, Voldoski sait ce qui est arrivé à Ada et c’est lui qui a signé son acte de décès pour couvrir son ancien ami. Il sera épargné par l’anti-ego, car les sentiments de Hengelmann sont troubles à son égard. Attendre que l’affaire se tasse : Dès lors que les personnages auront en main la lettre de Rivaldi, ils seront, de toute manière, assimilés à des témoins gênants par l’anti-égo. C’est le moment de les faire suivre par la créature, ou de la faire progresser dans l’habitat des PJ à la manière d’un cambrioleur fantomatique : lattes du parquet des étages qui grincent, meubles qui sont ouverts dans une pièce fermée à clé, etc. On peut même concevoir que le Doppelganger apparaisse par intermittences dans les reflets de vitres ou les miroirs, afin de mettre une tension permanente sur les PJ. Si vraiment, rien de tout cela ne motive vos PJ, passez aux choses sérieuses : mettez en scène le meurtre d’un proche ou d’un compagnon dans le domicile même d’un des personnages. (...)
On n’ignore pas impunément un monstre sadique. Il en sera de même si les PJ attendent sagement l’heure du train pour attraper Hengelmann à la gare de l’Est. Trouver Hengelmann Comme vous avez pu le constater, il existe plusieurs manières de mettre la main sur Hengelmann et cela ne résoudra pas forcément l’affaire pour autant, puisque l’anti-ego agit en partie avec un certain libre-arbitre. A partir du moment où la lettre est donnée par Rivali, le compte à rebours est déclenché pour l’atteindre avant qu’il ne puisse prendre le train : le délai sera de deux jours complets. Il est possible de trouver le scientifique à différentes occasions : En connaissant la fumerie d’opium qu’il fréquente grâce à Woert. Il tentera de s’enfuir en passant par les égouts qui jouxtent le canal Saint-Martin. Le personnel de la fumerie, guère satisfait de voir une telle intervention dans ses locaux, risque de donner du fil à retordre à nos PJ. (...)
En se rendant sur les endroits où des apparitions de l’anti-ego vont avoir lieu : rendu à demi-dément par la culpabilité et guidé par un masochisme morbide, Hengelmann est toujours dans les parages d’un crime commis par son Doppelganger. Généralement, les PJ seront trop occupés à enquêter sur la scène du crime ou à combattre le monstre pour s’apercevoir qu’Hengelmann se trouve toujours à proximité du lieu du crime et retourne toujours voir le visage de la victime pour y déposer quelques larmes. En se rendant à la gare ou en prenant le train avec lui, deux jours après la remise de la lettre. Il sera toujours défendu par son antiego en moment de crise et s’il est appréhendé par la police, la créature l’aidera à s’évader de la Conciergerie, en laissant plusieurs autres cadavres de policiers derrière elle, y compris celui de Murinot. La rencontre avec Hengelmann sera cruciale pour le dénouement de l’enquête et peut même y mettre un terme de manière décisive si : Hengelmann est tué (l’espérance de vie de son double sera alors très courte). Il est convaincu que son dédoublement de personnalité est le simple fait de son imagination ou que sa théorie est insensée et interné chez les aliénés. On considérera qu’il est l’auteur de ces meurtres et il approuvera. (...)
Il sera considéré comme irresponsable et ne sera pas condamné à mort. La force de persuasion du Scepticisme des médecins réduira à néant son anti-ego. Hengelmann fuit vers Innsbruck où il se suicidera, dans sa demeure bourgeoise, isolée dans la forêt. (...)
Poussé dans ses retranchements, il provoquera l’apparition de l’anti-ego pour un affrontement final. Le train de 19h30 pour Innsbruck : C’est la dernière occasion d’attraper Hengelmann si toute les autres actions se sont soldées par des échecs. Le scientifique se glissera à travers la foule et arrivera au moins une heure en avance. (...)
Transformez chaque passager en statue de cire immobile et laissez sous-entendre que « quelque chose » marche dans les couloirs du train, en enfonçant progressivement les portes, tandis qu’Hengelmann clopine vers la chaudière de la locomotive. Des créatures gémissantes tentent désespérément de monter à bord, en s’accrochant du mieux qu’elles peuvent aux parois extérieures du train. (...)
Jouer l’Anti-Ego : La grande difficulté de l’enquête consiste à jouer l’anti-ego, sans trop l’exposer, de manière à en faire un adversaire dangereux, récurrent, sans pour autant le mettre trop en danger. Même si son intelligence est élevée, l’anti-ego est uniquement mû par les pulsions refoulées de Hengelmann : son comportement défiera parfois la logique et il pourra même se révéler incontrôlable, surtout lorsque ces pulsions atteignent leur paroxysme. En termes de jeu, l’anti-ego couple les propriétés d’un Tourmenteur et d’un Doppelganger (voir « l’Horreur à Mille Visages » dans le livre de base), car il possède le sadisme et le goût de la mise en scène macabre du premier, même si ses principales attributions sont celles du second. L’image qu’il donne est celle d’un Hengelmann plus en forme, plus arrogant et dont le regard brille d’une lueur malsaine : vous pouvez faire en sorte que des témoins aient pu voir l’anti-ego peu de temps après les meurtres qu’il a commis. (...)
Si vous vous sentez d’humeur audacieuse, vous pouvez pousser le vice jusqu’à le faire venir sur les lieux du crime, avant que celui-ci ne soit commis et le faire passer pour un Hengelmann étrange, tentant de se disculper avec morgue. Son aura et son magnétisme particulier le rendront difficile à appréhender et très convainquant. (...)
Si l’anti-ego a pris les PJ en chasse, sa présence est quasi-constante derrière eux, via tous les moyens qui sont à sa disposition, surtout les reflets de miroir ou de vitre. Il peut également les suivre le soir et disparaître dans les rues dès que les PJ s’y aventurent (SD 14) : maintenir une pression constante qui fera décroître progressivement leur Frayeur et leur faire sentir qu’il ne sont en sécurité nulle part, pas même chez eux. (...)
Devant les Sceptiques, qui diminueront fortement ses pouvoirs, il préférera fuir ou attaquer furtivement dans le dos. Dans le pire des cas, il apparaîtra sous la forme d’Hengelmann, mais cela lui coûtera énormément et l’affaiblira rapidement. Il prendra un plaisir immense à tourmenter les personnages qui devront sans doute briser tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un miroir à leur domicile : poser une menace sur l’entourage de ses victimes est peut-être encore pire qu’une attaque frontale. Les pouvoirs de l’anti-ego sont ses capacités physiques hors du commun : il est capable de tomber d’une hauteur importante sans se blesser, de sauter de toit en toit sans difficulté ou d’étrangler une personne de sa seule main gauche. Il lui est possible de voyager de miroir en miroir et de retrouver immédiatement les cibles qu’il a vues au moins une fois. L’anti-ego peut générer des mirages visuels et sonores et se démultiplier en plusieurs clones illusoires. Il maîtrise également tous les dons liés à la psychocratie et l’hypnose. Il peut être affaibli si l’on détruit le miroir duquel il est apparu avant qu’il ne se ternisse et il ne peut emprunter deux fois le même passage, sous peine de ne plus pouvoir sortir d’Achéron. De plus, chaque miroir détruit en sa présence le fait atrocement souffrir. Si son géniteur Hengelmann réalise ses pulsions, les fait réaliser par quelqu’un ou est sous l’emprise de morphine, ses forces décroissent, car il n’existe que par la pensée du scientifique, avec qui il converse régulièrement chaque soir. Les deux êtres sont psychiquement liés et l’anti-ego volera toujours au secours de son modèle. Le faciès de l’anti-ego est semblable à celui d’Hengelmann, mais furieux ou blessé, il retrouve une partie de son apparence originelle monstrueuse et peut perdre le masque de peau qu’il porte sur le visage. (...)
Si vous peinez à trouver une chronologie en voici un exemple, sur les trois jours que doit durer l’enquête. Premier jour : Soirée (entre 18 et 19h) : Conférence à la Sorbonne. Attentat de Herbert Liebe et suicide de ce dernier. La salle est évacuée, les PJ sont interrogés à l’Hôtel de Police et font la connaissance de Rivali. Nuit : Rivali est assassiné par l’antiego. Il remet un pli qui accuse Hengelmann du meurtre d’Annick Clément, prostituée parisienne. Les PJ sont mis en résidence surveillée car ils sont suspects dans le meurtre de Rivali. (...)
Première intervention de l’antiego, le soir, pour essayer de récupérer la lettre. Deuxième jour : Journée : Recherche d’Hengelmann à l’hôpital et rencontre avec Johann Woert / Visite à l’hôtel Parnassus et seconde intervention de l’anti-égo. Après-midi : Rendez-vous éventuel avec Damia. Elle mourra dans les premières heures de la soirée si elle n’est pas défendue / Meurtre de Johann Woert s’il n’est pas défendu (cause officielle incendie). Soirée : Meurtre de Von Klimt si rien n’est fait. Il meurt dans sa voiture personnelle, étranglé. Le petit miroir de son coche est terni (il est possible de sauver Von Klimt en l’empêchant de sortir). Sur le trajet du coche, un anarchiste du nom de Stéphane Charbonneau aura préparé un attentat au pistolet. (...)
Charbonneau se laissera faire, traumatisé par ce qu’il a vu dans la voiture en ouvrant la porte. Nuit : Meurtre de Stanislas Vivier. Hengelmann est réfugié dans la fumerie. Troisième jour Soir : Hengelmann fuit vers Innsbruck en train à 19h30. Au fur et à mesure, les PJ devront surtout essayer de préserver au maximum la vie des témoins et surtout éviter de se faire abattre par le monstre qui les prendra en chasse : sous couvert d’une traque, il s’agira surtout d’une partie de survie. (...)
Quelques événements peuvent agrémenter vos temps morts, si vous sentez que l’enquête patine. La police et Murinot sont constamment sur le dos des PJ, pour mener convenablement leur enquête il leur faudra un passe-droit ou être particulièrement discrets. (...)
Une intervention de l’anti-ego dans la bibliothèque est envisageable. Il est possible de rencontrer Vilma si l’on cherche le corps de Liebe. La jeune femme aura fait tout le trajet depuis Berlin pour revoir son bien-aimé. Elle sera rapidement mise à l’écart par la police mais parlera facilement avec les PJ. Les PNJ principaux L’Inspecteur Philippe Murinot : L’inspecteur Philipe Murinot, amicalement surnommé l’« Epouvantail » au sein de la brigade de police parisienne, est un enquêteur de renom, d’une intégrité à toute épreuve. Une intégrité qui influencera d’ailleurs sa carrière, puisque c’est en partie parce qu’il refuse de pactiser avec le gratin de la sphère politique parisienne qu’il n’est jamais monté en grade. Murinot est un grand homme sec, au teint cireux, toujours vêtu de noir et de gris. Il se fie essentiellement à son intuition et son expérience plus qu’aux rapports d’enquête qu’il juge systématiquement bâclés. Il sera chargé de couvrir l’ « Affaire Hengelmann » et refuse de conclure à un simple crime passionnel. Selon la tournure des événements, il sera le meilleur allié ou le pire cauchemar des PJ. Le professeur Hengelmann (Indécis) : Figure éminemment complexe, le Professeur Hengelmann est celui qui a engendré la créature coupable de meurtres que les PJ suivront tout au long de l’enquête. Issu d’une famille bourgeoise autrichienne très conservatrice, il fût marié très jeune à une cousine qu’il n’aimait pas et qu’il considérait comme le symbole des valeurs bourgeoises qu’il exécrait et jugeait responsables de ses propres troubles mentaux, qui commencèrent à apparaître dès l’adolescence. En réalité, Hengelmann souffre de troubles schizophréniques, qu’il essaye de tempérer par une consommation régulière de morphine. Incapable d’assumer ses penchants, il s’est vu dans la nécessité de les assouvir via d’autres personnes, par « procuration ». Lorsque les PJ le verront, le jeune homme séduisant qu’il a dû être ressemblera désormais à un vieillard brisé par le temps, le remords et les excès. Le professeur Voldoski (Sceptique) : Voldoski est un ancien ami de Hengelmann et l’un de ses principaux rivaux scientifiques. C’est un homme petit, sec et dégarni, au comportement sévère et aux propos acerbes. Voldoski, autrefois épris de la même jeune fille qu’Hengelmann, a conçu pour son ami une terrible jalousie qui s’est traduite par sa volonté systématique de démonter les théories de son adversaire. Voldoski est un homme incisif et désagréable, même s’il peut finir par se livrer aux rares personnes dont il respecte l’intelligence. Le duc Von Klimt : Le duc Von Klimt est le représentant de la couronne d’Autriche en France. C’est un être arrogant qui connaît son importance. Officier militaire, il en impose par sa stature et sa voix de stentor, voire son manque flagrant de gêne. (...)
Von Klimt finance l’Académie de Berlin et de Vienne, dans le but de faire progresser l’industrie, en particulier l’industrie de guerre. Il n’accorde donc aucune importance aux sciences sociales et les travaux d’Hengelmann ne l’intéressent pas. Von Klimt est régulièrement surveillé par un groupuscule anarchiste menée par Thierry Granjolin, « les gueules noires », opérant du coté de Bastille. (...)
Il est possible de prévenir cet attentat grâce à une bonne surveillance ou en parlant avec Rivali. Johann Woert : Joahann Woert est un jeune poète payé par Hengelmann pour se compromettre à sa place dans les envies sordides du scientifique. Inquiet de la tournure que commençait à prendre sa relation avec le théoricien, Woert a décidé de couper les ponts avec lui. C’est un jeune homme pâle d’une vingtaine d’années, qui trouvera son salut grâce à l’une de ses mécènes, Eugénie Tiriet. Woert a dénoncé le crime d’Annick Clément à la presse puis, persuadé de la nature démoniaque d’Hengelmann, a décidé de l’assassiner. Stanislas Vivier : Vivier est un proche ami de Woert et un romantique forcené, que les théories d’Hengelmann révoltent. Lors de la conférence, il arrivera à la tête d’un groupe de jeunes dandys pour exprimer son désarroi et ridiculiser l’Autrichien. Il sera malheureusement mis à la porte par les sergents de ville avant d’avoir pu dire un mot. Vivier est arrogant et se montre souvent narquois : ses revenus, essentiellement les rentes de son père, lui donnaient un statut confortable, mais depuis peu, ce dernier a coupé les vivres. (...)
C’est un excellent tireur au pistolet, qui a pour habitude de provoquer facilement en duel ceux qu’il considère comme des « importuns de l’intelligence ». Damia : Damia est une prostituée familière d’Hengelmann, qu’elle avouera détester. Témoin du meurtre de son amie Annick Clémence, elle livrera ces informations aux PJ, morte de peur. (...)
Trouvant carrière dans le journalisme, via un quotidien socialiste, il n’aura de cesse de fustiger les écarts de la classe intellectuelle bourgeoise, qui propose un modèle sans s’y tenir. Les révélations du jeune Johann Woert, qu’il considère comme une « victime du système » vont cristalliser son point de vue : un représentant du scientisme et sa morale clinique sera bel et bien un meurtrier et un pervers qui ne s’assume pas. (...)