JdRP Conseils MJ : Trois petites notes de Musique...
S’il est vrai que pour les Meneurs (et les joueurs !) de Maléfices, la Musique adoucit les meurtres , il n’en reste pas moins vrai qu’elle fait aussi pleinement partie de la panoplie du Meneur de Jeu pour renforcer l’ambiance de ses parties. Musique ou pas Musique lors des parties de Maléfices ? La sonorisation a ses fervents partisans... et ses farouches détracteurs !... Faisons le point... et tentons - évidemment ! (...)
Nous commencerons par envisager les avantages, (que d’aucuns trouvent ou trouveront indéniables) de sonoriser une aventure de jeu de rôle et tout particulièrement ici, sans surprise, de Maléfices. Viendront ensuite les objections que l’on peut opposer à ces premiers arguments, et une tentative de réponse à ces mêmes objections... Le tout dans l’espoir de voir ceux d’entre vous qui n’y ont jamais pensé, ou jamais osé, ou jamais voulu, ou jamais tenté, ou encore jamais pris le temps de s’y coller, d’essayer au moins une fois de se lancer dans l’aventure d’une bande sonore... Passionnato : Les arguments des tenants des bandes sonores ne sont pas innombrables, ce qui ne veut pas dire pour autant que la thèse n’est pas défendable ! (...)
les moments musicaux illustrent souvent agréablement les séquences narratives ou descriptives où les joueurs sont momentanément passifs ; ils aident à la « visualisation » de ces scènes, la musique venant en renfort des mots... Maléfices est un jeu d’ambiance... et qui dit « ambiance » pense souvent musique... Les premières séances du cinématographe étaient accompagnées de musique - « en live », s’il vous plaît ! -, le pianiste s’ingéniant à « coller à l’action »... « Certes, répond le baron d’Albray, mais le cinématographe étant muet, on avait plus ici une illustration qu’une ambiance... ». J’en conviens... Encore que ! Ceux qui ont eu la chance d’assister à une des séances de cinématographe organisées par l’association « Retour de Flamme » , - laquelle s’est donné pour but de rénover et conserver les bobines « survivantes » des temps héroïques du 7ème Art, puis de les projeter en séance publique avec accompagnement « live » aussi (piano, percussions, autres instruments parfois. (...)
) ceux qui ont assisté à une telle séance, disais-je, n’auront pas manqué d’être frappés par l’apport indéniable de la musique à la seule projection de ces premières aventures cinématographiques... J’en ai vu plusieurs, et je vous garantis que j’ai gardé un souvenir ému du Nosferatu de Murnau, projeté dans ces conditions. (...)
A ce propos - digression ! - savez-vous qu’un groupe actuel, Art Zoyd vient de composer une « vraie » bande sonore pour ce film , dans les conditions où on les compose actuellement, c’est à dire en « timant » les morceaux, en visionnant le film et parfois même en enregistrant la musique pendant que le film est projeté, pour mieux « coller » aux images ? C’est à découvrir, croyez-moi ! (...)
Ils ont donné un « concert projection » du Nosferatu de Murnau, que je n’ai pas vu, mais cette digression était une façon de montrer que l’idée n’est pas morte ! Ceci vient apporter de l’eau au moulin de notre réflexion. Car si comme on l’a dit, la musique n’était à cette époque du muet qu’une « utilité », une « illustration », un « remplissage », on eût pu penser qu’elle disparaîtrait avec l’irruption de la parole au cinéma ? (...)
Outre que le premier film parlant est musical - Le Chanteur de Jazz, 1929 - on n’a cessé depuis d’ajouter de la musique au cinéma, au point que certains thèmes sont devenus plus importants parfois que le film qu’il étaient censés agrémenter... C’est assez dire que la musique renforce l’effet des seules images... Et c’est un argument des plus pertinents : l’ambiance de nos parties peut être largement renforcée par la musique. Ceci est valable pour tous les jeux imaginables, même les plus bour... mais ne brisons pas par des anathèmes le début d’harmonie que j’essaie d’installer ici en parlant « Musique » !... Si certains curieux veulent connaître mon point de vue concernant l’utilisation de la musique dans le jeu médiéval-historique qu’est Hurlements, je me permets de les renvoyer à un article que j’ai commis pour « Pêcheur de Lune »-, le fanzine (disponible) de La Guilde des Veneurs . Ce postulat asséné, voyons un peu d’autres arguments, plus spécifiques à Maléfices... La Belle époque, comme toute époque, possède ses musiques spécifiques, dans le « grand monde » (Valses, quadrilles...), comme dans les milieux populaires (musique des fêtes foraines, avec le son grêle des carroussels, chansons accompagnées à l’orgue de barbarie, matchiche, java... (...)
Et que serait l’éventuellement mortelle scène finale si une polka endiablée n’y était pas soudainement interrompue par le sinistre bruit des bombes ? Dans le même ordre d’idée, on peut soutenir sans grand risque que la musique peut aussi aider les joueurs à mieux entrer dans l’atmosphère particulière d’une partie. Nous venons de parler de Folies Viennoises , mais je pense surtout ici au mystique Délivrez-nous du Mal... , pour lequel le son grêle d’une cloche (bruitage) et quelques chants grégoriens, symbolisent à merveille les nombreux offices qui rythment la vie des moines. (...)
De même, mener L’énigmatique carnet du capitaine Pop Plinn sans que les étapes du périple ne se nourrissent de musique celtique serait pour moi une hérésie ! D’autant que - les plus observateurs, ou musiciens, ou celtisants d’entre vous n’auront pas manqué de le remarquer ! (...)
- d’autant que, disais-je, les noms propres cités dans cette aventure sont quasiment tous extraits d’un album d’Alan Stivell, le mythique « Concert à l’Olympia » (Dreyfus 8340289-2). De l’utilisation des bruitages... Nous n’avons jusqu’ici parlé que de musique. Mais avez-vous pensé aussi aux bruitages ? Et pourtant, réfléchissez-y en repensant à quelques aventures que vous connaissez bien et vous verrez que l’on peut parfois, plus encore avec les bruitages qu’avec la musique, créer - ponctuellement, évidemment ! -, une atmosphère très intéressante... Un argument ? Bon, d’accord ! (...)
J’avais préparé des sons de train arrivant en gare, le ting-ting-ting-toug harmonieux d’un train en marche, la pluie d’été, des coups de pistolet. Très efficace ! Je dirais même beaucoup plus efficace, dans beaucoup de situation, que la musique (et c’est pourtant un authentique mélomane qui écrit ces mots !). La chose vaut donc qu’on s’y arrête. (...)
, voire l’entrée en scène d’un personnage pittoresque, comme un joueur de cornemuse, par exemple. Là, le bruitage doit être fort puisqu’il a pour fonction de surprendre. Deuxième utilisation, beaucoup plus subtile : utiliser les bruitages pour camper un décor... mais aussi une atmosphère. Les bruitages, sans viser à remplacer les descriptions du Meneur, se montrent alors très utiles : ils peuvent facilement suggérer un marais comme dans Jeremiah , une gare, ou l’intérieur d’un train, comme dans La Mante Religieuse , ou évoquer « facilement » une atmosphère complexe, telle que celle d’une fête foraine, dans Papa Pique et Maman coud... Oui, on sait, voici des titres qui ne vous disent rien du tout ! (...)
Mais c’est tout simplement parce qu’on ne vous les a pas encore proposés ! Sur le plan matériel : Il existe de nombreux disques de bruitages d’ambiance. Très franchement, ils sont de qualités très inégales, et on doit aller piocher dans beaucoup avant de se constituer une « bruitothèque » ( ?) satisfaisante. (...)
L’idéal, à mon sens, serait de jouer avec deux lecteurs - la peste soit de l’avarice et des avaricieux ! - : un pour les musique et un pour les bruitages. Sinon, je pense qu’il faut au moins se créer (vive l’informatique et les graveurs !) deux CD : un pour la musique et un autre pour les bruitages. Sans cela, l’utilisation des bruitages me paraît être très lourde à gérer. Après ce petit détour qui n’était pas inutile, revenons à notre sujet général, la sonorisation de nos aventures... Un autre aspect intéressant, a contrario : utiliser une bande sonore permet... de jouer sur les silences... Et croyez-moi, ça peut être drôlement inquiétant, le silence ! (...)
la tension monte ! Dernier argument, mais non des moindres, avancé par l’infâme Daniel Dugourd : « utiliser une bande sonore permet au meneur mélomane de se distraire pendant que ses joueurs partent dans de fumeuses théories qui ne tiennent pas la route... ». C’est sur cette pirouette que nous clôturerons cette défense de l’illustration sonore des aventures de Maléfices. Partition inquiétante... Mettons un bémol... Naturellement, certains Meneurs avancent des objections à ce qui vient d’être dit, et nous allons les examiner maintenant. Les éventuelles réponses viendront clore cet article dans un troisième paragraphe, qui tentera d’apporter des réponses argumentées à ces objections. Lesquelles peuvent être avancées sur divers plans bien distincts : D’abord, à l’évidence, on peut sur un plan « d’efficacité » soutenir que tous les scénarios ne se prêtent pas forcément aussi bien que les exemple cités plus haut à la sonorisation. On peut aussi avancer sans rougir qu’il en est pour lesquels on n’a pas forcément besoin de musique... Objection retenue. Sur un plan pragmatique, d’aucuns - et pas forcément les plus paresseux ! (...)
) derrière le paravent, avec les divers chargements / déchargements, peut devenir difficile à gérer en cours de partie, alors même que le Meneur est embarqué dans la description d’une scène cruciale. Objection retenue. Pire ! Une erreur de CD, ou plus simplement de manipulation, de plage, et voilà « la mauvaise musique » qui part... et l’ambiance que l’on voulait renforcer qui s’envole avec ! Mais n’envisageons pas ces cas particuliers, qui ne sont dus qu’à la maladresse pontuelle du Meneur, et n’ont en fait que peu à voir avec les sonorisations (réussies) auxquelles vous et moi avons habitué nos joueurs !!!... Plus sérieusement, sur le plan ludique, on peut objecter que la musique pourrait « distraire » les joueurs de la parole (sacrée, il va sans dire !) du Meneur de Jeu. Pris par la musique, les joueurs se laissent emporter et « zappent » tel ou tel élément important qui est « noyé » par la mélodie qu’ils entendent... Selon la musique employée, le « risque » est d’ailleurs plus ou moins grand de voir la chose se produire. Dans les cas-limites, cette musique peut même « parasiter » l’évocation, une musique de film particulièrement réussie (ou particulièrement prenante, ou particulièrement connue...) voyant par exemple les images du film supplanter les mots du Meneur. Les images marquantes effaceraient donc les efforts expressifs du Meneur, réduisant à néant ses tentatives de renforcer l’ambiance... Objection retenue. Sur le plan ludique, toujours, certains Meneurs soutiennent que l’emploi de la musique crée des « réflexes conditionnés » chez les joueurs, suscitant des réactions (exprimées ou non !) du type : « oh galère, il lance de la musique, ça va craindre !... » Et en effet, une musique particulièrement stressante implique très souvent, sous peine de paraître incohérent, une scène forte ou... (...)
Mais on peut tenter de pallier ce défaut. Nous essaierons de répondre aussi à cet argument. Avec l’utilisation de la musique on cherche le plus souvent, à l’évidence, à illustrer une scène. Un autre argument à charge serait de dire que le risque est grand alors de tomber assez vite dans le cliché. (...)
Enfin, et cela peut n’être qu’un argument de paresseux ou émaner de personnes qui ont pris la peine de se lancer dans l’aventure et y ont passé trop de temps : la préparation d’une bande sonore demande beaucoup de préparation et un choix minutieux. Evidemment ! Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ! Avant d’utiliser une sonorisation il faut choisir des musiques, ce qui suppose d’en écouter beaucoup, puis procéder à l’enregistrement, voire au montage des divers morceaux parfois, bref... (...)
« y’a du taf ! ». Nous ne le nierons pas. Mais nous avons aussi des éléments de réponses à toutes ces objections... Repons... Allegro, ma non troppo... Point trop n’en faut ! Ici plus encore qu’ailleurs, c’est la mesure qui doit primer ! (...)
Evitons le bruit de fond perpétuel qui ferait de nos parties une annexe du supermarché ou de l’ascenseur ! Je ne dirai pas la même chose des bruitages... Ils peuvent être passés sur une assez longue période. Daniel a écrit un scénario qui se passe dans les Highlands (patience, on travaille à le peaufiner ! (...)
Mais il serait à la longue lassant, voire comique, que le MJ signale régulièrement aux joueurs qu’il pleut. En revanche, si on balance régulièrement un bruitage de pluie plus ou moins forte, c’est beaucoup plus efficace. Dans ce cas, le bruitage doit être un léger bruit de fond. Et ce sont les joueurs eux-mêmes qui feront la remarque : « Mince ! Il pleut encore ?... » Ceci dit, l’utilisation des bruitages n’a pas pour but de faire l’économie des descriptions (ce serait un peu comme si un cinéaste estimait qu’il n’a pas à montrer une scène puisqu’il a fait un bon bruitage !!!...'. Mais revenons à la musique, qui est tout de même le thème principal de cet article... Une musique de fond continue, par définition, n’a plus de signification, elle n’est plus expressive. Or c’est précisément sur ce plan de l’expressivité maximale que nous nous plaçons pour tenter de vous convaincre que la musique peut être un réel adjuvant pour vos parties... Mais alors, mais alors, mais alors, allez-vous nous dire, on tombe en plein dans le reproche « v’là de la musique, ça craint ! ». Non ? Nenni ! Ou du moins n’est-on pas obligé d’y tomber, vous allez voir ! Molto vivace... On peut assez aisément combattre les « réflexes de joueurs » à l’écoute de la musique : * d’abord on n’est pas obligé du tout de lancer la musique AVANT de commencer à évoquer une scène. On peut commencer à la décrire sans musique, puis lancer la musique doucement et, en montant progressivement le volume, la mêler aux paroles du Meneur... Ce « décalage » suffit souvent à éviter le réflexe, puisque les joueurs prennent connaissance d’abord par la parole de la tonalité de la scène, la musique n’intervenant alors que comme un soutien, un renfort de cette parole... Syncopé... Pour éviter le systématisme, le « contrepied » n’est pas mal non plus : on peut par exemple, de temps en temps, sonoriser « pour le plaisir », et non par souci d’une stricte « efficacité expressive », une scène annexe - entendez par là une scène qui ne soit pas de tout premier plan -. Ceci permet d’éviter le très gênant systématisme « une scène forte, une musique... ». Les joueurs « s’habituent » à une utilisation de la musique qui ne soit pas systématiquement destinée à renforcer une scène-clef... Ils prennent la musique pour ce qu’elle est : un « plus » qui augmente encore leur plaisir de jouer, et non un « indice supplémentaire » fourni par le Meneur... * De plus, la variété dans les choix des musiques employées permet de tromper, ou à tout le moins d’EGARER les joueurs : tel morceau « violent » ou stressant dans son ouverture peut d’un coup s’apaiser ; inversement, tel morceau calme et bucolique peut soudain « basculer » sur un rythme lancinant d’abord, puis de plus en plus présent, puissant et angoissant... (...)
Jouer sur ce type de contraste déstabilise les joueurs et « sape » leur grande facilité à réagir par « réflexe pavlovien » sur la musique... Avec discernement... On peut aussi s’ingénier, par un choix judicieux des morceaux, à éviter les poncifs et les incontournables. (...)
Cela suppose d’en écouter beaucoup, on l’a dit, mais est-ce vraiment un pensum ? Personnellement, j’écoute très souvent de la musique, des musiques, toutes sortes de musiques... certaines sort étranges... en travaillant à mes scénarios de Maléfices, ou à ce site par exemple ! A la grande surprise, - à l’effarement, parfois, je ne le cache pas (selon les « oeuvres ») ! -, de ma petite famille !.. (...)
Je ne pense pas qu’il faille systématiquement s’en priver ; il ne faut pas hésiter à revenir aux fondamentaux s’ils apportent vraiment quelque chose à la scène. La description d’un lieu angoissant - château, manoir... - sur la musique des vieux Dracula de la Hammer, c’est top !... surtout s’il n’y a pas de vampires dans votre histoire ! (...)
Vous trouverez des prolongements de ce qui n’est ici qu’une simple remarque en vous intéressant à un article d’Hervé Fontanières , auteur de plusieurs scénarios de Maléfices, qui s’était en son temps penché sur cet intéressant jeu de balancier entre rationnel et irrationnel, qui nourrit les aventures du Jeu qui sent le Soufre. (...)
Quant à répondre à ceux qui trouvent que voilà bien du tintouin, bien du travail et bien du matériel pour une « simple » partie de Jeu de Rôle, ce sera facile : côté travail, nous avons déjà répondu ailleurs à l’exigence d’un scénario de Maléfices... Il y a toujours du travail si l’on veut en faire un moment particulier... Ceci dit, ce travail est fait une fois pour toutes, et resservira autant de fois que vous ferez jouer le scénario. (...)
Mais ceci devient plus technique et n’est pas l’essentiel de mon propos... Notre Conclusion est que toutes les objections soulevées au cours de cette causerie, à notre humble avis, ne sont rien, nada, nichts, peanuts, niente, nib’, que dalle... face au GAIN INESTIMABLE apporté par la sonorisation à vos parties pour L’AMBIANCE qui va régner autour de votre table... Tous en Choeur... Voici venir le moment annoncé au tout début... (...)
Je lance donc les deux questions qui devraient, après collecte, classement et mise en forme des réponses donner l’une et l’autre un futur article : Musique ? Certes, mais LESQUELLES utilisez-vous ? Et d’abord comment les utilisez-vous ? Sur ces deux aspect, j’attends durant deux mois, sur le forum ou la mailing-list, vos contrepoints et variations. (...)