L'Epopée de Thror (9) : Lis aux tresses d'argent
sur Arnheim
Contient : thror (27)L'Epopée deThror(9) : Lis aux tresses d'argentThrorgravit rapidement le tas de pierre entassées devant le passage. Thimbur, Lis et Ganyal étaient sans doute bloqués à quelques mètres derrière l'éboulis et le tunnel totalement obstrué ne laissait aucun espoir de les rejoindre par ce côté là. Malgré la mort du dragon, les Nains n'étaient pas au bout de leurs problèmes : siThrorétait venu avant tout pour tuer Umfir, il avait également promis de mettre fin aux rêves de conquêtes de Tarkang le nécromancien et désirait aussi aider Lis et son père à sortir de la forteresse. (...)
Ses quatre autres compagnons, Dwali, Thimli, Gror et Dofur, qui avaient droit à une part substantielle de la fortune du Roi Daïn Front d'Airain sur laquelle Umfir avait veillé pendant tant d'années, s'étaient précipités vers l'amoncellement de pièces d'or et d'objets précieux quelques instants seulement après la mort du dragon et avaient oublié d'un coup toutes leurs autres préoccupations pour se rouler en riant au milieu des richesses.Throravait détourné le regard, déçu et empli d'amertume de voir ses frères d'armes se conduire ainsi. (...)
Il savait que lui aussi, quelques années auparavant, aurait perdu la tête devant une telle quantité d'argent et de bijoux ; il savait également que l'appât du gain et la soif de l'or étaient des vices communs à tout le peuple Nain depuis la nuit des temps et faisaient le malheur de sa race, l'entraînant dans des guerres absurdes et meurtrières ; mais depuis qu'il était devenuThroraux Mains de Sang, membre de l'Ordre des Tueurs, il avait perdu tout intérêt pour les richesses matérielles et se désolait de voir les siens dévorés par cette passion inextinguible pour la fortune sous toutes ses formes. (...)
L'honneur et l'amitié comptaient désormais plus que tout dans sa vie. Une bagarre pour la possession d'un pendentif en émeraude venait d'éclater entre Gror et Dwali, etThrortentait de les séparer quand soudain un immense filet s'abattit sur eux. Dofur et Thimli n'eurent pas le temps de secourir leurs trois amis et furent à leur tour pris dans un enchevêtrement de mailles crasseuses et solides. (...)
Un grand rire retentit dans la pièce et peu à peu, les Nains distinguèrent au bout de la salle un immense trône sur lequel siégeait un vieillard habillé d'un long manteau sombre. - 'Tarkang...' murmuraThrordans un souffle. Il aperçut le nécromancien lever la main et tracer dans les airs un signe cabalistique. (...)
Je vais vous faire une grâce : vous le verrez avant de mourir... Et puis cela changera Umfir de la viande de Gobelin !' Ajouta-t-il en éclatant de rire.Throreut un petit sourire et répondit : - ' Nous avons déjà vu le tas d'or sur lequel dormait ce gros lézard que j'ai tué. (...)
Personne ne peut venir à bout de mon dragon ! Va donc vérifier...' Le nécromancien se figea un instant et fixaThrordu regard, comme s'il voulait pénétrer ses pensées. Puis au bout de quelques secondes, il recula d'effroi et s'appuyant sur son trône il poussa un cri de colère qui semblait sortir des entrailles de la terre et qui fit trembler les murs de la salle.Thror, impassible, soutenait son regard et sentait la violence de la haine qui animait son ennemi. L'homme avait lu dans le coeur du Nain que celui-ci disait la vérité et que son dragon était vraiment mort. (...)
Par l'ouverture les Nains purent apercevoir le ciel étoilé, et distinguèrent une grande forme ailée s'approchant de la forteresse. Dans un puissant battement d'ailes, le monstre se posa sur le rebord de la fenêtre.Throrle reconnut, car il avait déjà combattu par le passé de semblables créatures : c'était une harpie ; elle était énorme et son visage grimaçant reflétait la haine et la cruauté. (...)
Sans dire un mot, le sorcier s'approcha de la bête et prit la couronne, qu'il leva au-dessus de sa tête. - ' La Malédiction d'Arschnian, fitThrorà voix basse. Nous avons échoué. Tu as deviné juste, nabot ! s'écria Tarkang exultant. La Couronne Maléfique m'appartient désormais. (...)
Rassurez-vous, vous ferez bientôt partie de mes soldats !' ajouta-t-il dans un rire. ' Pourquoi ne la coiffe-t-il pas ?' se demandaThrorqui ne pouvait détacher son regard de la couronne. Comme s'il avait lu dans son esprit, le nécromancien poursuivit : - ' Il ne me reste qu'une formalité à accomplir. (...)
A ces mots les Nains eurent un dernier sursaut désespéré et tentèrent à nouveau d'atteindre leur ennemi, mais celui-ci se contenta de rire de plus belle et vit une nouvelle fois ses adversaires repoussés durement par le champ d'énergie magique qui leur barrait le chemin. La rage au coeur,Throret ses amis tentèrent d'abattre leurs armes dans le mur invisible dressé entre eux et Tarkang, mais les lames se brisèrent au contact de la barrière de magie pure et voltigèrent dans la pièce ; un bout de métal venu de sa propre épée s'enfonça profondément dans la gorge de Dofur qui se tordit de douleur sous la morsure de la lame et s'écroula sans un cri. Seule l'arme deThrorn'avait pas volé en éclats ; il n'avait pas pu percer la protection magique de Tarkang mais le nécromancien avait ressenti la puissance de l'attaque de la hache runique et avait paru fléchir, comme si le coup l'avait repoussé. (...)
' Il décrivit à nouveau de son doigt une courbe dans l'air et prononça à voix basse quelques incantations. La chaîne par laquelle la hache était reliée au poignet deThrorse mit peu à peu à chauffer, et bientôt le Tueur ressentit une brûlure à l'endroit où sa peau était en contact avec le métal. (...)
Tarkang contemplait la scène d'un air réjoui, les bras croisés, sûr de lui et attendant que la chaîne chauffée à blanc ne fonde en mutilant horriblement le Nain qui serrait les dents pour ne pas crier.Throrrepensait à son père, mort parce que lui avait cédé à la douleur, et voulait cette fois-ci surmonter ses souffrances et montrer à son ennemi qu'il pouvait rester maître de son corps. (...)
La brûlure cessa net. Le silence avait empli la pièce et n'était troublé que par la respiration haletante de Tarkang.Throrse releva et vit le nécromancien porter la main à son coeur et la retirer aussitôt, couverte de sang. (...)
La couleur du bijou se confondait si bien avec les cheveux de la jeune fille que nul ne connaissait l'existence de l'aiguille à part elle-même et son père, et ce jour là son secret lui avait offert sa vengeance. Elle s'était approchée doucement du nécromancien dont l'attention était concentrée surThroret sur les Nains, et lui avait plongé l'aiguille dans le coeur à travers sa longue cape noire. (...)
La victoire avait cependant un goût amer, et le premier instant de surprise passé, les Nains n'eurent pas le coeur à se réjouir. Thimbur et Dofur étaient morts et Ganyal grièvement blessé ;Throrn'avait gardé curieusement aucune trace de sa brûlure au poignet, mais tous ses compagnons avaient souffert de leur rencontre avec le nécromancien et avaient de légères blessures dues aux pouvoir défensif de Tarkang. (...)
La mort du dragon et celle de Tarkang avaient fortement ébranlé les troupes d'Orques et de Gobelins, et la plupart des Peaux-vertes avaient fui à la faveur de l'obscurité ; aussiThroret ses compagnons n'eurent aucun mal à sortir de la forteresse qui n'était plus gardée. En milieu de journée, ils parvinrent à Dol Vorn et furent accueillis en héros par les villageois. (...)
La joie et la bonne humeur revinrent bien vite dans la vallée et le repeuplement de la forteresse commença dans le mois qui suivit.Thror, reconnu par tous comme le sauveur de la Montagne, fut chargé à l'unanimité de la gestion du trésor et de la direction des affaires de Karak Grong, et fit preuve d'une grande sagesse dans cette tâche difficile. (...)
Un soir, comme il s'était retiré à l'écart, sur un balcon de la forteresse, Lis vint le trouver et lui demanda : - ' Qu'avez-vous,Thror? Depuis quelques temps vous n'êtes plus le même. Tout va bien cependant, et cela est votre oeuvre. (...)
Borri voulait que votre vie serve à quelque chose. Serve à votre peuple, et à ceux qui vous aiment,Thror. Vous n'avez pas le droit de repartir maintenant : votre place est ici, à jamais.' fit-elle en s'éloignant.Throrresta seul un long moment, regardant les étoiles. Sous ses pieds s'étendait la longue vallée, où luisaient les nombreuses lumières des villages Nains et où se trouvait son peuple. (...)
Se détachant peu à peu de ses pensées, il prit une profonde inspiration et retourna dans la salle du trône rejoindre ses amis.Throrépousa Lis aux Tresses d'Argent et devint le premier roi Tueur de Karak Grong ; il mourut à un âge très avancé sans jamais avoir honoré son serment et son fils reçut la charge de son père en même temps que sa couronne. Longtemps, les ménestrels chantèrent ses exploits, et la légende deThroraux Mains de Sang se perpétua de génération en génération, et resta à jamais gravée dans la mémoire du peuple Nain. (...)Thror gravit rapidement le tas de pierre entassées devant le passage. Thimbur, Lis et Ganyal étaient sans doute bloqués à quelques mètres derrière l'éboulis et le tunnel totalement obstrué ne laissait aucun espoir de les rejoindre par ce côté là. Malgré la mort du dragon, les Nains n'étaient pas au bout de leurs problèmes : si Thror était venu avant tout pour tuer Umfir, il avait également promis de mettre fin aux rêves de conquêtes de Tarkang le nécromancien et désirait aussi aider Lis et son père ...