L'histoire de Clébard
sur Le Ludiste
C'est une soirée d'automne morne à l'auberge des deux amphores. Dehors la nuit est brumeuse et humide. A cinq pas de la porte, la rue se perd dans un épais coton grisâtre. Oubliées les autres rues de Pôles aux alentours, oubliées les murailles toutes proches qui, la veille encore, dégoulinaient du sang des guerriers tentant, qui de prendre pied sur le parapet pour envahir la ville, qui de repousser les barbares du nord pour protéger leurs foyers. On aurait tout aussi bien pût se trouver n'importe ...Contient : femme (14)(...) Mais si elle est violente cela nous changera des massacres stupides de ces derniers jours. C'est l'autre porteur d'Arme qui vient de parler ; en l'occurrence d'unefemmequi a tous les atours d'une jeune mère de famille et se nomme Clarisse. Sa présence semble incongrue au côté de guerriers de métier. (...)
Il redoutait d'être frappé par une quelconque malédiction s'il mettait fin à ses jours. Le temps passant le paysan pris un nouvellefemme, qui lui donna des enfants sains et mignons comme peuvent l'être des rejetons de bouseux. Et pendant ce temps Clébard grandissait, à moitié traité comme un débile et à moitié comme un animal. (...)
Ils se toisèrent du regard et Clébard faillit pousser un cri d'étonnement. Son adversaire était unefemme, pas bien grande et avec des traits étrangement sombre. La fille eut plus de mal à cacher sa surprise, si ce n'est sa peur. (...)
Son salut vint à lui de manière inattendue, sous les traits d'une milicienne de petite taille mais à la carrure imposante. Cettefemmelarge d'épaules avait un visage rendu disgracieux par une mâchoire démesurée d'où saillait une paire de crocs recourbés. (...)
Vu comment les gens du coin aiment pas les hysnatons je comprend que tu ais des ennuis. Clébard ne comprenait pas tout ce que disait lafemme, mais il la sentait compatissante. Peut-être accepterait elle de l'aider. Avec des mots simples, car il ne savait pas très bien parler, il lui raconta qu'il faisait tout ça pour sauver l'amour de sa vie. (...)
Il voulait revenir un jour dans son village, quand il aurait fait ses preuves, la serrer dans ses bras et vivre heureux avec elle. Quand la milicienne, dubitative, lui demanda ce que la jeunefemmeéprouvait pour lui, il répondit sans hésiter que leur passion était partagée et sincère. Il sut, dans son inculture, se montrer éloquent et poignant. Cettefemmequi l'écoutait, et qui partageait avec lui le fardeau des monstres, en fut émue et le crut. L'histoire devait raviver chez elles de cruels souvenirs de déconvenues amoureuses. (...)
J'espère que vous pourrez être heureux. Tout en s'enfonçant dans la nuit Clébard avait les larmes au yeux. Cettefemmeétait la première personne, à part sa douce Anya, à lui avoir témoigné un peu de respect et de confiance. (...)
A l'abri de deux rochers, sur un lit de mousse il découvrit un couple en pleine action. Lui était étendu sur le dos, le visage crispé par le plaisir. Elle, unefemmemagnifique et gracile, le chevauchait en gémissant d'une voix aigue. Chose étrange elle gardait la main posée sur la garde d'une épée, plantée dans le sol jusqu'à côté d'eux. (...)
Un an après avoir fuit le campement vorozion, Clébard, le chien de guerre, régnait sur une quarantaine de mercenaires et quatre Armes mineures. Il était enfin temps pour lui de retourner chercher lafemmede sa vie. L'Arme exultait. Jamais elle ne s'était sentie aussi proche d'un de ses porteurs et la perspective de le voir connaître le bonheur auquel il aspirait depuis toujours la comblait de joie. (...)
Il retira son heaume en forme de tête de chien et elle le reconnu. Des larmes de colère coulaient sur les joues de lafemmependant que Clébard lui parla. - Quand je n'étais rien et à votre merci tu m'as aidé. Grâce à toi j'ai échappé à la mort. (...)
Alors que son plaisir grandissait ses illusions s'effondraient, il réalisait quel le rêve stupide avait été sien pendant tout ce temps. Et lorsqu'enfin il se répandit dans le corps de cettefemmequ'il ne connaissait pas, il lui brisa le cou. Et il offrit son plaisir à la seule personne dont il ne douterait jamais, son Arme. (...)
- Pourtant c'est bien une histoire d'amour, petite mortelle. Et complètement véridique de surcroît. Ce jour là Clébard a réalisé que la seulefemmecapable de l'aimer pleinement et intensément était déjà à son côté depuis plus d'un an. Cette révélation fut d'ailleurs un choc pour l'Arme également. (...)
Demande Clarisse, le regard brillant de fièvre. - Je crois que tu le sais déjà, lui répond Gaétan avec un sourire. - Sweetsharp, murmure la jeunefemmeen faisant glisser ses doigts sur la lame de son épée. Elle ne se sent plus seule. Elle ne le sera plus jamais. (...)