Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Marelles
J'étais à la fois terrifiée et fascinée. Debout dans les profondeurs du château, où les ténèbres reculent devant Sa magie, je contemplais la Marelle. Combien de fois n'avais-je pas imaginé, rêvé cet instant...retenir mon souffle et lentement avancer...inspirer profondément pendant qu'un long frisson me parcourt. Sous mes pieds, Elle prend vie à chacun de mes efforts, ma vie...mes souvenirs, bons, mauvais, surtout les meilleurs, mais toujours je ressens la détresse de l'abandon...pourtant, je continuais...encore ...Contient : marelsa (10)(...) Malgré tout, elle dégageait une sorte de grâce animale, peut-être en raison de sa démarche étonnamment légère.Marelsa, c'était son nom, disait être la fille du prince Julian. Elle avait appris que j'avais traversé la Marelle la veille, et souhaitait que je lui en parle. (...)
Ces présentations m'intriguaient assez : premièrement les nouvelles allaient fort vite ici, et deuxièmement, j'avais rencontré Julian lors de la 'fête' sur le port, mais sa prétendue fille n'était pas présente alors. J'hésitais quelques instants seulement avant d'accepter d'accompagnerMarelsajusqu'à la salle de la Marelle. Si elle n'était pas du sang d'Ambre, elle mourrait de toute façon pendant l'épreuve. (...)
Quand je pus enfin détacher mon regard de la vision qui nous était offerte, je lus le même émerveillement sur le visage deMarelsa. Sa décision était prise, j'en étais certaine. Je lui répétais donc les paroles prononcées autrefois par l'homme en noir, celles-là même que je m'étais remémorée la veille. (...)
Il me semblait voir une scène filmée au ralenti, elle marchait, lentement très lentement, titubait presque, vraiment, elle tombait ! Deux cris résonnèrent simultanément dans un silence inquiétant.Marelsaétait à terre, un pied heureusement toujours en contact avec la Marelle. Sa position était délicate, et elle semblait incapable de se relever seule. (...)
Je posais donc à nouveau le pied sur le filament bleu, oubliant les images qu'il me renvoyait, ne songeant qu'à avancer le plus vite possible, jusqu'àMarelsa. Je ne sais combien de temps il me fallut pour l'atteindre, mais elle n'avait pas bougé. Je me baissais précautionneusement et l'aidais à se relever. (...)
Peut-être Père était-il vraiment là pour m'aider alors...Enfin nous parvînmes au centre, et épuisée, je laissaisMarelsachoisir notre destination. Nous étions en plein coeur de la forêt d'Arden.Marelsaparaissait encore plus épuisée que moi. Etrange endroit pour se reposer, j'aurais préféré un bon lit ! (...)
Leurs vêtements déchirés témoignaient d'un long trajet à travers les broussailles du coeur de la forêt. Pendant que j'achevais de me rhabiller,Marelsas'empara de la jeune femme pour la baigner à son tour dans la source. Elle la connaissait, visiblement. (...)
Il l'aurait récupérée en Ombre... Neige était presque remise lorsque nous nous mîmes en marche vers le château. Ni elle ni Robin ne paraissaient avoir remarqué les marques queMarelsaavait involontairement laissées quelques instants apparentes au haut de ses cuisses. Elle avançait silencieusement, le front plissé par des pensées que je croyais deviner. (...)
Quelques centaines de mètres plus loin, quatre chevaux sortaient aux mêmes instants des fourrés pour s'avancer vers nous.Marelsaflatta le premier d'entre eux et nous invita à l'imiter avant de monter à cru. Le paysage défilait plus rapidement maintenant, et la cité d'Ambre se dessinait enfin à l'horizon. (...)