Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Esprit
de familleJe me trouve à nouveau sur le pont de ce maudit navire secoué par un océan déchaîné. Acculée à la proue du bateau, encerclée par des brutes sales et aveuglées par leurs croyances, je ne sais plus quoi inventer pour m'en sortir. Ma vision est teintée du rouge de mon propre sang, ils sont trop nombreux pour que je puisse espérer les éliminer un à un. Et cette douleur à la tête ne cesse d'empirer. Des mains calleuses s'emparent de moi, plaquant plus encore sur ma peau des vêtements détrempés d'écume ...Contient : mourir (5)(...) Et le jeune homme détenait peut-être la solution à son problème. L'image glacée ne s'anima pas vraiment, mais je sentis s'ouvrir l'esprit de Karadriel. Il voulaitmourir. Il voulait rester là etmourir. Après tout, il n'était que le fruit raté d'une expérience génétique. Ici au moins, il était utile à sa mère. S'il pouvait de plusmouriren la servant... Ces sombres pensées se déversaient en moi, terribles. Je tentais de faire ressentir à Karadriel l'inquiétude réelle de son père, à l'origine de notre présence ici. Nous espérions l'aider, il souhaitaitmourir. J'essayai longuement de le convaincre, de plus en plus consciente de sa souffrance physique et morale. (...)
Après de longues heures de patience qui s'écoulèrent en marche silencieuse, la transformation de Karadriel fut enfin achevée. Son regard tomba sur nous, lourd de ses souffrances : 'Vous deviez me laissermourir' énonça-t-il simplement. Je tentai à nouveau de calmer son esprit perturbé, mais lui se contenta de réclamer encore et encore un crayon et du papier, ne semblant pas prêter attention à mes paroles. (...)