Constantinople
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Contient : chute (11)(...) De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables de l'Etat byzantin, par exemple la fréquence et la gravité des révolutions de palais ou des mouvements populaires, la pesanteur de la centralisation administrative, l'immense prestige du patriarcat byzantin qui survécut longtemps à lachutede l'Empire. On peut même dire que Constantinople, comme l'ancienne Rome, mais d'une autre manière, a créé l'empire dont elle devait devenir la capitale: en déplaçant vers l'est le centre de gravité du vieux monde romain, Constantin assurait à l'Orient grec une cohésion qu'il n'avait jamais connue, mais en même temps rendait inévitable à plus ou moins long terme l'abandon de la pars occidentalis . (...)
Sa population, formée du noyau byzantin primitif auquel s'ajoutèrent très rapidement des éléments venus de toutes les régions d'Orient, puis d'Occident, ne semble cependant pas avoir dépassé le demi-million au temps de sa plus grande prospérité. Au XVe siècle, à la veille de lachutede la ville, elle était tombée bien au-dessous de 100 000 habitants, mais la superficie de la cité, à l'abri de ses murailles imprenables, n'avait pas diminué: aussi était-elle à demi déserte. (...)
Non pour la date de sa fin: l'Empire est mort avec son dernier souverain, Constantin XI, au matin de lachutede Constantinople, le 29 mai 1453, sur la brèche de la porte Saint-Romain. C'est sa date de naissance qui est controversée, quoique les Byzantins n'aient jamais eu là-dessus d'hésitation: pour eux, leur Empire date du règne d'Auguste. (...)
Appliqué à la littérature, le terme « byzantin » désigne les oeuvres d'expression grecque de l'époque byzantine. Si l'on peut clore l'histoire de cette littérature à lachutede Constantinople, le début en est plus difficile à déterminer. Krumbacher le fait remonter à Constantin, d'autres seulement à Héraclius. (...)
La crise du VIIe siècle (610-717) : L'idée de légitimité dynastique a fait, au VIIe siècle, de rapides progrès : jusqu'à la longue série de désastres et de coups d'Etat qui suivit la premièrechutede Justinien II, le trône fut constamment occupé par des membres de la famille des Héraclides, qui firent ainsi bénéficier l'Etat d'une incontestable continuité de vues, exception faite pour le domaine religieux - continuité qui tient peut-être en partie aux traits de caractère communs aux Héraclides: un goût très vif de l'action; des dons de stratège; une piété sincère, bien que souvent mal éclairée; un sens de l'autorité dégénérant parfois en despotisme. (...)
Le nez coupé (d'où son surnom de Rhinotmète), il fut relégué à Kherson. Les Arabes profitèrent de ces événements pour envahir l'exarchat d'Afrique, ce qui provoqua lachutede Léontios. Le drongaire (amiral) Apsimar prit sa place, sous le nom de Tibère III. Son règne devait être brutalement interrompu par le retour inopiné de Justinien II qui s'était évadé de Kherson et avait réussi à gagner à sa cause le khagan des Khazars, dont il avait épousé la fille, puis le kh? (...)
Quand elle eut détrôné et fait aveugler son propre fils, l'incapable et impopulaire Constantin VI, et qu'elle se fut proclamée empereur, elle ne sut ni administrer l'Etat, ni éviter la défaite sur le front arabe et sur le front bulgare, ni surtout épargner à Byzance l'humiliation de voir ressusciter avec Charlemagne un Empire rival en Occident. Un coup d'Etat la renversa après cinq ans d'un règne désastreux. Les années qui séparent lachuted'Irène de la seconde période iconoclaste auraient été dans l'ensemble réparatrices, si la puissance des Bulgares, débarrassés par les victoires de Charlemagne de leurs ennemis avars, n'avait pas grandi dans d'inquiétantes proportions. (...)
Deux ans plus tard (813), son successeur Michel Ier était de nouveau mis en déroute par le même kh?n bulgare, Kroum. Cette défaite causa sachuteet le parti iconoclaste revint au pouvoir en la personne d'un stratège d'origine arménienne, Léon V . (...)
C'est ainsi, par exemple, que pendant vingt-quatre ans Romain Lécapène put reléguer le porphyrogénète Constantin VII au rang de coempereur sans pouvoir; mais, après sachute, lorsque le faux bruit courut que les fils de Lécapène avaient exilé Constantin, une terrible émeute éclata pour défendre cet empereur falot que personne ne connaissait, et ce furent les fils de Lécapène qui partirent pour l'exil. (...)
Celui-ci, en mettant le Paléologue à sa tête, était retombé au pouvoir d'une aristocratie décidément fermée à l'intelligence des réalités économiques: sous sa direction, il s'engageait une seconde fois dans une voie qui l'avait déjà mené à la catastrophe. Les Paléologues et lachutede Byzance (1261-1453) : En faisant aveugler le petit Jean IV, héritier légitime des Lascaris, Michel VIII installait à Byzance une dynastie qui devait durer jusqu'à la fin de l'Empire. (...)
Il est même probable que, sans les Turcs, la Morée grecque aurait été le point de départ d'une nouvelle renaissance byzantine: les ruines de Mistra, sa capitale, sont encore là pour attester le haut niveau de la civilisation dans ce dernier réduit de l'hellénisme. En revanche, lachutede Constantinople parut imminente après le désastre de Nicopolis (1396) où s'abîma la croisade organisée par le roi de Hongrie Sigismond et le comte de Nevers. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...