Constantinople
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Contient : empereur (46)(...) La «ville de Constantin» et sa fondation Peu de souverains ont fait l'objet de discussions aussi passionnées que Constantin. La création de Constantinople n'a pas échappé à ces controverses: l'empereura-t-il voulu remplacer Rome, ou la dédoubler, ou simplement laisser après lui une grande cité qui portât son nom? (...)
D'autre part, si Constantin cherchait une ville apte à un grand développement économique, située au croisement de plusieurs grandes routes commerciales, plus facile à ravitailler que Rome en blé d'Egypte, en produits manufacturés d'Asie - voire en fonctionnaires (grâce à la proximité des centres intellectuels de l'Orient) -, il ne pouvait trouver mieux que Byzance, admirablement établie sur un promontoire facile à défendre et pourvue du port naturel très sûr qu'était l'estuaire de la Corne d'Or. Si l'empereuravait simplement voulu créer en Orient une base stratégique inexpugnable, il n'aurait pas conçu pour elle un plan aussi colossal, il n'aurait pas cherché à y attirer en masse de nouveaux habitants - en particulier des membres du Sénat romain - en étendant à son sol les privilèges de l'ancienne Rome, tels que le ius italicum et l'annone, cette dernière attribuée à tout possesseur d'un immeuble nouvellement bâti. (...)
) fait de la juridiction de l'éparque la plus haute de l'Empire: il s'installe au prétoire et préside même, jusqu'au XIe siècle, le tribunal de l'empereuren l'absence de celui-ci. Enfin, en tant que responsable de l'ordre public, l'éparque contrôle les corps de métiers, comme à Rome. (...)
En principe, l'éparque administre la ville conjointement avec le Sénat, qu'il préside et représente devant l'empereur, et dont les membres ne relèvent juridiquement que de lui. En fait, le Sénat de Constantinople, s'il a joué constamment un rôle non négligeable dans l'Empire, a cessé très rapidement d'être un organe d'administration municipale. (...)
A partir du Ve siècle, des divergences religieuses viennent renforcer leur antagonisme quand les Verts se mettent à soutenir le monophysisme. Comme chaqueempereur, suivant ses options politiques, doctrinales ou fiscales, favorise forcément l'une ou l'autre faction, leur rivalité en est constamment attisée et éclate souvent en émeutes: s'il arrive que les deux partis, également mécontents, fassent cause commune contre l'autorité impériale, c'est le régime lui-même qui risque d'être emporté; il s'en fallut de bien peu en 532 (sédition Nika). (...)
D'autre part, là où l'écrivain byzantin a des préoccupations esthétiques (ce qui n'est le cas ni pour la chronographie, ni pour les écrits spirituels ou scientifiques), il soumet son art à des règles rhétoriques très étudiées qui l'éloignent du nôtre. Si les Byzantins se sentent politiquement des Romains (leurs historiens parlent toujours de l'empereur, de l'armée ou du peuple des Romains, jamais des Grecs), par la culture, ils se sentent entièrement grecs, héritiers directs de la civilisation classique et hellénistique. (...)
Si la philosophie est surveillée par l'Eglise, la rhétorique, l'histoire, voire la poésie profane, sont plus ou moins placées sous la coupe du pouvoir civil qui les utilise volontiers pour sa propagande. Il ne faut pas oublier que Byzance a deux religions: celle du Christ et celle de l'empereur, héritée de l'ancienne Rome. C'est pourquoi l'autorité politique de la Cour se double, surtout aux périodes d'expansion, d'une influence littéraire, fort différente d'un pur mécénat; cela se voit à l'importance que prennent à Byzance l'éloquence d'apparat, oraisons funèbres ou éloges impériaux (c'est là une forme du culte impérial), et l'histoire, dont le rôle est de célébrer à la fois des fastes des souverains et la mission civilisatrice de l'Empire chrétien. (...)
La dynastie théodosienne était issue d'Espagne; ses successeurs étaient pour la plupart originaires de la partie non grecque de la péninsule balkanique, tels les Thraces Marcien et Léon Ier, l'Epirote Anastase, l'Illyrien Justin Ier; on trouve même un pur barbare, l'Isaurien Zénon, qui s'appelait Tarasicodissa avant son avènement. Il faut descendre jusqu'à Tibère II pour rencontrer unempereurqui soit vraiment d'ascendance grecque. Parmi les hommes d'Etat qui entourent ces empereurs, il y a aussi beaucoup d'Occidentaux; du reste, la langue de l'administration et des tribunaux est encore le latin, et non le grec. (...)
Mais cette mesure ne suffit pas à restaurer la paix intérieure, car Anastase soutint de plus en plus ouvertement le parti monophysite, dont il professait secrètement la doctrine, et favorisa le dème (parti) des Verts, qui, composé surtout d'Orientaux, représentait le monophysisme dans la capitale. Il en résulta des troubles qui ne cessèrent qu'à la mort de l'empereur. L'élection à l'Empire du comte des excubiteurs (commandant de la garde palatine), Justin, vieux soldat peu lettré dont la femme était une ancienne esclave barbare, fut le signal d'une violente réaction orthodoxe. (...)
Puis il se retourna contre les Avars; mais ses troupes, lassées d'une guerre interminable, se révoltèrent (602) et proclamèrentempereurun centurion, Phocas. Les troubles qui suivirent ce pronunciamento , et auxquels Phocas ne sut répondre que par un régime de terreur, favorisèrent l'invasion des Perses par la Cappadoce, des Slaves et des Avars par le Danube. (...)
La violence de ces querelles vient de ce qu'elles mettaient en jeu l'unité de l'Empire; dans l'Occident déjà politiquement morcelé, mais spirituellement uni autour d'un unique patriarche, le pape, elles n'auraient pu être de si grande conséquence. A Byzance, la sujétion du patriarche, et par conséquent de l'Eglise, à l'empereurn'a jamais été contestée. Les souverains en ont trop souvent déduit qu'il en était de même de la doctrine et qu'il leur était permis d'adapter celle-ci à leurs buts politiques. (...)
La perte de ce petit territoire lointain eut une très grave conséquence: le pape, ne pouvant plus compter sur la protection des armes byzantines, se tourna vers les Francs et cessa dès lors de se considérer comme le sujet de l'empereurgrec. C'est sous Constantin V que l'iconoclasme, soutenu d'ailleurs par une partie non négligeable du clergé séculier, atteignit son paroxysme. L'empereurréunit à Hiéria (754) un concile qui décida l'interdiction du culte des images et la destruction de celles-ci. (...)
Quand elle eut détrôné et fait aveugler son propre fils, l'incapable et impopulaire Constantin VI, et qu'elle se fut proclaméeempereur, elle ne sut ni administrer l'Etat, ni éviter la défaite sur le front arabe et sur le front bulgare, ni surtout épargner à Byzance l'humiliation de voir ressusciter avec Charlemagne un Empire rival en Occident. (...)
De fait, les usurpateurs ne manquèrent pas; mais, quelque désir qu'ils en aient eu, aucun ne put fonder de dynastie en détrônant l'empereurlégitime, car le peuple de Byzance ne l'aurait pas admis. C'est ainsi, par exemple, que pendant vingt-quatre ans Romain Lécapène put reléguer le porphyrogénète Constantin VII au rang de coempereur sans pouvoir; mais, après sa chute, lorsque le faux bruit courut que les fils de Lécapène avaient exilé Constantin, une terrible émeute éclata pour défendre cetempereurfalot que personne ne connaissait, et ce furent les fils de Lécapène qui partirent pour l'exil. Il est juste d'ajouter que ces usurpateurs furent tous d'excellents souverains. (...)
Le vieux principe qui subordonnait les services dépensiers aux diverses caisses (fisc, domaines de l'Etat ou « patrimoine » de l'empereur) par lesquelles ils étaient alimentés, est définitivement abandonné: l'Etat possède désormais un véritable budget établi par un service autonome, et un véritable ministère des finances, dirigé par le « logothète tou genihou », qui contrôle toutes les sources du revenu fiscal, y compris les biens de l'empereur. Dans l'administration locale, caractérisée par la multiplication des thèmes qui désormais couvrent tout le territoire de l'Empire, la hiérarchie militaire continue de dominer la hiérarchie civile; mais un fonctionnaire peut passer facilement de l'une à l'autre. (...)
Les successeurs de Léon VI devront revenir sur ces dispositions imprudentes. C'est sous le règne de cetempereurque se place l'avènement du plus grand souverain bulgare, Syméon, et ses premières entreprises contre Byzance, au grand profit des Arabes qui achevèrent la conquête de la Sicile, écumèrent l'Egée, mirent à sac Thessalonique (904). (...)
Ce furent des années difficiles. Toute l'habileté diplomatique de Nicolas, qui alla jusqu'à concéder à Syméon le titre d'empereurdes Bulgares et à le couronner, ne put empêcher le conquérant bulgare d'étendre sa domination sur tous les Balkans. (...)
Romain, arménien comme Basile Ier, se révéla aussi bon stratège que bon diplomate. Pour détourner de Constantinople le tsar dont l'ambition suprême était d'être couronnéempereurdes Romains, il sut détacher les Croates, puis les Serbes de l'alliance bulgare, ce qui eut pour résultat de faire entrer ces peuples dans la sphère d'influence byzantine et d'engager Syméon dans des guerres désastreuses. (...)
Romain Lécapène fut renversé par ses propres fils, ambitieux et impatients; mais ceux-ci ne trouvèrent aucun partisan, et durent céder la place à Constantin VII, qui allait enfin exercer le pouvoir. Cetempereurarchiviste et encyclopédiste travailla beaucoup à sa manière, qui n'est pas la plus mauvaise, pour le renom de Byzance; il centralisa autour de lui l'activité intellectuelle de son temps, et légua aux âges futurs les sources les plus précieuses pour la connaissance du passé byzantin, dont la principale est son Livre des cérémonies . (...)
Quand son mari mourut, après quatre ans de règne, Théophano, pour ne pas être écartée du pouvoir, épousa le meilleur général de son temps, le vieux Nicéphore Phocas, qui venait d'être proclaméempereurpar ses propres troupes. Le règne de ce pieux et rude homme de guerre, dont la personnalité annonce celle de Basile II, son pupille, fut très brillant sur le plan militaire, comme on pouvait s'y attendre. (...)
Michel IV, souverain consciencieux et courageux, qui mourut d'épilepsie après avoir réprimé les Bulgares révoltés par la fiscalité impitoyable du tout-puissant ministre Jean l'Orphanotrophe, frère de l'empereur. Le fils de Jean, Michel V, qu'il avait fait adopter par Zoé, fut renversé au bout de quatre mois pour avoir essayé de détrôner la vieille porphyrogénète. (...)
Les Seldjoukides avaient envahi l'Arménie, la Cappadoce jusqu'à Césarée, et Romain ne put leur opposer qu'une armée de mercenaires petchenègues et occidentaux qui fut écrasée à Mantzikert, en Arménie (1071). Les Turcs imposèrent à l'empereurprisonnier un traité fort modéré; mais, pendant sa captivité, une révolution de palais avait donné le pouvoir à l'incapable Michel VII, fils de l'empereurdéfunt Constantin X. A son retour, Romain fut pris par traîtrise et aveuglé. N'étant plus liés par le traité, les Turcs reprirent l'offensive. (...)
Les dernières armées byzantines ne s'occupèrent plus que de lutter les unes contre les autres pour imposer l'empereurqu'elles s'étaient choisi, et lorsque le vainqueur de cette ruineuse compétition, Alexis Comnène, neveu d'Isaac, s'installa au Grand Palais, il trouva l'Asie Mineure presque entièrement aux mains des Turcs, le trésor vide, la monnaie dévaluée - une monnaie dont le cours n'avait pas varié depuis le lointain règne d'Anastase Ier -, le commerce et l'industrie ruinés. (...)
Cette politique impérialiste et interventionniste inquiétait beaucoup l'Occident, particulièrement Venise, menacée par l'annexion de la Dalmatie, et Frédéric Barberousse, qui savait que Manuel, dans le dessein de lui enlever la couronne impériale d'Occident, négociait en sous-main l'union des Eglises avec le pape Alexandre III et soutenait la ligue Lombarde avec l'or byzantin. Quand l'empereurmourut, quatre ans après la grave défaite de Myrioképhalon infligée par le sultan d'Iconium Kilidj Arslan, il n'avait guère que des ennemis en Occident, et il laissait un Etat épuisé où les charges militaires accablantes dévoraient progressivement toutes les sources de revenus. (...)
Surtout, l'Asie Mineure dut à l'énergie de Théodore Lascaris, gendre d'Alexis III, qui semble avoir été éluempereurpar le clergé quelques heures avant la prise de Constantinople, d'échapper à la conquête pour sa plus grande partie et de former le noyau à partir duquel sera reconstitué l'Empire, en moins de soixante ans, avec une habileté digne des plus grands souverains de Byzance. (...)
Venise : Dans le partage de ce que les croisés avaient pu conquérir, Venise se taillait la part du lion: avec les principaux ports et la plupart des îles, un très vaste quartier de Constantinople, une franchise commerciale absolue dans tout l'Empire et le monopole de l'élection du patriarche, les Vénitiens devenaient les véritables maîtres de la conquête franque et en recueillaient les meilleurs bénéfices. Le reste du territoire, sous la suzeraineté d'unempereurélu qui fut Baudouin de Flandre, était distribué entre les chevaliers et devenait une mosaïque de principautés féodales, dont les plus importantes furent le royaume de Thessalonique que s'attribua Boniface de Montferrat et la principauté française d'Achaïe, dans le Péloponnèse. (...)
Il ne put même pas résister à l'attaque de Kalojan, tsar de Bulgarie, venu soutenir la révolte des proniaires grecs, que l'on avait en partie intégrés au système féodal, mais que la morgue et la brutalité des Latins avaient exaspérés. En 1205, l'empereurBaudouin tombait aux mains du tsar sur le champ de bataille d'Andrinople. Innocent III commit en 1208 une autre erreur très grave: quand le clergé de la capitale, se résignant à faire montre de loyalisme envers Henri de Hainaut, successeur de Baudouin, écrivit au pape pour reconnaître sa primauté et demander l'autorisation d'élire un patriarche de rite grec à côté du patriarche latin, comme à Antioche et à Jérusalem; il ne reçut même pas de réponse. (...)
Alors il se tourna vers Nicée, où ses délégués participèrent à l'élection d'un patriarche qui couronnaempereurThéodore Lascaris. L'Empire avait de nouveau un chef consacré et reconnu, et ce chef se trouva être fort redoutable pour les Latins. (...)
Théodore avait compté sans un troisième compétiteur, Jean Asên II, tsar de Bulgarie, qui convoitait aussi le titre d'empereurdes Romains, et qui l'écrasa à Klokotnitsa en 1230. Un grand homme d'Etat : A Nicée régnait depuis 1222 un remarquable homme d'Etat, Jean Vatatzès. (...)
Dans l'écroulement général de l'Empire, il n'a subsisté que trois choses: le despotat de Morée, l'Université et le patriarcat, dont le prestige et l'autorité dépassent de loin ceux de l'empereur. Même lorsque Jean VIII aura déterminé son patriarche, Joseph II, et une partie des évêques à s'abaisser devant Rome et à souscrire à l'union au concile de Florence (1439), le peuple et l'immense majorité du clergé s'y opposeront avec une telle violence que l'empereurn'osera pas faire proclamer le décret d'union à Constantinople. Dans ces conditions, Byzance ne pouvait qu'assister impuissante au duel qu'allaient bientôt se livrer les Turcs et les Serbes pour la domination des Balkans, certaine de figurer de toute manière dans le butin du vainqueur. (...)
Ce double échec scellait le destin de l'Empire. A son avènement, en 1451, Mahomet II décidait de faire de Constantinople sa capitale. Le dernierempereurgrec, ancien despote de Morée, Constantin XI, ne pouvait espérer aucun secours de l'Occident, en dehors d'un petit contingent génois; il choisit cependant de résister à la formidable armée turque, vingt fois plus nombreuse que ses troupes. (...)
En tant qu'écrivain, il est surtout connu pour son Myriobiblion ou Bibliothèque , qui est en fait un ouvrage collectif: c'est le recueil des comptes rendus des livres, très divers, lus par les membres de son cercle. Son disciple, l'empereurLéon VI le Philosophe (866-912), fut comme lui un érudit, un mécène et un animateur. Mais son fils, l'empereurConstantin VII Porphyrogénète (905-959), le fut bien plus encore. Savant en toutes choses, polyglotte, artiste, poète même, il régna moins sur Byzance que sur une équipe de lettrés avec laquelle il édifia un vaste monument encyclopédique, dont la plus grande partie a malheureusement disparu. (...)
Il s'occupa de promouvoir les études aristotéliciennes, entre autres par sa Physique abrégée qui servit de manuel de base même en Occident. Son élève, l'empereurThéodore II (1222-1258), a été le plus cultivé des empereurs grecs, à la fois philosophe, mathématicien, humaniste, avec une touche de romantisme que révèle sa correspondance. (...)
Les ouvrages qui ont le plus d'intérêt à ce dernier point de vue sont, en poésie, les Hymnes à la Mère de Dieu , de Nicéphore Callistos Xanthopoulos (mort vers 1350), connu aussi comme historien ecclésiastique; en prose, l'Histoire de l'ex-empereurJean VI Cantacuzène (1292 env.-1383 env.), dont la relative simplicité de style est rare pour l'époque. (...)
Tout au long de l'histoire de Byzance, art impérial et art religieux resteront étroitement liés, conséquence de la conception théologique du pouvoir: l'empereurtient son autorité de Dieu, qu'il représente sur terre, et la majesté terrestre n'est que le reflet de la majesté céleste. (...)
Ce second ensemble comprend une église sud, dédiée au Pantocrator (1118-1124), une église nord consacrée à la Vierge Eleousa (1118-1124) et, entre les deux, l'hérôon dédié à saint Michel, qui servit de mausolée à l'empereurManuel Ier Comnène. Devant le narthex de l'église sud se trouvait un exonarthex qui était précédé d'un atrium avec deux phiales (annexes liturgiques). (...)
Le somptueux recueil des Homélies de Grégoire de Nazianze de la Bibliothèque nationale de Paris (gr. 510) est l'un des manuscrits les plus intéressants de cette époque. Destiné à l'empereurBasile Ier et probablement conçu par le patriarche Photius, il comporte une illustration abondante et de qualité, qui témoigne d'une grande érudition théologique et du souci d'exalter le dédicataire impérial du manuscrit (880-883). (...)
Le Rouleau de Josué du Vatican est également une oeuvre exceptionnelle, par la forme du support (le rouleau) comme par la technique (sorte d'esquisse coloriée) de ses peintures qui sont d'un caractère antique prononcé et glorifient les victoires d'unempereurbyzantin (Nicéphore Phocas ou Jean Tzimiskès) par le biais de l'épopée biblique de Josué conquérant la Terre promise. (...)
La technique se perfectionne dans le courant du Xe siècle: les cloisons dessinent des réseaux plus complexes et plus souples, la palette s'enrichit considérablement et les couleurs deviennent plus opaques et plus intenses (staurothèque du trésor de la cathédrale de Limbourg-sur-Lahn, icône en relief de l'archange Michel à Saint-Marc de Venise, calices de l'empereurRomain et de Théophylacte, dans le même trésor, etc.). Un grand nombre d'émaux byzantins ont été à cette époque exportés en Géorgie et rapidement imités par les ateliers locaux, si bien que la distinction entre production byzantine et production géorgienne reste souvent difficile à établir. (...)
Les motifs zoomorphes répétés dans des compositions symétriques et majestueuses, d'un remarquable effet décoratif, l'emportent nettement sur les représentations figurées (triomphe d'unempereurà cheval sur la soierie de Bamberg). Les plus belles soieries des Xe et XIe siècles, souvent à fond pourpre, représentent de grands lions passant (musée de Düsseldorf, cathédrale de Cologne), des griffons (musée de Valère, à Sion, suaire de Siviard à Sens), des chevaux ailés, des éléphants (Aix-la-Chapelle) ou des aigles aux ailes éployées (Saint-Eusèbe d'Auxerre, cathédrale de Bressanone). (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...