Constantinople
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Contient : grecs (21)(...) Si les Byzantins se sentent politiquement des Romains (leurs historiens parlent toujours de l'empereur, de l'armée ou du peuple des Romains, jamais desGrecs), par la culture, ils se sentent entièrementgrecs, héritiers directs de la civilisation classique et hellénistique. C'est que, dans l'Empire d'Orient épargné par les invasions barbares, il n'y a pas eu de rupture profonde entre l'Antiquité et le Moyen Age. (...)
Cela explique aussi que, disposant de l'admirable instrument d'expression qu'était la langue classique, lesGrecsde Byzance n'aient guère cherché à en créer un nouveau, plus conforme à l'usage de leur époque. (...)
Ils ne portaient pas encore le titre grec de basileus et ne se considéraient pas comme des souverainsgrecs: au vrai, ils ne l'étaient guère. La dynastie théodosienne était issue d'Espagne; ses successeurs étaient pour la plupart originaires de la partie non grecque de la péninsule balkanique, tels les Thraces Marcien et Léon Ier, l'Epirote Anastase, l'Illyrien Justin Ier; on trouve même un pur barbare, l'Isaurien Zénon, qui s'appelait Tarasicodissa avant son avènement. (...)
Les excellentes mesures prises par Nicéphore Ier, ancien haut fonctionnaire des finances - en particulier l'établissement du fouage, le monopole du prêt à intérêt, la transplantation deGrecsd'Asie Mineure dans les Balkans pour aider à l'assimilation des occupants slaves - suffisent à montrer son mépris de l'impopularité. (...)
L'affaire Photius coïncide avec le début de l'expansion de l'Eglise grecque en Europe orientale: c'est le temps où Cyrille et Méthode vont conquérir à l'Evangile les Slaves de la Grande-Moravie (863-885), où un prince bulgare reçoit le baptême à Constantinople (864), où les premiers missionnaires paraissent chez les Russes, dont l'existence a été brutalement révélée auxGrecspar l'attaque de la capitale en 860. Ces prises de contact devaient se révéler singulièrement fécondes, et non pas seulement au point de vue spirituel. (...)
Le successeur d'Alexis, Jean II, est une des plus grandes figures de Byzance, autant par ses qualités d'homme d'Etat que par sa valeur morale, assez rare chez les empereursgrecs. Il rendit la sécurité aux Balkans en écrasant les Petchenègues, qui dès lors disparurent de l'histoire (1122), en imposant sa souveraineté aux Serbes de Rascie et en refoulant les Hongrois. (...)
Il épousa successivement une princesse allemande, puis une princesse normande d'Antioche, accueillit de nombreux Latins à sa cour, au grand déplaisir desGrecs, et y introduisit la mode des tournois. L'axe de sa politique fut la recherche de l'alliance allemande contre Roger II, roi de Sicile, dont la puissance grandissante inquiétait déjà Jean Comnène. (...)
La détresse de Byzance devint si évidente que la conquête de l'Empire, plusieurs fois manquée par les Normands d'Italie, rêvée plus récemment encore par Frédéric Barberousse, parut possible au doge de Venise Enrico Dandolo: il y était stimulé à la fois par la haine et le mépris réciproques qui séparaient lesGrecset les Latins depuis le schisme et les croisades, et par le désir qu'avait Venise d'installer à Constantinople un gouvernement à sa dévotion pour pouvoir exploiter l'Empire sans risques et sans contrainte. (...)
Il ne put même pas résister à l'attaque de Kalojan, tsar de Bulgarie, venu soutenir la révolte des proniairesgrecs, que l'on avait en partie intégrés au système féodal, mais que la morgue et la brutalité des Latins avaient exaspérés. (...)
De cette place très forte qui barrait la route de l'Asie Mineure aux attaques venues de Constantinople et qui était en même temps un centre religieux vénéré desGrecs, Théodore fit une capitale administrative et un centre de culture, d'ailleurs bien modeste encore. (...)
L'ambition du despote d'Epire Michel Ange était aussi de ressusciter à son profit l'Empire de Byzance: et c'est la rivalité des deux principaux Etatsgrecsqui prolongea la vie moribonde de l'Empire latin. Sous Théodore Ange, qui prit le titre de basileus, l'Etat d'Epire s'étendit à une vitesse foudroyante, presque jusqu'aux portes de Constantinople. (...)
Gênes : La coalition fut battue à Pélagonia en Macédoine (1259), et deux ans plus tard une petite troupe deGrecsoccupa par surprise Constantinople que, à leur grand étonnement, ils trouvèrent presque sans défenseurs. (...)
A l'ouest, c'est le royaume serbe en pleine expansion; à l'est, un adversaire beaucoup plus dangereux que l'Etat seldjoukide va entrer vers 1300 en contact avec lesGrecs: la tribu des Osmanlis. Or, Byzance ne peut plus tenir ces deux fronts à la fois. Michel VIII, pour soutenir l'assaut de l'Occident, a dû laisser presque sans défense l'ancien domaine asiatique des souverains de Nicée. (...)
Ils les battirent en effet, mais ravagèrent tout, en Asie d'abord, puis en Europe où Andronic avait cherché à les employer contre les Bulgares. Après d'affreux ravages, devant lesquels lesGrecsétaient complètement impuissants, ils finirent par s'installer dans le duché d'Athènes qu'ils enlevèrent aux Français. (...)
Son fils Jean VIII, pour sauver l'Empire, était décidé à conclure coûte que coûte l'union, avec Rome; il se rendit en Italie à cet effet. L'union, obtenue au prix de grandes concessions de la part desGrecs, fut proclamée à Florence (6 juillet 1439), et une croisade organisée sous la direction du roi de Bohême, Vladislas II, du régent de Hongrie, Jean Hunyadi, et du légat du pape. (...)
Il s'occupa de promouvoir les études aristotéliciennes, entre autres par sa Physique abrégée qui servit de manuel de base même en Occident. Son élève, l'empereur Théodore II (1222-1258), a été le plus cultivé des empereursgrecs, à la fois philosophe, mathématicien, humaniste, avec une touche de romantisme que révèle sa correspondance. (...)
), qui compila Aristote dans sa Philosophie et, dans ses Récits historiques , continua Georges Acropolite dans un sens antilatin; le grand philologue Maxime Planude (1260 env.-1310 env.), l'éditeur de l'Anthologie palatine , qui fit connaître auxGrecssaint Augustin et peut-être saint Thomas; Nicéphore Choumnos (1255 env.-1327), philosophe éclectique qui chercha à concilier la physique et la cosmologie des Anciens avec la doctrine chrétienne; et surtout le grand logothète Théodore Métochite (1269-1332), savant curieux de tout, dont l'oeuvre très vaste est en grande partie inédite. (...)
L'époque de la domination latine (1204-1261) : Tout en conservant son prestige de métropole artistique, Constantinople perd, au XIIIe siècle, son rôle de chef de file. Si des peintresgrecscontinuèrent à travailler sur place, parfois pour des clients latins (les franciscains à Kalenderhane Camii), d'autres se réfugièrent dans les centres restésgrecs, en particulier à Nicée, ou répondirent à l'appel de nouveaux patrons, les souverains serbes ou bulgares. Le morcellement de l'Empire favorisa ainsi l'apparition de nouveaux centres et l'essor d'un art plus libre, dont on suit le mieux l'évolution dans les régions périphériques: églises de Serbie (Studenica, Mileševa, Sopo?ani) ou de Bulgarie (Bojana, 1259), décorées par des peintresgrecs, dont l'origine - Constantinople, Thessalonique ou Nicée - reste difficile à déterminer. Plusieurs décors ont été également réalisés en Grèce, alors sous domination franque, et quelques-uns en Asie Mineure. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...