Constantinople
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Contient : historiens (12)(...) D'autre part, là où l'écrivain byzantin a des préoccupations esthétiques (ce qui n'est le cas ni pour la chronographie, ni pour les écrits spirituels ou scientifiques), il soumet son art à des règles rhétoriques très étudiées qui l'éloignent du nôtre. Si les Byzantins se sentent politiquement des Romains (leurshistoriensparlent toujours de l'empereur, de l'armée ou du peuple des Romains, jamais des Grecs), par la culture, ils se sentent entièrement grecs, héritiers directs de la civilisation classique et hellénistique. (...)
Les raisons d'une survie : L'Empire, en fait, ne présente alors que les aspects extérieurs d'une décadence, car une rénovation si profonde s'opère que beaucoup d'historiensdatent du règne d'Héraclius le début de l'Empire byzantin à proprement parler, c'est-à-dire de l'Etat grec du Moyen Age. (...)
Une nouvelle dynastie s'intallait, qui allait régner à Byzance durant tout le VIIIe siècle . L'iconoclasme: dynasties isaurienne et amorienne (717-867) : La sévérité deshistoriensdes siècles passés à l'égard de l'Empire byzantin tient en grande partie aux querelles religieuses qui s'y sont succédé presque sans interruption jusqu'au milieu du IXe siècle, et qui ont semblé si futiles aux esprits modernes. (...)
L'histoire : L'histoire est en grand honneur dès les premiers siècles de Byzance, où elle se partage en deux genres bien distincts. D'un côté, on a leshistoriensproprement dits, qui limitent leur sujet à l'époque contemporaine et mettent en oeuvre avec intelligence, sinon toujours avec objectivité, une documentation de première main, dans la grande tradition deshistoriensclassiques, dont le souvenir imprègne jusqu'à leur langue. Tels sont Procope et ses continuateurs: Agathias, déjà cité comme poète (Le Règne de Justinien) ; plus rhéteur que Procope, Ménandre le Protecteur, dont il ne reste que des fragments; Théophylacte Simocatta (Histoires) , historien de Maurice. (...)
On peut leur adjoindre un historien ecclésiastique, Evagrios d'Epiphanie (né en 536) qui a su exposer avec clarté les conflits doctrinaux du Ve et du VIe siècle. D'autre part, les chronographes, plus moralistes qu'historiens, s'adressent à un public populaire qu'ils prétendent édifier en retraçant - sans aucune critique, bien entendu - l'histoire de l'humanité depuis Adam, et en s'attachant surtout aux événements frappants: pestes, éclipses, séismes, naissances de monstres, etc. Ils sont liés entre eux, non par un lien de continuité, comme leshistoriens, mais parce qu'ils puisent tous plus ou moins à un fonds commun dont on peut suivre la formation jusqu'à Julius Africanus, au IIIe siècle. (...)
Dans l'Empire appauvri, diminué, ravagé par des guerres continuelles, amputé des deux grandes métropoles d'Antioche et d'Alexandrie, déchiré par deux crises religieuses qui opposent l'orthodoxie à l'autorité impériale, la culture est en décadence; seule la science médicale est encore illustrée au VIIe siècle par Paul d'Egine, dont l'Abrégé de médecine servait encore à l'Université de Paris au XVIIIe siècle. Il n'y a pas d'historiens; du moins, à défaut d'un Procope, les campagnes d'Héraclius ont-elles trouvé leur Homère en la personne de Georges Pisidès, dont les poèmes patriotiques, notamment l'Héracliade , d'une facture très traditionaliste, ont connu un succès durable. (...)
), qui rhabille de rhétorique moralisante les anciennes vies de saints. L'histoire aussi subit l'influence de Constantin VII; mais c'est parce que celui-ci met leshistoriensau service de la propagande impériale: c'est le cas des « continuateurs de Théophane », parmi lesquels Constantin VII lui-même, auteur d'une Vie de Basile Ier , et de Joseph Génésios, qui écrit quatre Livres des Rois (de Léon V à Basile Ier); leur objectivité est évidemment sujette à caution. (...)
C'est aussi le divertissement d'un érudit, mais non d'un homme d'esprit, que le roman anonyme de Timarion (milieu du XIe s.), pastiche ou plutôt caricature de Lucien. De grandshistoriens: Le genre historique n'a jamais eu plus d'éclat que sous les derniers Macédoniens et les Comnènes; il est presque toujous cultivé par de hauts personnages ou des gens qui ont vu de très près les événements tel Michel Attaliate, qui écrit l'Histoire des années 1034-1079 dans un style fleuri et pompeux qui sent encore le siècle de Constantin VII. (...)
-1472), élève de Pléthon, platonicien tolérant qui essaya de prouver que les deux systèmes étaient complémentaires. Les derniershistoriensde Byzance sont contemporains de sa fin tragique. Deux d'entre eux l'ont racontée en patriotes: ce sont Doukas (Chronique des années 1341-1462) et Georges Phrantzès (1401-1478), ancien secrétaire de Manuel II (Chronique des années 1413-1477); tous deux, surtout le premier, écrivent dans une langue proche de la langue parlée. (...)
Perspectives nouvelles de la recherche en archéologie et en histoire de l'art L'incessant apport de l'archéologie et des monographies relatives à des monuments, des sites ou des régions de l'empire byzantin a rendu souvent caducs les schémas et les classifications hérités des premiershistoriensde l'art byzantin. Rome ou l'Orient, la prédominance des ateliers d'Antioche, d'Alexandrie ou de Constantinople conçus comme des entités aux attributs transcendants ont cédé la place a des enquêtes régionales regroupant sans a priori esthétique les monuments, qu'il s'agisse de l'architecture de Syrie du Nord (Tchalenko), des peintures de Cappadoce (Jerphanion, Thierry, Restle), ou des manuscrits. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...