Constantinople
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Contient : impériale (14)(...) Le rôle éminent du préfet de la ville Un préfet de la ville - dont le titre sera hellénisé sous le nom d'« éparque » - apparaît en 359. Comme son collègue de Rome, il a pour charge de rendre effective l'autoritéimpérialedans le ressort de la capitale, jusqu'à 100 milles au-delà des murs. En fait, sa puissance est plus grande que celle de l'ancien praefectus urbi : il a sous ses ordres les services de l'annone et des vigiles qui, à Rome, ne dépendaient pas de lui; Justinien a en effet remplacé le préfet des vigiles par un préteur des dèmes qui est subordonné à l'éparque et chef des corps de policiers et de pompiers établis dans chacune des quatorze régions de la capitale (division imitée de l'ancienne Rome). (...)
Comme chaque empereur, suivant ses options politiques, doctrinales ou fiscales, favorise forcément l'une ou l'autre faction, leur rivalité en est constamment attisée et éclate souvent en émeutes: s'il arrive que les deux partis, également mécontents, fassent cause commune contre l'autoritéimpériale, c'est le régime lui-même qui risque d'être emporté; il s'en fallut de bien peu en 532 (sédition Nika). (...)
La «reine des villes» et ses monuments Chacun connaît la page où Villehardouin décrit l'émerveillement - et la convoitise - des croisés à la vue de la villeimpériale: «Et sachiez que il n'i ot si hardi cui la chars ne fremist...» Constantinople fut, jusqu'aux Temps modernes, la plus belle réussite de l'urbanisme occidental, pour son malheur, du reste, car sa richesse et sa beauté incomparables attirèrent sur elle l'insatiable cupidité des Latins. (...)
Le second est l'existence, à partir de 330, d'une « nouvelle Rome » dans la partie orientale de l'Empire: romaine en effet par ses institutions, elle est grecque par son peuplement, sa langue et sa culture; et c'est par elle que le monde grec recevra enfin l'organisation politique puissante qu'il n'a encore jamais connue. Et ce rôle politique de Constantinople se double d'un rôle stratégique que la Romeimpérialen'avait pas joué: à l'Empire assiégé de toutes parts, elle servit souvent de donjon, imprenable jusqu'en 1204. (...)
A sa mort, Héraclius laissait un Empire amputé par les Arabes de l'Arménie, de la Mésopotamie, de la Syrie-Palestine et bientôt de l'Egypte; les Balkans, submergés par les Slaves de la mer Noire à la Dalmatie, échappaient pour le moment à l'autoritéimpériale. Mais l'armature de l'Etat était bien plus forte que sous Justinien: la réforme administrative avait substitué aux anciennes provinces, trop petites et trop nombreuses, un système cohérent de thèmes ou divisions militaires, dirigés par des stratèges auxquels était subordonnée l'administration civile. (...)
La crise iconoclaste représente la dernière de ces tentatives, et la seule qui ait eu un résultat positif: elle a fixé pour l'avenir les rapports de l'Eglise et de l'Etat en des bornes que ni l'une ni l'autre ne franchiront plus. Désormais le patriarche sera, à de rares exceptions près, le fidèle agent de la politiqueimpériale; en retour, les empereurs serviront, d'une part, l'ambition des patriarches contre l'autorité romaine, d'autre part, la vaste expansion du christianisme oriental à travers les pays slaves. (...)
Cette politique impérialiste et interventionniste inquiétait beaucoup l'Occident, particulièrement Venise, menacée par l'annexion de la Dalmatie, et Frédéric Barberousse, qui savait que Manuel, dans le dessein de lui enlever la couronneimpérialed'Occident, négociait en sous-main l'union des Eglises avec le pape Alexandre III et soutenait la ligue Lombarde avec l'or byzantin. (...)
Il ne put ni s'opposer aux progrès du roi serbe Miloutine en Macédoine, ni intervenir dans la guerre entre Venise et Gênes qui finirent par s'entendre aux dépens de Byzance, ni se défendre du fléau catalan; du moins affermit-il l'autoritéimpérialeen Morée et récupéra-t-il quelques territoires en Epire et en Thessalie. La fin de son règne fut troublée par une guerre civile que provoqua l'ambition de son petit-fils Andronic, et où il finit par perdre sa couronne. (...)
Dans l'Empire appauvri, diminué, ravagé par des guerres continuelles, amputé des deux grandes métropoles d'Antioche et d'Alexandrie, déchiré par deux crises religieuses qui opposent l'orthodoxie à l'autoritéimpériale, la culture est en décadence; seule la science médicale est encore illustrée au VIIe siècle par Paul d'Egine, dont l'Abrégé de médecine servait encore à l'Université de Paris au XVIIIe siècle. (...)
L'histoire aussi subit l'influence de Constantin VII; mais c'est parce que celui-ci met les historiens au service de la propagandeimpériale: c'est le cas des « continuateurs de Théophane », parmi lesquels Constantin VII lui-même, auteur d'une Vie de Basile Ier , et de Joseph Génésios, qui écrit quatre Livres des Rois (de Léon V à Basile Ier); leur objectivité est évidemment sujette à caution. (...)
Aux XIIIe et XIVe siècles, le rôle de l'enluminure paraît décliner: les manuscrits sont moins nombreux, souvent de moindre qualité, et l'illustration est plus pauvre. Un groupe important, jadis localisé à Nicée, dans l'entourage de la courimpériale, et daté de la seconde partie du XIIIe siècle, est à présent rajeuni (fin du XIIe-début XIIIe s. (...)
Le bas-relief connaît aussi un certain développement, surtout à la fin du IVe et au début du Ve siècle: colonnes historiées de Théodose (379-395) et d'Arcadius (395-408), qui imitent la colonne Trajane; base de l'obélisque de Théodose où est représentée la familleimpériale. Des sarcophages en marbre, sarcophages à colonnes ou à décor symbolique, étaient destinés à une clientèle riche, constantinopolitaine ou étrangère (exportations vers Ravenne) tandis que des devants de sarcophage reproduisaient, en calcaire, cette sculpture pour une clientèle moins fortunée. (...)
Mais on possède aussi des coffrets décorés de thèmes profanes, inspirés par la mythologie ou la littérature antique, dont le plus bel exemple est le coffret « à rosettes » de Veroli, conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, qui était vraisemblablement un coffret de mariage, issu du milieu de la courimpérialeou de la haute aristocratie. La classification des ivoires médiobyzantins, jadis proposée par K. (...)
Dans le « groupe pictural » (ou « classicisant »), on range de très nombreuses pièces, qui s'inspirent de peintures de manuscrits ou d'icônes, dans un style fidèle aux modèles antiques (Dormition , Staatsbibliothek, Munich, Entrée à Jérusalem , Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz à Berlin, coffrets « à rosettes »). Les ivoires du « groupe de Romanos », surtout destinés à la courimpériale, sont caractérisés par une grande élégance formelle et un haut niveau de perfection technique (Couronnement de Romanos et Eudocie au cabinet des Médailles de Paris, triptyques du Palazzo Venezia, Rome, et du Louvre avec la Déisis, Vierge Hodigitria, Rijksmuseum et Katharijne Convent, Utrecht). (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...