Constantinople
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Contient : nouveaux (8)(...) Si l'empereur avait simplement voulu créer en Orient une base stratégique inexpugnable, il n'aurait pas conçu pour elle un plan aussi colossal, il n'aurait pas cherché à y attirer en masse denouveauxhabitants - en particulier des membres du Sénat romain - en étendant à son sol les privilèges de l'ancienne Rome, tels que le ius italicum et l'annone, cette dernière attribuée à tout possesseur d'un immeuble nouvellement bâti. (...)
Pour maintenir des effectifs suffisants, Byzance est contrainte de demander à la guerre l'acquisition denouveauxterritoires. On peut diviser l'époque macédonienne en trois grandes phases. Dans la première (867-944) que clôt le règne décisif de Romain Lécapène, on voit s'édifier l'oeuvre législative de Léon VI et le vaste monument littéraire et scientifique de Constantin VII; en Orient et en Occident, l'Empire fait front devant les Arabes, avec des succès divers, mais il n'échappe qu'à grand-peine au péril que lui fait courir le tsar de Bulgarie, Syméon. (...)
En outre, la poussée des peuples turcs (Petchenègues installés sur le Danube depuis Basile II, Polovtzes en Russie du Sud, Seldjoukides aux frontières orientales) coupe les voies de communication vers le nord et l'est; cela entraîne le déclin du commerce et de l'activité urbaine, alors que la fiscalité pèse de plus en plus lourd sur les classes les moins favorisées et sur les vassaux bulgares et slaves et contribue à détacher ceux-ci de l'Empire. Enfin, denouveauxdangers extérieurs apparaissent à l'horizon. Les Turcs, qui vont régner à Bagdad à partir de 1055, ne sont pas les seuls qu'attirent la richesse légendaire de Byzance et le luxe de sa capitale: des aventuriers normands se sont établis en 1029 dans l'Italie du Sud. (...)
En ce siècle de transition, les lettrés réfugiés à Nicée y apportent le goût néo-attique des Comnènes, leur passion de rhétorique, leur conception très évoluée de l'histoire; chez les moines, l'évolution de la mystique vers l'hésychasme s'accentue. Mais on voit aussi paraître des élémentsnouveauxqui annoncent l'âge des Paléologues et notamment un renouveau d'intérêt pour les sciences exactes et les sciences de la nature. (...)
Au XIIe siècle (surtout dans la seconde partie du siècle), des changements importants se manifestent dans la décoration monumentale: la peinture remplace presque toujours la mosaïque, les programmes iconographiques s'enrichissent de sujetsnouveauxliés à l'influence plus marquée de la liturgie (et des discussions théologiques) sur le décor et au désir d'éveiller la sensibilité du spectateur par l'expression des « valeurs affectives » et, en particulier, des sentiments dramatiques. (...)
Si des peintres grecs continuèrent à travailler sur place, parfois pour des clients latins (les franciscains à Kalenderhane Camii), d'autres se réfugièrent dans les centres restés grecs, en particulier à Nicée, ou répondirent à l'appel denouveauxpatrons, les souverains serbes ou bulgares. Le morcellement de l'Empire favorisa ainsi l'apparition denouveauxcentres et l'essor d'un art plus libre, dont on suit le mieux l'évolution dans les régions périphériques: églises de Serbie (Studenica, Mileševa, Sopo?ani) ou de Bulgarie (Bojana, 1259), décorées par des peintres grecs, dont l'origine - Constantinople, Thessalonique ou Nicée - reste difficile à déterminer. (...)
Réflexions théologiques et, surtout, influence de la liturgie continuent d'être à l'origine d'un renouvellement et d'un enrichissement de l'iconographie, qui témoignent du pouvoir créateur des artistes de l'époque. Des images traditionnelles sont ainsi modifiées et des sujetsnouveauxfont leur apparition dans le décor des églises, inspirés généralement par les prières, les hymnes ou les lectures liturgiques. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...