Le journal de Tristan : Prime enfance
Lycia trouva l'Ombre appropriée à la vie dont elle rêvait tant, pour elle et sa future famille. Quand à Ambre il s'écoulerait une heure, là il s'écoulerait quinze ans. L'enfance de Tristan et Levon se passa au milieu de collines entrecoupées de plaines verdoyantes, près d'un vaste lac et d'une forêt touffue, sans âme qui vive aux alentours. Ixaani construisit lui-même pierre par pierre la bâtisse qui leur servirait de demeure jusqu'à ce que leurs enfants soient suffisamment grands. Dix années entières ...Contient : maman (25)(...) Dix années entières s'écouleraient pour leur prodiguer une éducation essentielle à leur future position à la cour d'Ambre. Lorsque je repense à ma prime enfance, je me revois encore dans les bras demamanqui me consolait ou bien dans ceux de mon chahuteur de frère, lorsque l'on se cherchait querelle. (...)
Combien de fois avions nous agressé de pauvres animaux sans défense ou combien de fois avions nous fui les plus dangereux de la forêt ? Je ne saurais pas le dire...Mamanveillait toujours sur nous avec une tendre vigilance. C'est elle qui nous lisait les histoires que recelaient les livres à la maison, sa douce voix nous accompagnant aux portes du sommeil. (...)
Levon et moi étions devant et nous remarquâmes tout d'abord des arbres inattendus puis des détails inconnus. Levon inquiet retourna vers papa etmaman, mais moi, curieux, je restai devant aux aguets. Je ne pus m'empêcher de jeter quelques regards en arrière. Je fus bientôt rejoint parmaman. Levon chevauchait près de papa. Papa etmamannous laissèrent découvrir que ce qui se passait était identique à ce qui était raconté dans les livres lorsque l'héroïne avait utilisé le pouvoir de la Marelle. Levon, incrédule, eut sa curiosité satisfaite en voyant une créature qu'il n'avait jamais vue s'approcher de nous, comme l'avait annoncémaman. Même moi j'avais eu du mal à y croire. Ils nous donnèrent ensuite des Atouts que nous pûmes essayer à loisir : Levon l'essaya d'abord sur moi puis moi sur lui. C'étaitmamanqui les avait dessinés. Nous avions eu en cadeau tous les deux un Atout de chacun d'entre nous. (...)
Tout était donc vrai, la Marelle était réelle et je pourrai moi aussi un jour être digne de la connaître commemamanet papa ! Le plus beau moment de ces temps de mon enfance fut lorsqu'elle nous dit que nous pouvions découvrir le tracé de la Marelle. (...)
Il avait eu sans doute trop peur de découvrir la Marelle et il avait quitté la pièce, papa allant à sa suite.Mamanétait restée avec moi et avait posé ses deux mains sur la mienne. Elle avait ensuite évoqué dans son esprit l'image de la Marelle, ce dessin qu'elle connaissait du plus profond d'elle-même, ce symbole qui donnerait, je ne le compris que plus tard, tout son sens à ma vie. Le moment avait été magique.Mamanl'avait comparé à un sens supplémentaire que j'acquerrai un jour. Levon, lui, avait paru plus intéressé par les cartes, les Atouts qu'avait dessinésmaman. Après le dixième anniversaire de leurs enfants, Lycia et Ixaani décidèrent de revenir à Ambre avec eux. (...)
Mon premier contact avec la couronne royale restera à jamais gravé dans ma mémoire. C'était le jour où papa etmamanavaient décidé de nous amener à Ambre pour la première fois afin d'organiser la cérémonie de leur mariage officiel. Mon frère et moi étions parés de superbes atours et émerveillés par les habits prestigieux demamanet papa. Papa avait une épée ceinte à son côté 'pour rendre la justice' selon son expression ainsi qu'une chaîne dorée dont l'extrémité représentait une Licorne sur la dextre, le symbole de la royauté d'Ambre.Mamannous montra la couronne qu'elle portait à Ambre. C'est lorsque nous touchâmes la couronne que je ressentis comme un contact d'Atout. (...)
Le contact se rompit brutalement et Levon s'enfuit précipitamment. Papa courut le rejoindre pendant que je restai seul, hébété avecmaman. Je lui révélai qu'une voix m'avait parlé et m'avait fait peur. Elle me confia que c'était la couronne qui m'avait parlé et que peu de personnes étaient au courant de ce pouvoir. C'était un secret ! Les paroles demamanm'apaisèrent et j'oubliai pour le reste de la journée cet événement. Levon, quant à lui, était parti car il voulait dire au revoir une dernière fois à Maty, sa petite amie qu'il était contraint d'abandonner sur cette Ombre. (...)
Tant de nouveauté était difficile à assimiler et je ne me souviens plus que vaguement des rencontres que nous fîmes par la suite. Des noms se bousculent dans ma mémoire : Rinaldo, Mordred, Flora, Jirza... Le soir, j'appris quemamanavait plus de 300 ans, qu'elle était très forte en magie et que papa était un militaire très doué. (...)
J'avais été tellement perturbé par les paroles de la couronne que je profitai d'un moment d'isolement avecmamanpour lui révéler ce qu'elle m'avait dit à propos de Levon : il n'aurait jamais dû être là avec nous. (...)
Cette angoisse avait enfin réussi à sortir de mon esprit et à s'exprimer. Je me sentais déjà soulagé et je fus totalement rassuré quandmamanme révéla que cet artefact lui avait souvent dit des invraisemblances et qu'il ne fallait surtout pas que je me fie à ses propos. (...)
Le phacochère se cogna à celui-ci, se blessant au front, puis s'immobilisa. Levon et moi, nous ne tardâmes point à nous réfugier derrièremaman. Le phacochère bien qu'immobilisé nous parla. C'était la première fois qu'un animal nous parlait. (...)
Il nous reprocha de nous être baigné alors que nous n'avions pas l'autorisation de tous les habitants de ce lieu. Toute Reine qu'étaitmaman, elle semblait respecter ses paroles. Il nous avertit de demander au Seigneur Sanglier, Brat, la prochaine fois que nous voudrions aller en Arden. Levon avait été beaucoup impressionné par cet animal etmamannous ramena dans l'Ombre d'où nous venions pour que nous puissions nous remettre de nos vives émotions. (...)
L'émotion et la nouveauté passée, il sortit de sa poche un cadeau de Rinaldo à notre attention : un sac de billes. Il lui avait dit que c'était des billes magiques.Mamannous révéla alors qu'une pierre magique de Rinaldo, dont les couleurs étaient proches de certaines de ces billes, avait permis à ce dernier de la retrouver et de la sauver. (...)
Tess, notre demi-soeur, est une jeune fille qui a l'air d'avoir une vingtaine d'années à peine. Nous l'avons vue pour la première fois lors de notre deuxième nuit à Ambre. Elle était passée voirmamanet par conséquent nous aussi. Elle avait impressionné Levon et m'avait paru très gentille. Elle avait eu une manière vigoureuse de nous embrasser sur la joue. (...)
' Un frisson me parcourut l'échine la première fois que je l'aperçus en train d'arpenter le couloir central menant à la nef où trônaient papa etmaman. Un sourire noueux figeait son visage dans une expression menaçante à mes yeux. Ce n'est que plus tard que j'appris son nom, Dworkin, un des ancêtres de la famille. (...)