Tenchi no Oni, 2 – Raid sur Volturnum
sur Pénombre au format (22 Ko)
«J'en ai maaaarre» marmonnait d'une voix de stentor le monstre revêtu de lambeaux d'armure lardés de flèches. Tordant ses pédoncules optiques dans tous les sens, Tenchi no Oni regarda autour de lui avec espoir mais il ne tarda pas à soupirer. Rien Ni personne. Autour de lui, la plaine de cendres s'étendait à perte de vue, parsemée de ci de là par quelques flammèches vertes qui mettaient un peu de couleur au paysage blafard sous un ciel de plomb. Laissant traîner ses griffes dans le sol où ...Contient : tenchi (29)Tenchino Oni, 2 - Raid sur Volturnum «J'en ai maaaarre» marmonnait d'une voix de stentor le monstre revêtu de lambeaux d'armure lardés de flèches. Tordant ses pédoncules optiques dans tous les sens,Tenchino Oni regarda autour de lui avec espoir mais il ne tarda pas à soupirer. Rien Ni personne. Autour de lui, la plaine de cendres s'étendait à perte de vue, parsemée de ci de là par quelques flammèches vertes qui mettaient un peu de couleur au paysage blafard sous un ciel de plomb. (...)
Laissant traîner ses griffes dans le sol où elles creusaient des sillons presque aussi larges que ceux de ses ergots,Tenchino Oni continuait cependant d'avancer sans cesser de râler. Derrière lui, la plaine était marquée par la trace de son passage et n'importe quel observateur un peu futé aurait pu constater d'un simple coup d'oeil que malgré sa grande taille, ses yeux pédonculés et son millénaire d'âge,Tenchino Oni ne serait jamais un grand géomètre, ni un cartographe de renom. Au pire, son sens de l'orientation inexistant qui l'amenait à tourner dans tous les sens depuis plusieurs semaines aurait pu à la longue permettre de créer de jolis motifs mystérieux dans le sol, ce genre de trucs que depuis les airs on aurait pu admirer d'un air béat en bâtissant des hypothèses aussi fumeuses qu'improbables. (...)
L'Outremonde, donc, avait parmi plusieurs caractéristiques le définissant celle de ne jamais, mais alors jamais, laisser qui que ce soit s'en tirer à bon compte. Donc, rien que pour cette seule raison,Tenchino Oni ne pouvait même pas espérer un jour connaître la célébrité dans des tabloïds américains qui n'existaient pas encore. (...)
(Les dits tabloïds étaient d'ailleurs un autre truc du Jigoku destiné à montrer beaucoup plus tard que décidément non, aucune indignité ne serait épargnée aux mortels... mais c'est un peu en dehors de notre propos). La seconde raison était aussi évidente qu'indéniable à constater :Tenchino Oni était bel et bien incapable de tracer, même volontairement, quoi que ce soit dans le sol qui finirait par ressembler à 'de mystérieux motifs harmonieux certainement laissés par des visiteurs de l'au delà'. (...)
Quant au dénommé Fu Leng, son crash cataclysmique et le cratère puant qu'il provoqua pouvaient difficilement, même aux yeux exagérément myopes et pédonculés deTenchino Oni, passer pour un motif géométrique destiné à faciliter l'atterrissage de mystérieux visiteurs venus des étoiles. (...)
Le reste du monde préférait les laisser tranquilles et on était même parvenu à persuader la plupart des lecteurs du bouquin en question que s'ils s'installaient à l'écart des autres, ils arriveraient certainement à comprendre plus vite (du moment qu'ils ne comprenaient pas qu'ils avaient été victimes d'une opération de diversion destinée à protéger la santé mentale de l'humanité).Tenchino Oni, on n'en sera guère surpris, ignorait tout cela. Et d'ailleurs, ses préoccupations étaient très éloignées de ce genre de choses exagérément sérieuses, ce qui témoigne du fait que les plus débiles ne sont pas forcément toujours ceux que l'on croit et que ceux qui le croient ne le sont pas forcément toujours non plus (ou quelque chose comme ça).Tenchino Oni voulait simplement vivre en paix. C'est à dire vivre dans un état de satisfaction béate et passablement entretenu par l'abus constant de substances au fort degré d'éthanol. (...)
Il ne voulait pas pour autant renoncer à tous les autres petits plaisirs de l'existence comme le Massacre, la Tuerie, la Boucherie, la Baston et autres joyeusetés mais il sentait confusément que s'il parvenait seulement à se payer une première cuite monumentale, tout irait beaucoup mieux dans le pire des (outre)mondes. Mais là encore, il avait été décidé quelque part qu'étant un oni,Tenchino Oni ne pouvait décemment et définitivement pas se voir accorder cette petite satisfaction qui ne figurait pas du tout sur son Contrat de Raison d'Etre et de Destinée Inéluctable comme on aurait pu le lui faire remarquer si seulement il avait su lire. (...)
Flèches, sortilèges, tetsubo cloutés de jade et katana à la lame cristalline s'étaient dressés sur son chemin et il avait fini par comprendre que les petits êtres aux yeux bridés étaient assez proches en fait des habitants de l'Outremonde : violents, xénophobes, primaires, pas accueillants du tout et incapables de concocter quelque chose à boire qui arrache vraiment. De guerre lasse, et il en fallait beaucoup pour que la guerre lasseTenchino Oni, il était parti loin de tous ces imbéciles, de leurs luttes idiotes et de leur mur grotesque. (...)
Oh, pas énormément puisque c'était toujours le même Outremonde gris, morne, puant et triste à en mourir (mais on ne lui échappait pas aussi facilement). Simplement, la plaine était désormais parsemée de reliefs de petite taille. En se rapprochant,Tenchino Oni réalisa qu'il s'agissait de ruines. Et il eut un affreux sourire de convoitise. Evidemment, même avec sa stupidité crasse,Tenchino Oni savait ce que le mot ruines voulait dire. Il n'espérait donc pas que cette ancienne cité détruite soit encore le foyer de quelque chose qu'il aurait pu boulotter ou massacrer pour se calmer les nerfs. (...)
Ce quelqu'un résidait peut-être encore dans le coin... et s'il y avait eu autrefois quelque chose de valeur dans la cité en ruines, le quelqu'un en question l'avait certainement conservé avec lui.Tenchino Oni n'avait jamais été branché urbanisme, et le terme même d'archéologie lui était totalement étranger. (...)
Il allait falloir se montrer subtil pour lui mettre le grappin dessus mais c'était jouable. S'efforçant d'avoir l'air nonchalant,Tenchino Oni se mit à siffloter d'un air enjoué tout en jouant des pédoncules optiques pour scruter les environs mine de rien. (...)
Le son qu'il émettait aurait certainement intéressé Fu Leng ou ses héritiers s'ils l'avaient entendu car correctement modulé il aurait pu faire éclater n'importe quel morceau de cristal, aussi éveillé soit-il. Mais personne n'avait jamais entenduTenchino Oni siffloter gaiement (lui-même n'avait jamais songé à le faire avant cet instant d'ailleurs) et c'est ainsi que les hordes de la Corruption continuèrent jusqu'à la fin des temps à ignorer qu'elles détenaient depuis le commencement une arme qui aurait pu changer pas mal de choses. Tout à sa manoeuvre subtile,Tenchino Oni avait beaucoup de peine à se concentrer pour avoir l'air crédible tout en guettant du coin du pédoncule sa future proie. (...)
Il flottait dans d'infinies ténèbres et lorsqu'il se retourna, il n'y avait rien derrière lui. Mais la présence qui le suivait depuis un moment était maintenant toute proche. Bon, se ditTenchino Oni, il est tout près et il veut se la jouer cache-cache. On va jouer à deux alors. 'Ou es tuuu ? (...)
Si je te trouve je vais te mangeeerr...' (La notion de subtilité est elle-même très subtile et subjective n'est- il pas ?) Pas de réponse 'Hé !! J'te cause pétochard !!' Pas de réponse MaisTenchino Oni sentait que l'autre crevait de trouille. 'Allez, sors, montre toi !! Je vais pas te faire du mal. (...)
dit la voix dans sa tête, résonnant sans difficulté au sein de sa boîte crânienne relativement vide. Enfin, songeaTenchino Oni. Il décida de redoubler de finesse pour inciter sa proie à se mettre à sa portée. 'Heu... ben en fait j'aimerai bien grailler un bout. (...)
'Ben... pour quoi faire ?' Ce que tu veux. Sers moi et je te donnerai le pouvoir de faire ce que tu veux.Tenchino Oni ouvrit la bouche, puis la referma. 'Tout ce que je veux ?' Je te donnerai le pouvoir. Tu pourras régner sur les tiens. Devenir le nouveau Maître de l'Outremonde.Tenchino Oni réfléchit un bon moment. Evidemment, ça pouvait avoir ses bons côtés. D'abord, les autres ne pourraient pas l'empêcher de faire ses petites cultures. (...)
Suffirait de se montrer un peu persuasif et dans le pire des cas, il suffirait de presser un peu fort le corps du maho-tsukai pour que le sang en sorte tout seul. Ouaip, ça avait l'air rudement chouette comme perspective.Tenchino Oni se mit à rire à l'idée d'un Outremonde transformé en une vaste distillerie ou tout le monde travaillerait afin de lui permettre de s'enquiller des litres et des litres de bonne biture. (...)
A détruire ?' Oui. Détruire. 'Beuuuh... t'es con ou quoi ? J'ai pas besoin d'un pétochard pour détruire !! J'suisTenchino Oni !!' Mais tu pourrais devenir encore plus puissant. Les briser, les soumettre et puis finalement les détruire . (...)
Si t'existes pas, alors j'ai rien à te dire parce que t'es même pas là. ALORS LACHE MOI !!' LumièreTenchino Oni se retrouva au milieu des ruines, au pied de l'étrange arche courbe à travers laquelle il était tombé une éternité ou un instant plus tôt. (...)
Reviens... fit la voix mystérieuse qui semblait venir de l'arche. 'Mais tu vas me lâcher, oui ?!!' Ecoute... 'Je veux plus écouter, t'es même pas là. Barre toi !!' etTenchino Oni frappa l'arche de son poing massif. Il hurla de douleur et sous la colère et la frustration il recommença. Plus fort Plus fort Arrête !! L'arche commença à trembler etTenchino Oni continua à cogner. Plus il cognait et plus il avait mal. Plus il avait mal et plus il avait envie de cogner pour se défouler. (...)
Ne fais pas... Dans un grondement, l'arche s'effondra et la voix se tut, chassée à jamais du monde des hommes.Tenchino Oni continua pendant un bon moment à frapper et cogner, réduisant les moellons de l'arche en cailloux, puis en gravier fin. (...)
A l'horizon, une lueur blafarde tentait de percer à travers le ciel de l'Outremonde, signalant l'aube. 'Misère...' murmuraTenchino Oni 'j'ai fait le con toute la nuit à courir après une voix qui n'existe pas et j'ai une de ces dalles' Il se mit lentement en route vers la plaine. (...)