Cendres d'Automne
sur Pénombre au format (30 Ko)
«C'est un jeune homme bien agité, monseigneur». Shiba Gosuke ne daigna pas répondre à cette évidence concernant son fils. Le regard du daimyo était fixé sur la calligraphie suspendue au fond du dojo et il demeurait parfaitement immobile. Face au seigneur, le vieux sensei couturé de cicatrices se sentit conforté par ce silence hostile. Au moins on ne lui avait pas ordonné de se taire. Il bougea légèrement, de manière presque imperceptible, afin de soulager ses chevilles engourdies par une longue ...Contient : shiba (9)Cendres d'Automne «C'est un jeune homme bien agité, monseigneur».ShibaGosuke ne daigna pas répondre à cette évidence concernant son fils. Le regard du daimyo était fixé sur la calligraphie suspendue au fond du dojo et il demeurait parfaitement immobile. (...)
Le vieux maitre s'imprégna de l'esprit qui habitait ce bâtiment dans lequel il avait passé l'essentiel de son existence, depuis qu'il avait repris cette charge des mains de son propre maitre vingt quatre ans plus tôt.ShibaGosuke avait été un de ses premiers élèves. Le jeune homme si sérieux ne devait pas devenir un grand guerrier mais il avait l'esprit sérieux et discipliné. (...)
A la vérité, le maitre et l'élève ne s'étaient guère croisés en dehors d'occasions très protocolaires depuis queShibaGosuke avait pris les rênes de son domaine mais celui-ci avait tenu à ce que ses trois fils et ses deux filles suivent tous l'enseignement du sensei au lieu de se rendre dans un dojo plus prestigieux comme celui du Phénix Eternel.ShibaGosuke avait assez d'influence pour y placer son aîné s'il l'avait vraiment voulu. Un tel témoignage d'estime ne pouvait rester sans contrepartie et le vieux bushi avait jugé nécessaire de confier ses préoccupations envers le troisième fils de son suzerain. (...)
Après ces quelques jours, il ne savait toujours pas pourquoi le Togashi était venu et ses questions demeuraient sans réponse. N'eut été la lettre de créances ornée du sceau personnel de Togashi Yokuni,ShibaGosuke aurait depuis longtemps ordonné à l'ise-zumi de quitter ses terres pour ne plus y revenir. (...)
En regardant les choses ainsi, la présence de l'homme, le fait qu'il s'entende si bien avec son enfant et le présage d'autrefois convergeaient tous vers cette unique évidence. Qui elle débouchait sur... quoi au juste ?ShibaGosuke se leva soudainement, bien que son geste ne soit pas dépourvu de la précision féline qu'il avait autrefois manifesté ici même. (...)
qu'avez vous fait à mon fils pour qu'il commette ce meurtre ?' 'Je lui ai montré sa véritable nature. Maintenant,Shiba-sama, vous avez trois possibilités. Vous pouvez nous mettre à mort tous les deux. Vous pouvez me tuer et chasser votre fils. (...)
Ne restaient que des courtisans terrifiés, des shugenja troublés, un seigneur effondré. Quelques jours plus tard,ShibaGosuke se leva avec l'esprit étrangement calme. Il se vêtit de blanc et sortit dans la cour de son petit château, traversant la salle d'audience qu'il refusait de faire restaurer. (...)
Après quelques instants de silence il lut un poème émouvant parlant de l'aveuglement de ceux qui se croient justes, puis il cessa de porter atteinte au nom deShiba. *** 'C'est ici que nous nous séparons' déclara l'homme tatoué. Il contempla un moment le carrefour bordé par une petite stèle rongée par les ans avant de se retourner vers le jeune garçon. (...)