Chapitre II – Miroirs
sur Pénombre au format (20 Ko)
Comme je le supposai, mon vénéré suzerain a été honoré par ma victoire et il a même offert avec générosité l'hospitalité de son château à mes compagnons. Il semble que la nouvelle de notre bénédiction publique par Megumi kamisama se soit répandue à la vitesse du vent. Mon épouse nous a également accueilli à la maison avec beaucoup de déférence et elle a indiqué qu'elle était fière et honorée d'avoir pour époux un homme comme moi qui semble favorisé par les Fortunes au point que l'une d'elles ...Contient : kazue (15)(...) Mon seigneur nous a prié de bien vouloir nous rendre dans la Cité des Mensonges pour savoir ce qu'il était advenu de ses suivants. Il nous a également indiqué queKazue-sama transportait une véritable petite fortune, pas moins de cinq cent koku !! Cet argent était destiné à l'acquisition de plusieurs grands chevaux gaijin pour un ami de mon maitre qui lui avait demandé de servir d'intermédiaire en toute discrétion. (...)
L'île toute entière est un quartier à part et son magistrat n'y réside pas. Ces précisions ont leur importance pour la suite de mon récit. D'après mon seigneur, sireKazuedevait conclure sa transaction avec un marchand affilié au Clan de la Licorne et portant le nom exotique de Lee Feng Shuan. (...)
Au cours de notre conversation avec cet homme ainsi que de celles que nous eûmes avec le magistrat Bayushi Jodomushin et son adjointe Bayushi Ayame, plusieurs faits troublants nous furent communiqués et il fut difficile de nous y retrouver parmi ces informations parfois contradictoires alors que nous n'avions aucune connaissance réelle de cette ville. SireKazuerésidait avec ses yojimbo à l'Auberge du Chant du Coq, un établissement du quartier des ambassades que je ne peux que recommander. (...)
Son propriétaire avait en effet précieusement conservé les affaires des envoyés de mon seigneur, ne sachant pas s'ils étaient ou non susceptibles de revenir alors qu'ils avaient disparu depuis bientôt deux mois. L'homme n'avait point touché au coffre deKazue-sama qui renfermait toujours les cinq cent koku, ce qui nous offrit l'occasion de conclure la transaction avec le marchand Lee Feng Shuan. (...)
Nous dûmes aussi nous rendre sur l'îlot au milieu de la rivière car les corps de plusieurs des samurai disparus avaient été retrouvés sur les berges hors de la ville, visiblement portés là par le courant après avoir été jetés à l'eau. Le propriétaire de l'Auberge du Chant du Coq nous avait également confié queKazue-sama lui avait demandé les adresses d'établissements de jeux respectables et qu'il semblait s'être décidé pour l'un d'eux installé sur l'île. Sur place, nous avons pu glaner un autre indice tout simple attestant de la présence deKazueet ses yojimbo dans le quartier des plaisirs au milieu des flots. Le ronin qui montait la garde au quai du bac menant sur île conservait comme le veut la tradition les armes de tous les visiteurs et celles deKazue-sama ainsi que de ses yojimbo étaient encore sous sa garde. Afin de rassembler davantage de preuves avant de nous rendre, désarmés, sur une île ou se trouvaient peut-être encore ceux qui avaient causé la disparition deKazue-sama, nous décidâmes de retourner à notre auberge, les rues devenant dangereuses la nuit à en croire les habitants de Ryoko Owari avec lesquels nous avions été en contact. Il faut effectivement dire que si les rues sont très populeuses le jour, elles sont bien plus sinistres une fois Seigneur Onnotangu maitre des cieux nocturnes. (...)
Mais nous décidâmes d'agir de manière plus noble et lorsqu'il eut notre assentiment, il nous déclara queKazue-sama était encore en vie. Il nous guida d'ailleurs jusqu'à lui, au coeur du quartier eta. Si l'on m'avait dit qu'un jour je pénétrerai dans un endroit de ce genre, je pense que j'aurai ri et que par la suite ma stupidité m'aurait fait honte. (...)
Ce quartier était dans un état vraiment pitoyable. Je suppose que les quartiers eta le sont tous d'ailleurs.Kazue-sama était bien parmi les eta. Un fossoyeur l'avait trouvé errant dans les rues et, par pitié ainsi que par piété, il l'avait recueilli dans la cahute qui lui tenait lieu de foyer. (...)
Le fossoyeur terrorisé de voir surgir des samurai chez lui au beau milieu de la nuit nous avait déclaré naïvement que puisque les fous sont souvent bénis par les Fortunes et que son hôte semblait visiblement dérangé, il avait jugé important de l'abriter quelques temps par respect envers les Fortunes. SireKazueportait d'étranges marques blanches sur le corps, comme si on l'avait frappé en utilisant les techniques de notre école mais aucun boken ni aucun shinai n'aurait pu laisser de telles marques. (...)
Le jour venu, nous reprîmes contact avec le yoriki Kakita Fujifusa qui accepta de confier l'homme à l'ambassade de la Grue, un fonctionnaire serviable proposant même d'envoyer un pigeon voyageur pour prévenir plus rapidement mon seigneur des bonnes nouvelles : la mission originellement destinée à SireKazueétait remplie et celui ci, bien que malade, vivait toujours. Pour récompenser l'eta de son dévouement, Hakka-san décida brutalement de le prendre à son service et de l'élever au rang de heimin. (...)
Il l'accompagna dans un restaurant mais nous décidâmes de ne pas les suivre. Les autres victimes, sireKazueen tous cas, avaient été l'objet de plusieurs entretiens de ce type avant de disparaître. De plus, Isamusan semblait capable de résister aux charmes de la jeune femme. (...)
Eux aussi portaient désormais d'étranges marques sur le corps et dans les jours qui suivirent, nous découvrîmes que si les marques finissaient par disparaître, les souvenirs volés par leurs doubles maléfiques ne seraient jamais rendus à Hakka et Isamu. On peut supposer queKazue-sama aussi fut vaincu mais que contrairement à mes compagnons, il ne fut pas défait rapidement. (...)
Nous n'avons pas raconté aux autorités du Clan du Scorpion pas plus qu'au magistrat impérial membre du même clan ce qui s'est passé cette nuit. Nous sommes simplement repartis avec SireKazueet la fillette, notre affaire étant officiellement réglée. L'enfant avait avec elle un manuscrit qui contenait de bien sinistres secrets. (...)