Kyuden Ikoma - Futilités
sur Pénombre au format (2.9 Mo)
Contient : samurai (9)(...) Dans le fond, Akodo Goemon était bien le seul qui attache la moindre importance à cette affaire. Non pas qu'il soupçonne l'acte criminel de dissimuler autre chose pouvant impliquer les noblessamuraiprésents au palais. Mais tout simplement parce qu'à ses yeux, les motivations du charpentier ne différaient guère de celles de certains courtisans. (...)
Bien qu'il ait (fort heureusement) peu d'affaires à son actif, Goemon lisait avec attention les proclamations officielles et les compte-rendus de ses collègues magistrats. Et si l'on rassemblait toutes les affaires impliquant un ou plusieurssamuraiqui s'étaient soldées par des morts d'homme... on se retrouvait rapidement avec des attitudes, des pulsions et des intentions qui ressemblaient fort à celles de simples heimin. (...)
Cupidité, jalousie, luxure, rivalité, désir de vengeance, peur et haine animaient à des degrés divers tous ceux qui a un moment ou à un autre décidaient de prendre les choses en main afin d'obtenir satisfaction par tous les moyens nécessaires. Les choses étaient bien évidemment plus complexes dans les affaires impliquant dessamuraicar le droit à la rétribution, l'humiliation publique, les haines ancestrales, la sincérité apparente et les vengeances-suicides constituaient une part non négligeable des traditions et des motivations de ceux de sa caste. (...)
Pour un peu, Goemon aurait presque certains jours pu donner une odeur à ces effluves psychiques et il ne doutait pas que d'une certaine manière, cette odeur fictive aurait eu un vague air de famille avec celles que lessamuraisur le Mur des Bâtisseurs pouvaient sentir tous les jours. On était bien loin de l'empire de lumière et dessamuraide vertu dépeints par les archives officielles. Très loin des actes courageux et désintéressés qu'on lui avait raconté encore et encore dans le hall des ancêtres de sa famille, bien avant l'exil. (...)
Akodo Goemon ne se faisait aucune illusion sur son rôle ou sur les gens qu'il servait. Il y avait des personnes d'une noblesse d'âme indéniable et d'autres qui n'étaient en faitsamuraique parce que les Fortunes capricieuses avaient jugé bon de leur accorder ce privilège. Bien évidemment, l'Ordre Céleste garantissait que certaines erreurs ne puissent se produire mais il suffisait de consulter la liste des grands criminels de l'empire au cours des siècles pour se rendre compte qu'il y avait eu bien des hommes pour suivre des voies tortueuses ou sanglantes. (...)
Bien qu'il n'ait jamais reçu l'ordre formel d'enquêter, Goemon mettait un point d'honneur à faire certaines vérifications et les eta qui avaient examiné le corps avant son incinération avaient été absolument certains du bien-fondé de leurs conclusions. Il était quand même étrange de songer que la mort d'unsamuraine pouvait à certains moments que susciter des soupçons vers d'autressamuraiet qu'il fallait employer des eta pour établir la vérité sur certaines rumeurs. A défaut de pouvoir toujours utiliser la dite vérité, bien évidemment... Il faudrait qu'un jour je trouve enfin l'occasion d'étudier de près les méthodes des Kitsuki. (...)
Mais dans les semaines à venir, il ne doutait pas que ses services allaient être requis. Avec autant de délégations, desamuraiet de heimin d'origines différentes, peccadilles et affaires plus sérieuses n'allaient pas manquer. (...)«Un crime sans importance, donc.» énonça Matsu Itani d'un ton indifférent. Akodo Goemon retint un soupir et se contenta de répondre d'un ton factuel. 'Oui, rien d'autre que les conséquences de la jalousie et de l'ignorance'. Le capitaine de la garde renifla d'un air méprisant avant de se détourner sans jeter le moindre regard sur la dépouille. Goemon le regarda s'éloigner d'un air songeur, partagé en lui-même sur cette affaire. L'attitude d'Itani-sama était prévisible. Maintenant qu'il ...