Le Mystère de l'abbaye
sur Arnheim
Contient : moine (10)(...) Après quelques mois de travail intensif, il avait fini par atteindre un niveau satisfaisant pour percer le sens des lignes de caractères qui lui cachaient la solution depuis le début. Il n'avait pas voulu mêler un autremoineà cette histoire, peut-être par vanité ; il sentait que cette légende défiait son intellect et il en avait fait depuis longtemps une affaire personnelle. (...)
'Lorsque viendra la nuit de la naissance du Christ, l'étoile se lèvera dans les cieux et en son nom la terre s'ouvrira vers les portes du Paradis.' L'énigme semblait être d'Archibald. Le vieuxmoineavait dû découvrir le passage et avait laissé pour toute indication ces quelques mots obscurs, désirant sans doute cacher au commun des mortels la voie des portes du Paradis. (...)
Toutes ces recherches, tous ces efforts n'avaient finalement pas été en vain : le secret de l'abbaye se tenait devant lemoinetriomphant. Il ne lui manquait plus que de faire quelques pas pour connaître la vérité. Torradan, malgré cela, hésitait. (...)
Les marches étaient encore plus glissantes que celles de l'escalier de la cave, et leur hauteur inhabituelle et inégale rendait la progression dumoinetrès difficile. Appuyé à une paroi d'une main, tenant sa torche dans l'autre, le valeureux bénédictin progressait avec peine. (...)
Au centre de la pièce, un grand puits carré s'ouvrait béant ; il en montait des relents fétides d'eau croupie qui firent détourner la tête aumoine. Torradan contemplait cet endroit avec un sentiment mêlé de crainte et de fascination. Nulle part ailleurs en Ecosse, il n'avait vu pareils vestiges de constructions pré-chrétiennes, nulle part ne subsistaient autant de fresques et de décors païens restés intacts depuis l'abandon des anciennes croyances. (...)
Il n'était pas épais, tout au plus une centaine de pages, et si la tranche de cuir de la couverture ne portait aucun titre, en haut de la première page s'étalait un nom : Frère Archibald McMannan. Torradan feuilleta quelques pages au hasard. Il s'agissait du journal du vieuxmoinequi, le premier, avait pénétré dans ces lieux et guidé ses successeurs vers la porte du Paradis. (...)
Une longue liste d'horreurs qui ne dépareillaient pas les descriptions précédentes s'étalaient devant les yeux dumoine. Quelques croquis malsains, dans le même style que les bas-reliefs qui couvraient les murs de la salle où Torradan se trouvait, illustraient même le livre d'Archibald. (...)
Captivé et révulsé à la fois, Torradan poursuivait sa lecture. Il voulait à présent savoir où le vieuxmoineavait voulu en venir en recopiant sur le papier pareilles histoires et comment ce manuscrit impie s'était retrouvé dans cette crypte, à l'endroit où le même Archibald promettait à tous ceux qui en étaient dignes les portes du Paradis. (...)
Il s'était alors lancé dans de longues recherches, en solitaire, pour retrouver l'un des plus fameux lieux de culte des sectes immondes des païens et ses recherches avaient abouti à l'abbaye de Saint André. Il y était entré comme simplemoine, et avait, après quelques mois, découvert l'entrée de la crypte païenne. S'ensuivaient quelques passages incompréhensibles, en forme de prière impie, qui ôtèrent aussitôt tous les doutes restant dans l'esprit de Torradan au sujet de la santé mentale du vieuxmoine. Ce dernier continuait son manuscrit en parlant d'une entité ancienne et très puissante qu'il avait réveillée à force de prières et de sacrifices. (...)En cette veille de Noël 1226, la neige était tombée en abondance sur Inverness et s'était accumulée sur les toits de l'abbaye de Saint André. Depuis deux bons mois, les moines avaient troqué leurs traditionnelles sandales contre des chausses rembourrées de laine, bien plus confortables et surtout bien plus chaudes. Les heures passées dans le scriptorium ou dans le froid de l'église, sans bouger de son siège, étaient assez éprouvantes et malgré l'approche de la grande messe de minuit, les esprits ...